Il est urgent de discuter d’Europe au quotidien

Le Président de la République est un Européen convaincu, mais convainc-t-il les Français ?

On peut malheureusement en douter, les différentes enquêtes pointant régulièrement la France parmi les pays les moins pro-européens du continent. Pourtant, l’engagement d’Emmanuel Macron en faveur de l’Europe est fort, constant, et produit des résultats. Sur ce point il rejoint d’ailleurs, même s’ils ne le disent pas trop fort, les préoccupations des écologistes et des socialistes, et son action dépasse donc les frontières de la majorité présidentielle. Alors, pourquoi cette absence d’enthousiasme européen en France si, sur le papier, il y a une large majorité politique pro-européenne ?

La faiblesse structurelle de la société civile pro-européenne est un enjeu central de la vie politique française. L’existence d’un mouvement pro-européen dynamique est en effet essentielle pour reconquérir l’opinion publique sur l’Europe et se doter de marges de manœuvre politique pour réussir les prochains rendez-vous tels le développement de nouveaux outils financiers européens en réponse à la crise sanitaire, la conférence sur l’avenir de l’Europe, la présidence française du Conseil de l’UE…

Créer une structure de transmission entre cette société civile et les responsables politiques doit permettre de redynamiser et d’élargir l’action de la société civile pro-européenne en France, non seulement pour en assurer les moyens auprès des structures dont l’action en a besoin, que pour échanger en termes de positionnement. Cet écosystème européen en France doit démontrer par son action la valeur ajoutée concrète de l’Europe pour tous, et pas uniquement pour des publics privilégiés.

Nous proposons donc la création d’un Conseil national pour l’Europe (CNE) qui serait rattaché au ministre en charge des affaires européennes, rassemblant associations, élus et personnalités.

Concrètement, le CNE aurait pour objectif de favoriser le débat et la concertation, entre les pouvoirs publics, des praticiens de l’Europe et les associations spécialisées sur les problématiques européennes.

Le CNE serait consulté par les pouvoirs publics sur les grandes orientations de la politique européennes de la France et sur sa mise en œuvre. Il pourrait confier aux associations membres du CNE des missions précises et coordonnées afin d’informer les citoyens sur le fonctionnement de l’Europe ; d’organiser des débats sur les enjeux européens ; de mener des actions pour développer le réflexe européen au sein de la société française.

Si l’Europe est un combat, il est temps de créer un état-major de liaison entre les généraux et l’infanterie !

Article publié dans Ouest France le 22 septembre 2020

Fabien Chevalier
Fabien Chevalier
Président d’honneur de Sauvons l’Europe

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9 Commentaires

  1. Bonjour,
    Je vous ai envoyé un mail pendant le confinement sur cette question, à laquelle vous ne m’avez pas répondu..Je fais partie des gens qui font de l’éducation populaire et oui en effet les gens ne croient plus à l’Europe ni à la politique en générale d’ailleurs, ils n’ont plus confiance. Je vous avait demandé des élément concrets qui permettent d’avoir des arguments positifs pour défendre l’Europe car ce qui est retenu surtout par les gens c’est que l’Europe est une machine qui soutien le libéralisme et qui ne pense qu’à l’économie des riches..Sur le terrain, ce n’est pas toujours facile de mettre en avant que grâce à l’Europe on a accès à ceci ou cela, mis à part la paix (cruciale) et la libre circulation des personnes…Le rôle de l’Europe doit en effet être comprise par tous, mais pour cela il faut rendre les informations accessibles à tous, hors peu d’informations sont accessibles sur le rôle de l’Europe et ses bienfaits.
    Merci pour votre réponse!
    Violaine FLIPO

  2. Bonjour, merci pour cette tribune. Personnellement j’ai des idées sur la question, par exemple, faire des mini-parlements européens locaux, où tou.te.s les citoyen.ne.s de l’UE seraient invitées à participer, avec leurs sensibilités d’origines, pour échanger entre habitant.e.s de l’Union.

    D’autre part nous manquons de médias transeuropéens : par exemple des sites d’information générale ou spécialisée sur lesquels tous les articles seraient publiés dans la langue de l’auteur et au moins une autre langue, puis traduits par un ensemble de personnes qui estiment que ça peut intéresser les habitant.e.s de leur pays de l’Union.

    On pourrait aussi penser à des médias sur la culture européenne, par exemple un média qui s’appelerait Europop et parlerait de la pop musique dans tous les pays de l’Union, qui sont très riches de ce côté, qu’il s’agisse de la France, l’italie, l’Espagne, l’Allemagne, mais aussi la Roumanie, la Pologne, et tous les autres.
    Si ça se fait sur internet, on pourrait ensuite accéder directement aux titres téléchargeables ou en streaming…

    Evidemment il faudrait des obligations de retransmission des moments forts de la politique européenne dans les médias français, tels le discours récent de la présidente de la commission.

    Quant à la question de Violaine Flipo ci-dessus, un média qui informerait de tout ce que fait l’Union au quotidien pour les territoires serait intéressant. Et en lien avec la question ci-dessus, on voit bien qu’il est dommage que le discours mentionné ci-dessus ne soit pas connu, alors qu’il est porteur de solutions pour le futur.

