La dissolution décidée ce dimanche sous la pression de l’extrême-droite rebat les cartes de notre politique nationale. Le choix de l’urgence impose aux différents courants politiques de se positionner dans les prochains jours, avant l’échéance du dépôt des candidatures. Ceci se traduira nécessairement par une part de tumulte et d’incertitudes. Sans prétendre à l’infaillibilité et après notre première réaction, nous voulons creuser le sillon du débat tant qu’il est temps et contribuer avec les lumières que nous possédons. Nous sommes guidés ici par trois idées simples : nous sommes pro européens et progressistes, nous sommes viscéralement opposés à l’extrême-droite qui représente la négation de toutes nos valeurs, contre laquelle le projet européen a été conçu au sortir de la guerre, et nous croyons fermement que la démocratie ne peut pas vivre sans l’existence de choix alternatifs.
Dans ces circonstances :
Premièrement, Sauvons l’Europe soutiendra toute candidature pro-européenne qui s’oppose clairement à l’extrême-droite.
Deuxièmement, nous sommes un mouvement progressiste. Nous appelons donc les candidats à s’approprier les propositions du Pacte pour le pouvoir de vivre, réseau d’associations auquel nous participons depuis des années. Nous y avons largement contribué pour les élections européennes. En 2021, il publiait déjà 90 mesures qui forment un socle de partage. L’extrême-droite se nourrit du vide et de la frustration. La République n’est pas une forteresse, mais la promesse d’un chemin meilleur.
Troisièmement, pour que la démocratie vive, il faut que les citoyens puissent opter entre plusieurs courants politiques qui ne soient pas un choix forcé entre la raison et la furie. Il nous semble essentiel de maintenir aujourd’hui la lisibilité d’un droit de préférence entre des européens libéraux et des européens sociaux. A ce titre, plutôt qu’une grande coalition centrale, nous appelons au rapprochement des libéraux et de la droite de gouvernement qui aura refusé toute collaboration avec le Front national d’une part, et à la reconstitution d’une gauche plurielle de gouvernement d’autre part qui ne cède pas à l’incohérence d’une fusion avec les Insoumis par dessus des divergences béantes.
Quatrièmement, il est vital que l’extrême-droite soit tenue écartée du pouvoir. Nous appelons donc l’ensemble des courants politiques à s’engager sans ambiguïté au désistement républicain au profit du mieux placé pour l’emporter face au Front national.
Cinquièmement, nous sommes conscients que chaque circonscription aura des enjeux et des caractéristiques propres. Dans le cadre des grands principes proposés, tous les accords ou les arrangements locaux permettant d’assurer la présence d’une opposition au Front national sont légitimes.
Si vous voulez faire vivre ces plateformes dans les jours qui viennent, engagez vous auprès de Sauvons l’Europe ou du Pacte pour le pouvoir de vivre, et si vous ne pouvez pas être présent pour l’élection, donnez une procuration.
« la reconstitution d’une gauche plurielle de gouvernement d’autre part qui ne cède pas à l’incohérence d’une fusion avec les Insoumis par dessus des divergences béantes ».
Plurielle mais pas trop, hein ? Sinon elle risquerait de gagner.
Le RN se nourrit partout en Europe du libéralisme effréné et de l’absence de régulation économique du capitalisme voulu par le néolibéralisme qui sévit depuis les années 80. Cette situation économique provoque partout dans le monde le séisme écologique. La question est moins de diaboliser l’ensemble de LFI, mais de refuser la tête de liste Mélenchon et de constituer avec l’ensemble des gauches une alliance de gouvernement qui permettrait au Front populaire d’affronter les présidentielles de 2027. Le bloc des libéraux et de la gauche signifie l’échec en 2027.
Vous écrivez :
» les élections législatives à venir, ont, de facto, une dimension référendaire sur la question du projet européen, dont chaque avancée demande une validation par la représentation nationale »
Très bien ! Mais quel projet européen ?
Revenons aux fondamentaux :
Au départ de l’idée de faire l’Europe après la 2e guerre mondiale, il y a trois éléments :
La volonté de réconciliation franco-allemande : élément d’ordre spirituel
Le charbon : élément d’ordre naturel, l’Homme n’a pas inventé le charbon, il l’a trouvé dans la nature, il a su l’utiliser
L’acier, né du génie de l’Homme qui a su combiner des constituants que la nature lui offrait.
En combinant ces éléments des hommes ont engendré une Europe qui est aujourd’hui à bout de souffle.
