Kostas Vergopoulos est un économiste grec, qui nous livre en exclusivité son analyse de la situation de son pays.
Avec la crise économique, l’image de l’Europe est mise à mal par de nombreux citoyens européens. Les grecs semblent attacher à cette idée. Existe-t-il un sentiment européen en Grèce ?
L’Europe reste, malgré tout, une idée très populaire chez les Grecs. Leur histoire et leur existence sont depuis très longtemps liées à l’Europe. Ils se flattent de se considérer comme les pères fondateurs de la civilisation européenne et plus largement occidentale, universelle et universaliste. Le fait le plus saillant de ce sentiment de liaison profonde entre les cultures grecque et européenne, c’est sans doute l’affinité profonde entre les deux cultures : la langue. Les principales langues Européennes ont été élaborées à partir du grec (et du latin). Plus de 60% des mots et des expressions françaises sont dues à cette origine gréco-latine. Les anciens nous ont hérité la culture non seulement dans les arts et les lettres, mais également dans la philosophie et la pensée, dans les domaines scientifiques (notamment dans les sciences exactes), jusqu’aux acquis les plus modernes, comme dans la biologie et l’informatique.
Cependant du fait du dysfonctionnement actuel de la solidarité européenne, un sentiment de méfiance se développe de plus en plus ces dernières semaines
Les Grecs s’étonnent que les Européens ne viennent pas suffisamment et efficacement en leur solidarité. Et cela, certainement non à cause d’une prétendue dette européenne culturelle et «historique» à l’égard de la Grèce, mais surtout en raison de la viabilité de l’aventure européenne contemporaine, dans laquelle les partenaires Européens se sont embarqués tous ensemble. Du moins, les Grecs sont bien conscients qu’il serait vain d’imaginer que d’autres viendront les aider à la place de leurs partenaires Européens.
Pour nombre de leurs concitoyens, les plans de financement/sauvetage sont une forme de solidarité, Qu’en est-il réellement ?
Les différents plans dits de soutien financier ne sont pas considérés comme des vraies mesures de solidarité, car les mesures que l’Europe impose à la Grèce se sont déjà avérées non seulement erronées, mais également désastreuses. Avec la persistante récession, la dette reste croissante et le déficit public impossible à réduire au dessous du 10% du PIB. Aujourd’hui les Grecs sont invités à faire énormément de sacrifices, pour très peu des résultats ou même des résultats négatifs. Ils ont de plus en plus le sentiment de la délégitimation des sacrifices demandés.
L’idée de quitter l’Europe, crainte par les gouvernements européens, fait-elle son chemin en Grèce ?
L’idée de quitter l’Europe n’a pas d’appui dans l’opinion en Grèce, y compris sur la place Syntagma, lieu symbolique du mouvement des indignés Grecs. Ils ne sont pas du tout contents de la situation, mais ils ne pensent pas pourtant qu’il y aurait une solution en quittant l’Europe. Cette idée, c’est une idée avec laquelle flirtent certains partis extrémistes Européens, de droite ou de gauche, mais elle n’a pas d’appuis significatifs en Grèce.
Papandreou a d’ailleurs voulu lier son sort à l’adhésion à l’Europe. Si le peuple grec aurait voté contre son référendum manqué, cela n’aurait été que parce qu’il souhaitait avant tout son départ. Les Grecs souhaitent aujourd’hui que leurs partenaires respectent les principes constitutifs des Traités que sont la solidarité et la coopération, depuis le Traité de Rome (1957) jusqu’au Traité de Lisbonne.
Quelles solutions l’Europe pourrait proposer pour respecter ces principes et apporter un soutien réel à la Grèce ?
Tout d’abord la mutualisation européenne des dettes publiques. Tous les Etats membres de l’Union ne doivent être qu’un seul, lorsqu’il s’agit de chercher de financement sur leur monnaie commune. Ensuite, et comme de nombreux Grecs, je suis favorable à la fédération. Dans la pratique, la souveraineté nationale au sein d’une fédération plus large n’a plus beaucoup de sens. C’est presque une référence mythique, que l’on peut remplacer par de vraies actions de solidarité et de coopération parmi les partenaires. Actuellement, il y a une suppression des prérogatives nationales, sous le prétexte de les transférer à Bruxelles. Or des compétences et prérogatives sont supprimées au niveau national, mais elles ne réapparaissent pas au niveau fédéral. Il y a de moins en moins souveraineté nationale. Et parallèlement la souveraineté Européenne ne parvient pas à s’affirmer. Il y a donc un manque dramatique de souveraineté européenne.
Comment les citoyens peuvent-ils se reconnaitre dans une identité Européenne qui ne s’affirme pas ?
