Mais ne le nions pas : ces dernières décennies, l’Union européenne a aussi, et beaucoup, déçu. Les peuples, pas seulement en France, ont subi depuis près de vingt ans des politiques européennes majoritairement libérales qui ont accéléré la désindustrialisation et les délocalisations. Des politiques d’austérité ont été imposées aux pays du sud de l’Union européenne, aux conséquences économiques et sociales désastreuses. Depuis le ‘non’ au referendum de 2005, le Traité de Lisbonne imposé en 2008, l’échec de la renégociation du Pacte budgétaire européen en 2012, un sentiment de trahison démocratique perdure. Une sorte de fatigue institutionnelle, de résignation, de colère sourde s’est installée face à des traités, des critères, des politiques qui manifestement ne sont plus adaptés à l’urgence écologique et sociale de notre temps. Les récents scandales de corruption au Parlement européen aggravent encore le divorce. La progression spectaculaire de l’extrême-droite, à peu près partout en Europe, se nourrit aussi de cela.
La gauche doit faire un choix stratégique face à ce constat. Que pense le Parti socialiste français ? Rien n’est plus flou. L’accord électoral de la Nouvelle Union Populaire, Ecologique et Sociale (NUPES) ne clarifie rien et se perd en formules imprécises : « déroger aux règles de manière transitoire », « ne pas respecter certaines règles »… Mais serions-nous fidèles à notre Histoire, cohérents dans notre engagement, et finalement crédibles, si nous acceptions de renier la primauté du droit européen, pierre angulaire et condition sine qua non de l’Union ? Comment objecter aux démocraties illibérales et à tous les populismes leur contestation de l’Etat de droit, si nous-mêmes choisissions unilatéralement la désobéissance ?
« Le réel, c’est quand on se cogne » disait Lacan. Le réel nous rattrape aujourd’hui. Des élections européennes s’annoncent pour 2024. Nos partenaires européens s’interrogent, nos concitoyens nous questionnent : quelles sont nos valeurs ? Que défendons-nous ?
Nous pensons pour notre part que les socialistes français doivent lever toute ambigüité, réaffirmer avec force, fierté, leur engagement et porter une nouvelle vision pour l’Europe. Oui, le drapeau européen est en berne. Il faut le relever, pas le piétiner ! Parce que l’intégration européenne est au cœur de nos combats, passés, actuels, à venir. Combat d’abord pour un continent en paix -et l’actualité nous rappelle à quel point elle est fragile. Combat pour un espace de prospérité durable, d’affirmation de nos valeurs universalistes, de défense des droits humains et en particulier ceux des femmes, de solidarité entre les peuples. Les grands défis de ce siècle : réchauffement climatique, conflits internationaux, pandémies, terrorisme, finance toute-puissante, GAFA, migrations… sont tous mondiaux. Qui peut croire que la France pourrait les relever seule ? Il en est du socialisme comme de notre pays : son avenir sera pro-européen, ou ne sera pas.
Dire oui à l’Europe n’est pas donner quitus aux politiques européennes telles qu’elles sont menées depuis vingt ans. Si nous sommes convaincus que l’Union, plus qu’un marché cynique et froid, est avant tout une communauté de valeurs et de destin, alors, nous devons urgemment, impérativement, réorienter ses politiques. C’est ce que font nos députés européens socialistes, parfois bien seuls. Changer rapidement les règles du jeu pour écarter le cours libéral de l’Union, majoritaire ces dernières décennies, pour une meilleure protection de ses citoyens. Pour une Europe forte et de progrès, souveraine et solidaire, social-écologique, démocratique et fraternelle.
Cela commence par la paix. A l’inverse de ceux qui prônent l’arrêt de l’Europe de la défense, nous voulons une véritable politique étrangère, de sécurité et de défense commune, ainsi qu’une autonomie stratégique européenne en matière d’énergies et d’industrie. La clarté, c’est condamner sans ambiguïté la Russie comme Etat promoteur du terrorisme ! C’est affirmer que l’Union doit continuer de soutenir l’Ukraine jusqu’au bout, par des fournitures militaires, par des sanctions fermes à l’encontre de la Russie, par l’aide humanitaire au peuple ukrainien qui se bat avec tant de courage, et par la reconstruction d’après-guerre. A l’inverse de ceux qui prônent la sortie de l’OTAN, nous restons attachés à l’Alliance atlantique, certes perfectible, ainsi qu’à la coopération internationale dans un cadre multilatéral.