Je me souviens de cette phrase du général de Gaulle » sauter comme des cabris en criant Europe , Europe. ! »
Quels sont les fondamentaux d’aujourd’hui pour reconstruire l’Europe ?
Dans le domaine spirituel l’équivalent de la réconciliation est le besoin de liberté, à tous les niveaux, l’individu face au poids des structures, les nations de l’UE actuelle et beaucoup d’autres
Dans le domaine de la nature, l’équivalent du charbon serait non plus un élément particulier mais le besoin commun de sauver les biens communs naturels, en un mot l’écologie
Dans le domaine du génie humain, l’IA pourrait résumer tous les progrès de l’humanité, autour de l’exploitation de l’électronique au sens le plus large.
Voilà des éléments sur lesquels des hommes et des femmes pourraient penser une nouvelle Europe. Qui y a déjà réfléchi ? Qui pourrait y réfléchir dans le délai du 30 juin ?
Louis Mollaret
Parlons de cette gauche plurielle au sein de laquelle, manifestement, LFI pose (justement) problème. On ne peut l’examiner qu’en considérant que LFI est tout sauf un bloc monolithique. Certes, il y a (hélas) les rodomontades pitoyables d’un Mélenchon, tombé bien bas, accompagné de ses sbires alliant vulgarité, outrances clivantes et agressivité stérile. Mais LFI, c’est aussi Clémentine Autain, Raquel Garrido, Alexis Corbière, François Ruffin et un tas d’autres, militant.e.s plus obscur.e.s. LFI, c’est aussi un vrai programme écosocialiste ( La Règle verte [2012], L’Humain d’Abord [2012], 18 thèses pour l’écosocialisme [2013], etc.) soutenu par des économistes aussi réputés que Jacques Généreux, Thomas Picketty, Thomas Porcher, etc.
Un véritable front populaire ne pourra se faire sans les organisations syndicales représentatives du monde du travail : CFDT, CGT, FO, Sud, etc. qui ont pu faire la preuve de leur unité et de leur ancrage sur le terrain populaire lors de la lutte contre la réforme des retraites.
De mon point de vue, dénigrer le nouveau front populaire construit certes à la hâte à cause de l’irresponsabilité d’Emmanuel Macron, en ne tenant compte que des vociférations mélenchonnesques et C°, ne pourra être perçu que comme une manœuvre de division au détriment de la Gauche écosocialiste.
« il y a (hélas) les rodomontades pitoyables d’un Mélenchon, tombé bien bas, accompagné de ses sbires alliant vulgarité, outrances clivantes et agressivité stérile ». Pouvez-vous donner des exemples ? Comparé à ce qui se dit dans les médias, je trouve que Mélenchon est très mesuré dans ses propos.
Pourriez-vous, de votre côté également, donner des exemples de la « mesure » dont fait preuve celui qui brasse plus de vent que d’idées réellement progressistes pour l’avenir de l’UE ? En outre, l’actualité de ces dernières heures montre comment, au sein de LFI, la « gouvernance » du Duce fait peu de cas de certains autres piliers qui, au moins autant que ce dernier, ont contribué à assoir la popularité, sinon la crédibilité, du mouvement.
Monsieur Vernier, répondez le premier! Votre question n’est pas une réponse, c’est un faux-fuyant. D’ailleurs je trouve étrange que vous veniez au secours de Monsieur Herlemont dont je critique les propos. Je devine que nous n’avons pas la même notion de progrès et vos références à l’histoire me semblent discutables.
J’évite, autant que possible, de réagir dans la précipitation, en m’efforçant de donner à mon humble cerveau la primauté sur les tripes.
Dans ce contexte, votre allusion aux références à l’histoire – une discipline à laquelle j’ai toujours attaché beaucoup d »importance et que j’ai enseignée – serait-elle un canal providentiel pour apporter de l’eau à mon moulin ?
En fait, c’est en tant qu’observateur de longue date de la vie politique que je me suis permis d’appuyer des propos critiques (Yves Herlemont pourrait se prévaloir de son expérience de syndicaliste) à l’égard d’un personnage qui personnifie malheureusement la manière dont on peut gâcher de remarquables talents dans les méandres d’un ego quelque peu surdimensionné. Certes, il n’est pas le seul à tomber dans ce travers…
Lorsque je mentionne « de longue date », c’est parce que le vieux militant que je suis devenu ne peut effacer de sa mémoire la « belle époque » où s’affrontaient les courants incarnés par François Mitterrand, Michel Rocard et Jean-Pierre Chevènement. Cela avait un autre panache que ce à quoi on assiste aujourd’hui.