La question réelle de ce débat se réduit en fait à celle de l’ « Identité nationale ou pas d’identité du tout ». Certes, l’identité culturelle existe toujours, elle est même forte et elle ne se crée certainement pas par décrets. Cependant, aussi forte qu’elle puisse paraître, elle ne sera désormais pas suffisante, si elle ne revêt pas, en même temps, un contenu économique et politique précis au sein du nouveau contexte européen. Et la première qui souffrira de cette insuffisance identitaire sera l’Europe elle-même.
Merci pour cette analyse, qui concerne tous les Européens.
S’il est question de leur identité culturelle et politique, sans doute n’est-il pas inutile de rappeler que leur avenir se lit et se prépare sur leur passé, ou plutôt sur le nom même qu’ils portent ensemble, puisque les Grecs ont saisi dans la figure appelée EurOpe, dès son adoption voilà près de trois millénaires par leur langue et par leur conception, la notion de VasteVue.
Or il ne s’agit là ni d’un rêve ni d’un idéal inaccessibles, mais bien du processus de transformation, tant lexical que sociétal, par lequel une princesse proche-orientale nommée Crépuscule par son peuple phénicien devint le symbole et la promesse d’une lumière nouvelle, celle du vivre ensemble. Car ce personnage d’Europe incarne les échanges méditerranéens qui associèrent les techniques nautiques et l’art alphabétique, nés en même temps qu’Europe sur le même rivage syro-libanais, au point de diffuser les lueurs d’un progrès commun et les germes de la démocratie jusqu’en Crète minoenne, donc jusqu’aux fondements de la Grèce classique – et toujours créatrice. Puisqu’il faut ensemble donner corps à l’Europe, aimons-la pour son passé, mais surtout pour ses atouts souverains, aussi fragiles que prometteurs, et pour ses peuples enlevés, ou plutôt portés, par la même aventure, à la fois humble et novatrice.
Il faudra bien un jour parler de « grande Nation » européenne, sinon les « petites nations » actuelles continueront à décliner inexorablement dans un monde qui sera fait de « continents nations ».
Comment se fait-il que ce thème ne soit pas un sujet majeur d’une campagne présidentielle, à gauche, à droite ou au centre?
A pied, à cheval, en voiture. Cet été tous en Grèce pour les vacances pour marquer notre solidarité euro-progressiste avec les habitants de la Grèce.
Charmante idée car tous les chemins mènent à Athènes ! Soulignons que la sécurité de chacun y est assurée, que l’hospitalité légendaire continue à y être cultivée, si-si, seconde nature opérant y compris envers les peuples et nations fustigeant la Grèce -pour n’en nommer aucun – qui craindraient de s’y rendre ….ils en seraient privés, cela va sans dire.
Alors, reprenez-vous mais laissez-vous aller, en Grèce, LA Polynésie Européenne, par excellence, pour une thalassothérapie, doublée d’une Iliothérapie, pour la cure la plus nature & art de vivre qui soit, entre un temple millénaire et une oliveraie ; à moins de 3 heures de Paris, c’est sans doute ce paradis terrestre qui fait tant envie qu’on essaie de ruiner ? Ne nous y trompons pas, la Grèce éternelle a encore de belles ressources à partager avec ceux qui sauront les apprécier, et les valoriser, sans les exploiter sauvagement. ThAlAssA ? la mer au triple A. Nathalie Lycas
Tout cela sur le plan théorique est respectable et valable.
Mais pour être plus précis, deux sont les points essentiels et conditions siné qua non:
1o
Pour que l’évolution et la construction l’Europe répond aux aspiration de ses habitants et membres il faut qu’elle évolue vers une entité fédérale avec des institutions démocratiquement élues, suivant une politique commune pour l’ économie, les affaires étrangères et la défense.
2o
La Grèce doit se debarasser des mauvais plis pris depuis 50 ans. Un véritable état de droit doit se mettre en place,en supprimant radicalement la corruption verticale et horizontale qui touche de manière endémique la vie quotidienne. Cela passe en premier lieu, par la réconstruction de la Justice de ce pays, ainsi que de son système d’Education. Ces deux institutions sont indispensables pour re-instaurer la responsabilité civique et civiles de chaque citoyen. La Démocratie contrairement à ce qui est dit est fragile et superficielle. Elle a a engendré son système administratif désuet, corrompu et pervers. Sans ces bases et l’a refonte des institution la démarche sera impossible. Est ce que le citoyen Grec est-il prêt d’oublier ce passé malade à l’avantage d’un pays où le grand nombre accepte que la liberté de chacun s’arrête là ou commence celle du prochain? et que les lois sont faites pour être appliquées. Aujourd’hui je suis très pessimiste et j’ai des grands doutes. Aujourd’hui encore après 3 ans de crise la tricherie,le mensonge sans vision, le népotime tout azimuth embrassent comme un cancer la société grecque……..