Nous publions ici le témoignage de Rayan Nezzar, auteur du livre Génération Europe.
En plus de deux ans d’engagement politique, de rencontres aux quatre coins de France et d’Europe, une conviction ne m’a jamais quitté. Cette certitude que nos sociétés contiennent bien plus de bienveillance, de générosité et de dignité que nos débats politiques ne semblent le suggérer. Que nos concitoyens sont mieux conscients des enjeux que leurs représentants politiques ne semblent parfois le croire.
Pourtant, depuis deux ans, que n’ai-je entendu comme critiques ! L’Europe, la mondialisation, le capitalisme : tout y passe. Ce triptyque infernal serait responsable de tout ce qui ne va pas, de la disparition des industries à la montée de l’individualisme et des incivilités. Ces dernières semaines, la contestation a pris une tournure plus tempétueuse avec la mobilisation des Gilets jaunes. Cette révolte des classes moyennes n’est pas propre à la France. Elle saisit l’ensemble des démocraties libérales, de l’Europe aux Amériques.
Ses racines sont profondes. Elles se nourrissent tant de la hausse des inégalités que de l’impuissance publique à faire prévaloir un intérêt général. Le consensus qui a longtemps fondé les démocraties libérales, celui qui liait accroissement et répartition des richesses, apparaît aujourd’hui brisé. Se déroule alors un étrange « jeu à somme nulle » : tout progrès pour les uns est perçu au détriment des autres. Dans le dernier Eurobaromètre, deux européens sur trois disent avoir le sentiment que leur voix ne compte pas.
« Nous avons changé d’époque : les grands défis de notre génération nécessitent une action européenne »
Inlassablement, je plaide et je plaiderai pourtant que l’Europe porte une part de nos solutions. J’appartiens à une génération née après la chute du Mur et qui n’a connu l’Europe qu’en crise. Crise politique après l’échec du traité constitutionnel en 2005. Crise économique et sociale, d’abord venue des États-Unis en 2008 puis aggravée par nos propres décisions. Crise migratoire en 2015 lorsque l’Europe a compris, trop tard, que la libre circulation dans ses frontières intérieures impliquait une gestion commune de ses frontières extérieures. A tâtons, les institutions européennes ont improvisé des réponses circonstanciées à ces crises, comme elle sait le faire, au pied du mur, depuis un demi-siècle.
Mais nous avons changé d’époque. Les défis qui nous attendent ne sont plus seulement la régulation des quotas de pêche, mais la protection de notre environnement en proie à des bouleversements irrémédiables. En économie, il ne s’agit plus de contrôler la mise en concurrence des marchés publics, mais d’armer des millions de travailleurs face à une révolution numérique à l’œuvre dans tous les secteurs d’activité. En géopolitique, il ne s’agit plus de conclure des accords de libre-échange, mais de construire une diplomatie et une défense autonomes pour tutoyer les grandes puissances de ce monde. Il s’agit de reprendre l’initiative pour cesser de subir. De reprendre en main notre destin pour ne pas sortir de l’histoire.
Je suis convaincu que ces défis appellent des réponses européennes. Toutes les personnes que j’ai croisées, élus ou citoyens soucieux, partagent cette conviction. Comment la France, seule, pourrait-elle freiner le changement climatique ? Elle ne pèse que pour 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Comment pourrait-elle stopper, seule, l’optimisation fiscale des géants économiques qui localisent leurs bénéfices là où ils paieront moins d’impôts ? Agir à l’échelle européenne est vital. Et pourtant, nos concitoyens doutent que cela soit encore possible. Las, ils n’y croient plus.
« Comme tant d’autres, je refuse le scénario d’une déconstruction européenne »
C’est pourquoi je publie mon premier livre, « Génération Europe », paru le 3 janvier 2019 aux éditions Michalon. Pour faire entendre ce cri d’alarme : oui, notre Europe peut mourir ! Si nous n’y prenons garde, nous pouvons rester dans l’histoire comme la génération qui l’aura déconstruite. Comme tant d’autres, je refuse ce scénario. Ce livre se veut donc lucide sur tout ce qui ne va pas et n’entend pas laisser aux populistes le monopole de la critique parfois légitime. Mais je veux aussi faire entendre un cri d’espoir : face à Trump, à la mondialisation, à tous les défis qui attendent notre génération, l’Europe est notre chance. A condition de la délivrer de ce qu’elle est devenue, qui s’apparente trop souvent à une arène où s’affrontent nos intérêts nationaux. A condition que la politique européenne redevienne une suite d’additions et non de divisions.
