Hier, les enjeux propres à la période présidentielle avaient amené Sauvons l’Europe à prendre position entre les deux candidats présents au second tour, en faveur de François Hollande.
Aujourd’hui, notre mouvement regarde avec consternation la stratégie choisie par l’UMP, le grand parti démocratique de la droite parlementaire française. Dans le cas d’un duel entre le Front National et un candidat de gauche, le consensus s’est donc fait sur un « ni-ni »: ni soutien au Front National, ni à la gauche. La justification est que le Front de gauche serait un parti aussi peu recommandable que le Font National.
La belle affaire! C’est vivre les yeux rivés sur un Moscou disparu depuis longtemps. Un Michel Rocard soutenu entre autres par des communistes, un Jacques Delors si le cas s’était présenté, étaient-ils une sorte de bête immonde à repousser avec autant de vigueur qu’un Jean-Marie Le Pen? Entre Jörg Haider, leader d’extrême droite, et Altiero Spinelli, communiste notoire, une même incompatibilité? Une même impossibilité de dialogue, des valeurs? Bien que Sauvons l’Europe ait de nombreuses divergences avec le Front de gauche, il est absurde de peindre cette coalition en menace pour la République!
On perçoit bien que nombreux, à l’UMP, se sentent plus proches si le choix devait se poser du Front National que du Front Républicain. Certains le font savoir. Des dirigeants, François Fillon en tête, rappellent qu’ils partagent les valeurs « des électeurs » du Front National. D’autres, comme Philippe Marini, en font une pure question locale, à apprécier en fonction du « climat » des électeurs du cru et dans laquelle on voit mal les valeurs et les principes jouer un rôle identifiable. Et on osera à peine évoquer Nadine Morano se prostituant – politiquement – à Minute de peur que la nausée vous prenne…
Car la question n’est pas neutre. Dans l’argumentaire qui consiste à refuser « tous les pouvoirs à la gauche », c’est à dire, si on a bien saisi, l’Assemblée Nationale et donc le Gouvernement, quelle est la visée politique? D’empêcher la gauche d’avoir une majorité? Si tel est le cas, quelle est la majorité de remplacement? Une alliance UMP / Front National? Une grande coalition UMP / PS? Ce choix que l’UMP dit refuser aujourd’hui, serait incontournable si, comme cette formation prétend le souhaiter, elle empêchait la gauche de devenir majoritaire par de tels moyens.
Les questions européennes sont centrales dans l’état actuel de notre pays. L’UMP en a d’ailleurs fait un temps l’angle principal de sa campagne présidentielle, autour de l’impossibilité supposée de renégocier le traité budgétaire. L’urgence européenne de la situation ne s’et pas évanouie depuis lors. Comment, en toute responsabilité, l’UMP peut-elle prétendre qu’elle ne peut choisir entre une gauche proeuropéenne et un Front National qui souhaite la sortie de l’Euro? Quid de la peine de mort et plus largement du respect de la dignité humaine et des droits de l’homme, socle de la construction européenne?
Cette paralysie de la droite démocratique nous inquiète, nous attriste et nous révolte. Là où, il y’a quelques années, nous partagions des fondamentaux républicains règne aujourd’hui l’incertitude. La discipline de parti stérilise la part centriste et humaniste de l’UMP, qui ne s’oppose qu’à peine à sa dérive et au partage des votes injustifiables. Dans d’autres associations européennes et transpartisanes où nous militons en commun, un consensus est-il encore possible, dès lors que nous quittons les généralités les plus éthérées? Nous craignons que le grand consensus européen, qui a porté la construction communautaire pendant des décennies, soit en train d’éclater. Nul ne peut s’en réjouir.
Je trouve aussi que cette dérive de l’Ump vers les valeurs du front national est très dangereuse. Que se passerait-il en cas d’une cohabitation d’un Président PS et d’un parlement majoritairement UMP ? Heureusement cette hypothèse semble improbable.
Malheureusement le bi-partisme des élections à 2 tours, a amené la bipolarisation et l’exclusion d’une partie du centre du jeux politique et des arrangements à toi à moi, ce qui est tout sauf démocratique. Car ce n’est même plus « la majorité qui dirige dans son propre intérêt ».
Franchement la bonne vieille cote à la proportionnelle évitera peut être la dérive autoritariste de droite, comme de gauche.