L’Union européenne est l’espace géopolitique qui, dans le monde, fait le plus d’efforts pour l’écologie. La France d’Emmanuel Macron reste à la traîne, régulièrement condamnée pour son inaction, seul pays européen à ne pas avoir atteint ses objectifs en matière d’énergies renouvelables. « Make our planet great again », tu parles ! Mais même le Green Deal européen est insuffisant au regard de l’accélération du réchauffement climatique : nous devons aller bien plus loin. Pour le climat, mais aussi pour accompagner les bouleversements économiques et sociaux qui sont d’ores et déjà à l’œuvre : investissement massif dans le ferroviaire, fin du véhicule thermique, sobriété énergétique, décarbonation de l’industrie, réseaux fluviaux, numériques, pénurie de main d’œuvre pour l’isolation des bâtiments, nouveaux métiers liés aux énergies renouvelables, transition agricole et alimentaire…
L’Europe doit aussi être le continent de la fraternité responsable. Arrêtons de faire l’autruche : les raisons qui poussent les migrants jusqu’à nos frontières -la guerre, la misère, le réchauffement climatique- ne vont pas se tarir. Les trois semaines d’errance des 234 passagers de l’Ocean Viking, sous le regard cynique de l’Italie de G. Meloni, montrent l’impasse et l’inhumanité dans laquelle nous conduit l’absence de politique migratoire réellement intégrée à l’échelle européenne. Le dispositif dit de ‘solidarité volontaire’ acté sous Présidence française de l’Union doit faire place à un mécanisme juridiquement contraignant, tout en mettant fin au régime absurde des ‘dublinés’. Le Brexit appelle une révision profonde des Traités du Touquet et de Sandhurst. La lutte contre les passeurs et les filières clandestines doit être implacable, de même que l’aide au développement, en particulier en Afrique, nécessite d’être significativement renforcée.
Pour être à la hauteur de ces défis, l’Europe doit muscler son jeu. Elle devra augmenter son budget grâce à des ressources propres, compléter l’Union économique et monétaire par le pilier fiscal. Avec ces nouvelles prérogatives, l’Europe sera en mesure de fournir de véritables biens publics européens, de mettre en œuvre le socle européen des droits sociaux, de porter des politiques de réindustrialisation social-écologique dans les secteurs prioritaires tels que les énergies, les mobilités, la santé ou la souveraineté sanitaire, politiques bien plus prioritaires que le sacro-saint dogme de la concurrence libre et non faussée. Le marché européen est attractif ? Faisons-en une force ! Pour imposer aux multinationales des normes écologiques (décarbonation, lutte contre la déforestation, interdiction de la pêche en eaux profondes, des perturbateurs endocriniens), sociales (temps de travail, hygiène et sécurité, juste rémunération des producteurs), sociétales (droits humains, libertés fondamentales). L’idéologie a conduit à la libéralisation aveugle des marchés avant l’harmonisation des droits sociaux, ce qui a engendré des situations de ‘dumping’ inacceptables au cœur même de l’Union. Les progrès des droits, et non les seuls bénéfices économiques, doivent être au cœur de l’Europe que nous voulons bâtir.
Au plan institutionnel, chacun voit bien que les Traités en vigueur peinent à répondre aux urgences de ce siècle. La Conférence sur l’avenir de l’Europe de mai dernier ouvre la voie à leur révision. Saisissons-nous de cette opportunité ! Il est temps de clore le cycle douloureux entamé en 2005, en refondant globalement les Traités pour bâtir une Union plus démocratique, mieux intégrée, et réorienter ses politiques. Le Parlement européen, qui doit se doter de procédures beaucoup plus strictes en matière de lutte contre la corruption, devra être renforcé par un droit d’initiative législative, la fin du veto au Conseil, ainsi que par des élections européennes avec des listes transnationales. Une meilleure protection des principes fondamentaux de l’UE et du respect de l’Etat de droit devra être assurée.
