J’écoutais l’autre soir Chevènement, puis Le Pen au titre de la campagne des législatives.
Je suis effaré de voir combien on peut être de mauvaise foi lorsqu’il s’agit de militer, et je reprends encore une fois l’interprétation du non au réferendum de 2005 .
Chevènement, comme les nonistes de gauche, comme le soulignait Yohann dans son dernier billet, et sans que rien n’ait changé dans le discours depuis deux ans, s’indignait que le nouveau Président puisse remettre la Constitution sur le tapis, fût-elle simplifiée, alors que « le peuple avait massivement refusé ce texte trop libéral ».
Le Pen de son côté, disait la même chose ou presque : le peuple français, à 55%, avait refusé l’Europe en général, et souhaitait donc le retour aux valeurs nationalistes.
Tout le monde, selon sa croyance (car il s’agit bien ici de croyance et non d’argumentation), estime que les 55% lui appartiennent et viennent conforter sa position.
Mon interprétation à moi est, je pense, beaucoup plus proche de la réalité :
- 45 % des Français ont approuvé un texte qui, malgré ses défauts, existe clairement et matériellement ;
- environ 35 % ont voté non parce que ce texte, à leur avis, n’était pas assez européen, ou trop libéral ;
- environ 20% ont voté non parce que ce texte, à leur avis, était trop européen, et remettait en cause l’idée de nation.
Nous avons deux non diamétralement opposés, et un seul oui.
Et j’aimerais bien, pour une fois, que ceux qui ont voté non fournissent une argumentation rationnelle crédible à l’appui de leur position, et non des affirmations faisant appel à « l’évidence » ou aux valeurs dites « humanistes » de « coeur » ou de « sentiment ».
Jean-Jacques Vollmer