Réflexion sur un feuilleton estival

Au cours de l’été dernier, le Portugal et l’Espagne ont vécu un feuilleton, assez peu médiatisée, digne des meilleures productions télévisuelles. Le 12 juillet dernier, les ministres des finances de l’Union Européenne ont en effet enclenché une procédure de sanction à l’égard de ces deux pays au motif que ceux-ci n’auraient pas respectés leurs engagements vis-à-vis du pacte de stabilité et de croissance pour 2015. Les sanctions auraient consisté en des amendes très faiblement proportionnelles au PIB de ces états. Finalement, après un peu plus de deux semaines de tractation, la Commission européenne a décidé de ne pas infliger de sanctions à ces deux pays. Deux principaux facteurs semblent avoir pesé décisivement en faveur de l’Espagne et du Portugal.

Tout d’abord, le Brexit a incontestablement incité la Commission à ne pas apparaitre comme un gendarme budgétaire, ce qui aurait accru la défiance à l’égard de la construction européenne. Il convient ici de souligner l’engagement de M. Moscovici, ce qui démontre qu’en dépit des caricatures, il reste important d’avoir des membres de la Commission d’inspiration progressiste. Il est également dommageable de constater que l’Union européenne est plus sensible aux pressions populistes, à savoir la campagne d’inspiration xénophobes de M. Farrage et Johnson, qu’aux pressions des progressistes anti-austérité.

Par ailleurs, il semble que les pressions exercées conjointement par plusieurs pays, et notamment, la France et l’Italie aient porté leurs fruits. Ce qui rappelle l’importance du rapport de force politique à l’échelle européenne. On doit ici malheureusement constater que le Président de la république, François Hollande, s’engage sur cette voie de façon prononcée bien tardivement. A sa décharge, on rappellera qu’en 2012, ni M. Tsipras ni M. Renzi ne dirigeaient respectivement la Grèce et l’Italie. Pour l’avenir, il est essentiel que les pays du « Sud » puissent s’allier pour montrer qu’il existe une construction européenne « de gauche ».

[author image= »https://www.sauvonsleurope.eu/wp-content/uploads/2014/09/Mehdi-Mahammedi.jpeg » ]Mehdi Mahammedi-Bouzina[/author]

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4 Commentaires

  1. Qu’est-donc qu’un « progressiste anti-austérité » dans votre sabir?
    Et si vous nous parliez d’objectifs et de moyens, de contraintes et de possibles, au lieu de cuisiner mal une vie ille idéologie ?

  2. Cher ami,
    Si votre exposé des faits est assez incontestable, par contre, votre analyse est gravement décalée.
    Il ne peut exister de construction européenne « de gauche ». La construction européenne n’est ni de gauche, ni de droite. Elle vise à mettre en place un dispositif institutionnel supranational permettant l’expression et le contrôle démocratiques des (par les) citoyens européens. Ne confondons pas le projet d’intégration et les politiques que l’on espère voir menées au niveau européen.
    Continuer, comme vous le faites, à opposer les Etats membres en fonction de la couleur politique du moment de leurs gouvernements, ne permettra jamais l’émergence d’institutions européennes démocratiques. C’est la négation même de la construction européenne. Cela revient à prolonger les querelles entre Etats, dont on sait, hélas, à quoi elles ont abouti dans un passé pas si lointain. Sortons de cette approche intergouvernementale sans issue honorable (malgré le triste ballet auquel nous assistons aujourd’hui à Bratislava).
    C’est au niveau européen que la démocratie doit s’exercer et c’est à ce niveau que l’on doit prendre conscience d’une communauté de destin.
    Vous évoquez la défiance à l’égard de la construction européenne, mais comme beaucoup d’autres, vous contribuer à l’installer et à la faire grandir en opposant les peuples entre eux.
    Il est curieux que l’on admette la diversité d’opinions en France (on n’y oppose pas le Sud au Nord ou l’Ouest à l’Est), mais qu’en Europe, on s’ingénie à opposer « les Allemands » et « les Grecs » (par exemple). Il n’y a pas que les banquiers qui jouent ce jeu-là. Même les militants de gauche s’y mettent ! A quand la prochaine guerre européenne ? Et, s’il vous plaît, n’évoquez pas les sentiment national ! Il s’agit d’un artefact récent permettant d’habiller les peuples d’uniformes et de les faire marcher au pas. La civilisation est européenne, la culture aussi ; le reste n’est qu’anecdotes et péripéties.
    Cordialement.