En cinq chapitres, ce livre présente autant de priorités autour desquelles je crois que notre génération a le devoir de refonder l’Europe. De la culture à la monnaie, de notre ambition sociale à notre exigence démocratique, en passant par notre voix dans le monde, j’ai voulu esquisser une vision et des propositions pour l’avenir. Car dans cette période d’incertitudes où tout peut basculer, il nous faut tracer un nouveau chemin européen, ouvrir une perspective.
Lors des dernières élections européennes en 2014, trois jeunes Français sur quatre n’ont pas voté. Des choix décisifs sont réalisés sans que, pour l’essentiel, ma génération n’ait dit sa part de volonté générale. Cette fois, nous ne devons pas nous laisser voler le débat européen. Cette fois, nous voulons dire que nous, Européens, avons intérêts et destins liés. Proposer, et plus seulement critiquer.
Nous voulons montrer que notre alternative n’est pas d’aimer l’Europe telle qu’elle est ou de la quitter. Nous pouvons encore la refaire telle qu’elle devrait être. Tel est le message de ce livre.
[author title= »Rayan Nezzar » image= »https://www.sauvonsleurope.eu/wp-content/uploads/2019/02/Rayan-NEZZAR.jpg »][/author]
oui l’EUROPE c’est très important, il faut la sauver, mais pas la verrouiller, mon beau père Alsacien a été déporté pour fait de résistance à l’occupant nazi, et la demande des anciens déportés c’était plus jamais ça, plus jamais ça, Mais il a toujours accueilli des étrangers en particulier des Africains et il a beaucoup soigné en tant que dentiste toutes sortes de personnes, parfois bénévolement, c’était un Européen convaincu, le général DE Gaule lui même l’a décoré comme officier de la Légion d’Honneur qu’il a obtenu au péril de sa vie.
Allez encore une couche… ouais ouais on a bcp souffert… trop entendu… et nous à cause de l europe on souffre tt autant…
Bravo ! Pour votre information, voici un lien vers le programme du Printemps Européen, qui est animé par à peu près les mêmes préoccupations que les vôtres : https://bit.ly/2NxwkIT
Je pense que beaucoup sont bien convaincus que la construction d’une Europe unie et démocratique est une clé essentielle pour résoudre les problèmes graves auxquels nous sommes confrontés. Toutefois, la construction actuelle de l’Europe a montré son inefficacité en la matière comme l’expose avec pertinence l’auteur de l’article. Est-il encore possible de la réformer ? C’est ici que le doute me saisit : ne faut-il pas démolir cet édifice vermoulu et inadapté pour en reconstruire un nouveau, comme on démolit une vieille bâtisse pour bâtir un bel immeuble ? Depuis le yemps qu’on nous promet des réformes qui n’arrivent jamais, je dois avouer que je suis tenté par la démolition préalable.
Que n’ai-je lu dans ce texte d’approximations, de contre-vérités, d’amalgames, d’aveuglement !…
Je vais tenter de reformuler.
« L’union européenne et ce que contient le traité de Lisbonne rejeté en 2005 par les Français : le néolibéralisme, la mondialisation inévitable, le capitalisme sans frein comme valeur unique : tout y est.
Ce triptyque infernal n’est pas responsable de tout ce qui ne va pas, mais responsable en très grande partie. »
« La mobilisation des Gilets jaunes, cette révolte des classes moyennes. »
Que ne faut-il pas oser écrire, alors qu’il est de notoriété publique (si l’on ne se contente pas des « informations » de nos « grands » médias) que les Gilets jaunes sont avant tout des classes défavorisées, appauvries : chômeurs, handicapés, retraités modestes, travailleurs au SMIC, etc.
« Contrôler la mise en concurrence des marchés publics. »
Cette phrase, à elle seule, montre ce qu’est cette « union »…
Il ne s’agit pas de mettre en concurrence des marchés publics, mais bien plutôt de mettre en concurrence le « marché » privé et des services publics.
Au nom de quoi ?
Les Français ont-ils accepté cela, encore moins l’ont-ils voulu, réclamé ? Leur a-t-on même seulement demandé leur avis ?
La réponse est non.
