« Vous Européens, pourquoi seriez vous prêt à mourir ensemble ? » Voilà une dizaine d’année, le dramaturge Jordan Plevnes, alors nouvel ambassadeur de Macédoine à Paris, avait l’habitude d’interroger ainsi ses interlocuteurs. Or quelle est la question que nous posent aujourd’hui les choix politiques des peuples en Hongrie, en Pologne et en Slovaquie, si ce n’est bien celle des valeurs partagées sur lesquelles fonder notre projet européen ?
Il y a peu, le Premier ministre slovaque Robert Fico, leader du parti social-démocrate et par conséquent membre du Parti socialiste européen (PSE), portait plainte auprès de la Cour de justice de l’UE en attaquant le système de répartition de migrants adopté par les dirigeants européens. Grand prince, M. Fico n’a pas manqué de manifester son ouverture en s’opposant à ces quotas. En effet, sont bienvenus les réfugiés de confession chrétienne, conformes « aux racines de l’Europe ». Les musulmans seraient trop complexes à intégrer : « Nous ne pouvons pas facilement tolérer que 400 000 musulmans viennent, qu’ils commencent à construire des mosquées ». La Slovaquie, déjà incapable d’intégrer les Roms, refuse d’accueillir ceux « avec des traditions différentes » de peur de se voir elle aussi contaminée par ce mal contemporain : la diversité.
De même qu’il avait assuré sa première élection en stigmatisant la minorité hongroise du pays et en s’alliant avec la droite nationaliste, ce qui lui avait valu la suspension du PSE, Robert Fico déclarait pendant la campagne se préparer à « surveiller chaque musulman ». Cette posture devait naturellement favoriser la confortable reconduction de son parti au pouvoir. Au contraire, le 5 mars dernier, il a perdu le tiers de ses députés dans la bataille, du fait de la corruption de ses proches. Il a cependant su convaincre ses citoyens, qui se sont reportés sur de deux formations, l’une clairement fasciste et l’autre « nationaliste new look » à la mode Marine Le Pen. Nul ne sait avec qui Fico compte s’allier aujourd’hui, alors que la Slovaquie doit bientôt prendre la présidence du Conseil européen.
En Hongrie, Victor Orban met à l’œuvre son Etat illibéral depuis 2010 sans que, finalement, cela ne dérange grand monde.
En Pologne, un vent mauvais souffle depuis la victoire de la droite nationaliste et conservatrice de Droit et Justice (PiS). Début décembre 2015, le gouvernement a voulu mettre sous sa coupe le Tribunal constitutionnel en modifiant sa composition et ses compétences. Fin décembre, le gouvernement polonais souhaite mettre fin aux mandats des dirigeants de la radio et de la télévision publiques, et prévoit qu’ils seront désormais désignés par le ministre des finances qui pourra aussi les révoquer.
En s’attaquant avec brutalité et sans subtilité à la justice et aux médias, c’est aux valeurs fondatrices de l’Europe que le gouvernement polonais s’attaque.
Et pourtant, c’est bien grâce aux fonds structurels européens, utiliement utilisés, que ces pays connaissent croissance et développement.
La constitution d’un bloc réactionnaire et nationaliste au sein de l’UE constitue une vraie menace pour l’unité européenne et son projet politique. La présence de l’extrême droite, dans toute sa diversité, au pouvoir s’est banalisée. Les promesses de l’adhésion à l’UE semblent oubliées.
En 1946, Hannah Arendt affirmait : « le problème du « mal » sera sans doute la question fondamentale de l’après-guerre pour la vie intellectuelle de l’Europe ». L’Europe des « dirigeants engagés » de l’après guerre s’est bien bâtie sur une exigence de valeurs comme celle aussi des premiers héros de la chute du Mur en 1989, mais qu’en est-il aujourd’hui ? Le climat présent de critique de l’Europe est devenu tellement partagé, et pour ainsi dire de bon ton, que l’on finit par exempter les Européens de leur propre part de responsabilité. Pour combien d’entre eux l’appellation « Europe » est elle finalement synonyme d’un niveau de vie à garantir au profit d’une population « blanche et chrétienne », un supermarché avec contrôle au faciès à l’entré ?
L’Europe ne peut être l’addition de l’égoïsme et de la lâcheté des démocraties nationales. La question des réfugiés en est une tragique et pitoyable illustration. Elle doit pouvoir à nouveau incarner les valeurs qui permettent à ses 500 millions d’habitants de donner le meilleur d’eux-même. Après tout, comme le rappelait récemment le président des députés verts européens Philippe Lamberts, ce sont des ponts et non des murs que nous avons gravés sur notre monnaie commune.
Sauvons l’Europe
Cet article est beaucoup trop condescendant à l’égard des Européens de l’Est. C’est trop simple de dire que « nous » avons payé, « ils » ont fauté.
Certes, les nouveaux Etats membres ont bénéficié de financements européens. Mais ces moyens n’ont pas suffit à tout résoudre. La pauvreté est encore élevée et les inégalités croissantes depuis la crise financière du milieu des années 2000.
Par ailleurs, répéter qu’il faut construire des « ponts » et récuser le « racisme » ne suffiront pas a assumer la diversité ou encore intégrer des populations nouvelles. Commençons par reconnaître les limites de nos modèles d’intégration à l’heure où, d’une part, l’explosion des inégalités complique la donne et, d’autre part, la dette des Etats limite les marges de manoeuvre.
Cessons de nous renvoyer des anathèmes et relevons les vrais défis dans leur complexité avec humilité. Qui peut nous éclairer sur les stratégies réussies d’intégration culturelle, religieuse, sociale, géographique et économique? Merci.
Il me semble qu’effectivement, le réflexe de la référence à l’argent est mauvais, et en fait, c’est lui qui pervertit les relations sociales.
