Combien d’attentats avant une réponse européenne ?

D’abord le choc, l’angoisse et la sidération. La douleur, la colère puis la tâche angoissée de prendre des nouvelles de ses connaissances, triste rituel dont on sait qu’il sera désormais régulier. A tous ceux qui sont touchés, aux familles et aux proches, vont nos pensées.

L’émotion qui nous étreint ne doit pas être détournée, ni par les petits marchands de haine qui tentent de nous persuader que nous serions en guerre civile (avec qui donc ?), ni par les bonimenteurs d’estrade qui surjouent désespérément la protection qu’ils peuvent apporter en bombant le torse, promettant des états d’urgence rouge écarlate renforcés.

Une fois les morts enterrés, il faudra se pencher sereinement sur ce que nous pouvons faire pour éviter, autant que possible de nouvelles tragédies. Non pas abdiquer nos libertés par morceaux, mais organiser les services d’enquête et d’intervention pour qu’ils soient à la mesure du danger.

Par bien des côtés, la Belgique est une miniature de la désunion européenne. Jalouses de leur indépendance, ses provinces ont mis un point d’honneur à s’administrer séparément et à ne coopérer que lorsque c’est devenu nécessaire, c’est à dire souvent trop tard. Entre Européens, l’échange d’informations s’est accéléré mais continue à se heurter à des réticences de boutique, chaque pays conservant quelques cartes dans sa manche. Et pourquoi donc ? Est-ce une compétition ? Face à des réseaux de tueurs, nous n’avons pas le luxe de nous permettre des guerres de police entre Européens.

Il faut faire enfin d’Europol un véritable service de police européen pour les crimes qui ignorent les frontières, comme l’est le FBI aux Etats-Unis. L’efficacité, la continuité et la cohérence des enquêtes ne peuvent être laissées à la bonne volonté supposée et à la chance des échanges occasionnels entre services nationaux.

De même, le fardeau du combat porté contre les bases arrière de Daech dans les pays que cette organisation détruit ne peut décemment reposer sur les épaules de la France seule. Une armée européenne, sous quelque forme que ce soit, doit être capable de se projeter hors de nos frontières quand les conditions le nécessitent.

 

Sauvons l’Europe

 

 

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

Soutenez notre action !

Sauvons l'Europe doit son indépendance éditoriale à un site Internet sans publicité et grâce à l’implication de ses rédacteurs bénévoles. Cette liberté a un coût, notamment pour les frais de gestion du site. En parallèle d’une adhésion à notre association, il est possible d’effectuer un don. Chaque euro compte pour défendre une vision europrogressiste !

Articles du même auteur

9 Commentaires

  1. Analyse lucide. Oui, il est urgent de donner à Europol les
    moyens, financiers et juridiques qui lui manquent. Les arguments de souveraineté nationale sont de peu de poids face à une menace protéiforme se jouant des frontières. C’est aujourd’hui l’impuissance qui est souveraine…

  2. j’était un fervent européen depuis ma jeunesse, j’ai même fait une expression écrite de l’europe pour mon BAC il y a plus de 40 ans, mais maintenant que je vois comment on arriver à s’organiser au sein de l’Eurpe, de s’entendre mal sur un sujet aussi urgent et important, c’est terrible et je n’ai plus aucune confiance. Si au sein de l’europe on ne s’organise mieux et très fermement contre cette « organisation » des attaques, je voterai contre l’Europe, alors qu’en soi il est crucial et vital de s’organiser très efficacement ensemble.

  3. Face a l’extreme violence des terrorists, il faut avant tout etre lucide et reagir sans tomber dans les extremes. La reaction d’un etat securitaire, de limiter encore plus nos libertes fondamentales, de mettre nos voisins musulmans sous tutelle sont les reactions que les terrorists recherchent. Et il ne faut surtout pas fermer les frontieres ou envoyer encore plus d’avions de guerre dans les cieux de la Syrie, l’Iraq ou la Lybie.

  4. PS: que cette situation des attaques puisse être enfin la raison de très bien s’organiser et de montrer que nous sommes unis contre ces déchets de la société. Que cette situation puisse être l’occasion de se mettre ensemble pour se débarrasser de ces minables irrespectueux, combattons-les ensemble et efficacement.

  5. Voyons les choses en face: Les citoyens préfèrent leur souveraineté nationale à la sécurité. Les danois ont récemment voté en ce sens par référendum. Et nos politiciens, au lieu de diriger le débat, le suivent. Il est évident qu’un organisme central comme Europol serait plus efficace que 28 organismes nationaux. Mais au moins 20 des 28 pays de l’Union n’en veulent pas au nom de leur souveraineté nationale.

    Voyons encore les choses en face: Je me suis laissé dire que tant en Belgique qu’en France plus de 4 officines s’occupent du terrorisme. Elles passent vraisemblablement plus de temps a se déchirer entre elles qu’à faire leur véritable boulot. La Belgique n’a visiblement pas appris de l’affaire Dutroux. Tout regrouper dans une seule organisation semble impossible. On n’en parle même pas. Oui, la société préfère garder ses baronnies que travailler vraiment à la sécurité.

  6. Encore une fois nous sommes confrontés aux limites de l’organisation actuelle de l’UE un mixe de supranationalité et intergovernalité.
    C’est évident que la rationalité voudrait que nos élites et nous, hommes et femmes citoyens des pays membres de l’UE, ouvrons pour accélérer le processus pour aboutir à une Fédération des Etats Unis d’Europe. Par contre, nous sommes encore une fois confronté à la dure réalité selon laquelle pathos prévaut sur l’éthos. C’est pour cela que tous ceux et celles qui croient dur comme fer que l’Europe peut être la solution aux maux de notre temps, devraient se pencher sur comment rendre plus « sexy » l’UE, à savoir donner une élan romantique à la nécessité d’être ensemble pas parce qu’il est plus efficace pour prévenir les attentats, lutter contre le réchauffement ou l’ovation fiscale mais parce que nous le voulons car nous plais.

  7. La responsabilité des gouvernements et notamment du gouvernement est lourde. En refusant de construire l’Europe ils nous affaiblissent face à nos ennemis, que ce soit Daesh ou Poutine. Il n’y a pas de quoi être surpris ;: la caste politico-administrative au pouvoir s’intéresse d’abord à son propre intérêt plutôt qu’à celui des citoyens. Mais quand notre sécurité est en jeu le corporatisme de la noblesse d’État devient une négligence criminelle. Il est temps de cesser de trouver des excuses aux tenants de l’intergouvernementalisme et de l’Europe des États. Il est urgent de doter l’Europe des outils intégrés et des moyens nécessaires à commencer par une agence européenne de renseignement. Ceux qui s’y opposent sont les idiots utiles de nos ennemis.

  8. les polices européennes ont démontré, après les attentats de Bruxelles en Italie et Hollande, qu’elles étaient capables d’efficacité coordonnée.
    Pourquoi pas avant?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

A lire également