Et tout est mis en œuvre pour permettre à des intérêts financiers de s’accaparer des pans entiers de nos institutions pour en faire un business lucratif : sécurité privée, justice privée, santé privée, retraite privée, bientôt instruction privée et défense nationale privée, avec des « représentants élus » qui s’empressent une fois leur mandat obtenu, de donner satisfaction aux exigences de ce « marché ».
Ceux qui ont les moyens ont les services. Les autres ? se… débrouillent.
« Se déroule alors un étrange « jeu à somme nulle » »
Où la richesse produite par les pauvres vient remplir les poches démesurées déjà archi-pleines des plus riches, pendant que leur pouvoir d’achat continue de diminuer inexorablement. Somme nulle ?
Je ne poursuivrai pas plus loin.
Et dans ce… bazar, on aurait la prétention de vouloir freiner la dégradation de l’environnement, la disparition des espèces, de la biodiversité, des insectes, la pollution, le gaspillage, la production de déchets, la dégradation de la santé, de la qualité de vie, tout en ayant des objectifs ambitieux de développement, des projets qui feraient rêver un peu ?
Il serait grand temps d’ouvrir les yeux !
Ce n’est certainement pas à continuant à promouvoir, soutenir et donner des moyens à cette tour de Babel sourde et aveugle que nous nous orienterons vers un début de solution à cette situation…
Les gilets jaunes ont raison
Au fond tout le monde le sait, malgré la répression policière violente, la désinformation médiatique et les manœuvres politiciennes qui tentent de l’éradiquer : c’est d’un changement de « système » dont nous avons besoin.
Mais le « système » est très (trop) puissant et il y a tout lieu de craindre que ce mouvement finisse bientôt par disparaître, vaincu comme les autres, avec soulagement des uns, découragement et résignation de tout les autres qui seront restés sagement spectateurs approbateurs
J’ai tout de même fini de lire l’article.
Et la conclusion est édifiante : « Nous pouvons encore la refaire telle qu’elle devrait être. »…
Alors même que cela fait bientôt 50 ans que la construction européenne se poursuit inexorablement, 50 ans que, de tous bords, on nous rebat les oreilles en permanence sur la nécessité de « Changer l’Europe » !
Mais c’est tellement impossible, depuis ces 50 ans que s’empilent les articles des traités successifs, qui en outre imposent l’unanimité des pays membres pour les modifier, que vouloir courir après cette chimère est une stupidité.
Je le répète « Il serait grand temps d’ouvrir les yeux ! »
L’union européenne n’est pas modifiable !
Et, comme l’a affirmé Jean-Claude Junker, « Il ne peut y avoir de choix contre les traités européens. »
« L’union » €uropéenne, on la prend ou on la laisse. Il n’y a pas d’autre choix.
Non pas, la prendre ou la laisser mais la reconstruire autrement avec moins d’économie, moins d’ex GS aux commandes et plus d’utopie car c’est surtout le sens de la construction qui s’est perdu. Au départ c’était pour ne plus devoir dire « plus jamais ça ! » Et plus d’un demi-siècle après, on constate que c’est une puissance qui n’attire plus (cf Brexit et Italie) et qui n’a d’autre horizon que ses propres traités qui sont jugés intangibles et immuables par les politiques actuels. Et peut-être avec une certaine raison car ils n’ont pas du tout les même intentions, ni la même moralité que les fondateurs…le titre même de ce blog est évocateur : Sauvons l’Europe !
Nos lecteurs jugeront du sérieux de votre commentaire en lisant l’affirmation « le traité de Lisbonne rejeté en 2005 »: curieux anachronisme au sujet d’un traité signé en 2007 !
En 2005, c’est essentiellement une défiance globale à l’égard du gouvernement français alors en place qui s’est exprimée, le traité dit « constitutionnel » faisant office de cache-sexe pour se dédouaner de ce « régicide ». Et, puisque vous invoquez la « désinformation », tournez votre regard plutôt du côté d’Etienne Chouard – le « Grand Inquisiteur » de l’époque qui, à la manière de son modèle médiéval, a semblé prendre un certain plaisir à brûler un livre écrit par une « Convention » profondément innovante quant au processus démocratique de son fonctionnement.
N’allons pas jouer sur les mots…
Vous savez aussi bien que moi que le traité de Lisbonne contient l’intégralité du projet de « traité de constitution européenne », objet du référendum de 2005, rejeté à la majorité par les Français.
Notre appartenance à l’UE est donc entachée d’illégitimité depuis 10 ans.
