A ce jour, huit Etats n’ont pas ratifié le traité de Lisbonne et un l’a repoussé. En 2005, les esprits raisonnables avaient immédiatement, et avec raison, appelé à poursuivre les ratifications de la constitution européenne avec le résultat que l’on sait. L’histoire repasse le plat. Chefs d’Etat et de gouvernement assurent de la poursuite du processus des ratifications, mais nos amis anglais et tchèques, déjà peu mobilisés avec ce désormais chiffon de papier de Lisbonne risquent de revenir sur leur soutien déjà tiède.
Des conservateurs irlandais ont dit non, affolés par cette Europe du relativisme moral. Après tout ils sont dans leur rôle. Des nationalistes irlandais ont dit non, effrayés par cette Europe de l’effacement des frontières. Ils sont dans leur rôle. Mais des progressistes irlandais ont aussi dit non, alarmés par cette Europe de la concurrence libre et non faussée. Et là, ils ne sont pas dans leur rôle.
Le gauchiste radicalement eurosceptique, c’est comme l’argenterie. Tout bon « bourgeois capitaliste », comme dit l’extrême gauche, doit en avoir dans ses vitrines. Franchement, dites-moi un peu ce qu’il y a de mieux qu’un gauchiste radicalement eurosceptique pour résumer l’Europe à un libre-marché dérégulé et alimenté au dumping social et fiscal ? Faites mariner le gauchiste radicalement eurosceptique dans une formation partisane, et le résultat sera encore plus délicieux. Car elle est là la vraie responsabilité, dans l’instrumentalisation de l’utopie européenne par des partis politiques pusillanimes et nombrinationalistes. Sauver l’Europe, c’est plus que jamais faire l’Europe de la politique, du compromis et de la réforme.
Yohann Abiven
Secrétaire général de Sauvons l’Europe