Alors que la querelle laïque semble rebondir autour du drapeau européen, Paul Collowald témoigne qu’il est vierge de tout soupçon.
Henri Lastenouse : Tout semble avoir été dit depuis quinze jours sur le drapeau européen. Que peut-on encore verser au dossier ?
Paul Collowald : Il reste à démonter la légende en cours ces jours-ci selon laquelle ce drapeau européen serait l’œuvre d’un créateur qui aurait en quelque sorte répondu à une commande institutionnelle en s’inspirant de l’imaginaire catholique.
Il s’agit bien entendu du maintenant célèbre monsieur Arsène Heitz dont le témoignage est à l’origine de la démarche de Jean Luc Mélenchon.
HL : C’est une question pour les historiens non ?
PC : Les historiens et les témoins !
J’ai vu naître le drapeau européen à Strasbourg, au sein du Conseil de l’Europe au début des années 50.
J’étais jeune correspondant de presse auprès du conseil de l’Europe et de la CECA, d’abord pour le quotidien « Nouvel Alsacien » et également comme correspondant du « Monde ».
Je faisais partie des accrédités auprès du Conseil de l’Europe que le directeur de l’information Paul Lévy invitait dans son bureau à un briefing hebdomadaire, hors session.
Nous n’étions pas très nombreux dans ce bureau, et je suis probablement le dernier survivant….donc témoin !
HL : Quel est votre témoignage à ce sujet ?
Paul Lévy, directeur du service d’information du conseil de l’Europe, avait la charge de proposer un drapeau au Conseil des Ministres du Conseil de l’Europe.
C’est une gestation qui a duré 4 ans ! Le drapeau en devenir occupait l’une des tables de son bureau et nous suivions semaine après semaine le difficile accouchement.
Un travail complexe, collectif et itératif…Levy faisait des synthèses successives des projets.
Dans la dernière ligne droite, Il confia à Arsène Heitz la réalisation des dernières versions des planches en vue du choix final par le conseil des ministres du Conseil de l’Europe.
J’avais rencontré Arsène Heitz plusieurs fois dans les couloirs du service de presse du Conseil de l’Europe. Il occupait un emploi d’Agent Administratif, après avoir suivi les cours du soir de l’École des Arts de Strasbourg.
Si Paul Levy faisait donc « naturellement » appel à ses compétences, il ne peut être vu comme «l’auteur du drapeau Européen» au sens qu’il en aurait assuré conception et création, travail dont nous venons de voir les péripéties. Sa participation relève en effet d’un simple concours technique dans l’ultime phase de présentation.
Qui veut voir disparaitre le drapeau européen ? Même pas Marine le Pen et ses députés ,mais Melanchon et ses supporters qui a trouvé un nouveau lobby après la cravate…! Il me fait penser au duc de Chambord qui lui,refusait le drapeau tricolore et voulait garder le drapeau royal avec les fleurs de lys… Comme quoi les temps changent ,mais les fossiles d’un autre age demeurent..
Ce n’est pas parce que M. Collowald a vu le projet de drapeau européen sur le bureau de M. Lévy que celui-ci en a été le dessinateur.
M. Collowald n’est pas le dernier témoin vivant de cette époque, le Secrétaire de la Commission parlementaire qui, au Conseil de l’Europe, était en charge du choix du drapeau, vit toujours, il a 94 ans . Son témoignage écrit a été repris dans un document du Conseil de l’Europe. Il atteste que Arsène Heitz est le dessinateur du drapeau, le rôle de M. Lévy ayant été de guider la commission dans son choix.