Aller dire que les Français ont voté la défiance à leur gouvernement, c’est se moquer du monde, lorsqu’on sait que les Néerlandais l’ont rejeté également.
Irez-vous jusqu’à dire qu’eux aussi ont voté sans savoir pourquoi ?…
Quant à Étienne Chouard, je pense qu’il en connaît certainement plus que vous et moi en matière de droit constitutionnel et de démocratie. Il vient justement de publier un livre sur ce sujet.
D’ailleurs, prétendre que cette « convention profondément innovante » était « démocratique » suffit à le démontrer.
Ce n’est pas un hasard si son blog a obtenu une telle audience : il a fait patiemment et méthodiquement le travail d’analyse et d’information que l’ensemble de nos « grands » médias a refusé de faire, se limitant, comme pour Maastricht, à nous bombarder de slogans enthousiastes.
Plutôt que le traiter « Grand Inquisiteur », ce qui est parfaitement injustifié et injuste, regardez donc plutôt du côté du Monde ou d’autres « grands » médias dits « d’information » qui se prétendent légitimes à créer des « fact checking » ou autres « Décodex » censés détenir LA vérité incontestable, alors même que leur rôle se résume en réalité de plus en plus à de la désinformation, de la propagande et de la manipulation !
Et là aussi, il suffit d’aller consulter des sites tels que Acrimed, Arrêt sur images ou Investig’Action pour en être convaincu.
« Ne pas jouer sur des mots »: l’échappatoire est un peu biaisée. D’une part, parce que, contrairement à ce que vous prétendez, le traité de Lisbonne n’est pas un simple « copier-coller » du traité dit « constitutionnel ». Mais, d’autre part, pour comprendre cela, il faut LIRE les textes en profondeur – par exemple au sujet de la place désormais très modeste assignée à l’objectif d’une « concurrence libre et non faussée » – et ne pas se cantonner à des remarques superficielles… ce qui, hélas ! est le lot commun des pourfendeurs de l’UE.
Quant à affirmer qu’ Etienne Chouard « en connaît plus que vous et moi en matière de droit constitutionnel et de démocratie », c’est peut-être vrai pour vous.
Pour ma part, je me permets de poser délicatement dans la balance – et sans prétention – quelques études spécialisées en droit européen, suivies d’un engagement de plusieurs décennies au sein des institutions de l’UE (positionnement privilégié pour en connaître les rouages effectifs) et, depuis quelques années, la pratique d’un enseignement universitaire dans ce domaine. Cela étant, j’ai bien conscience qu’on en apprend tous les jours… et suis bien conscient aussi, à cet égard, de la dette que j’ai vis-à-vis de mes étudiants pour l’approfondissement de la réflexion à laquelle ils me convient directement ou indirectement – sans négliger le regard critique dont leurs travaux sont aussi porteurs. Mais la différence avec les « miliciens » de l’UPR, c’est précisément que ces jeunes « apprenants-chercheurs » argumentent et ne se contentent pas de roucouler des slogans dignes d’un tract du PCF des années 50.
Quant à la connaissance de la démocratie, merci d’avoir la modestie de prendre aussi conscience de la poutre qui pourrait occulter votre regard plutôt que de considérer exclusivement la paille qui effleure l’oeil du voisin. Cela dit, c’est avec intérêt que j’accueille la perspective de lire le récent ouvrage de M.Chouard. Merci d’avoir attiré l’attention sur cette publication.
Si en 2005 le non la emporté, ce n’est pas que pour une méfiance des politiques interne. Mais c’était aussi, et surtout pour ma part, le refus d’un traité européen qui incluait surtout les entreprises & l’économie. Et qui a complètement oublier les peuples qui forme ses différentes nations européenne.
Le non fut un refus d’une Europe économique des entreprises qui relègue les individus qui la compose en simple statistique de consommation.
Merci d’avoir écrit avec beaucoup de franchise: « pour ma part ».
En effet, si, avec suffisamment de recul, on se penche sur l’ensemble des motivations à l’origine du « NON », on ne peut que constater, pour le moins, une grande complexité: et notamment – pour reprendre un avertissement ferroviaire bien connu – quant au fait que le train du texte du traité a en grande partie caché celui de la politique générale du gouvernement contre laquelle de nombreux électeurs entendaient protester. Même phénomène – somme toute bien humain – dans le cas des Pays-Bas.