Surtout, ne réduisons plus jamais l’Europe à un ‘machin’ technocratique dont la seule finalité serait le marché ! On ne naît pas citoyen européen, on le devient. Notre priorité doit être la jeunesse européenne. Nous proposons une utopie concrète, réalisable rapidement avec un zeste de volontarisme politique et d’inventivité juridique : Erasmus pour toutes et tous. Y compris les apprentis et les jeunes travailleurs ! Que chaque nouvelle génération puisse, demain, systématiquement bénéficier de six mois au moins d’études supérieures dans un autre pays européen, financées par l’Union.
N’oublions pas enfin que la construction de l’Europe passe par ses territoires. Bien souvent les communes, départements, régions gérés par la gauche sont à l’avant-garde de l’action publique social-écologique, donc en capacité d’inspirer directement les politiques européennes et d’en incarner la proximité. La guerre en Ukraine a aussi suscité une mobilisation sans précédent partout en Europe, traduisant à la fois notre solidarité et notre aspiration à une communauté de valeurs. Chérissons et renforçons à travers les jumelages, les réseaux des territoires, cet affectio societatis européen ; c’est un talisman pour l’avenir.
Conclusion
Le congrès socialiste de Marseille se tiendra en janvier prochain. Il doit être un moment utile, un moment de clarification sur le fond. Ne sous-estimons pas la gravité du moment. L’Union européenne a été fondée pour dire « Plus jamais ça ! » à la guerre : aujourd’hui la guerre est en Europe. Elle menace jusqu’à ses fondations. Alors soyons courageux, soyons ambitieux, soyons forts, soyons clairs. Nous récusons autant l’Europe des marchands que la gauche des marchandages. Agissons, travaillons et arrêtons les palabres.
Nous ne sommes pas seuls dans ce combat. Certains de nos alliés exercent des responsabilités éminentes, en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Finlande, au Danemark. Qui d’autre que les socialistes et les socio-démocrates européens peut espérer, à gauche, conquérir une majorité en Europe ? Mais ne prenons pas cette alliance européenne pour acquise. Il y aurait quelque prétention -bien française !- à croire que nos amis du Parti socialiste européen nous attendent et se plieront à nos quatre volontés. Quant au couple franco-allemand, il est en difficulté. Olaf Scholz a beau être social-démocrate, son regard est allemand et il est aujourd’hui tourné vers l’Est –et la Chine. A nous de renverser la donne.
Tout comme l’Europe a besoin d’une France motrice dans l’Union, la gauche française a besoin d’un parti socialiste clair, sans ambigüité sur son engagement en faveur de l’intégration européenne. Dès maintenant, notre famille politique doit dire qu’elle portera, avec toutes celles et ceux qui partagent ces valeurs, un projet résolument pro-européen, clairement à gauche, social et écologiste, féministe, humaniste et universaliste. L’Europe doit rester notre chemin autant que notre fierté.
Signataires :
-Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen, premier signataire du texte d’orientation « Refondations », candidat à la tête du Parti socialiste
-Lamia El Aaraje, Adjointe à la Maire de Paris, porte-parole du PS et du mouvement #Refondations
-Claire Fita, Vice-Présidente de la région Occitanie, porte-parole du mouvement #Refondations
-Gabrielle Siry, Maire-adjointe du 18e arrondissement de Paris, porte-parole du PS
-Céline Geissmann, conseillère municipale et eurometropolitaine de Strasbourg, secrétaire nationale adjointe du PS à l’Europe
Cette motion a le mérite d’exister. Cependant, il me semble illusoire imaginer que le respect des Traités actuels permettra la refonte institutionnelle de l’UE. Pour rendre l’UE une vrai fédération où le PE soit le moteur démocratique, il est impératif que les europarlamentaires prennent leur responsabilité et se déclarent assemblée constituante, avec bien entendu le soutien des femmes et des hommes vivant en UE qui veulent passer le cap de l’oligarchie actuelle des Chefs d’État et de Gouvernement des États membres.