Sans doute devrions nous retrouver quelques principes de base tels que :
– les êtres humains qu’ils le veuillent ou non sont interdépendants, car chaque humain a besoin d’être reconnu par les autres. L’être humain a besoin d’aimer et d’être aimé.
– Tous les êtres humains sont égaux en droits dans l’espace et le temps.
– La vie sociale, et les relations sociales devraient être fondées sur la reconnaissance de ces droits et la démocratie.Les institutions devraient être construite en partant des citoyens là où ils vivent en cherchant à construire une cité lieu du vivre ensemble dans le respect de chacun.
– Les progrès techniques ont développé les moyens de transport et de communication entraînant ce phénomène de mondialisation
– Il devient nécessaire de développer des regroupements de cités, non sous l’égide d’un pouvoir, mais au contraire pour que les citoyens unis délèguent des pouvoirs ou compétences à des échelons de regroupement.
– Cette Europe s’est élargie trop essentiellement en s’appuyant sur des considérations de développement économique et non sur le partage de valeurs et de volonté populaire.
– La citoyenneté doit reposer sur une volonté de liberté, de partage, de reconnaissance de dignité pour une coexistence pacifique voir fraternelle. La religion doit rester du domaine personnel, justement pour respecter les libertés de penser et de s’exprimer.
Une union de peuples doit être fondée sur la gestion commune d’un territoire à partir de valeurs partagées. Ceci est vraie pour l’Europe, mais devrait aussi être envisagé une union des peuples méditerranéens.
Malheureusement, c’est la loi du profit qui domine et non celle du partage.Et la notion de laïcité, n’est pas de combattre les religions, mais de garantir la liberté de croire ou non, et de pratiquer sa religion dans le respect des autres.
La question de l’intégration devrait être abordée au travers du respect de l’autre et d’une volonté de construire ensemble. Donc de se tourner vers l’avenir, mais dans le respect des autres.
Cela ne peut partir que des citoyens.
D’accord sur ce point de vue ….l’ouest a toujours été condescendant vis à vis de la partie « est » , nous méconnaissons totalement les effets en profondeur de l’histoire chaotique de ces pays (invasions , 40 ans de dictature « communiste » , redécoupages des frontières imposés souvent par les grandes puissances ……) …
L’UE paye le prix de cet élargissement hâtif guidé par des préoccupations plus que libérales et nationalistes. Dans un entretien au « monde Jacques Delors expliquait déjà en quoi le projet politique des pères fondateurs de l’Europe est menacé de « dilution » par l’inéluctable ouverture aux pays de l’Est. Relire ici cet excellent article
http://www.cvce.eu/obj/%22jacques_delors_critique_la_strategie_d_elargissement_de_l_union%22_dans_le_monde_19_janvier_2000-fr-a76406fe-177b-499b-b91a-87b22b895b87.html
En effet, l’élargissement à l’Est a accéléré la dilution du projet des pères fondateurs de l’Europe… de même que la massification de l’enseignement a accéléré la dilution du modèle d’excellence élitiste de l’éducation nationale. Mais que serait l’avenir d’une France qui n’assumerait pas l’éducation de la moitié de ses forces vives ? Alors, il est temps de repenser – en profondeur – un modèle éducatif obsolète comme il est encore temps de repenser un modèle européen non replié frileusement sur l’affichage de principes que l’on ne s’est jamais vraiment donné les moyens de faire vivre… Il n’est pas certain que, sur le long terme, eu égard aux évolutions géopolitiques l’élargissement ait été une erreur.
European convaincut, citoyen du monde, Je suit convaincut que l’Europe a beaucoup a Donner au monde. Dans sa defense des droits de l’homme, d’une Europe sociale et humaine, ayant connut et vigoureusement lutter contre le fascisme de l’extreme droits et le communisme de l’extreme gauche – tous deux toralitaires – l’Europe est aujourd’hui engagee dans la defense de ses valueurs fondamentales: seras t’elle chauviniste, xenophobe, peureuse, refermee sur elle meme, se laissant guiee par ses prejudices et ignorance, ou seras t’elle genereuse, democratique, ouverte au monde??
Le problême des démocraties et qu’elles n’ont pas de couilles au cul. Boter le cul des traîtres en les virant de l’UE, elles en sont incapables
Franchement je trouve votre article assez ridicule. Vous parlez des réfugiés comme s il existait un vrai consensus sur leur sort! Ceci n est pas vrai. Mme Merkel a fait une erreur politique majeure en décidant toute seule pour tout le monde. Maintenant nous vivons la conséquence de cette grave erreur politique. Même en Allemagne le peuple ne la suit pas. AfD fait des scores à 2 chiffres et la CSU menace de cission. Alors ouvrez les yeux et arrêter de rêver une fausse réalité qui n existe pas. Non les Européens ne veulent pas de ces réfugiés…
Ce que demande le groupe de Visegrad, c’est de transformer l’Union Européenne en confédération, c’est à dire en une union d’états conservant une souveraineté exclusive. Il s’agirait alors de passer pour le premier pilier d’une logique déjà fédérale à une logique confédérale, comme pour le deuxième et le troisième piliers.
Cela me rappelle une proposition de Mitterand, qui voyait l’élargissement comme une confédération, une proposition qui a fait pousser des cris d’orfraie à tous les beaux esprits, qui oubliaient que les PECO n’avaient en général guère connu de pratiques démocratiques dans leurs histoires.
Rêvons. Pourrait on construire une union européenne confédérale, dont une des entités constitutives serait bel et bien une fédération ? En fait cette entité constitutive fédérale serait le noyau imaginé par beaucoup de penseurs, ressemblant pas mal à notre zone euro !