Une valse grecque

Bon alors, l’euro, fini ou pas? C’est pas clair tout ça. Depuis des années que les grecs sont un peu le chef de file des PIIGS, les états sans vertu qui plombent l’euro par leur insouciance budgétaire, on croyait avoir tout vu. Pour rentrer dans les clous des critères de Maastricht, ils avaient notamment eu l’idée géniale d’augmenter d’un tiers leur PIB dans la nuit (par une « meilleure » comptabilisation de l’économie au noir), ce qui est plus intelligent que de baisser sa dette.

Et là catastrophe, un socialiste gagne les élections. Ces gens-là ne comprennent rien à la phynance. Il lui vient l’idée saugrenue de faire une opération vérité sur les comptes publics, alors que personne ne lui demandait rien (un peu, mais juste pour faire semblant). Et pan: en fait le déficit budgétaire 2009 n’est pas de 6%, mais de 14%. Ce n’est pas une grosse suprise et personne n’aurait tiqué si Papandreou avait annoncé des chiffres grossièrement faux (une démonstration de folklore, sans plus). Mais là ça devient difficile à ignorer. Fuite des liquidités. La Grêce lance un emprunt sur les marchés qui est un succès massif à cause d’un rumeur de souscription par la Chine. Puis nouvelle fuite quand tout le monde a acheté de la dette grecque et que la rumeur inverse d’un désintérêt de la Chine court (les deux rumeurs ont été démenties).
Avec un tel déficit et un chômage qui dépasse les 20% (ça fait des années que la Grèce avait Ubu au gouvernement), le pays va-t-il faire faillite? Sera-t-il soutenu par d’autres pays européens? Va-t-il quitter l’Euro? Est-il le début d’un détricotage destructeur? Les politiques qui s’affrontent sur ces choix le font de manière assez publique. Le Monde publie un article relatant les concilabules franco-allemands, pendant que le ministre allemand des finances annonce qu’il va laisser crever les grecs et que ça fera un exemple. Juncker est reconduit à la tête de l’Eurozone pour ne pas avoir à se poser la question de son successeur, ce qui lui permet de plaider pour une intervention. La Banque centrale européenne publie en passant une étude juridique sur la sortie de l’Euro par un pays membre (concluant que le retrait est possible et délicat, mais qu’on ne peut pas exclure que quelqu’un quitte la zone Euro).
Revenons sur une idée simple: lors de la création de l’Euro, la question posée par de nombreux américains était celle de l’effet des chocs asymtriques. Que se passe-t-il lorsqu’un pays est touché beaucoup plus violemement que les autres par une situation économique? Paul Krugman repose la question dans les mêmes termes, et Joseph Stiglitz y apporte une réponse relativement tranchée. Les Etats-Unis ont une monnaie commmune solide parce qu’en cas de crise économique et financière violente d’un de leurs territoires, l’Etat fédéral comble le trou. Quid en Europe?
Et bien pour l’instant rien. Comme le rappelle régulièrement Dominique Strauss-Kahn, l’Euro n’est pas terminée. Et alors que l’on en discute depuis vingt ans et que l’on a jamais décidé d’une conduite à adopter, il va falloir choisir dans l’improvisation. La Grèce qui a fait n’importe quoi pendant des années et se retrouve donc très fragile la crise venue sera-t-elle abandonnée à son sort? Les autres Etats membres vont-ils mettre en place une plan de sauvegarde européenne, c’est à dire une garantie de type fédérale? La situation actuelle, avec une autonomie fiscale et budgétaire très forte, peut-elle perdurer ou l’intégration de la politique économique de l’Eurozone sera-t-elle incontournable?
Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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