Alors, pour ce qui est de l’expression de mon ressenti, permettez-moi de répondre par la voix d’avocats autrement plus brillants que moi, en évoquant deux voix de gauche s’exprimant dans le giron de « Libération ».
Ainsi, le 15 juin, Thomas Legrand écrivait-il à propos du dirigeant des Insoumis: « Le lambertiste [un courant trotskiste créé au lendemain de la seconde guerre mondiale, NDLR] étroit et brutal, avant tout attaché à la solidité d'[un] tout petit noyau de fidèles, resurgit ». On peut effectivement déplorer l’influence excessive de harpies comme Mathilde Panot ou Rima Hassan.
De même, le 19 juin, Laurent Joffrin, évoquant une épuration au sein de LFI (« une secte ? », questionnait-il), se demandait ce que pèse vraiment un « caudillo sur le déclin » tenté d’éliminer ses dissidents. Oserais-je donc m’interroger à mon tour: l’ancien trotskiste serait-il devenu stalinien ? Il serait cruel de constater qu’un brillant « insoumis » verserait alors dans l’aventurisme d’un « nain soumis » à ses caprices de diva.
Mélenchon a donné lui-même la réponse avec sa purge: un véritable sabordage politique. Heureusement ses cibles maintiennent leur candidature aux législatives, même sans l’étiquette du Nouveau Front populaire.
Bonjour,
Plusieurs questions sur LFI. Au-delà des désaccords francs de Sauvons l’Europe avec LFI se pose la question de l’efficacité face au FN. Les sondages qui depuis quelques jours ont testé les différentes configurations indiquent que l’Union incluant LFI fait 7 points de moins que les partis de gauche séparés. Il s’agit d’une alliance qui permet de se qualifier au premier tour, mais assure la défaite au second. 2022 l’a démontré, et il faut se préoccuper de 2024 avant 2027. En revanche, une alliance des gauches plurielles met la gauche à un presque plein des voix. Ceci signifie que tout doit passer par des accords de désistement sur les circonscriptions et pas sur une fusion des candidatures.
Pour l’instant pas de question sur l’alliance Les Républicains-Macronie que nous suggérons également. Je suppose qu’elle fait moins débat ?
Bonjour,
» Les sondages qui depuis quelques jours ont testé les différentes configurations indiquent que l’Union incluant LFI fait 7 points de moins que les partis de gauche séparés. Il s’agit d’une alliance qui permet de se qualifier au premier tour, mais assure la défaite au second. »
Si vous faites référence (notamment) aux résultats du sondage d’Ifop datant d’hier, il y a bien 7 pts d’écart dans leurs estimations, mais c’est mélanger des choux et des carottes.
Comme vous le dites si bien, cela permet de se qualifier au 2nd tour, mais si vous partez désunis et que les meilleurs scores ne dépassent pas les 13% en moyenne pour le mieux placé, il en restera combien pour concourir au 2nd tour ? Il y aurait eu combien d’élus pro-européens de gauche sans le rassemblement sous la bannière de la NUPES ?
Donc, si on vous écoute, la meilleure stratégie c’est que la gauche y aille divisée, qu’elle ne récolte que très très peu de candidats au 2nd tour, et qu’ainsi ils se reportent tous sur le candidat pro-européen, donc très probablement un Renaissance ? SLE a une tactique pro-Macron pour ces législatives ? J’aimerais bien savoir clairement en fait, si c’est possible. Merci
Hélas, oui ! Ce qui est tout à fait incompatible avec les engagements progressistes et écologiques exprimés sur ce même site. Pour moi, c’est une énigme depuis le début…
Dito
Si on veut peser suffisamment aux législatives, on ne peut guère se passer de l’union avec LFI, quoi qu ‘on pense de son leader actuel. Il convient toutefois de réfuter toute tentative de sa part pour prendre la tête de cette union.
On est bien d’accord.
En dehors des grands instituts de sondage qui peuvent être une arme assez mal aiguisée (voire pire dans leurs biais et leur éthique), il y a d’autres outils. Le lien ci-dessous montre une image comparative d’une projection en sièges entre une gauche divisée et une gauche unie (les 4 grands partis comme en 2022), y’a vraiment pas photo !
https://x.com/Milady__Oscar/status/1800861189704167487