Tout cela parce qu’il s’agit d’un cas exemplaire de « détournement de démocratie » auquel la pratique référendaire donne parfois lieu, lorsqu’on soumet à la « vox populi » un texte compliqué que les citoyens ne lisent pas. Aussi ont-ils en grande majorité tendance à répondre à celui qui pose la question plutôt qu’à la question elle-même.
En outre, quoi qu’en pense Ruoma, la sagesse commande de faire également confiance au discernement des représentants du peuple. Les « gilets jaunes », dont la spontanéité, au point de départ du mouvement, mérite certainement la plus grande attention, illustrent à leur manière, comment une aspiration à davantage de justice sociale et de démocratie peut se trouver dévoyée par les Drouet et autres démagogues qui soufflent sur les braises.
Bonjour Gérard, j’aime bien vous lire mais là, franchement, ce que vous écrivez ressemble de plus en plus à de la désinformation, du babacoolisme voir de la bisounoursery. Il faut arrêter de prendre les électeurs européens pour des benêts incapables de comprendre un texte compliqué. En 2005 j’ai voté oui parce que je pensais comme la plupart des français, qu’ensemble les européens seraient plus forts pour affronter la mondialisation qui avançait. 14 ans après je constate qu’en UE : nous subissons encore la crise, les inégalités se creusent, les pseudos élites se gobergent en se moquant de ceux qui ne « savent pas profiter du merveilleux système démocratique » permettant à « tous » de s’enrichir au détriment des autres, transformant n’importe quel « honnête » banquier en loup de WS, obligeant les citoyens conscients des changements climatiques, sanitaires et sociaux à signer des pétitions à longueur de journées pour que là haut au Conseil, à la Commission, au Parlement, les « pseudos responsables » entendent quelque chose et arrêtent de privilégier le fric des multinationales pour s’occupper un peu plus de leurs populations qu’ils sont censés représenter.
Alors aujourd’hui, moi, citoyen européen, cultivé et bien informé je voterai NON à ce traité, à cette Europe que vous essayez de sauver, tout simplement parce qu’elle ressemble à une UE de robots et de distributeurs bancaires et que je vois bien aujourd’hui, les résultats de mon oui d’alors. Et nous comprenons aussi que le NON référendaire transformé en OUI législatif est bien une trahison de NS au profit de l’UE de GS pour obtenir un adoucissement des contraintes budgétaires à l’fégard de la France.
Vous êtes complètement out avec vos analyses sur la prétendue « sagesse » de nos représentants, l’emploi de ce terme soulignant bien toute son ambivalence, nos représentants de commerce, pourriez vous écrire car ils nous vendent un simulacre de démocratie et représentent d’autres intérêts que ceux de la majorité des personnes qu’ils sont censés représenter. Désolé de vous contredire : les GJ ont raison, en dépit de l’utilisation/manipulation des casseurs par le pouvoir, comme le peuple allemand avait raison en 1989.
Un dernier mot pour approuver votre commentaire, Rahlf, et ajouter qu’en ce qui me concerne, si je n’étais pas hostile au départ à cette construction européenne et en conséquence j’avais voté oui à Maastricht, j’ai voté NON sans ambiguïté en 2005, à la différence de vous, après avoir lu attentivement le texte du projet de TCE (dont il me reste d’ailleurs plusieurs exemplaires originaux) que j’avais confronté méthodiquement aux arguments développés à l’époque par Étienne Chouard sur son blog (comme l’ont fait de très nombreux internautes), ceci pour contredire l’argument classique et fallacieux qui prétend que les gens ont voté sans même avoir lu le document.
Bon week-end !
Pour moi le Traité de 2005 faisait aussi la part trop belle aux entreprises et au libéralisme, mais il donnait une consistance supérieure à la charte des droits sociaux qui aurait été adossée au Traité. C’est pourquoi, ne faisant pas confiance aux anglais et aux anglo-saxons complètement imprégnés d’ultra-libéralisme, j’ai voté « pour » espérant ainsi limiter le libéralisme sans contrainte car des combats auraient pu s’appuyer sur cette charte pour limiter les dérives.
J’ai beaucoup de discussion avec des amis qui ont voté contre et maintiennent que c’était le bon choix. sauf que dès 2005, il me semblait évident que les dirigeants européens pétris du libéralisme trouveraient une autre façon de faire progresser la « concurrence libre et non faussée » donc débarrasser des droits sociaux, ce qui est advenu.
