Le débat sur la taxe carbone (contribution climat énergie) prend une tournure politicienne qui n’est pas à la hauteur des enjeux.
La faute en revient en premier lieu au gouvernement. En ne redistribuant pas l’intégralité de la taxe carbone (contribution climat énergie) aux ménages comme le réclament Les Verts et la Fondation Nicolas Hulot, le gouvernement s’apprête à créer une injustice. Pour limiter son impact dans l’opinion, il diminue le montant de la taxe carbone (de 32 à 15 euros), qui du coup perd l’essentiel de son intérêt écologique. Le gouvernement s’est donc piégé lui-même en mettant en place un dispositif socialement injuste et écologiquement peu efficace.
Pour autant, il ne faut pas se tromper de combat. Il ne s’agit pas de se battre CONTRE la taxe carbone qui est un instrument indispensable pour lutter contre le changement climatique, mais de se battre POUR une compensation intégrale de ses recettes
Une autre taxe carbone est pourtant possible. Avec la Fondation Nicolas Hulot, les Verts sont favorables à la redistribution aux ménages de l’intégralité, ou au moins de la plus grande part, de la contribution climat énergie sous la forme d’un chèque vert.
En taxant l’ensemble des ménages sur la base de leur consommation d’énergie en valeur absolue et en rendant l’argent aux ménages sur la base de leur revenu, on met en place un système très « redistributif ». Car un ménage aisé avec deux voitures, une grande maison et une résidence secondaire consomme beaucoup plus d’énergie qu’un ménage qui loue un deux pièces dans un HLM et qui possède une seule voiture. Même si la part des dépenses énergétiques en pourcentage du revenu peut être plus élevée dans le second cas, la dépense énergétique en euro (celle qui est taxée) est moins élevée. C’est pourquoi se battre aujourd’hui contre la taxe carbone, c’est finalement se battre pour préserver les intérêts des propriétaires de 4×4 et de ceux qui prennent l’avion pour leur loisir 5 fois par an !
Pour être écologiquement efficace, le chèque doit être vert à la source (financé par la contribution climat énergie) mais aussi à l’usage : il devra donc être utilisé pour la consommation de biens et services compatibles avec la réduction de l’empreinte carbone. Il pourra par exemple permettre de payer les transports en commun, d’acheter des produits disposant de l’écolabel européen, des services à la personne fournis par des associations respectant des conditions sociales de qualité, etc.
Le chèque vert permet de démocratiser l’accès aux produits verts tout en contribuant à la conversion écologique de nos modes de consommation sans perte de pouvoir d’achat. Ce chèque ‘doublement vert’ est aujourd’hui une façon de sortir de l’impasse dans laquelle s’est mis le gouvernement, sans démagogie.
Pascal Canfin, député européen Europe Ecologie