Il faudrait que le PS perde la mauvaise habitude de récupérer la figure de Mendes France. Outre qu’il n’a jamais été socialiste – mais membre du parti radical – il a fait échouer la CED et a voté contre le traité de Rome. Il est donc ridicule de l’invoquer dans un texte qui cherche à réaffirmer l’engagement européen du PS. Mendes France remplace Guy Mollet dont le PS à honte. Ce texte appelle à une clarification mais lui-même ne clarifie rien.
Bonne analyse de ce qui peut générer au sein de la gauche la défiance vis-à-vis des institutions européennes. Cependant, ce texte « oublie » de mentionner l’écrasante responsabilité de la social-démocratie européenne dans les dérives néo-libérales poursuivies par l’U.E. à la fin du siècle passé jusqu’à pratiquement aujourd’hui. D’autre part, le texte prône l’alliance avec les socialistes danois ouvertement xénophobes. Il préfère concentrer ses critiques sur la NUPES. Alors, un texte pour unir ou pour diviser ? Ou simplement pour exister, en dehors de tout projet idéologique de gauche malgré l’incantation du dernier paragraphe ?
Le mal du PS est de ne pas être suffisamment et véritablement de gauche, sauf actuellement avec l’intégration dans la NUPES. Quand la social démocratie fonctionnait un peu partout en « mode libéral » les gens comme moi se sentaient refoulés sur la gauche… Et votant très souvent très à gauche mais jamais communiste, je me sentais perdue par le fait de vouloir l’Europe que depuis près de 50 ans j’appelle de mes voeux, me cognant au refus des partis que je préférais sur d’autres plans.
l’Europe est une évidence mais elle doit cesser de marcher à l’unanimité et appliquer des sanctions contre les pratiques faxisantes et ceux qui tolèrent le racisme et la xénophobie.
française, mariée en Suède avec un Portugais, résidant au Portugal que j’ai vu grandir au cours de toutes ces années, je ne peux qu’applaudir à votre texte d’aujourd’hui et espérer que nous verrons la fin de cette guerre horrible.
Ce continent si convoité de l’extérieur doit se consolider et être à jamais social, préoccupé de l’environnement et de la biosphère, prêcher la sobriété énergétique, et vivre en harmonie avec le reste du monde. Nous savons besoin aussi d’élites honnêtes et capables comme de guides bien intentionnés.
Le politologue Maurice Duverger expliquait à ses étudiants que, lorsqu’on tranchait un ver de terre par le milieu, on obtenait deux nouveaux vers qui poursuivaient chacun une existence propre, alors que la même opération appliquée à un vertébré conduisait à la mort de ce dernier.
Mon propos n’est certainement pas d’encourager à asséner un coup fatal à certaines structures faisant vivre le PS, mais, comme je l’avais déjà souligné dans un précédent commentaire lié à la contribution que SLE entendait apporter au débat socialiste (5.12.22), d’attirer l’attention sur un aspect « vécu » lié au contexte européen du débat.
Ainsi, lorsqu’en 1975 j’ai rejoint la section de Bruxelles du PS (français), cette dernière avait constitué, notamment avec ses homologues de Luxembourg et de La Haye, une « Fédération Europe ». Celle-ci œuvrait de manière dynamique pour promouvoir les aspirations européennes du Parti. Malheureusement, quelques années plus tard – et cela non sans lien avec le contexte, encore embryonnaire, des élections des sénateurs des Français résidant hors de l’Hexagone – ce dynamisme s’est vu contrecarré par des apparatchiks de la rue de Solférino: ces derniers ont noyé cette initiative dans le formol d’une tentaculaire « Fédération des Français de l’étranger » (FFE) censée regrouper les expatriés répartis sur tous les continents – alors que les préoccupations d’un Français installé à Bruxelles ou à Rome ne sont pas nécessairement les mêmes que celles d’un compatriote établi à New-York ou à Sydney. De surcroît, on ne doit pas négliger le fait que nombre de ces préoccupations – par exemple en matière sociale – sont mieux prises en compte par des organismes tels que l’Association démocratique des Français de l’étranger (ADFE), ancrée elle aussi résolument à gauche. Avec 27 Etats membres, il y a, me semble-t-il, largement matière à tisser un nouveau réseau dans le cadre du PS.