Mon père disait toujours que « le mieux est l’ennemi du bien ». Je pense qu’en 2005, c’est exactement ce qui s’est passé. A l’insatisfaction d’un Traité qui aurait pu être mieux, a répondu un vote de rejet du texte principal oubliant les aspects secondaires qu’il aurait été possible d’améliorer ensuite. Ce qui était à peine bien a été rejeté pour avoir mieux et on a eu pire.
L’Europe n’est pas que sa construction politique. C’est devenu une réalité vécue au quotidien pour beaucoup de personnes et beaucoup de familles. Obtenir la disparition des frontières et notre libre circulation a été bien difficile à bâtir.
Et les nouvelles générations sont encore plus européennes, voire même internationales que nous avec le raccourcissement des distances que procurent internet, youtube, les réseaux sociaux, les whatsapps, les traducteurs en ligne, le développement de l’industrie du transport terrestre et aérien.
Ceci ne va pas changer. Cela va même s’accélérer. Et ça on peut difficilement l’arrêter. Alors ce n’est certainement pas le moment de requadriller l’Europe avec des frontières nationales. Le repli national comme un reflexe nerveux d’un membre malade ou blessé, on peut faire mieux ! On doit faire mieux ! Pour nous, pour nos enfants !
Le brexit, frexit et autres exits ne sont que des annonces publicitaires fallacieuses pour servir les politiciens. La crise politique, sociale et morale que dénoncent à juste titre les gilets jaunes, et avant eux los indignados en Espagne ne porte pas sur la taille du territoire. Encore une fois, nationalisme et régionalismes ne sont pas les réponses à la corruption et à la mauvaise répartition des richesses.
Aujourd’hui tout est fait pour que l’argent publique devienne privé. Les chiffres macro-économiques le prouvent et le fossé entre les riches et les pauvres augmentent. On n’a pas besoin de plus pour comprendre. La réalité est simple. Les lois, la fiscalité et la politique en général servent essentiellement les nantis, d’où le terme establishment en anglais. On comprend bien que les familles riches le sont depuis des lustres et tout est fait pour que cela perdure. C’est pernicieux, mais bien rodé et implanté au plus profond de nos sociétés, de nos conventions et même de nos psychés.
L’explosion de l’Europe va être une misère pour la partie du peuple qui se sent aujourd’hui européenne. Je suis actuellement en Angleterre, marié avec une espagnole, avec des enfants européens multilingues. Le Brexit est une catastrophe. On ne pense pas aux millions de gens pour qui la vie risque de basculer. L’exile surement pour ne plus avoir les bons papiers. On perd son travail, ses amis, sa maison, sa ville ou son village.
Contre tous ces politichiens pour qui de telles décisions ne sont qu’un jeu politique, un jour notre patience va tarir.
On ne peut plus accepter que des politichiens promeuvent des mesures qui ont un tel impact négatif sur la vie des gens. Dans un monde limité et de plus en plus petit, nous ne pouvons plus être exclusifs, egocentriques et agressifs. Il faut affronter les problèmes réels, promouvoir la transparence politique, lutter contre le lobby industriel, et réduire la production de carbone ! Mais pas rajouter des frontières, des douaniers, des policiers, des armes, des contrôles !
Personnellement, quand je vois que la basse d’un de mes projets flanche, et qu’il ne tient pas la route. Et bien, je le déconstruit. ! Ce qui ne veut pas dire que je renonce à ce projet. Juste que je veuille le reconstruire sur une base mieux étudier, afin d’avoir une finalité qui tient la route.
Tous ça pour dire que si je suis pour la sortie de cette Union Européenne. C’est pas contre une Europe réunissant les peuples et nations, effaçant les frontières interne pour défendre ensemble une frontière commune, ou contre la circulation commune. Mais je ne suis pas pour cette pseudo Europe qui dans son délire capitaliste ultralibéral, accentue, justement, ces fracture entre les peuples & nations, en mettant tous le monde en concurrence.
Je ne comprend peut être pas tous, je ne suis sûrement pas un professionnel de la politique. Mais en tous cas, je n’ai jamais vu la concurrence créé de l’unité et/ou facilitée les rapprochement !
Ne trouvant pas d’entrée « répondre » afin de rebondir sur le message que Rahlf a posté ce 28 février à 18 h 33 – mais il est vrai qu’il y a une cascade de commentaires qui s’affichent de plus en plus à droite… non pas au sens politique, rassurez-vous, mais en termes d’emplacement matériel – je recours à l’entrée « commentaire » en général pour attirer son attention sur ce qui suit.