    • La gauche et la droite même quand la différence est minime… ce n’est pas pareil, je suis désolée! Pierre Moscovici n’est pas Barroso (ni Shaüble) qui n’aurait pas eu cette hésitation devant les amendes à imposer aux deux pays en question. L’alliance des pays du sud à vouloir infléchir la ligne des « tout-austérité » peut avoir des conséquences bénéfiques…et le Portugal semble se porter mieux depuis qu’un équipe centre gauche se trouve au manettes du pays, quant à l’Espagne, dommage qu’elle n’a pas su encore trouver l’équipe qui la sortira d’affaires.
      Quand donc certains commentateurs comprendront-ils que l’Europe ne doit pas fonctionner uniquement pour l’enrichissement des banques et des fonds de pension. Il y a tant à faire en Europe, à construire, á réindustrialiser, á échanger entre nous tous qui sommes une force dans le monde et semble-t-il, un lieu du monde très convoité…trop même, car l’Europe a aussi une mission future, c’est d’aider l’Afrique à se mettre debout pour conserver ses populations, sinon, ce sera la fin de la civilisation telle qu nous la souhaitons

      • Chère amie,
        Je crains que vous n’ayez pas du tout compris mes propos.
        On ne peut ni confondre les politiques de gauche et les politiques de droite, ni prendre un gouvernement de droite pour un gouvernement de gauche (encore que…)
        Il s’agit encore de poursuivre l’intégration européenne, encore largement inachevée, sans doute en grande partie à cause des pressions et chantages de nos chers amis d’outre-Manche.
        Mais de même qu’il n’y aura pas de constitution de droite pour « Les Républicains » s’ils reviennent aux affaires, tandis qu’une constitution de gauche serait momentanément mise entre parenthèse, il ne saurait y avoir une construction européenne de gauche vs une construction européenne de droite.
        Il faut mettre en place un cadre institutionnel démocratique permettant de mettre en oeuvre des politiques de gauche si la majorité des citoyens européens en décident ainsi, ou des politiques de droite dans le cas contraire. Le Parlement européen dispose aujourd’hui d’une majorité composite (une coalition à l’Allemande) faisant l’objet d’un pacte « de gouvernement » tout de même dominé par la droite (Juncker était proposé par le PPE), sous les quolibets permanents des souverainistes/populistes.
        Il n’y aura pas d’institutions démocratiques aussi longtemps que les Etats membres garderont jalousement par devers eux les souverainetés qui permettraient, si elles étaient partagées d’élaborer des politiques communes sous un contrôle démocratique pan-européen.
        Le noeud du problème, c’est de sortir de la gestion inter-gouvernementale (nationale) et de pouvoir s’appuyer sur un gouvernement supranational, pour et seulement pour les domaines qui l’exigent : principe de suppléance et principe de subsidiarité.
        Alors, de même que « la France » est de gauche si ses citoyens élisent une majorité de gauche et de droite dans le cas contraire, l’Europe sera de gauche si la majorité de ses citoyens le souhaitent et elle sera de droite dans le cas contraire.
        Ne mélangeons pas les concepts.
        La Constitution de la Ve République a été élaborée par une majorité de droite, cela ne l’empêche pas d’être utilisée par des majorités de gauche pour mettre en oeuvre des politiques de gauche.
        Cordialement.

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