Le Royaume-Uni vient de signer un traité commercial avec le Japon, dans le même temps qu’il rompt « de manière très spécifique et limitée » son traité de sortie avec l’Europe. C’est bien la preuve que le monde entier lui tend les bras pour négocier de nouveaux traités, contrairement à ce que nous écrivions il y’a quelques jours. Voire. Cette signature est surtout l’occasion d’examiner le voyage en Absurdie qu’est devenu le Brexit.
De l’aveu général, ce traité est le décalque du traité signé l’année dernière avec l’Union européenne. Le Gouvernement britannique fait savoir à grand voix qu’il a été amélioré sur quelques points, mais nous ne disposons pas encore des détails à ce sujet. Rappelons simplement que la négociation avait échoué cet été sur l’augmentation des quotas de Stilton, dont la consommation annuelle par les Japonais tourne actuellement autour de 100.000 € par ans. Ceci donne la mesure des points d’amélioration attendus. De fait, il était compliqué pour le Japon de donner au Royaume-Uni un traitement préférentiel par rapport à l’Europe. On s’attend donc à des avancées cosmétiques et compensées par d’autres petits reculs. Ceci traduit à quel point l’obsession du Gouvernement Johnson de prouver que son pays « souverain » pouvait obtenir de meilleurs traités que l’UE le conduit à des blocages sur des points absolument mineurs.
En revanche, un point majeur du traité Japon demeure selon la rumeur publique: le contrôle anti-dumping et l’interdiction des aides d’Etat : Le Royaume-Uni s’interdit par ce traité de subventionner des entreprises qui exportent au Japon et doit signaler tout versement à une entreprise dans ce cadre.
Et là c’est le gag : il s’agit d’une des lignes rouges absolues de Boris Johnson dans sa négociation européenne ! Plutôt mourir que de perdre le contrôle de sa politique industrielle ! Une Angleterre souveraine, c’est une Angleterre capable d’aider son industrie ! Sauf bien sur s’il s’agit de s’engager auprès du Japon. Ne nous imaginons pas que l’on pourra dissocier les deux cas : ce sont a priori les mêmes entreprises qui exportent au Japon et en Europe.
Deuxièmement, la désormais fameuse loi sur le marché intérieur déposée par le Gouvernement britannique organise, dans son article 43, la violation des traités internationaux interdisant les aides d’Etat. Donc pour être clair, le Royaume-Uni a déposé le mercredi un projet de loi autorisant explicitement ses ministres à violer les accords internationaux pour donner des aides d’Etat aux entreprises, et le vendredi a signé un accord international avec le Japon interdisant les aides d’Etat aux entreprises.
Qui peut désormais prendre la parole de ce Gouvernement au sérieux ?
Merci beaucoup pour ces précisions. On savait que B. Johnson était capable de coups de poker (menteur ?) dans ses négos pour forcer la main à l’UE, mais là ça va vraiment loin dans l’arnaque !