Eurobaromètre : le pronostic européen de la France est engagé !

A un an des élections européennes du 9 juin 2024, la date n’ayant été fixée par le Conseil de l’Union européenne le 22 mai dernier seulement, le chemin vers ces élections semble encore pavé d’incertitudes : la composition exacte du Parlement à élire fait encore débat, les programmes ou « manifestos » des partis européens et de leurs affiliés nationaux ne sont pas encore connus et les questions des listes transnationales et des « Spitzenkandidaten », les têtes de listes européennes, restent en suspens. Le « Qatargate » au Parlement européen pourrait également contribuer à doucher l’enthousiasme pour les élections européennes.

Pourtant,  selon un sondage Eurobaromètre publié ce 9 juin par le Parlement européen, l’intérêt du public européen dans son ensemble pour celles-ci a augmenté de manière considérable par rapport à la situation en 2018, à un an des dernières élections européennes. Désormais, une nette majorité des citoyens (56%) s’intéresse aux prochaines élections européennes. Cela représente 6 points de plus par rapport à 2018. Par ailleurs, près de deux tiers des (26 000) personnes interrogées à travers l’Europe (67%) déclarent qu’elles iraient probablement voter si les élections avaient lieu la semaine prochaine. Une question semblable avait été posée dans l’enquête Eurobaromètre d’avril 2018 ; 58% des personnes interrogées avaient alors répondu qu’elles iraient probablement voter.

Sans aller jusqu’à dire que « tout va très bien Madame la Marquise », tout pourrait donc laisser à croire que l’Europe se dirige vers une campagne démocratique et dynamique en juin 2024 qui pourrait aboutir à un taux de participation plus élevé qu’en 2019 (51%).

Mais cette moyenne cache mal des chiffres désastreux pour la France où seulement 40% des sondés se déclarent intéressés par ces élections, soit 16% en deçà de la moyenne européenne et en toute fin de queue de peloton avec la République Tchèque et la Slovaquie. Un chiffre qui va de pair que l’image du Parlement européen est en France largement plus négative que positive (30% contre 22%) à l’inverse de la moyenne européenne (19% contre 37%).

Les Français moins citoyens européens que leurs voisins ?

Ces chiffres sont certainement à corréler avec le fait que la France soit le pays de très loin le dernier dans lequel les sondés ont récemment entendu sur Internet ou à la télévision ou entendu à la radio quelque chose au sujet du Parlement européen (39% contre 50% pour l’Irlande, avant-dernier, contre 85% en Finlande, premier de la classe). Comment ne pas penser que les Français se sentent moins citoyens européens que leurs voisins du fait de cette sous-information ? La campagne de Sauvons l’Europe pour plus d’Europe à la télé, qui a plus de dix ans déjà, n’en est que plus actuelle !

Alors faut-il pour autant considérer les élections européennes comme un simple point d’étape, un échauffement pour les élections présidentielles de 2027 ?

Ce serait certainement une erreur stratégique pour les partis de gauche pro-européenne considérant que la France se démarque sur leurs thèmes prioritaires que les sondés souhaiteraient que le Parlement européen traite en priorité. En effet, les trois thèmes arrivant en tête sont la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (43% contre 38% pour la moyenne européenne), la santé publique (41% contre 33%) et la lutte contre le changement climatique (43% contre 33%). A noter aussi que les sondés français placent l’égalité hommes-femmes parmi les valeurs à défendre en priorité par le Parlement européen beaucoup plus haut que la moyenne européenne (36% parmi les sondés français contre 21% pour la moyenne européenne). Autant de combats progressistes à mener dès 2024 !

Notons pour conclure que la France ne se démarque pas sur un sujet – le soutien de l’Union européenne à l’Ukraine. En effet, 77% des Français approuvent ce soutien (38% fortement, 39% assez) pour un taux d’approbation européen de 76%. Là aussi, les partis de gauche pro-européenne devraient en tirer des conclusions pour la campagne électorale qui s’annonce.

En tout état de cause en termes de programmatique, de stratégie et de mobilisation, tout reste à faire dans un délai désormais très court pour que ces élections européennes n’aboutissent pas en France à un contre-coup pour la démocratie représentative et à une perte de crédibilité de la France dans le concert des nations européennes.

Matthieu Hornung
Matthieu Hornung
Animateur de Sauvons l'Europe en Belgique.

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4 Commentaires

  1. Ça y’est, la grande foire « démocratique » UE est lancée, le vide grenier des idées anciennes relookées, le colmatage, la réforme du chef d’œuvre en péril, verdissement de façade, à la marge lgbtisation, déracialisation, féminisation… la révolution sociétale de la nouvelle bourgeoisie montante de droite et de gauche à la conquête générationnelle du pouvoir, de l’héritage, certes nécessaire mais insuffisante si elle ne s’accompagne pas d’une lutte contre les dominants. Les idées sociétales des parents des bobos, les babas de 68, ont permis au capitalisme d’entrer dans une société nouvelle d’hyper-consommation, notamment de l’étendre à la jeunesse. Les idées généreuses d’aujourd’hui permettront de faire une consommation plus pointue, de niches, communautariste, un capitalisme souriant à l’emballage branché, cool, empathique, sympa, mais de plus en plus sélectif, sauvage face à ceux, de plus en plus nombreux, qui en seront exclus…

