Si il est difficile, à ce stade, de prédire quelles en seront les conséquences réelles à moyen terme, la défaite surprise de Nadia Calvino lors de l’élection à la Présidence de l’Eurogroupe n’en constitue pas moins un événement contrariant pour tous les progressistes en Europe. Elle apparaît en effet comme un succès au moins symbolique pour les « frugaux » et les conservateurs dans la bataille idéologique qui se dessine pour l’avenir de l’Union Européenne.
La ministre des Finances du gouvernement Sanchez semblait pourtant devoir être la grandissime favorite dans la course à la succession de Mario Centeno. Soutenue d’abord par l’Espagne, l’Italie et le Portugal, elle obtenait assez rapidement l’appui de l’Allemagne puis, quelques jours plus tard, celui de la France, ce qui suffit généralement à plier le match en temps ordinaire. Mais un vent de fronde souffle très clairement contre le couple franco allemand et les grandes nations en général. Pour la première fois, le PPE a aussi clairement mené campagne en faveur de son candidat, le ministre des Finances irlandais issu du Fine Gael Paschal Donohoe et ce dernier a bénéficié, entre les deux tours, du désistement en sa faveur du Luxembourgeois Pierre Gramegna. Une fois de plus, le Premier Ministre néerlandais Mark Rutte, soutien de la première heure de Gramegna, était à la manœuvre pour favoriser ce rapprochement, trop content de faire subir une défaite au tandem franco allemand ainsi qu’aux Etats favorables à l’objectif d’une solidarité budgétaire accrue au sein de l’Union Européenne.
Ce résultat surprenant appelle un certain nombre d’observations. Il témoigne d’une relation de plus en plus frileuse entre le PPE et la chef de gouvernement issue de son principal parti membre. En effet, même si ce sont les ministres des Finances qui élisent le Président de l’Eurogroupe et que la voix allemande émanait bien du Social Démocrate Olaf Scholz, la Chancelière Merkel ne s’était pas privée d’afficher ouvertement son soutien à Nadia Calvino. Ce fut d’ailleurs en grande partie la position allemande qui a précipité celle de la France même si Bruno Le Maire penchait déjà plutôt du coté de la ministre espagnole. Mais force est de constater que le couple franco allemand n’a pas eu l’autorité morale suffisante pour imposer sa solution et cela quand bien même les quatre pays les plus peuplés de la zone Euro (et de loin) soutenaient tous la candidature de Nadia Calvino. Enfin, le PPE n’a pas souhaité respecté l’accord tacite qui réserve généralement le poste de Président de l’Eurogroupe à un ministre social démocrate : il s’est battu pour ce poste et, fort de sa présence plus importante au niveau des gouvernements nationaux, l’a obtenu.
La victoire de l’Irlandais Donohoe est elle pour autant préoccupante ? Sur le fond, pas forcément. L’homme est d’abord un modéré et un pragmatique assumé qui s’est d’ailleurs empressé de préciser qu’il était lui-même favorable au plan de relance franco allemand. On est assez loin du positionnement des Etats frugaux dont l’Irlande, faut il le rappeler, n’est pas. Sa défense jusqu’au boutiste des positions rétrogrades de Dublin en matière fiscale est plus problématique mais l’Eurogroupe n’a pas de compétence particulière en la matière. D’autre part, son succès est dû avant tout au mode de scrutin basé sur le strict principe « un pays, une voix » qui, poussé à l’extrême, aura donc permis à une coalition d’états très minoritaire en terme de population d’imposer sa solution. Or le Conseil Européen continue à fonctionner d’une façon plus informelle et se termine, de fait, rarement par un vote : la pression d’un résultat au cours des négociations est telle que le rapport de force y est finalement plus marqué. Sans oublier, bien évidemment, le fait important qu’il ne se limite pas aux pays de la zone Euro. Mais ce vote sonne malgré tout comme un double avertissement : le PSE, qui devrait perdre la Présidence du Parlement à mi législature, n’aura alors plus de poste clé hormis celui, dont l’intérêt reste limité en l’état actuel des choses, du haut représentant. On peut difficilement reprocher au PPE de faire de la politique et de s’appuyer sur un rapport de force qui lui est favorable mais c’est maintenant au PSE de relever le gant et de ne pas simplement espérer obtenir des miettes par le biais de deals aléatoires. D’autre part, la voix des Etats les moins peuplés ne peut plus être ignorée. Il est à noter qu’elle n’est pas monolithique et que si leur addition a permis de faire élire un candidat dans des circonstances bien précises, leurs intérêts ne sont pas fondamentalement les mêmes notamment en ce qui concerne la question cruciale du plan de relance, les pays d’Europe orientale y étant bien plus favorables que ne le sont les frugaux. Par conséquent, veillons à ce qu’une certaine arrogance de l’Europe de l’Ouest ne contribue pas à rallier l’Europe de l’Est aux frugaux sur une base plus régulière.
Et si les « frugaux » étaient en définitive ceux qui éviteront la débâcle de notre système monétaire. La planche à billet est une Xième expérience d’émission d’assignats. L’illusion ne durera pas. Pourquoi ce qui a échoué partout ailleurs serait tout à coup une bonne recette ?
L’illusion de l’euro vous voulez dire.
https://www.youtube.com/watch?v=FyveXiqgMkk
A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Il faut absolument et rapidement » faire marcher la planche à billets » pour éviter les faillites et donc le chômage.Il faut aussi augmenter les salaires pour favoriser la demande donc la production donc la relance et abaisser significativement la duré du travail pour créer des emplois et là-aussi aider à la relance. Le problème de la dette n’en est pas un s’agissant d’un continent et non d’un pays. Donc l’inflation serait un dommage pour personne et devrait donc être déclarée perpétuelle.Il faudrait donc que la mesure de la BCE soit portée à 10000 milliards et non 500 ou 750. Dans la situation du moment puisque » nous sommes en guerre » il faut prendre les mesures qui s’imposent
Tout á fait d´accord avec CONVErT. Assez des `politiciens qui no voient pas plus loin que leur nombril: Rutte & Cie, La UE a besoin de grands leaders, nous en avons trop de « petits hommes » qui se croient grands á l´ombre de Google-USA.