« ni à gauche, ni à droite, mais en avant pour résoudre les problèmes » disait Denis de Rougemont., voilà la voie à suivre pour l’Europe et des problèmes écologiques plus importants que financiers nous guettent.
On ‘arrive pas à trouver des bonnes solutions autour de l’argent car il impose son jeu, qu’est -ce que ce sera au moment quand l’éco-système présentera la facture…
Entièrement d’accord avec votre analyse. On ne peut renvoyer dos à dos le Front de Gauche et le Front National, ne serait-ce que parce qu’aujourd’hui plus personne n’est inféodé à Moscou.
En outre, on ne peut pas non plus leur reprocher de prôner le racisme et la xénophobie. C’est ce qui me fait le plus peur dans cette dérive droitière de la droite, qui s’éloigne de plus en plus du Gaullisme, et semble flirter avec le Pétainisme (Travail, Famille, Patrie, etc…). On sait comment cela commence, et on sait AUSSI comment cela finit !
D’accord avec Guy.
Lorsque l’on parle d’Europe (et ça devrait être le sujet principal de SLE), on ne peut aimer ni les uns ni les autres, qui sont tous deux de Nationalistes anti europe.
Vivement le retour à une proportionnelle partielle (toujours promise, jamais faite)qui devrait diminuer cet absurde clivage « droite-gauche ».
L’Europe est notre sujet principal, bien entendu: il suffit de regarder les articles publiés récemment. Cela ne nous empêche pas d’avoir notre opinion sur les choix électoraux en cours, et nous ne sommes pas de ceux que la volonté de préserver un « consensus européen » de moins en moins clair paralysent pour donner leur avis.
Sur le Front de Gauche, un bémol à votre opinion. Nous ne manquons pas de porter le fer contre eux. Reconnaissons cependant que la plupart de ses membres sont des européens – difficiles – et partisans de l’euro. Si nous ne faisons pas les mêmes choix qu’eux en matière européenne, je ne les met pas non plus ici dans le même sac que le FN…
En fait, le « dernier nabab » de droite à avoir revendiqué la continuité du De Gaulle signataire du Traité de l’Elysée… est Chirac !
Et que je sache, cela ne lui a pas brûlé les lèvres d’avoir pour partenaire, dans le couple franco-allemand, un Gerhard Schröder étiqueté « à gauche »…
Pas plus que Pompidou, quand il avait en face de lui un Willy Brandt, considéré pourtant comme un des plus à gauche des dirigeants allemands…
A une époque, quelqu’un s’était écrié que la droite française était « la plus bête du monde ». Cette invective, au fil du temps, s’était estompée dans les mémoires. La cuisante défaite de Sarkozy lors de la récente présidentielle n’a apparemment pas fait réfléchir l’UMP sur la stupidité de courir désespérément après l’extrême-droite !
Il est donc temps de remettre cette vieille invective sous les feux de l’actualité…
Votre critique de l’UMP est un peu cousue de fil blanc. On sait bien que Sauvons l’Europe est un mouvement europhile, et qui a plein de qualités, mais qui a un positionnement plus proche du PS que de l’UMP.
« Notre Europe » de Delors et Lamy a presque le même positionnement, alors que le « Mouvement Européen » a toujours été entre le centre et le centre-gauche.
Donc « Sauvons l’Europe » critique l’UMP. Laquelle l’a bien mérité, et donnant la prééminence à une frange nationale (Buisson, Mariani) ou populiste (Morano).
Les autres suivent, et on a honte pour eux. D’ailleurs, pour Fillon c’est un peu acrobatique: « Les valeurs de Mme Morano, ce ne sont pas les valeurs du FN »
Il est donc faux de dire qu’il dit « partager les valeurs du FN ».
Morano qui d’ailleurs se dépêche de donner tort à Fillon.
http://www.franceinfo.fr/politique/piegee-par-dahan-morano-declare-sa-flamme-pour-marine-le-pen-646395-2012-06-15
http://www.europe1.fr/Politique/VIDEO-Le-clash-Morano-Dahan-sur-Europe-1-1130361/
Arrivé à ce stade-là, une scission de l’UMP serait la meilleure solution. On reviendrait presque au stade RPR contre UDF 20 ans plus tard. Il faut par contre de manière urgente introduire une part de proportionnelle sinon on risque d’avoir un courant majoritaire du PS et une droite nationaliste (issue de la droite de l’UMP) qui monopoliseraient le débat démocratique et les pouvoirs.