Ancien secrétaire général de l’UD CFDT des Hauts de Seine, secrétaire confédéral en charge de questions internationales jusqu’en 2007, Philippe Pinglin a été, de 1993 à 2004, chargé des programmes d’actions du Comité Contre la Faim et pour le Développement (CCFD) en Europe centrale et orientale et en Afrique. De son action, il en a tiré un livre, « Le pari de la liberté ».
Comment t’es venu l’idée d’écrire ce livre ?
Durant mes missions j’ai rencontré des hommes et des femmes d’action défendant les droits et les libertés collectives et individuelles dans des contextes de guerre, de privation des droits élémentaires, de délation… Ignorés des médias, ils obtiennent pourtant des résultats remarquables : maintien de la mixité ethnique sur les territoires malgré les politiques nationalistes, évolution des législations allant dans le sens de l’égalité homme/femme … J’ai voulu par ce livre contrebalancer la désespérance médiatique qui consiste à pointer ce qui ne va pas. Il y a dans chaque pays de « belles actions collectives » qui produisent du mieux être, qui sauvent des vies. Il faut en parler.
Quels messages veux-tu faire passer ?
D’abord, que l’action collective est à la portée de tous et reste nécessaire en toutes circonstances. Les initiatives décrites dans ce livre démontrent que nos sociétés peuvent évoluer positivement dès lors qu’il y a un engagement collectif. Les témoignages sont suffisamment forts pour que chacun se questionne sur sa place dans cette évolution.
Ensuite que la mondialisation libérale qui transforme la vie de chaque individu en une compétition impitoyable, n’est pas inéluctable. Nous pouvons l’orienter vers plus de solidarité et de justice par nos décisions et nos actes quotidiens. Quand les veuves du génocide rwandais obtiennent le droit d’hériter de leur terre, elles ouvrent les voies d’une mondialisation moins sauvage.
Enfin, que nous devons résolument nous engager pour apaiser nos sociétés. Mon action internationale est marquée par les fortes poussées nationalistes après la chute du Mur de Berlin. Je constate aujourd’hui que notre pays n’est pas épargné par ce phénomène et que la montée de l’extrême droite française peut conduire au même chaos qui a frappé nos voisins des Balkans.
Tu évoques de grands moments de défense des libertés. Qu’en est-il en 2013 sur ce sujet sensible ?
Le développement de nos libertés est étroitement lié à la santé de nos démocraties. Or, je pense que la démocratie progresse dans le monde. Mais on ne doit pas oublier que sous nos yeux, des gens sont tués parce qu’ils osent revendiquer les mêmes droits et libertés que nous. C’est pourquoi je milite pour un droit d’alerte international pour protéger les peuples de leurs dictateurs.
Nos libertés, tout comme la paix, ne sont jamais acquises définitivement. Parler de guerre civile abîme notre démocratie. Ces dérives politiques et celles de forces économiques qui veulent garder leurs privilèges sont inquiétantes pour l’avenir de nos libertés. Notre vigilance est indispensable.
Comment vois-tu l’implication des citoyens pour la défense des libertés ?
Je pense que syndicats et ONG mènent des actions complémentaires et qu’une meilleure coordination entre eux favoriserait les résultats en la matière. Quand à l’implication des citoyens, j’invite les lecteurs à partir à la rencontre de celles et ceux qui sèment nos libertés dans « Le pari de la liberté ».
Propos recueillis par Jean-Pierre Bobichon