Depuis le vote du Brexit il y’a deux ans, la Grande-Bretagne était restée en dehors de la négociation. Son gouvernement était coincé entre deux optiques irréconciliables: le Hard Brexit, sortie pure et simple rompant tous les liens, et le soft Brexit qui conserve le plus d’intégration économique possible avec l’Europe. Le discours public était donc jusqu’ici une position de négociation intenable: tous les avantages des membres sans aucune contrainte.
Ce samedi, Theresa May a sequestré son gouvernement dans la résidence de Chequers, sans téléphone ni véhicule. Il en est ressorti une feuille de route acceptée par tous sur le coup, mais reniée dès lundi par les Brexiters les plus durs. David Davis et Boris Johnson quittent le gouvernement, ce dernier fustigeant dans sa lettre de démission la réduction du Royaume-Uni à une colonie de l’Europe.
La proposition de Chequers est assez élaborée et correspond à de véritables choix: les produits industriels et agricoles resteraient dans le marché européen, sous les normes européennes. Le parlement britannique pourrait toujours les modifier, mais la catégorie de produits touchée pourrait en subir les conséquences. Une cour spéciale serait créée pour réguler ces sujets, qui ne serait pas la CJUE honnie (ça, c’est purement de la com’). En revanche, le secteur des services et en particulier les services financiers seraient hors UE, ce qui revient à un sacrifice de la City dans la négociation. En échange, la liberté de circulation ne s’appliquerait pas. Il n’y aurait plus de contribution britannique.
Certaines propositions sont compliquées à apprécier et poseront sans doute problème dans les négociation (douanes à deux vitesses), mais pour la première fois le Gouvernement anglais est sorti de l’ambiguïté et a une position de négociation. Dans l’intérêt de tous, et si ce gouvernement survit aux prochaines semaines, il faut la prendre en compte et peut être distinguer les européens qui sont déjà résidents des pays concernés du futur.