La vague recouvre tout. A moins d’un retournement violent et imprévisible, l’armée des « candidat-conscrits » issus de la levée en masse opérée par la République en Marche devrait balayer le territoire.
Nombreux sont ceux qui notent qu’un électeur sur deux étant resté assis, ce mouvement risque d’obtenir la majorité absolue en ne bénéficiant du soutien que de 15 % des citoyens. C’est méconnaître le sens de la période. Dans son texte d’appel à voter Macron dès le premier tour, Sauvons l’Europe avait diagnostiqué un bouleversement à venir de la même ampleur que 1958, qui déboucherait nécessairement sur une majorité présidentielle. Il ne s’agit pas aujourd’hui d’un parti recevant l’alternance démocratique dans un jeu de balancier huilé. Il s’agit d’une rupture des citoyens avec un monde politique qui avait dérivé ailleurs. Les primaires ont confirmé leur caractère démocratique tant elles ont annoncé ce renouvellement, consacrant moins MM Hamon et Fillon qu’elles ne souffletaient brutalement les candidats les mieux installés. La Quatrième République est morte d’une crise aiguë d’indifférence, et ce fut notre chance d’avoir un général démocrate en cette occasion. Le silence actuel d’une moitié des électeurs est d’abord une solide indifférence au destin des appareils du passé. Vae Victis …
Nous savons ce qu’est devenu le gaullisme installé. Aussi, nous avions appelé à une coalition électorale plus large dans la logique d’un arc europrogressiste. L’effondrement politique des partis de gouvernement qui se traduit par l’incroyable division de la gauche l’a rendue impossible. Il ne semble pas déraisonnable, tant que le confort du pouvoir n’est pas encore devenu naturel à ces troupes fraîches, de mettre en place des contre-pouvoirs adaptés à notre temps et d’assurer dès le départ une perspective d’enrichissement de l’action gouvernementale par l’apport de la société civile.
Ces nouveaux conscrits devront sauver la Nation d’un triple choc. Choc économique avec l’accélération sans précédent d’une mondialisation industrielle et financière qui menace la perception des valeurs du travail et de la solidarité. Choc technologique avec la révolution numérique qui tire les marges, profits et données hors d’Europe. Choc démographique et migratoire avec le vieillissement de la population européenne et le repli sur soi, qui a fait de la Méditerranée un lieu, non de réconciliation, mais de reniement des droits et des valeurs.
Grâce à son caractère central dans la société française, « En Marche », dans le sillage du président Macron bénéficie également de sa capacité à capter et canaliser une partie d’une des dynamiques les plus puissantes de nos démocraties occidentales, soit la dynamique générationnelle. Comme Tsipras en Grèce, Podemos en Espagne, mais également Corbyn au Royaume-Uni, tout mouvement politique qui ose aller contre le statu quo de la rente et du pouvoir au seul bénéfice des générations de l’après guerre, génère une dynamique politique considérable en fédérant largement sur l’absolue nécessité d’offrir une chance aux nouvelles générations. En France, cette dynamique fonde habilement le désormais fameux « et gauche et droite ».
Enfin, l’ensemble de l’offre politique défaite hier dans les urnes a comme point commun de ne plus être crédible sur la question européenne. Le débat du second tour de la présidentielle a, momentanément du moins, percé à jour la nature fantasmagorique du plan B, né avec le référendum de 2005. Quant au compromis gaulliste sur l’Europe, sorte de « ni-ni » de la droite, il semble aujourd’hui à bout de souffle. Prime a ainsi été donnée à la seule offre politique assumant pleinement le destin européen de la France. Cet acte fondateur est d’ailleurs pour beaucoup dans la verticalité et l’autorité renouvelée émanant de l’exécutif, alors que le naufrage politique du Brexit britannique semble indiquer les succès électoraux dopés au plan B ne durent qu’un temps.
Une
flamme sacrée
Illumine le ciel,
Et la France enivrée
Te salue Emmanuel !
Croyant aux bons auspices
Du nombre de tes ans,
Électeurs, électrices
T’ont répondu « Présent ».
Emmanuel nous voilà !
Devant toi, le sauveur de la France,
Jurant, filles et gars,
De servir et de suivre tes pas.
Emmanuel nous voilà !
Tu nous as redonné l’espérance,
La Patrie renaîtra !
Emmanuel, En marche, nous voilà !
Sans attendre le second tour, qui aura sa logique propre, il n’est pas défendu de se placer d’ores et déjà dans la perspective d’une prochaine échéance, à savoir les élections européennes de 2019. Puisse le Ciel nous préserver d’en faire un refuge pour les battus notoires de ces législatives !
incantations!
les Français sont las des politiques et des idéologies.
Plutôt que voter protestataires, ils privilégient ceux qui semblent poser les problèmes avant de proposer des solutions.
Si c’est réel et avéré, Macron sera réélu et les PS, LR, FN et autres insoumis seront hachés.
Si c’est faux, nous aurons le FN en 2022.
Je cite votre édito : » Nombreux sont ceux qui notent qu’un électeur sur deux étant resté assis, ce mouvement risque d’obtenir la majorité absolue en ne bénéficiant du soutien que de 15 % des citoyens. C’est méconnaître le sens de la période. « .
Quand un Président de tous les Français exhorte ceux-ci à la marche et que plus de 50 % d’entre eux restent « assis », c’est bien que ce président est en échec. Maintenant, « échec » (el Cheikh) n’est pas « mat » (« mort » en arabe) et ceux qui sont restés assis pourraient bien se remettre à marcher très vite.