Je tiens d’abord à le remercier pour la mention de la « bisounoursery ». Il se trouve en effet que je n’ai jamais été insensible aux bisous ni au charme des plantigrades (à condition, pour ces derniers, que le fossé du zoo dissuade d’établir un contact trop rapproché).
Lorsque j’évoque l’analyse des résultats du referendum de 2005, je me réfère en fait à deux considérations:
– l’une, « brute de décoffrage » en quelque sorte, dans la mesure où un sondage effectué à la sortie des bureaux de vote mettait en évidence – de l’aveu-même, donc, de nombre des personnes interrogées – cette tendance à exprimer un mécontentement vis-à-vis du gouvernement en place au moins autant (sinon plus) qu’à se prononcer sur ce texte, au demeurant difficilement lisible même pour le juriste dont je revendique timidement les diplômes;
– l’autre, que l’on trouve, avec davantage de recul, dans diverses analyses de politologues frappés par la multiplicité des facteurs susceptibles d’influencer le vote. La littérature en science politique s’en est fait souvent l’écho. Mais, par souci de concision, je vous en épargne – provisoirement – les références dans le cadre d’un commentaire aux normes de « Sauvons l’Europe ».
Pour l’anecdote, je citerai l’aveu d’une connaissance – un « européen » convaincu: il ne s’est jamais caché d’avoir voté « non » au motif que le projet de traité restait trop timide sur la voie du fédéralisme. Je n’irai pas jusqu’à prétendre qu’un tel raisonnement ait chatouillé l’esprit d’une majorité de « nonistes », mais ce n’est peut-être pas sans signification non plus…
Permettez-moi d’ajouter que ce que j’ai souligné au sujet de la perversité des referendums portant sur des textes pour le moins « consistants » me rappelle un souvenir d’enfance (je « faisais » ma communion à l’époque) … qui remonte à l’adoption de la Constitution de 1958: les échanges parfois vifs au sein de la famille – certes un milieu ouvrier, je vous prie de m’en excuser – où le contenu du texte soumis au vote s’effaçait largement derrière le positionnement « pour » ou « contre » le retour du général de Gaulle au pouvoir.
Puisque j’évoque la Constitution – et en attendant de compléter ma formation par les leçons de droit constitutionnel que, selon notre ami Ruoma, le sieur Chouard devrait dispenser – je m’interroge sur la portée de l’article 3 de notre « Magna Carta », qui affirme solennellement que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du referendum ». Donc, lorsque j’évoque la « sagesse » de nos représentants – vertu que vous pointez du doigt – dois-je considérer qu’ils sont, d’une certaine manière, des « hors-la-loi » ? et que nos « représentants » au Parlement européen ne participeraient pas non plus à l’expression de la souveraineté nationale ?
Enfin, que l’UE n’ait pas toujours évolué dans le bon sens, cela fait partie de la faiblesse humaine et pas nécessairement de cette « robotisation » que vous lui imputez.. Il convient simplement de souligner que, contrairement à ce que certains démagogues souhaiteraient accréditer, moins de 30 % de la législation en vigueur en France ont une origine « bruxelloise » et qu’affirmer que la France donne davantage à l’Europe qu’elle n’en reçoit, c’est rester très en surface des réalités,en oubliant les effets induits du « levier » communautaire. On peut, certes, déplorer que l’Europe ne soit pas assez sociale… mais en n’oubliant pas que, dans ce domaine, ce sont les Etats membres qui conservent jalousement la haute main et non la Commission. Quant à l’influence de certaines puissances économiques, je la déplore au moins autant que vous… mais, là encore, je dois m’incliner devant certains ressorts de la démocratie: qui vote, en effet, pour les « représentants » de ces puissances, sinon les électeurs de la base ?
Bref – bon, c’est sans doute hypocrite d’employer ce terme après tout ce que je viens d’écrire – je ne peux cacher qu’à l’issue d’une longue expérience au sein des institutions de l’UE je reste encore naïvement fidèle à l’esprit des « Pères fondateurs » de notre Europe – mais ceci dans l’esprit où l’exprimait Jaurès et qui pourrait s’adresser aujourd’hui aux europhobes : « C’est nous qui sommes les vrais héritiers de nos aïeux; nous en avons pris la flamme, vous n’en avez gardé que la cendre ».