    Bref…56% des français n’ont pas voté aux législatives, les élus l’ont été par 2 ou 3 inscrits et ne représentent pas une majorité, qu’ils s’étonnent d’être contestés ! Plutôt que de se remettre en cause, ils s’en prennent à l’électeur !49% des européens n’ont pas voté! La plupart des abstentionnistes disent qu’ils ne se sentent plus représentés par leurs élus loin de leurs problèmes réels, élus et État qui passent leur temps, depuis la taxe d’habitation transformée en subvention étatique à se renvoyer les patates chaudes, à promettre des changements qui n’arrivent jamais, ce qui ne fait que conforter l’idée que les élus ne servent à rien ! Les élus s’émeuvent un instant après chaque élection de cette crise démocratique (proportionnelle, reconnaissance vote blanc, RIC…) puis une fois installés oublient et ne font rien pour changer ce système qui ne fonctionne pas et les obligerait à partager avec le peuple le peu de pouvoir qui leur reste ! Quelques uns se lancent dans des impostures participatives pour court-circuiter les institutions « démocratiques » en place: conventions, démocratie-loto, démocratie-sondage… « Vous proposez, je dispose et j’impose » …

    Bref…pour beaucoup de français les élections nationales ne servent à rien parce que de toute façon c’est ce petit cercle de technocrates non élus et corrompus par les lobbies de Bruxelles qui décide des politiques nationales de chacun de ses membres, membres pour qui l’UE n’est qu’un marché où il faut en obtenir plus qu’on y a versé !

    Bref… ! L’UE comme la France souffre d’une dangereuse crise démocratique, la démocratie étant comprise non dans le sens de liberté (La Chine et la Suisse se prétendent des démocraties!) mais dans celui étymologique et premier de « pouvoir du peuple », ce peuple roi, souverain pour lequel l’on est prêt à toutes les promesses à la veille des élections pour mieux le mépriser, l’accuser de tous les maux ensuite, contourner sa voix par le traité de Lisbonne,49.3 …

    Ce qu’il faudrait c’est que la France et l’UE éclaircissent constitutionnellement ce qu’elles entendent par Démocratie, comment elles comptent redonner plus de pouvoir au peuple, ce peuple qui a pu sortir de l’ignorance où on le tenait grâce à « L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers » de 1751 de d’Alembert et de Diderot qui en disait :« Cet ouvrage produira sûrement avec le temps une révolution dans les esprits, et j’espère que les tyrans, les oppresseurs, les fanatiques et les intolérants n’y gagneront pas. Nous aurons servi l’humanité ». Cette encyclopédie qu’un temps Conseil d’État a interdit le 7 février 1752 de vendre, d’acheter ou de détenir les deux premiers volumes parus, au motif qu’ils contiennent « plusieurs maximes tendant à détruire l’autorité royale, à établir l’esprit d’indépendance et de révolte, et, sous des termes obscurs et équivoques, à élever les fondements de l’erreur, de la corruption des mœurs, de l’irréligion et de l’incrédulité » Ces encyclopédies du net que les pouvoirs qui contrôlent les média aimeraient aussi pouvoir contrôler pour juguler toute réflexion critique et qui fait que le peuple d’aujourd’hui est plus mature que celui d’hier et supporte moins d’être traité d’abruti irresponsable !

    Bref, pour conclure enfin…Quant à la gauche écolo, à la NUPES, chaque parti la composant va aller aux élections UE avec son petit programme différentiel qui remettra en cause cette union. Ce rêve et cette nécessité d’un unique et grand parti de gauche écologique français et UE n’est pas pour demain vu l’état de divisions internes de chaque parti, les droites extrêmes, dont l’UE devait nous préserver, ont de beaux jours devant elles !

  2. Bonjour.

    Un grand nombre de vérités dans le commentaire de Monsieur ZORRO, la désaffection du citoyen pour la politique est un fait.

    Les causes sont multiples, que ce soient au niveau national ou européen, le politique joue avec nos institutions, les détourne, les résultats de l’élection présidentielle au niveau national sont biaisés, on vote par défaut pour éviter la montée de l’extrême droite mais jusqu’à quand ?
    De fait, le président n’est pas représentatif des aspirations du peuple français, sa gouvernance actuelle le prouve.

    Au niveau européen, on n’y comprend plus rien, les diverses instances qui se juxtaposent pour la gouvernance manquent de clarté, ou est l’écoute du citoyen européen, on a l’impression que seuls les lobbies et autres interviennent, combien de décisions prises sont annulés parce qu’elles ne vont pas dans leurs sens, les affaires de corruption participent également à ce désamour.

    L’article parle d’un intérêt plus grand des autres pays pour ces élections, peut-être, seulement, il ne faudrait pas que ce soit les extrémismes qui se manifestent dans cet intérêt grandissant.

    Quand à la diffusion de l’information en France concernant l’Europe, c’est vrai, elle est excessivement pauvre, on dirait que c’était une « chasse gardée » pour recaser certains politiques, d’où la très grande performance de ceux qui nous représentent au parlement européen.

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