    Enfin, il y a un secteur où l’Europe est une réalité concrète et visible par tout.e un.e chacun.e dans toutes les couches de la société : le sport. Les différentes compétitions européennes sont de très haut niveau et incluent aussi bien des équipes nationales que des équipes locales voire microlocales. Je pense que nous pourrions réfléchir à un moyen de promouvoir l’idée européenne par ce biais.

    Ce sont quelques idées, tout le meilleur à tout le monde,

    E.Labadie

    • Bonjour! oui, bien sûr, il nous manque des chaines d’information transeuropéennes et particulièrement une chaine culturelle, qui montre les avancées dans ce domaine, y compris le sport et les rencontres entre jeunes, car ce son eux qu’il faut mobiliser en premier lieu, car porteurs d’avenir. L’idée de mini-parlements européens est intéressante, mais, vu la complexité de sa mise en oeuvre, il faut y réfléchir surtout pour des lieux d’échange, d’information et de réflexion pour l’avenir européen, en se basant sur l’histoire de nos peuples, tout en montrant les erreurs à éviter et les menaces que les « manipulations nationalistes » font courir à ce projet.

  3. Il serait intéressant d’associer les Maisons de l’Europe et les Europe Direct de notre territoire, ainsi que les structures recevant des financements européens (centres de recherches, formations des handicapées, etc…) Et de plus rendre obligatoire une information européenne de tous les médias nationaux qui procèdent par soit une ignorance crasse, soit par n’être intéressés que par du franco-français, soit par les USA (feux de forêts, élections,..) Et quid du reste du monde ?

    • Je suis tout à fait d’accord avec M. Rousset. C’est très simple: 5 min de nouvelles européennes tous les jours à l’heure de la grande messe quotidienne, le JT de 20h.
      Est-ce si compliqué à mettre en œuvre ?

      • Juste une précision: « Sauvons l’Europe » s’est montrée à la pointe du combat dans le sens préconisé par M/Mme Rousset, en s’efforçant de promouvoir une « Union européenne des territoires » et en désignant à cet effet des « animateurs territoriaux ». J’ai l’honneur de compter parmi ces derniers pour les Hauts de France et ,en partie, pour la Belgique. J’y ai, du reste, sensibilisé mes amis de la Maison de l’Europe de Fourmies, située à la frontière franco-belge. Malheureusement, cette année, les contraintes sanitaires ont quelque peu contrarié les ambitions. Espérons que ce ne soit que partie remise.

  4. Il faudrait peut-être aussi que les dirigeants européens acceptent enfin de reconnaitre publiquement les énormes erreurs commises dans le cours de la construction européenne : entre beaucoup d’autres, le fait d’avoir établi un espace économique unique tout en laissant la main libre aux Etats sur la fiscalité des entreprises et sur le droit du travail. Du coup les Européens ont tendance à ne voir que les défaillances du système et à rester aveugles sur les avantages réels apportés par les avancées successives ; quand Mme Merkel ou M. Macron propose une nouvelle avancée, j’ai tendance à me dire « Quelle est la conséquence catastrophique qu’elle ou il n’a pas prévue ? »
    Ces erreurs, Sauvons l’Europe en parle souvent, mais combien sommes-nous à lire ses textes ?

  5. Bonjour,
    Je ne suis pas d’accord avec Fabien Chevalier :  » l’engagement d’Emmanuel Macron en faveur de l’Europe est fort, constant, et produit des résultats. »
    Notre Président a des paroles fortes sur l’Union Européenne, il prend des positions fortes, pas toujours solidaires (migration), sur les plans européen et international.
    Mais sur le plan national, dans les actes, il se comporte en nationaliste.
    Les affaires européennes dépendent toujours du ministre des affaires étrangères, rien n’est organisé pour la concertation entre parlementaires européens français et parlementaires nationaux.
    Les administrations nationales sont toujours « à la traîne » en ce qui concerne la transcription des législations communautaires, sans parler de leur application et des « rajouts » qui justifient les « c’est la faute à l’Europe ».
    Et je ne parle pas de la représentation de LREM au PE, ni du militantisme européen de ce parti.
    Clairement, Européen convaincu et militant, je suis très déçu par le Président sur ce point primordial : l’adhésion
    des citoyens français à l’UE.
    JeanPierre Videau,
    citoyen Européen originaire de France

  6. Toujours constructif cher Fabien. Bravo.Il faudrait déjà mieux investir le CDR et le CESE à Bruxelles.
    5 minutes sur l’Europe aux infos du 20h00, comme le propose Alex, quoique la moyenne d’âge de ceux qui les regardent serait, parait-il de 55 ans, sous réserve que cela soit attractif. Si déjà la carte méteo, qui a été élargie aux « DOM-ToM » depuis la suppression de Frane0, pouvait présenter cette météo avec une carte de l’Europe, cela pourrait aider concrètement à prendre conscience d’autant aussi que nombre de Français vivent dans d’autres pays et regardent ces infos de temps à autres, à commencer par ma fille et fils dans deux pays différents…

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