Paul Collowald : le 9 mai est un acte révolutionnaire !

En quoi le 9 mai 1950 est il un fait historique ?

Parce qu’indiscutablement, il y a un avant et après le 9 mai 1950 pour la France, pour l’Allemagne et, in fine, pour l’organisation politique du continent européen.

Les 7 feuillets de la proposition Monnet que reçoit Schuman fin avril 1950, c’est « un avenir possible pour l’Europe ». En décidant que ce texte devient la position de la France, Schuman fait date.

Assumer politiquement les 7 feuillets de Monnet, qui auraient pu très bien finir aux archives du Quai d’Orsay, c’est poser un acte historique en rupture avec la tradition du quai d’Orsay dont il est le patron.

Avant d’être l’acte fondateur de l’Europe, le 9 mai 1950 est un acte par lequel la France ouvre une nouvelle ère dans sa relation à l’Allemagne. Un acte certes déjà imaginé par quelques pionniers ou visionnaires, mais jamais incarné avant cette date.

D’ailleurs, Adenauer dans sa réponse à Schuman rajoutera un postscriptum à la main avouant avoir espéré cette nouvelle ère depuis 1925… De son côté, Robert Schuman lui-même parlera du 9 mai comme d’un acte quasi révolutionnaire !

Quelle est l’actualité du 9 mai 1950 dans la relance actuelle de l’Europe ?

Pour vous répondre, j’aimerais bien savoir combien de nos concitoyens ont lu la déclaration Schuman.

Les qualités illustrées par cette décision du gouvernement français portent l’ADN des réponses qu’aujourd’hui encore nous pourrions apporter au cours de ces années charnières de 2018 et 2019.

Le 9 mai 1950, Robert Schumann répondait dans le contexte de son temps à cette question fondamentale qui continue à courir : « quel est encore le poids des nations européennes ? »

Ce dont je me souviens et ce que je ressens aujourd’hui, c’est qu’en politique, il faut à la fois de l’imagination, de l’audace et du pragmatisme. Cela donne au final les petits pas très concrets de la CECA et en même temps la vision à terme d’une « fédération européenne ».

On oublie aussi souvent que dans le texte du 9 mai se trouve une innovation institutionnelle avec la composante supra nationale, symbolisée par la Haute Autorité, qui est bien plus qu’une Commission européenne de 2018…

C’est dans cette composante supra nationale que se niche toute « Souveraineté européenne », mais aussi le principe de l’égalité de droits entre partenaires, quelle que soit leur puissance et performance du moment. Cette égalité fonde la paix.

 

Entretien avec Paul Collowald, propos recueillis par Henri Lastenouse

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8 Commentaires

  1. Cette Europe a l’américaine est une occupation impérialiste
    catastrophique de L’OTAN par les US/GB pour faire la guerre au Monde.

    La Suisse est une petite Europe depuis toujours ou 26 différentes Cultures,
    langues et religions vivent en parfaite harmonie et respect mutuel.

    Le dernier conflit était en 1515 a Marignan !

    Les US ont 220 ans de Guerre pour 239 ans d’Histoire,
    la Culture du Genocide profondément incrustée pour faire de l’argent,
    la seule et unique valeur !
    Les Gens, l’Environment et la Culture ne font pas partie de l’Amérique !

    Le modele Suisse ne convenait pas au business Américain de la Guerre
    impérialiste, dommage qu’il n’a pas servi d’inspiration a l’Europe

    Comparaison n’est pas raison, néanmoins

    si Bruxelles ne fonctionne pas, c’est qu’il lui manque la « Magie » Suisse !

    Des banquiers anglo-saxons ont organisé la Seconde Guerre mondiale
    http://www.voltairenet.ORG/article187537.html

    Soixante-dix ans de harcèlement contre les gouvernements et le peuple européens
    http://www.voltairenet.ORG/article190306.html

    • Il est toujours symptomatique, à défaut d’être amusant, de constater que les pourfendeurs de l’ « impérialisme » américain ne se rendent pas compte qu’en s’en prenant à l’UE – concurrente très sérieuse des Etats-Unis, en tout cas au moins autant que la Chine, sur la scène internationale – ils font eux-mêmes le jeu de cet « impérialisme ». En réalité, lorsqu’on explore de manière sensiblement moins réductrice – pour ne pas dire moins caricaturale – l’histoire de la naissance de l’ « Europe communautaire » (dont Paul Collowald a été un témoin de premier plan), force est de constater l’interférence de facteurs complexes qui ne peuvent être cantonnés (mauvais de jeu de mots en regard de nos voisins helvètes) à ce « complotisme » superficiel dont l’auteur du commentaire se fait plus ou moins servilement l’écho.

