Merci, cher Jacques-René Rabier pour tout ce que vous avez fait et pour ce que vous faîtes encore pour faire partager vos enthousiasmes européens aux générations d’aujourd’hui pour qu’elles comprennent toujours mieux l’Europe et ses enjeux ! Message de Jacques Delors, le 11 décembre 2017 lors de la parution de la biographie Jacques-René Rabier, un fonctionnaire militant au service d’une certaine idée de l’Europe.
Avec la disparition de notre ami Jacques-René Rabier se clôt un peu plus encore le temps des pionniers de l’Europe, ceux qui autour des pères fondateurs furent les acteurs et les témoins directs de la naissance et de l’essor du projet Européen. Jacques-René était l’un des piliers de cette « équipe Jean Monnet » qui, au travers du 9 mai 1950, de la création de la CECA et ensuite de la mise à flot des institutions européenne a, au sens premier du terme, « écrit l’Histoire ».
Ancien directeur de Cabinet de Jean Monnet, Jacques-René Rabier collabora également avec Emmanuel Mounier à la Revue Esprit et fut le créateur de l’Eurobaromètre qui teste l’opinion publique en Europe.
Jacques-René fut surtout au travers de ses nombreux engagements, notamment au profit d’ATD quart Monde, l’exemple de cette « confiance humaniste » qui irrigua et façonna les premiers temps de la « technocratie militante bruxelloise » lui donnant une identité si particulière qui manque si souvent aux institutions européennes de notre temps.
Jacques-René fut enfin un merveilleux passeur de témoin entre les générations, et c’est dans cet esprit qu’il faut comprendre le soutien et l’engagement qui furent les siens à l’aventure de Sauvons l’Europe depuis 2005. Notamment, il avait co-signé en 2011 avec Sauvons l’Europe une tribune de conviction dans Libération sur l’engagement nécessaire de l’Europe vis-à-vis du sud de la Méditerranée « libre-circulation des étudiants premier trait d’union entre les deux rives de la Méditerranée ».
Merci à toi cher Jacques-René pour ta confiance tranquille envers les ambitions et les espoirs de beaucoup de jeunes européens que tu as soutenus, encouragés et inspirés, génération après génération. Cette confiance était la marque d’un humanisme au cœur de notre héritage européen !
L’Equipe de Sauvons l’Europe
La cérémonie d’adieu aura lieu jeudi 4 juillet à 10h à l’Eglise St Marc 76 avenue De Fré 1180 Bruxelles. Réunion à l’Eglise à 9h30.
Relire la conversation « Témoins levez vous ! » entre Sauvons l’Europe et Jacques-René Rabier en date du 12 mars 2017.
triste nouvelle : un fervent euro-fanatique vient de partir…..
A vomir, votre réaction (terme particulièrement approprié, tant il est vrai que je m’adresse à un fieffé réactionnaire au vu de la cascade de commentaires auxquels vous nous avez déjà habitués) appelle une apostrophe héritée de Charpin, interprète de l’oncle de Fernandel dans le mythique film « Le Schpounz »: « pauvre, pauvre, pauvre couillon » ! » – ce qui évite de recourir à des vocables plus crus que Gabin n’aurait pas démentis lorsqu’il s’exclame: « Monsieur est un gabarit… » (je vous épargne la suite: les cinéphiles auront compris).
Jacques-René Rabier restera dans les mémoires de ceux qui l’ont bien connu – et j’ai eu ce privilège – comme l’incarnation d’un extraordinaire humanisme. J’en veux pour preuve son engagement au service du « quart-monde », aux côtés du Père Joseph Wresinski… alors que son statut de haut fonctionnaire aurait pu le cantonner dans les sphères de l’élitisme. Ce ne fut pas par paternalisme: son âme de militant chrétien n’y aura pas été tout à fait étrangère.
Mais aussi, sur le terrain professionnel, sa vie – à l’image de celle de son ami Paul Collowald, lui aussi un « révolutionnaire de l’information » sur l’Europe, qui a gardé toute sa fraîcheur d’esprit et de coeur encore aujourd’hui du haut de ses 96 ans – aura été consacrée à l’affirmation d’une persévérante pédagogie tournée vers le citoyen. Et cela en dépit des obstacles que la propagande nationaliste – surtout en provenance de cette chère France qu’il affectionnait tout autant que l’UE – se sera essoufflée à mettre sur son chemin.
L’héritage que Jacques-René laissera à la postérité avec l’Eurobaromètre, outil privilégié pour mesurer régulièrement l’état de l’opinion vis-à-vis de l’Union, demeurera comme un phare ne dissimulant certainement pas les phases d’obscurité dans les clignotements alternatifs…mais éclairant aussi le bon chenal.
Si vous consentez à sortir de l’obscurantisme – même au prix d’un effort surhumain – n’hésitez pas à emporter, parmi vos lectures de vacances, l’ouvrage que Michel Theys, un journaliste prématurément disparu il y a quelques semaines, a consacré à ce pionnier de l’information… terme que Jacques-René tenait à ne confondre avec celui de « communication ». Comme il me le confiait un jour: « La communication, c’est le tuyau. L’information, c’est la substance qui circule à travers le tuyau ».
Post-scriptum: une de mes connaissances, pourtant réputée pour l’élégance de son langage et sa grande courtoisie, m’a adressé un courriel pour me demander, au sujet d’un certain Claude Gazengel:: « qui est ce connard patenté ? »
– Je ne suis pas patenté…..ni connard d’ailleurs…et votre connaissance peut tres bien s’adresser a moi directement. –moi je n’ai jamais insulté qui que ce soit sur ce site, c’est pas tres politique…ni élégant…. bonne nuit
Parce que vous pensez que traiter – et en plus sur le ton de l’ironie méprisante – d’ « euro-fanatique » une figure aussi noble de l’information citoyenne que l’était Jacques-René Rabier relève de l’élégance ?
Bien plus, je considère, pour ma part, que réussir à faire sortir de ses gonds, à la lecture de votre propos, une personne comme mon ami, habituellement si courtois – et qui, en raison de son grand âge, n’est pas toujours à l’aise avec les méandres du numérique – montre qu’un bouchon poussé trop loin par votre maladresse, au point de s’enfoncer dans la bouteille, n’augure rien de très engageant quant à la qualité du breuvage.
Adieu Jacques, ce grand Monsieur, ce fervent européen que j’ai eu la chance de côtoyer de longues années. Merci pour l’aide impressionnante que vous m’avez apportée, pour la confiance accordée. Merci