C’est tout de même extraordinaire : ça fait des semaines qu’on voit la crise s’attaquer à tel ou tel organisme financier en Europe, dans une espèce de jeu de quilles effarant et on en est toujours à attendre que les Etats membres de l’Union Européenne esquissent l’ombre du début d’une défense concertée. Et, pour paraphraser Josiane Balasko, elle est où, la France ? C’est elle, oui ou non, qui préside l’UE en ce moment ? C’était à elle, oui ou non, d’organiser au minimum une réunion d’urgence des dirigeants européens – et pas dans trois jours ou cinq jours mais déjà la semaine dernière voire avant ? Où que l’on se tourne, on entend répéter : la solution ne peut se rechercher qu’au niveau de l’Europe. Au lieu de cela, Nicolas Sarkozy perd du temps à proposer une réunion du G8 et à tenir des propos guerriers à l’ONU alors même qu’il ne s’est pas donné la peine de rechercher une position européenne sinon commune au moins majoritaire.
Ce n’est pas la peine, dira-t-on, tous les Européens ne sont pas d’accord sur les mesures à prendre face à la crise. Ah bon ? En attendant, ils prennent tous la même, qui est de voler au secours des organismes défaillants, mais ils le font en ordre dispersé comme si chacun attendait, la tête dans les genoux et les mains sur les oreilles, que la tempête attaque le voisin, en espérant échapper tout seul à la furie des vents. Et pourtant, on a au moins un élément commun : la Banque centrale européenne qui applique la même politique pour tout le monde, alors pourquoi a-t-on ce sentiment que chacun joue dans son coin ?
On l’avait vue venir suffisamment tôt, cette crise, pour pouvoir au moins tenter un positionnement concerté, ne serait-ce que pour donner aux citoyens européens l’espoir d’une politique cohérente au niveau de l’UE et donc une lueur de confiance. Après tout, la confiance, dans ce genre de situation, n’est-elle pas un élément de la solution ?