      Cela dit, la référence à la Suisse ne manque pas de séduction… à cet important détail près qu’il peut y avoir quelques nuances entre le fait de fédérer quelques cantons et celui de réunir des Etats-nations issus d’une longue tradition de puissance publique/acteur international pour au moins quelques-uns d’entre eux.

      • La Suisse est une petite Europe qui réussit depuis des siècles…
        La copier serait ridicule, mais de s’ inspirer de son experience
        du consensus serait souhaitable.
        Une Démocratie Direct et de proximité a géométrie variable
        selon les nécessités du moment éviterait bien des problems.

        L’Europe est occupée par l’US/NATO et vaut mieux que cela !

        • Tout à fait d’accord sur l’inspiration que certaines pratiques menées en Suisse pourraient apporter à l’UE… celle du consensus étant, du reste, un objectif que ceux qui suivent de près l’actualité européenne constatent depuis des années dans les modes de faire de l’Union.

          L’exemple le plus emblématique me paraît être à cet égard le consensus sur la politique européenne de coopération au développement inauguré en 2005 et réitéré depuis lors, en y englobant l’aide humanitaire.

          En revanche, en tant qu’enseignant en droit européen, je suis quelque peu réservé sur votre jugement à l’emporte-pièce « L’Europe est occupée par l’US/NATO »: C’est précisément en réaction aux Etats-Unis que, dans nombre de domaines, l’UE consolide sa singularité. La place manque pour le démontrer dans le cadre d’un simple commentaire. Mais, en se reportant à des sources autrement plus sérieuses que les liens internet que vous mentionnez, la question mérite au moins d’être débattue.
          Méfiez-vous des pièges d’un populisme au rabais dont, comme les Alsaciens enrôlés de force dans l’armée allemande au cours de la seconde mondiale, vous semblez être – vraisemblablement en toute bonne foi – une victime « malgré vous ».

          • Chacun voit midi a son clocher.
            Pour le francophone que je suis,
            la France est décevantes quand on en connait les capacités

            L’une des meilleurs chose faites par de Gaulle
            a été de quitter l’OTAN, Sarkozy est un Traitre !

            Je regarde l’Europe comme un européen,
            soit de Gibraltar a l’Oural

            Quant a l’Histoire on connait le « Vae Victis » de Brennus
            Les perdants sont toujours roulés dans la farine.

            L’Europe a perdu la Deuxième Guerre au profit des Anglo Américains
            qui l’ont organisée pour éliminer des concurrents.
            Dans l’Histoire ripolinée par Hollywood,
            seul les acteurs et la Musique sont authentiques…

          • Il est aisé, lorsqu’on refuse de regarder la réalité en face dans toute sa complexité, de balayer d’un revers de main toute référence au « populisme ».

            Outre le fait que « Sauvons l’Europe » y a consacré tout récemment un débat qui, à mon sens, mériterait d’être poursuivi, permettez-moi de vous renvoyer à la lecture de l’impressionnant ouvrage (près de 500 pages) que, sous le titre « Les populismes dans le monde » (Fayard, coll. »L’espace du politique »), le politologue Guy Hermet, – qui a, entre autres, enseigné à Genève et à Lausanne (!) – a écrit sur ce sujet aux multiples illustrations dans l’Histoire.

            Si l’on préfère s’informer à l’aide d’un ouvrage plus concentré, mais très vivant, on peut se reporter à « Dis, c’est quoi le populisme ? » (80 pages – coll. »Renaissance du Livre ») que l’historien Henri Deleersnijder a conçu sous la forme d’un dialogue entre un père et son fils.

            Il me semble que ce genre d’approche est autrement mieux documentée que la prose d’ « Egalité et Réconciliation », cette obédience fondée par le très ambigu Alain Soral, littérature à laquelle vous invitez le lecteur à se reporter. En fait, lorsqu’on y pense, vos nombreuses références à la Suisse peuvent y trouver un écho: ladite littérature s’avère particulièrement emblématique d’une pensée figée dans un glacier..

          • Merci pour votre réponse.
            Si j’avais a inviter un lecteur a une littérature
            ca serais Denis de Rougemont, Erasme ou Orwell

            Quant au Populism, qu’il soit d’outre Atlantique ou Européen,
            il inspire au mieux un dégoût aussi fort que l’Otan !

          • A mon tour de vous remercier: je partage volontiers vos références à Denis de Rougemont et à Erasme. En revanche, n’étant pas un fin connaisseur d’Orwell, je m’efforcerai de suivre votre conseil de lecture pour compléter mes réflexions !

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