L’Europe a la réputation d’être le cheval de Troie par lequel les abominables OGM s’introduisent dans nos campagnes. Il n’en est rien, bien au contraire. Le Président Barroso par contre, revient personnellement sur cette question avec une régularité étonnante.
Face aux difficultés d’adoption des OGM dans les différents pays européens, il a monté dans la deuxième moitié de 2008 une série de réunions informelles et privées de délégués spéciaux des différents chefs d’Etat et de gouvernement , qui ont naturellement conclu à l’ardente nécessité de la diffusion des OGM et ont proposé de soutenir l’industrie dans un plan de « pédagogie ».
Mais lorsque la question parvient au Conseil des ministres en mars 2009, seuls quatre pays sur 27 votent en faveur d’une condamnation des moratoires autrichiens et hongrois. Le moins qu’on puisse dire est que les signaux, publics et semi-publics, envoyés par les ministres et les membres de la Commission étaient pourtant très clairs, mais Barroso a absolument voulu tenter l’épreuve de force.
Rebelote en décembre: à l’unanimité le Conseil des ministres a demandé que les risques sanitaires ne soient plus les seuls pris en compte pour autoriser les OGM, mais que les conséquences à long terme pour l’environnement, les organismes vivants et la santé soient correctement évalués.
Mais dès la nouvelle Commission plus ou moins installée, Bruxelles bruisse à nouveau de rumeurs relatives à la volonté de Barroso de relancer ce dossier qui lui a « pourri son premier mandat » (est-ce le seul?). Son espoir de parvenir à imposer ses vues repose semble-t-il sur le départ de l’ancien Commissaire à l’environnement Stavros Dimas, qui était très opposé aux OGM, ainsi que sur une bonne dose de volontarisme.
Cet optimisme est sans doute un peu prématuré. Le nouveau Commissaire à l’agriculture, Dacial Ciolos, est considéré comme le second français de la Commission; il a fait ses études d’agronomie à Rennes et Montpellier et a passé la majeure partie de sa carrière professionnelle en France. Entendu par le Parlement européen, il s’est prononcé pour le respect des décisions des Etats-membres en la matière et a participé à la conférence des régions sans OGM.
Le nouveau fer de lance de l’offensive est John Dalli, le Commissaire maltais à la santé. Il projette en effet de faire descendre les autorisations au niveau des Etats, appelant à une expertise scientifique qui ne mange pas de pain. Il a par contre refusé de répondre aux questions des parlementaires sur la labellisation des OGM, renvoyant à des discussions ultérieures.