Il me semblerait donc que cet aspect « structurel » mériterait d’être au moins réexaminé en profondeur pour s’interroger sur la pertinence de maintenir en l’état le fourre-tout que représente la FFE au détriment d’une dynamique proprement européenne.
Merci Gérard.. Oui je suis bombardée sur mes mails d’envois de la FFE et d’après ce que j’ai observé ce sont les classiques démocrates libéraux (+ou–liberaux).
Je vais me renseigner sur la ADFE, et collaborer éventuellement.
mon grand âge ne m’incline pas trop à des actions compliquées. J’aime réfléchir et analyser l’actualité, et transmettre ce qui me semble le mériter.
je crois en l’Europe malgré tout ce qui se passe actuellement, et souhaite la voir triompher contre tous les fascismes qui se pointent un peu partout.
bonnes fêtes de Noël à tous.
Après une cinquantaine d’années à écouter, fréquenter puis à comprendre petit à petit que nos élus ne nous racontent que «des histoires» voire des balivernes, auxquelles des fois ils ne croient pas eux-mêmes, je suis fort aise de découvrir un texte qui nous fait enfin de nouveau part d’un zeste d’utopie. L’utopie on l’a caressé un moment en 1981 avant que d’ambitieux carriéristes ne la relèguent aux oubliettes de l’Histoire avec Proudhon, Marx ou Lénine, seuls véritables socialistes dignes de ce nom à mes yeux. Alors je souscris à l’idée d’un Erasmus pour toutes et tous car ce serait une bonne nouvelle pour nos jeunes de tous nos pays de pouvoir se rencontrer, se former et échanger. Plus qu’aux échanges de marchandises, je crois que nous avons besoin d’échanger entre européens, entre personnes, pour pouvoir changer quoi que ce soit à l’UE actuelle…qui ne nous fait pas rêver !
Retrouver le chemin de l’Europe, c’est aussi retrouver les valeurs de ce parti. En particulier celui de la laïcité, et celui de la défense des valeurs de la République.
La « Republique » et la laïcité c’est plutôt franco-français. Vous pensez que ça va séduire des Europeens ? Et puis c’est une défense d’un héritage plutôt qu’un programme.
« Une Europe sainement laïque, où Dieu et César soient distincts mais pas opposés ». Tels étaient les propos que tenait un certain… Pape François, dans une lettre adressée en octobre 2020 au cardinal-secrétaire d’Etat Pietro Paolin, « numéro deux » du Vatican. Je doute donc quelque peu que le concept de laïcité se cantonne au microcosme franco-français.
Quant à celui de « République », il ne recouvre certes pas l’ensemble des régimes politiques des Vingt-Sept dans la mesure où, stricto sensu, des monarchies côtoient des républiques selon les Etats membres. Il n’empêche: avoir incorporé dans les textes constitutifs de l’UE d’aujourd’hui la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne relève d’une démarche comparable à celle engagée par les auteurs de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 pour promouvoir un certain nombre de « valeurs ». Aussi, si « héritage » il y a, c’est en effet une succession de proclamations solennelles dans le même sens, dont la Déclaration universelle des droits de l’homme au lendemain de la seconde guerre mondiale. Alors, pour les Européens, cela peut être assimilé à l’air qu’on respire: c’est lorsqu’on en est privé qu’on en ressent cruellement le besoin.
Il ne suffit certainement pas d’une citation du pape pour argumenter. La loi de 1905 n’a pas d’équivalent dans les autres pays européens. Certains ont une Eglise d’Etat comme Malte la Suede ou la Grece. D’autres ont un système concordataire qui était celui de la France avant 1905. Beaucoup ont un impôt ecclésiastique. On ne voit pas en quoi la référence a la laïcité va permettre de « retrouver le chemin de l’Europe ».
Mon propos était seulement de montrer que des positions de la papauté sur la laïcité pouvaient connaître des évolutions positives (même si, je l’admets volontiers, le progressisme de François n’est pas partagé par tout le monde au sein de ce que j’appelle « la Curie d’Augias »);. Je me suis limité à l’évocation d’une lettre. Mais, pour être plus complet, il conviendrait de mentionner que quantité d’écrits à la signature de l’actuel souverain pontife (notamment des livres) militent également dans le sens d’une salutaire reconnaissance des vertus de la laïcité.
