Suite au gâchis grec, nous voulons une direction politique de l’Europe

C’est un immense gâchis. L’Europe laisse la Grèce partir dans un cataclysme dont nous ne connaissons pas encore les conséquences. Ni pour ce pays, ni pour le reste de l’Union européenne. Comment en avons nous pu en arriver là ?

Depuis plusieurs années, la crise grecque rythme notre actualité alors que ce pays ne représente que 2% de la population européenne. Notre incapacité à trouver des solutions européennes à cette crise est ainsi prouvée. Il est difficile de connaître les réelles responsabilités de chacun car du fait des négociations intergouvernementales entre Européens, l’opacité est totale sur le contenu des discussions. Les seules informations sur ces négociations nous viennent des conférences de presse et des communiqués communs à la sortie de chaque Conseil ou Eurogroupe.

Ce qui est clair en revanche, c’est la montée depuis plusieurs années dans l’Union européenne des oppositions entre les pays et des égoïsmes nationaux. Nous ne devrions pourtant pas avoir à choisir entre défendre l’intérêt des citoyens grecs et celui du reste des citoyens de l’Union. Aider les Grecs, cela passe par sauver leur avenir dans la zone euro.

Au delà, il est temps de demander une véritable gouvernance politique de la zone euro.

La gouvernance actuelle a montré ses limites, il faut en tirer les conséquences. La monnaie unique est un formidable atout pour notre continent. Nos pays n’ont plus à faire face aux pressions des marchés mondiaux de manière isolée. La France n’a plus pour seule ligne économique la lutte contre l’inflation comme dans les années 80. Cela aurait dû nous mettre en position de force pour sortir rapidement de cette crise économique. Malheureusement, nos dirigeants nationaux sont en incapacité de prendre des décisions fortes pour nous sortir de cette crise. Cela nous pousse à demander un changement de gouvernance.

Nous demandons également qu’il y ait désormais un contrôle parlementaire européen de la zone euro. Que cela soit l’action de la Commission au sein de la Troïka en Grèce ou les décisions prises à la sortie des Eurogroupes, jamais cela n’a été défendu et expliqué devant les représentants directs des citoyens européens. Un contrôle parlementaire n’est pas une fin en soi mais un moyen d’apporter de la lumière aux négociations menées derrière des portes closes.

Il nous faut aussi dire que cette manière de faire l’Europe a désormais vécu. L’Union européenne reste aujourd’hui la construction politique la plus extraordinaire dans son développement démocratique et économique. Force est de constater que cette aventure incroyable n’est plus comprise par les citoyens.

Les forces populistes et anti-européennes proposent une vision différente de l’Europe. Une vision destructrice, mais elles sont les seules à exprimer une autre offre politique sur l’Europe, tandis que nous pro-européens restons frileux sur le futur politique de notre continent. Depuis trente ans, les populistes montent partout tandis que les forces pro-européennes décroissent.

Aux pro-Européens de proposer une véritable perspective, un nouveau projet pour l’Europe, avec une meilleure gouvernance politique de la zone euro comme un premier pas vers une véritable Europe politique.

 

Tribune collective initialement publiée sur le Huffington Post le 2 juillet 2015

 

Signataires chez les eurodéputés:

Jean-Marie Cavada, ALDE
Karima Delli, EELV – Les Verts
Marielle De Sarnez, Modem – ALDE
Sylvie Goulard, Modem – ALDE
Yannick Jadot, EELV – Les Verts
Gilles Pargneaux, Parti Socialiste – S&D
Michèle Rivasi, EELV – Les Verts
Robert Rochefort, Modem – ALDE
Virginie Rozière, Radicaux de Gauche – S&D

Dans la société civile:

Benjamin Abtan, Président du Mouvement antiraciste européen – EGAM
Yves Bertoncini, directeur de l’Institut Jacques Delors
Maurice Braud, président de l’Association Jean Monnet
Fabien Cazenave, porte-parole de l’UEF-France
Jessica Chamba, ancienne vice-présidente du MEI
Fabien Chevalier, président de Sauvons l’Europe
Yves Clément, président du Mouvement Européen-Loiret
Chloé Fabre, présidente des Jeunes Européens – France
Aude Faravelli, Les Cabris de l’Europe – 27etc.eu
Dominique Gambier, Maire de Deville les Rouen
Philippe Jurgensen, président exécutif de LECE-France
Guillaume Klossa, auteur, membre fondateur du New Pact for Europe, fondateur d’Europanova
Roselyne Lefrançois, ancienne eurodéputée, bureau du Mouvement européen International (MEI)
Martine Méheut, vice-présidente du Mouvement Européen – France
Hervé Moritz, rédacteur en chef du Taurillon.org
Cindy Pétrieux, présidente de la Fabrique, le réseau des étudiants
François-Xavier Priollaud, secrétaire national de l’UDI en charge de la construction europénene
Jacques Rabier, ancien directeur de cabinet de Jean Monnet
Yvan Ricordeau, secrétaire national à la CFDT, responsable de la politique internationale et européenne
Dominika Rutkowska-Falorni, déléguée générale du Mouvement européen France

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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7 Commentaires

  1. bien sur, l’Europe sans cohérence politique n’est rien, tout en laissant une autonomie aux pays (cf USA)
    quand retrouverons nous un Rober Scumann ou un Jacques Delors ?

  2. Tout à fait en accord avec ce texte sollicitant un changement de gouvernance dans l’UE pour endiguer la montée des populismes et sortir la Grèce du gouffre dans lequel elle s’enfonce..Et entraîne peut-être l’UE..

    Mais ne faut-il pas aussi exiger des dirigeants GRECS et du peuple un CHANGEMENT de leurs pratiques de gestion de leurs ressources propres et des fonds européens généreusement alloués par le passé ?

    L’émission TV « Envoyé Spécial » du 3 juillet le montre : ancien Palais royal en ruine, avec budget pourtant abondé par des fonds européens, Gestion du travail aléatoire sur le Port du Pirée, qui revit sous la conduite chinoise, pratiques commerçantes, récurrentes, cherchant des réglements des touristes en espèces, sans doute pour échapper aux taxes et impôts… etc…

    Il faut UNE REVOLUTION DES PRATIQUES DU QUOTIDIEN et UNE LUTTE contre la CORRUPTION de tous bords -administration et administrés. A NOUS aussi de le faire savoir. MC

  3. la construction politique la plus extraordinaire dans son développement démocratique et économique.
    De quelle démocratie est-il question dans votre propos . Le rejet de la constitution de 205 a été promptement re votée par notre assemblée . IL n’y a plus de politique référendaire qui associe les peuples aux décisions de EU . Votre EU elle est pourri ,disons le très clairement . Elle s’est faite sur le mensonge , la tricherie et la magouille . De cette EU , je n’ en veux pas et je souhaite un rejet de la pars des Grecs

  4. C’est certain qu’il nous faut un nouveau projet de gouvernance politique pour l’Europe. Mais comment faire pour sortir de cette glue dans laquelle nous nous noyons ? Yaka ? Faucon ? Je bous…

    Excellent article. S’il pouvait être suivi d’action….

    • Mais Madame vous comme sommes trop loin d’un pouvoir décisionnel . Seul une descente dans la rue des peuples de EU pourrais peut être changer la situation , mais les peuples en ont – ils la volonté . Quelques têtes de financiers , dans le panier de M° Guillotin , feraient pet être réfléchir cette mafia de la finance

  5. Bien sûr qu’il faut une Europe politique et démocratique, c’est-à-dire avec un véritable gouvernement, un chef de l’Etat, une Constitution (votée à la majorité des citoyens européens, et non à la majorité de chacun des pays, ce qui est insensé et peu démocratique). C’est le seul moyen d’être efficaces et solidaires et d’avoir une chance de nous faire entendre sur le thème de la préservation de la planète, notamment.
    Il suffit de regarder un globe terrestre pour comprendre qu’on ne peut plus définir de grandes orientations et maintenir un dynamisme économique et un véritable esprit d’entraide si on continue à raisonner à l’échelle étriquée et myope d’Etats conçus à une époque où les distances étaient encore incontournables …

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