Le retour des extrêmes, non pas dans les urnes, mais bien à la tête de certains Etats membres de l’Union Européenne interroge durement le projet européen.
Voilà venu le temps des postures et des actes fleuretant bruyamment avec la ligne jaune des valeurs européennes.Le constat est d’autant plus amer que le projet européen répond historiquement et quasi ontologiquement à l’expérience des régimes fascistes en Europe au cours du XX ième siècle. Actuellement, l’Europe a dépassé le seul risque de voir la zone euro éclater du fait de divergences financières ou faute de convergences économiques. Nos dissensions portent aujourd’hui sur le cœur même des valeurs européennes. De telles divergences semblaient encore inconcevables hier. Elles éclatent violemment avec la crise des migrants, après une décennie d’austérité sans solidarité.
Rendons à César… car cette crise sanctionne avant tout l’échec politique des baby boomer qui ont été ou sont encore au pouvoir au niveau national. Rentiers du projet européen, qu’ont-ils construit de visionnaire pour écrire l’histoire au delà de la chute du communisme ? L’arrivée d’Emmanuel Macron ou de Pedro Sanchez au pouvoir annonce heureusement une nouvelle génération politique qui voit dans le projet européen beaucoup plus qu’une simple obligation de famille trouvée en héritage…
Au-delà de la faillite d’une génération, les mêmes causes de déclassement social et de fragilité économique causent naturellement toujours les mêmes effet. Repli sur soi et stigmatisation de tiers étrangers, à ratonner au nom de frustrations exacerbées. Et il serait naïf d’attendre du projet européen qu’il fasse des européens intrinsèquement de meilleurs hommes. Par contre, face aux « délires démocratiques » des temps présents, l’Europe des pères fondateurs reste jour après jour le cadre démocratique fixant de facto quelques limites au jeu politique national. Ces limites sont l’Etat de droit et les droits de l’homme, voulues par les pères fondateurs. La sanction existe et dépasse largement le seul risque d’encourir les foudres de Bruxelles ou les possibles gains de postures nationaliste auprès de l’opinion publique. La vraie sanction est le « to be or not to be » du Marché Unique Européen. qui représente une triple matrice existentielle pour notre continent. Matrice économique de notre prospérité. Matrice géopolitique pour notre place dans le monde. Matrice de valeurs européennes, au travers notamment des quatre libertés fondamentales, qui sont incompatibles avec tout fantasme nationaliste. Nous devons au BREXIT de nous l’avoir brillamment rappelé. Ainsi, parce que personne ne songe sérieusement à un cadre économique et politique alternatif pour notre continent, le projet européen constitue encore et malgré tout un rempart puissant face aux fièvres démocratiques de nos Etats nations. A tous les commentaires des heures sombres du moment, à tous ceux qui s’inquiètent de ne plus voir dans la geste européenne qu’un verre vide sans lendemain, nous répondons « Europe jeu, set et match » .
Une première version de cet article a été publiée par nos amis de Témoignage Chrétien
[author image= »https://www.sauvonsleurope.eu/wp-content/uploads/2011/09/henri-lastenouse.jpg » ]Henri Lastenouse, Secrétaire général de Sauvons l’Europe[/author]