Quant à moi, je voterai pour un candidat PS le 18 juin et pas pour le candidat LREM qui cache soigneusement son étiquette modem dans la 1ère circonscription des Côtes d’Armor. Ceci étant, beaucoup de mes proches voteront qui LREM, qui PS, qui « France insoumise ». Et j’espère bien que le parti LREM n’obtiendra pas la majorité absolue le 18 juin. Histoire de ne pas retomber dans les vieilles ornières, amplifiées par la fusion des élections présidentielle et législative depuis 2005. Si nous voulons que nos députés respectent un peu mieux la constitution qui leur recommande de voter, non pas en fonction de leur appartenance partisane mais d’après leur « intime conviction », il ne faut surtout pas que le parti LREM ait la majorité absolue dans la nouvelle assemblée.
Après tout, si LREM n’a qu’une majorité relative, ce sera à l’image de la cacophonie européenne qui n’est pas pour déplaire à mon oreille. Notre président saura-t-il tirer une philharmonie de concert avec tout ses partenaires européens? Je le souhaite !
Je termine par cette citation d’Ossip Mandelstam trouvée dans « Science avec conscience » d’Edgar Morin : » Nous voyons la liaison logique comme une symphonie avec chœurs et orgues si difficile et inspirée que le chef d’orchestre doit faire appel à toutes ses ressources pour maintenir les exécutants dans l’obéissance. La logique est le royaume de l’inattendu. Penser logiquement c’est s’étonner sans arrêt. »
Je ne suis pas encore suffisamment étonné par ce qui se passe, Monsieur le Président, malgré tous mes efforts d’ob-ouissance !
Encore un petit effort de logique mendelstamienne pour nous sauver ensemble vers un avenir inéluctablement européen !… sans oublier le grand ensemble méditerranéen…
J’ai voté MACRON lors du premier tour de la présidentielle contre le FN.
Mais devant une élection avec un taux d’abstention de 51,3 %(auquel il faut ajouter les bulletins blancs ou nuls) on ne devrait plus parler de majorité et le défi à relever pour le président et ses députés sera de rassembler les Français non pas contre lui à coups d’ordonnance et pour aller vite mais de rétablir leur confiance.
Leur permettre de redevenir maître de leur destin. Et surtout ne pas oublier les “sans“ ou augmenter la richesse nationale à leur dépens.
Deux points importants vont servir de test : La réforme du code du travail et les ordonnances relatives à la sécurité publique et aux libertés individuelles.
La dignité humaine, le respect des plus faibles doivent primer sur une soit-disante efficacité et l’économie.
M. MACRON a pu s’exprimer sur le site MEDIAPART, qu’il puisse répondre à ces mêmes journalistes au bout d’un an d’exercice du pouvoir avec une majorité absolue
Dans un monde qui change vite, vous préférez perdre (encore) 2 ans pour lancer les conditions d’un plein emploi ?
Ce n’est pas en tergiversant que l’on avance mais par l’action pragmatique. Les ordonnances font office de SAMU pour l’emploi. Les ambulances doivent griller les feux rouges, pour le bien des salariés.
L’équation n’est pas difficile : 1/ faciliter l’investissement en enlevant les barrières qui plombent la France ; 2/ faciliter le travail de ceux qui prennent le risque (!) de créer des entreprises. Cela débouche sur la création de beaucoup d’emplois mais pas seulement ! Car un fort flux de créations, relève mécaniquement les salaires et donc la prospérité des français.
Ce n’est pas Mélanchon qui va soutenir ces recettes car il ne connait absolument rien au travail. Il ne connait que la démagogie et l’outrance (voir comment il traite notre médaillé Field en math ! Il l’accuse de ne pas connaitre le travail alors que lui n’a jamais rien produit de sa vie. C’est un escroc malfaisant et de surcroit, félicité par LE PEN ).
Votre vue me semble un peu “simpliste“!
Nous ne sommes pas seulement dans un monde qui change, mais dans un monde qui a changé et malheureusement en partie de façon irréversible.
Notre environnement a été sacrifié ainsi qu’une partie importante des ressources de la planète.
Si une réforme est urgente, mais mérite un soutien de l’ensemble des humains, c’est celle de la pratique du partage équitable.
Hélas ce n’est ni M. MACRON, ni M. Mélanchon ou madame LE PEN qui en sont porteur.
Il faut pratiquer le partage des ressources entre humains dans l’espace mais aussi dans le temps.
Il n’existe pas de barrières relatives aux investissements, mais simplement que dans nos sociétés, ce n’est plus la notion de “ßIENFAIT POUR TOUS“ qui prédomine, mais celle de profits, lesquels se font toujours aux dépens de quelqu’un ou de quelque chose.
De même que chaque humain est unique mais n’existe vraiment que par les autres, l’entreprise doit devenir citoyenne, son objet et sa finalité ne peuvent exister durablement que dans la mesure où cela répond à un besoin et est compatible avec le maintien de la vie.
Alors des ordonnances? Elles risquent d’être construites sur du sable, peut être enrichir “globalement“ le pays, mais sacrifier une partie de la population actuelle et les possibilités des générations futures.
Les Réformes? C’est à chacun de réfléchir et de repensr son mode de vie en se souciant des autres.