La Région des pays de la Loire, présidée par Madame Christelle Morançais, a pris la décision de supprimer ses subventions au réseau des Maisons de l’Europe. Il s’agit là d’une faute grave.
Les réalités budgétaires du temps imposent des choix. Mais la capacité de discerner, au sein de l’ensemble des mesures à prendre, ce qui doit être préservé constitue précisément le cœur de la responsabilité politique.
Le réseau des Maisons de l’Europe est un marqueur du territoire sur la présence européenne, sur sa pédagogie, sur la mémoire de ce projet humaniste et sur les opportunités qu’il ouvre à chacun aujourd’hui. Son financement, très modeste, n’est pas de nature à remettre en cause l’effort financier de la Région. Mais il assure une mission de service public dans l’information citoyenne de proximité sur l’Europe et ses politiques. Les Maisons de l’Europe sont d’ailleurs un relai de publicité et d’explication des fonds européens, dont la Région perçoit et oriente environ 200 millions d’euros chaque année.
Ce type d’arbitrage – qui touche également la culture – met également en lumière un glissement d’une partie du champ conservateur. Représentante locale d’Horizon, le mouvement d’Edouard Philippe, qu’elle a rejoint en 2024, soutien d’Emmanuel Macron depuis 2022, Christelle Morançais est issue des rangs de la manif pour tous. Lors des dernières élections législatives, elle a refusé le Front Républicain et appelé à voter blanc, même pour un candidat vert ou socialiste, estimant qu’on ne faisait « pas barrage à 11 millions de personnes« . Nous sommes effectivement assez loin des valeurs fondatrices de l’Europe.
L’Europe est une des dimensions de notre démocratie. A l’heure où celle-ci est en crise, il est au contraire ardemment nécessaire que les citoyens aient accès à toutes les possibilités de compréhension de cet échelon de nos institutions. Ne nous trompons pas sur ce combat, nos adversaires n’ont pas de ces pudeurs. La Russie finance en France des médias et des relais de manière massive pour attaquer notre contrat démocratique. L’Europe, de par son éloignement, de par l’absence de familiarité avec son fonctionnement, constitue une cible de choix pour ces relais. Ne commettons pas l’erreur d’abandonner les points d’appui et d’information neutre dont nous disposons. Les Maisons de l’Europe, depuis des décennies, ont fait la preuve de leur efficacité à moindre coût, au plus près du territoire et à leur niveau. Elles ont une présence de longue durée et permanente qui ne peut se voir substituer un soutien ponctuel à des événements ou au déplacement des lycéens pour la fête de l’Europe.
Nous nous joignons à Christophe Clergeau et Valérie Hayer, députés européens du territoire, pour appeler Madame Morançais à revenir sur cette décision lourde.
C’est avec ce genre de personne que la gauche dite de gouvernement voudrait faire un arc républicain comme d’autres on appelé à voter dès le prremier tour des élections de 2017 pour le roitelet qui nous gouverne aujourd’hui. Et après les mêmes pleurent sur la situation de la France.
Et si les maison de l’Europe sont touchées c’est surtout toute l’activité culturelle qui va supporter la suppression de 73% de son budget avec des milliers d’emplois en suspend (150000). Naturellement ces coupes budgétaires ne toucheront pas ses amis, ceux qui pronent la bonne culture !
Ni de gauche ni de droite ?
Une décision très choquante, que « Sauvons l’Europe » a raison de dénoncer, car celle-ci s’est faite sans concertation et va affecter de nombreuses associations dans le domaine culturel et social, au sens large. Merci Arthur d’avoir souligné la plus-value des Maisons de l’Europe, qui constituent souvent un lien privilégié, parfois unique, entre « Bruxelles » et les citoyens français. Le Bureau de représentation des Pays de la Loire à Bruxelles est également menacé, à ma connaissance. Sa fermeture constituerait hélas une « première » parmi les régions françaises.
Coïncidence ou continuité ? Toujours est-il que l’article ci-dessus , qui alerte quant à une menace planant sur l’avenir d’une Maison de l’Europe, est publié quelques jours seulement après un commentaire de ma part en relation avec l’annonce d’un futur débat consacré, le 12 décembre, au thème de « l’Europe et les médias en France ». Mon commentaire mettait à profit une telle annonce (SLE, 4 décembre) pour souligner la contribution appréciable de ces « Maisons », nées d’une initiative populaire au lendemain de la seconde Guerre mondiale, à l’information sur l’Union européenne… et ce en dépit de ressources financières plus que modestes.
A mon tour, je déplore donc la maladresse – appelons charitablement ainsi le dérapage de l’élue incriminée – consistant à sacrifier un relais aussi précieux. Familier des Maisons de l’Europe, dont le nombre s’élève actuellement à 36 sur l’ensemble du territoire français, j’ai souvent pu expérimenter leur investissement pédagogique dans un climat médiatique peu favorable au suivi de l’actualité de l’UE (quand on n’en est pas tout simplement à un mutisme délibéré).
En présence d’une attitude aussi peu démocratique, on serait tenté de transposer à celle-ci le cri d’alarme que poussait Victor Hugo à la tribune de l’Assemblée nationale le 11 octobre 1848 : « le silence autour des assemblées, c’est bientôt le silence dans les assemblées ».
Le discernement approximatif de Mme Morançais pourrait donc s’analyser non comme un « maillon faible » mais comme un « bâillon fort » à l’échelle régionale.
Plein appui Gérard à tes commentaires avisés.
Maillon faible, bâillon fort, je retiens cette formule !
Je me permets d’ajouter qu’en parcourant divers organes de presse depuis la publication de l’article d’Arthur Colin, je constate que le déni démocratique imputé à la présidente de la région Pays de Loire fait l’objet de nombreux articles. On y décèle surtout que le bâillon imposé à la Maison de l’Europe locale, même s’il n’est pas spécifiquement mis en relief, s’inscrit en fait dans un mouvement plus ample touchant les activités culturelles en général. L’assemblée régionale venant de ratifier les coupes budgétaires ainsi opérées, on peut se demander s’il n’y a pas quelque chose de rouillé dans cette baronnie. Celle que l’on assimile à une nouvelle « dame de fer » devrait en effet se méfier des risques d’oxydation à plus ou moins long terme.