Nous évoquions lundi le cas du premier ministre socialiste slovaque. Continuons notre voyage vers la Roumanie, où le premier ministre socialiste a été contraint hier à remettre sa démission.
Victor Ponta est un personnage de Balzac. Docteur en droit, professeur, juge à la Cour suprême roumaine, chef de la division contre le blanchiment d’argent, champion de basket, champion de rallye automobile, ministre, président des jeunes socialistes puis du parti social démocrate, premier ministre à 40 ans, le gendre idéal. Voici pour le côté pile. Côté face, la liste est aussi longue, voire plus.
Ses prouesses universitaires ont été remises en question bien au-delà de ce qu’on reproche à Rachida Dati. L’Université de Catane, en Italie, a fait officiellement savoir que contrairement à ce qu’indique son CV, Victor Ponta n’y a jamais étudié et n’y a pas obtenu de maîtrise en en droit pénal international. Sa thèse de doctorat a été considérée comme un plagiat par une commission universitaire, dissoute le jour même par le ministre de l’Education nationale. Une seconde commission convoquée par le ministre de l’Education nationale trouvera son doctorat légitime, puis une troisième confirmera le plagiat.
Le chevalier blanc de la lutte anti-blanchiment pourrait en outre donner des leçons aux Balkanys. En juin, la direction nationale anti-corruption a ouvert une enquête à son encontre, pour complicité de blanchiment. En échange de son assistance pour le blanchiment de sommes provenant de l’industrie de l’énergie, il aurait été rémunéré pour un emploi fictif en tant qu’avocat par M Sova, qu’il a ensuite nommé ministre des transports. Le Parlement a refusé la levée de son immunité, mais son inculpation a été confirmée en septembre et ses biens saisis.
Son image de garant de la démocratie est également sévèrement écornée. Selon la direction nationale anti-blanchiment toujours, près de 400.000 euros auraient été distribués à Bucarest pour acheter des votes à la dernière élection présidentielle en contrepartie de montres ou de vêtements, un réseau pyramidal étant mis en place pour quadriller quartier par quartier. Corbeil-Essonne peut en prendre de la graine. Les mêmes élections ont vu un problème de vote majeur dans la diaspora roumaine: trop peu de bureaux de votes, fermant trop tot. La frustration des citoyens roumains de ne pouvoir voter a conduit à la prise d’assaut de plusieurs consulats, avec des heurs graves avec les forces de l’ordre à Paris et Turin. Les esprits chagrins ayant interprétés cette pénurie comme une volonté d’empêcher le vote de communautés plus favorable aux conservateurs, le second tour a vu un mouvement de mobilisation inattendu porter le candidat de la droite à la Présidence avec dix points d’écart, alors que Victor Ponta virait largement en tête au premier tour.
Enfin, et pour le folklore local, le Président sortant a accusé pendant la campagne électorale Victor Ponta d’être un ancien espion et de continuer les fastes du régime Caucescu. De quoi faire fantasmer Patrick Buisson… Il est vrai que Ponta aime les grandes messes à l’ancienne, et qu’il a un gout pour l’exaltation du folklore local, au point que le nombre de statues en bronze installées en Roumanie a du peser sur le prix mondial des matières premières. Il est vrai aussi que Ponta a fait sa carrière météoritique sous l’égide de grands anciens, et en particulier d’Adrian Nastase, Président du parti social démocrate et premier ministre après la la transition vers la démocratie, qui le nomma ministre et dirigea sa thèse.
Hélas. Le 30 octobre, dans une discothèque, un groupe de Hard Rock heavy metal met le feu à la scène et au public, littéralement. Les feux d’artifice enflamment la mousse anti bruit, et plus de trente personnes trouvent la mort. Bien entendu, la salle n’était pas aux normes et n’a pas eu de difficulté pour ouvrir malgré cela. Le drame devient le symbole de la corruption en Roumanie, et l’ampleur des manifestations contraint Victor Ponta à la démission hier.
Peut être le Parti socialiste européen pourrait-il commencer à se préoccuper de ses membres?
Arthur Colin – @arthurcolin
Merci pour cet article fort intéressant. Mais vous devriez mieux vous relire avant de le mettre en ligne (ou trouver un relecteur ou une relectrice). Il y a quelques fautes de frappe et le nom du premier ministre roumain n’est pas Natase mais bien Nastase. Vous auriez pu rappeler que ce dernier a été condamné, en 2012, à 2 ans de prison pour corruption et à 4 ans en appel, en 2014.
Sentiments distingués.
Gérard Geay
Merci de vos précisions sur Adrian Nastase! Par ailleurs nous essayons de relire dans la mesure du possible, mais sommes bénévoles et manquons souvent du temps nécessaire. Cet article notamment a été publié sitôt écrit.
Merci Gérard, bon complément à la fourmilière roumaine (Remarque : je lis bien Nastase maintenant dans le texte).
Si j’ai bien compris, les pouvoirs locaux ont quelques responsabilités sur l’ouverture de la boite de nuit. Les maires – d’arrondissement et de Bucarest – sont de quel tendance politique?
merci pour cet article bien instructif sur le fond . que d’autres lecteurs en écrivent comme celui la, avec ou sans faute de frappe, et cela conduira a davantage de notoriété pour sauvons l’europe . il sera alors temps d’engager un correcteur.
Oui ? Merci pour ces informations bien édifiantes sur les hommes politiques qui font hélas la vie des nations d’Europe. Mieux nous serons informés, mieux nous pourrons élire nos représentants au Parlement Européen.