Qui choisir entre Jacques Delors et Martin Schulz ?

Oui, se demander qui choisir entre Jacques Delors et Martin Schulz, c’est un peu se demander qui choisir entre Marco Van Basten et Zlatan Ibrahimovic. Ce sont deux poids lourds qu’on ne peut comparer sans prendre en compte les époques différentes où ils jouaient. De plus, Martin Schulz président de la Commission européenne, ce n’est pas encore gagné.

Cependant, lors du Forum des Progressistes Européens, organisé par le Parti Socialiste et la Fondation Jean Jaurès, nous avons pu assister aux discours de ces deux personnalités à la suite. Occasion de les comparer.

Jacques Delors en grand défenseur de la gouvernance économique


Forum Europe — Jacques Delors : «n’ayez pas… par PartiSocialiste

Au premier abord, il pouvait paraître surprenant d’entendre Jacques Delors faire l’apologie de la gouvernance économique promue par François Hollande et Angela Merkel. Concrètement, il nous propose un Conseil des ministres de la zone euro, très intergouvernemental et bien loin de la méthode communautaire. Dans son esprit, la Commission a sûrement un rôle à jouer mais il ne l’a pas citée, sauf pour taper sur José Manuel Barroso. En réalité, l’ancien président de la Commission européenne a toujours su tirer le meilleur des dirigeants nationaux pour servir les intérêts de l’Europe et donc de l’exécutif européen. Il se place donc dans cette perspective.

Au final, on a assisté à un grand discours. La salle était conquise par le vieux lion de Bruxelles, aussi majestueux que saignant quand il montrait les crocs. Il vous entraine avec cette force de la deuxième gauche dont il est l’émanation: le principe de réalité doit servir le but à obtenir. Ici: la gouvernance économique, même intergouvernementale, va encore renforcer les liens entre les pays de la zone euro, ce qui renforcera l’Europe. Aujourd’hui, il est vrai que le Conseil européen est dominant dans les institutions européennes et il faut en tenir compte.

Martin Schulz, le candidat de la gauche aux Européennes et à la Commission


Forum Europe — Martin Schulz : «nous avons… par PartiSocialiste

Le président du Parlement européen a présenté un discours marqué par une forte volonté politique de changer la situation actuelle en Europe. De quoi plaire à un public français de gauche. Surtout quand il dénonce les banques aidées par les Etats et qui prêtent à des taux plus élevés à certains Etats en difficultés quelques mois après.

Ce qui a été le plus marquant sur le fond est qu’il demande à politiser la Commission européenne. Il souhaite en effet un exécutif européen de gauche (en commençant par sa présidence) si le parti socialiste européen est majoritaire au Parlement européen. Il le théorise bien en rappelant que les chefs d’Etats et de gouvernements sont d’abord élus pour défendre leurs intérêts nationaux au Conseil européen, prenant notamment l’exemple du Premier ministre britannique. « Dans le processus politique national [de désignation du gouvernement], la visibilité du processus amène à la responsabilité devant le peuple. Nous ne transférons pas ce processus au niveau européen. […] Au final, les citoyens ont peur de cette construction ».

Qui choisir alors ?

Il faut les deux évidemment: le réalisme pour réaliser l’objectif de Jacques Delors et la volonté de changer le rapport de forces dans les institutions de Martin Schulz. La bonne nouvelle est que le président du Parlement européen sera probablement le candidat du Parti Socialiste Européen aux Européennes de 2014, adoubé par Harlem Désir quelques minutes après son discours.

Cependant, j’avoue être plus en phase avec Martin Schulz. Cela est sûrement dû à mon impatience de voir enfin l’Europe telle qu’elle devrait être: un niveau supplémentaire dans notre démocratie continentale. Car sans union en Europe, nous sommes divisés face à nos partenaires mondiaux, nous l’avons encore vu récemment sur le photovoltaïque avec les Chinois. Henri Weber écrivait il y a quelques années dans une tribune dans Le Monde que le nouvel internationalisme ne pouvait plus avancer au seul niveau national mais qu’il devait passer par l’échelle européenne. Espérons que les socialistes s’en inspirent et écoutent bien les deux discours de Jacques Delors et Martin Schulz lors de ce forum.

 

Fabien Cazenave

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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2 Commentaires

  1. Ah oui, un peu d’optimisme ! Souhaitons que les élections de 2014 permettent un nouvel essor européen, et non un repli frileux sur les égoïsmes nationaux… Les sociaux démocrates majoritaires au Parlement et à la tête de la Commission, pour marquer la solidarité et l’unité des 27 (28) dans la crise qui se prolonge, voilà l’objectif.

  2. Aucune surprise ; on pous propose de choisir entre le Monétarisme et le Monétarisme, en le affublant de quelques nuances pour les distinguer. Or, quel système économique existait-il avant le Monétarisme ? Tout le monde semble l’avoir oublié ! Réponse : le Général de Gaulle, lors de le Libération a imposé le retour à nos institutions d’avant la débâcle militaire de 1940, à savoir, la Démocratie pour le système Politique et le Keynésisme pour le système Economique. Ce dernier nous avait donné les avancées sociales de 1936 et les trente glorieuses de la reconstruction. Le choix à faire serait donc entre le Keynésisme et le Monétarisme. Là, il y a vraiment deux systèmes Economiques bien différents. Le premier avait ses atouts de réussite indéniable de progrès humain, le second nous met dans une crise permanente qui de plus empêche la construction européenne.

    Remarquez qu’il y a incompatibilité morale entre Démocratie et Monétarisme. Par contre Démocratie de Keynésisme ont prouvé leur compatibilité. Le progrès humain ne peut exister que dans cette conjonction, qui est aussi un dépassement de la loi de la sélection naturelle. La mutation sapiens arrive à ce niveau de civilisation, et l’avenir est de ce coté;

    Quelle récession vivons-nous actuellement !
    Pierre.Bellenger@wanadoo.fr

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