La rumeur court, depuis l’Elysée, que François Hollande se verrait bien rempiler comme Président… au Conseil européen.
Hasard du calendrier, le poste sera disponible en mai, en même temps que François Hollande. L’idée peut sembler curieuse au premier abord, tant François Hollande a soigneusement évité de prendre des positions tranchées dans le domaine européen depuis son élection, mais c’est précisément ce qui fait la force de sa candidature. Le Président du Conseil européen n’est pas à proprement parler un dirigeant européen, mais bien plutôt un diplomate qui permet aux différents chefs d’Etat et de gouvernement de développer un consensus.
Or l’action européenne de François Hollande s’est essentiellement coulée dans ce moule. Loin de l’image publique d’un renoncement permanent face à l’Allemagne, il faut souligner que la politique monétaire européenne est aujourd’hui alignée sur les thèses françaises à la grande fureur de la Bundesbank, et que si le Traité budgétaire n’a pas été renégocié, il a été réinterprété dans un sens « intelligent » qui se traduit concrètement par une absence de sanction pour les pays ne le respectant pas. Ajoutons à cela que l’action de la France a été essentielle en ce qui concerne la Grèce.
François Hollande a également pour lui, à l’heure du retrait annoncé des USA, de venir de la principale puissance militaire européenne. La problématique de constitution d’une armée européenne, aujourd’hui sur toutes les lèvres, y gagnerait sans nul doute.
Mais est-ce possible? Son successeur ne risque-t’il pas de s’y opposer? Ce serait fort déraisonnable dans ce qui est essentiellement un jeu d’influence mais l’opinion générale est que François Fillon, s’il est encore en position d’être élu, pourrait être suffisamment sectaire pour abaisser ainsi l’influence de la France. Il n’est pas absolument nécessaire que la candidature d’un français soit proposée par la France (c’est l’habitude), mais une opposition franche serait difficilement surmontable. Le titulaire actuel du poste, Donald Tusk, fait campagne pour son renouvellement malgré un mécontentement de plus en plus affirmé du gouvernement polonais.
D’autre part, les gouvernements européens sont aujourd’hui majoritairement à droite, et la droite est majoritaire au Parlement européen. Ne va-t-on pas rechercher un effet de cohérence? Ce serait la logique démocratique classique, mais dans un ensemble européen il est généralement recherché un équilibre et l’on apprécie peu qu’une sensibilité soit absente. Certes le groupe conservateur du Parlement veut tous les postes après la rupture de la grande coalition par les sociaux-démocrates, mais son influence ne doit pas être surestimée. Le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, cherche trop à rester politiquement au Centre dans son action pour ne pas souhaiter des alliés. En outre, le gouvernement Maltais, techniquement chargé de conduire les négociations, est de gauche ce qui peut avoir un petit rôle. La principale chance de Donald Tusk est que les pays de l’Est sont actuellement très mal représentés dans les institutions.
François Hollande serait sans doute une chance pour l’Europe, il a l’étoffe pour ce type de Présidence.
5 ans de réussites, 5 ans pendant lesquels l’Europe a progressé, pas capable de se présenter au suffrage universel en France, le consensus mou entre Francois et Hollande, l’incapacité de faire des choix….
Ce seraient donc autant de qualités pour l’UE?
Si ce cauchemar devait se réaliser, prévoyez les somniferes!
L’Europe a un besoin urgent de volonté et d’action, pas d’un oreiller!!!
Hollande président du Conseil européen, ce n’est pas inconcevable et les arguments avancés sont recevables. Hollande est un conciliateur né et son rôle en faveur de la Grèce a été déterminant, mais l’Europe a aujourd’hui besoin d’un leader résolu qui fasse réellement avancer le projet et qui ne se contente pas de compromis partiels. Est-il cet homme?
François Hollande does not want to chair the European Council when he steps down as French president in May, aides said yesterday (19 January), denying a report that he hoped to succeed Donald Tusk in overseeing negotiations on Britain’s exit from the EU.
Never believe anything until it’s been officially denied (Yes Minister)
Je crains que la perspective de retrouver François Hollande à la présidence du conseil européen soit contre-productive pour la crédibilité des institutions européennes à un moment où, face notamment à la présidence Trump et aux enjeux mondiaux de paix et de lutte contre le réchauffement climatique, l’Union Européenne a besoin d’un leadership incarnant un cap pour que les nécessaires compromis tactiques contribuent peu à peu à des avancées stratégiques admettant que dans plusieurs domaines clés les Etats Nations membres de l’Union doivent admettre que la souveraineté nationale est illusoire non seulement face à de grandes puissances comme les USA et la Chine mais face à des multinationales capitalistes auxquelles même les plus forts Etats européens peuvent se trouver subordonnés dans des domaines aussi cruciaux que les déplacements de capitaux et de données numérisés ou la nécessaire baisse de la consommation d’énergies fossiles et nucléaires. Or nous, européens attachés à la concrétisation de la déclaration universelle des droits des êtres humains, avons besoin d’une personnalité capable de définir avec les chefs d’Etat et de gouverment mais aussi avec le Parlement européen un cap bien plus exigeant qu’un compromis a minima entre égoïsmes nationaux et de leur faire tenir pour mettre en oeuvre, à l’échelle non seulement de l’Europe mais aussi du monde, une logique de développement durable non asservie à la maximisation des profits financiers, socialement équitable et au service de l’emploi.
Malgré votre plaidoyer et la maîtrise dont il a fait part transitoirement dans certaines circonstances, je ne pense pas que François Hollande ait le bon profil…