Bonjour.
Ne nous leurrons pas, si nos politiques ne changent pas de logiciel, qu’ils soient de gauche ou de droite, rien ne changera.
Nous devons être acteur de ce changement, ne faut-il pas envisager une nouvelle orientation de « Sauvons l’Europe » pour devenir un outil pro actif, n’est ce pas une réflexion à mener ?
Sinon, comme nous le faisons, nous allons continuer à « palabrer indéfiniment » ?
Cher Mylord,
On peut comprendre votre impatience d’Européen convaincu… et on ne peut que saluer votre constance. Mais, peut-être -et non sans une certaine dose de candeur- j’ose croire que, plus que « palabrer », nous « débattons » dans l’optique de faire bouger les lignes… même si la réalisation de cet objectif prend du temps.
Dans un commentaire ci-dessus, j’ai esquissé une proposition tendant à à la possibilité d’ « autonomiser » de nouveau un réseau proprement « européen » à l’intérieur du PS. Ce dernier n’y est vraisemblablement pas préparé pour l’immédiat. Mais, au-delà du palabre, c’est une manière de se réapproprier la leçon du Petit Poucet en semant les cailloux jalonnant le « bon chemin ». Savoir parfois rebrousser celui-ci ne signifie pas nécessairement « rétrograder »: ce serait davantage une manière de (réa)ménager ses arrières pour aller de l’avant…
Eh oui Mylord,
En Afrique les villageois se réunissaient ou plutôt s’abritaient autour/sous un arbre à palabres. Aujourd’hui quelques européens se réunissent autour de «sauvons l’Europe» qui en tient lieu. Les élus palabrent beaucoup aussi mais sans tenir compte, dans leurs décisions, des autres, les « riens » qui les élisent puis palabrent entre eux. Et on se garde bien d’écouter ces palabres sauf pour en tirer des opinions…minoritaires ou majoritaires et ainsi sentir le vent (d’hiver ?) !
Tant qu’on peut palabrer, la Liberté (la leur) est sauve pensent-ils…Qu’elle # avec les dictatures me demanderez-vous ? On ne se fait ni tuer, ni torturer, ni censurer et c’est déjà bien…! pensent-ils pour eux-mêmes, leur conscience sauve.
Bonsoir Monsieur VERNIER, bonsoir Rahlf.
Merci pour vos réponses.
Si nous débattons, j’ai la désagréable impression que c’est pour rien, nous n’avançons pas car derrière il n’y a pas d’action.
Comme l’écrit Rahlf, on nous laisse la liberté de penser, pour nos opinions, on ne se fera pas normalement ni tuer, ni torturer, ni censurer mais pour quel résultat ?
Je n’irai pas plus loin dans mon commentaire, j’ai déjà tout dit dans d’autres.
je vous souhaite de bonne fêtes de fin d’année à vous deux et à tous les adhérents et lecteurs de SAUVONS L’EUROPE.
Bonsoir Mylord,
Désolé de vous répondre avec un certain retard, dû aux priorités familiales de cette fin d’année et aux nombreux déplacements que celles-ci appellent.
Alors, je ne sais si, parfois, nous pourrions avoir la tentation de nous dissimuler derrière la formule employée par Achille van Acker, qui, entre 1945 et 1958, occupa plusieurs fauteuils au sein du gouvernement belge – dont celui de Premier ministre – à savoir: « J’agis d’abord, je réfléchis ensuite »…
Toujours est-il qu’il me paraît important de ne pas négliger au moins deux actions concrètes à mettre au crédit de Sauvons l’Europe: d’une part, le combat en faveur de davantage d’Europe à la télé – un combat qui, bien que difficile, retrouvera incontestablement du sens à l’approche des prochaines élections européennes (2024); d’autre part, le développement d’une « Union européenne des territoires », dans le but de mieux ancrer l’UE dans le tissu local et qui semble commencer à porter quelques fruits.