Ayant la modeste prétention de « Sauver l’Europe », nous laissons bien généreusement à quelques collègues d’Outre Atlantique le soin de sauver la démocratie américaine des démons du trumpisme. Il y a déjà pas mal de pain sur la planche pour un Conseil européen qui pourrait trouver son inspiration, une fois n’est pas coutume, auprès de la Pologne. Dans les dernières déclaration de son premier ministre Tusk, notre Donald à nous, celui-ci a affirmé la nécessité d’une indépendance stratégique européenne :
« Harris ou Trump ? Certains affirment que l’avenir de l’Europe dépend des élections américaines, alors qu’il dépend avant tout de nous. À condition que l’Europe grandisse enfin et croit en sa propre force…Quoi qu’il arrive, l’ère de la sous-traitance géopolitique est terminée. »
Notre Donald des bords de la Baltique pourra également inspirer les débats du Conseil européen sur l’éventualité d’un retrait américain des affaires de notre continent, lui qui twittait en réponse aux habituelles menaces de Trump avant un sommet de l’OTAN en 2018 : « Chère Amérique, apprécie tes alliés, après tout, tu n’en as pas tant que ça« . Dans l’immédiat, seule une substitution de l’Europe a à l’aide militaire américaine peut permettre à l’Ukraine de choisir les termes de sa relation avec la Russie. Charles de Gaulle nous disait que « Les grands pays n’ont pas d’amis« . Ceci nous appelle très simplement à acheter du matériel militaire de manière commune.
Une autre antidote à l’Amérique de Trump se trouve dans le rapport Draghi. L’ancien président de la BCE sera justement à Budapest ce vendredi pour présenter au Conseil européen son rapport sur la compétitivité de l’UE et ses recommandations. Une discussion informelle sur le sujet est prévue pendant le sommet européen. Il va falloir surmonter les différences et dépasser les intérêts nationaux. L’UE joue sa crédibilité économique à trouver son positionnement entre les Etats-Unis et la Chine. Un mur d’investissements doit être franchi que Mario Draghi a évalué à 800 milliards par an.
Or à l’heure du retour de Donald Trump, les Européens calent sur le financement. Ursula von der Leyen ne veut voir que deux modes possible de financement : les contributions au budget européen et de nouvelles ressources propres, alors que le débat parlementaire français, en hoquetant un peu, a pour l’heure supprimé sa contribution nationale. Elle exclut le recours à l’emprunt, le texte de la Commission européenne mentionnant à peine la possibilité de « nouveaux instruments ». De « nouveaux instruments » qui devront beaucoup au président Trump qui n’aurait selon Donald Tusk comme seule vertu que de faire comprendre aux Européens que « si vous avez besoin d’une main, vous en trouverez une au bout de votre bras. »
Si je comprends bien Henri Lastenouse, la situation géopolitique mondiale n’offre à l’Europe qu’une alternative à deux branches : financer son industrie d’armement et œuvrer à la compétitivité de ses entreprises par rapport au reste du monde.
En ce qui concerne la première branche, je me remémore les cours de mon ancien professeur d’économie politique, dans les années 60, à l’université. Ancien ministre libéral (il s’agissait d’un libéralisme du siècle passé), il nous enseignait qu’un gouvernement avait toujours le choix entre « du beurre ou des canons ». Il voulait dire par là que l’économie est avant tout affaire de choix politique pour l’un ou pour l’autre.
Quant à la progression de la compétitivité, elle est synonyme d’abaissement des salaires, d’augmentation de la productivité, de dégradation des conditions de travail ainsi que d’allongement du temps humain de production, tout cela au détriment des mécanismes de redistribution des richesses.
Personnellement, je me refuse à cette alternative pour l’Europe, en me référant aux fondamentaux sociaux et écologiques de SLE.
On dit que le rat musqué représente une espèce invasive. Il y a quelques mois, le Capitole a été le théâtre d’une déroutante forme d’invasion. Faut-il à présent redouter que le retour d’un rongeur désormais « muské » à la Maison Blanche ne préfigure le parfum de nouveaux scandales ?
Bonsoir.
La passivité de l’Europe pour prendre son destin en main est déconcertante, malgré une multitudes de signaux reçus depuis de nombreuses années , nos gouvernants n’ont pas voulu les voir, ils sont constamment dans le déni ?
L’élection de trump en est la parfaite illustration.
Si on ne veut pas voir la disparition de l’idéal Européen et de l’Europe, il faut lancer rapidement la finalisation de la construction européenne (vrai gouvernement européen affirmant sa souveraineté et son indépendance envers toutes les autres puissances, armée commune, fiscalité commune, protection des frontières communes, etc, etc…) à partir de quelques pays, si nécessaire, les autres suivront par la suite.