Appel à Martin Schulz et Helle Thorning-Schmidt pour une troisième Convention sur l’avenir de l’Europe

 

Il y avait une fois “F-word”, le modèle fédéral imaginé par les Pères Fondateurs (les catholiques De Gasperi, Adenauer et Schuman qui parlaient entre eux l’allemand, l’agnostique Monnet, le socialiste Spaak, l’ancien communiste Spinelli…) comme étape finale de la construction européenne.

 

Le modèle fédéral – que certains voulaient dessiner en s’inspirant de la révolution libérale américaine – est apparu pendant longtemps comme un objectif très loin à réaliser, une utopie que Spinelli avait identifiée dans la baleine blanche de Achab et pourtant combattu par tous les gouvernements britanniques, travaillistes et conservateurs, qui l’ont toujours considéré un vrai risque pour la souveraineté du Royaume Uni vis-à-vis du Continent.

 

La bataille contre “F-word” a été combattue par Mme Thatcher et ensuite par son successeur John Major qui a gagné sa bataille personnelle contre François Mitterrand qui avait envisagé de l’inscrire dans le Traité de Maastricht et encore par Tony Blair qui avait promis de jouer une plus grande flexibilité lors de la négociation sur la constitution européenne si Giscard aurait accepté de renoncer à ce mot mais qui, ayant obtenu l’abolition du mot, a contribué avec détermination à l’émasculation de la constitution au profit de la dimension intergouvernementale.

 

N’étant pas encore satisfait et après avoir joui pour le rejet de la constitution en France et aux Pays Bas, il a joué avec Angela Merkel le jeu de Egidio vers la Sœur de Monza en la soumettant à son idée perverse que le vrai danger était le Super État européen: Angela la scélérate eut la faiblesse de lui répondre et la fausse constitution a été remplacé par le frêle Traité de Lisbonne.

 

La crise éclatée après 2007 a poussé des leaders insoupçonnables de se ranger parmi les supporters des États Unis d’Europe, un objectif que des fédéralistes fondamentalistes auraient voulu atteindre d’un coup en oubliant les États fédérés l’ont emporté sur l’État fédéral pendant un siècle au-delà de l’Atlantique et que la Federal Reserve n’a été créée qu’à la veille de la Première Guerre Mondiale.

 

« F-word » est entré très récemment dans le langage commun: il y a ceux qui veulent un budget fédéral (Trichet), ceux qui veulent un ministre fédéral de l’économie et des finances (Barnier), ceux qui veulent un Trésor fédéral (Tremonti), ceux qui veulent un pacte fédéral pour la croissance et le développement (Groupe Spinelli), ceux qui sont convaincus que la Charte des droits fondamentaux a créé un fédéralisme judiciaire (www.europeanrights.eu) et qu’il faut s’arrêter là en faisant confiance aux capacités miraculeuses du traité de Lisbonne et de la gouvernance sévère imposée par les gouvernements nationaux et ceux qui veulent une light federation avec un budget pré-fédéral (Bonino et De Andreis).

Ainsi, le chantier européen a été réouvert depuis un an et demi, en premier lieu avec l’opprobre d’un traité dans le traité afin de constitutionnaliser le Fonds de recours européen et en deuxième lieu l’expédient du directoire franco-allemand d’un traité intergouvernemental pour la seule zone Euro.

 

Nous sommes maintenant en face de quatre hypothèses: a. la défense jusqu’au bout du traité de Lisbonne dans la conviction qu’il pourra offrir toutes les solutions et tous les instruments nécessaires pour faire sortir l’Europe de sa crise; b. la voie intergouvernementale du directoire franco-allemand ou pour la seule zone Euro ou pour toute l’Union; c. du bricolage fédéraliste avec un commissaire responsable de la zone Euro ayant les fonctions de ministre pour jouer dans l’économie et les finances le rôle joué par Lady Ashton en matière de politique étrangère; d. la relance du projet politique des États Unis d’Europe afin d’y inscrire avec cohérence, efficacité et démocratie les pièces disloquées du puzzle fédéraliste.

 

Le député européen Andrew Duff, en oubliant son mandat populaire, a écrit: « demandons au Conseil européen de créer un (énième) comité de sages. Depuis 1979, il y a un comité de sages en Europe ayant un caractère démocratique et celui-ci est le Parlement européen qui a appliqué à lui-même la phrase attribuée à Cicéro « senatores boni viri, senatus mala bestia ».

 

En janvier 2012, le social-démocrate allemand Schulz va succéder au populaire polonais Busek comme président du Parlement européen et la danoise sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt, qui a été membre du PE, va assumer les fonctions de président du Conseil de l’Union.

 

Nous proposons à Martin Schulz de promouvoir une session extraordinaire du PE afin de discuter sur l’avenir de l’Europe et de demander à la présidence du Conseil de l’Union en accord avec les autres gouvernements du « trio » (Pologne et Chypre) de faciliter la convocation d’une Convention comme à l’instar de celles qui ont écrit la Charte des droits et la Constitution européenne, une méthode que la nouvelle Premier danoise connait très bien ayant participé à la première Convention sur l’avenir de l’Europe.

 

Pier Virgilio Dastoli

Président du Conseil Italien du Mouvement Européen

 

 

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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3 Commentaires

  1. Effectivement, c’est fort complexe de vouloir marier la Démocratie avec le système économique Pensée-Unique. Vous n’y arrivez pas, et il y a de quoi : ils sont incompatibles. Et pendant que vous pérorez, le monde entier va à vau l’eau.

    Comme il est défini une fois pour toutes que l’Europe sera monétariste ou ne sera pas, eh bien, l’Europe ne sera pas. D’ailleurs elle se désagrège toute seule, et nous avec !

    Un peu de sagesse, Messieurs. Commencez par dénoncer le traité de Maastricht qui est absurde, puisqu’il donne les pleins pouvoirs à la finance privée, et reprenez les affaires en mains. Ce ne sont pas les financiers qui doivent gouverner, mais vous, nos élus. Redonnez à notre organisation de vie en société une juste hiérarchie : la finance n’est qu’un outil de fonctionnement du Politique et de l’Economie ; elle n’a pas mission de gouverner.
    Bonne journée.

  2. Qui comprend quelque chose à ce magma européen ?
    A l’expérience, à voir fonctionner l’Europe d’aujourd’hui, il devient évident qu’il faut modifier quelques règles de fonctionnement; et notamment celle de l’unanimité.
    Et puis enfin, puisque l’Euro est là et qu’il constitue le lien de fait entre les économies des différents pays qui l’on choisi comme monnaie, construisons un gouvernement économique de l’Europe chargé d’assurer la survie et le développement de cet outil commun.
    Sera-ce plus ou moins fédéraliste ? laissons ce débat par trop englué dans des querelles intra-nationales se déposer au fond de la marmite européenne et préparons par dessus une cuisine aux saveurs multiples mais au label unique.

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