PS: sans aucune intention désagréable à votre endroit, puis-je attirer votre attention sur l’ « obscure clarté » qui ressort de l’usage excessif d’abréviations telles que NS, WS, GS ou GJ ?
Cher Gérard je vous remercie pour votre réponse toujours bien argumentée. Elle appelle de ma part les précisions suivantes :
– les abréviations sont là pour racourcir ma prose, donc dans l’ordre vous trouvez Nicolas Sarkozy, Wall-Street, Goldmann-Sachs et Gilets Jaunes, presque que des marques déposées. Donc je serai un peu plus long sans ces abréviations, vous m’en excuserez.
– non, contrairement à ce que vous affirmez avec un certain lyrisme, citation de Jaurès à l’appui, nous ne sommes pas les dignes héritiers des pères fondateurs car de flamme, il n’y en a plus !
Seuls de naïfs illuminés essayant d’entrainer la masse de ceux qu’ils bercent d’illusions, pensent que l’UE s’améliore ou s’améliorera. Le ver est dans le fruit et ce ver, vous le connaissez aussi bien que moi, c’est le FRIC, dont l’idolâtrie que certains lui portent, nous pollue tous, Terre comprise. Il n’y a plus de figure tutélaire en UE et pas seulement là d’ailleurs, plus que de serviles « représentants », des affidés…
Citez moi un(e)grand(e) homme ou femme, une personne dotée d’une âme (pas seulement d’un brillant cerveau qui fonctionne comme un coffre fort), qui arrive à impulser une direction à l’UE, à donner du sens, quelque chose qui ne se traduit pas dans nos langues nationales mais qui ait une signification commune pour nous, européens ?
– la faiblesse humaine de ces représentants, justement, les a entrainé à considérer leurs électeurs comme de simples numéros, identiques ou presque à ceux de leurs comptes bancaires (ne parlons pas ici d’évasion fiscale, ni de paradis fiscaux !). Des numéros sont faciles à manipuler. Je maintiens donc que nous dérivons allègrement vers un univers robotisé, aseptisé où, seuls ceux qui l’auront mis en place, se sentiront à l’aise. Les autres devant se contenter de regarder passer les trains…(économiques?)
Concernant les ressorts de la puissance économique et si personnellement, je vote régulièrement avec mon portefeuille pour ne pas favoriser les multinationales qui nous dirigent, vous n’êtes pas sans savoir que votre biais est osé. Nous baignons dans un tel mantra que peu d’entre nous y échappent. Mais que fait l’EN (Education Nationale) pour former nos futurs citoyens sur ce sujet ? Et que fait l’UE ?
Rien et vous le savez bien.
Pourquoi nos élites devraient-elles se préoccuper de changer l’eau du bain quand celui-ci leur convient et leur réussit tellement bien ?
– pour la sagesse de nos « représentants », il y a longtemps que je ne leur en trouve plus. Car s’ils ont de formidables compétences en droit ou s’ils peuvent être conseillés par les meilleurs juristes, ils profitent tous d’un système démocratique imparfait et des failles règlementaires et constitutionnelles pour se comporter comme de véritables voyous (exemple : nous aurons au Conseil Constitutionnel un ex élu condamné !). Voyous en cols blancs je vous le concède, mais sans vision d’intérêt général, sans morale, ni même conscience autre que celle des intérêts particuliers ou, si vous préférez la traduction, particulièrement lucratifs.
– je vous rejoins sur le référendum, que j’ai connu aussi, outil démocratique imparfait, puisque binaire et qui n’a jamais été poussé plus loin par nos « démocrates élus » peu préoccupés par une réelle démocratie et le fait de la faire vivre…et pourtant que de changement depuis les années cinquante, n’est-ce pas ? Le référendum tel qu’il est les arrange bien, surtout qu’ils s’en passent allègrement et ne font finalement que ce qu' »ON » veut qu’ils fassent.
– enfin, je vous laisse votre lecture du vote de 2005, qui se base sur des analyses de politilogues (tout le monde ou presque connait la science politique qui est celle de faire croire aux électeurs ce qu’ils veulent entendre avant les élections…) et une autre « brute de décoffrage » (un sondage !) qui se base sur des échantillons de sondés. Or, il s’avère, après quelques années d’expérience et une certaine expertise des chiffres, que je pourrais moi aussi leur faire dire ce que vous voulez comme résultat…
Bref, je crois réellement qu’il y a eu en 2005, ne vous en déplaise car je comprends bien que cela ne rentre pas dans vos schémas, une majorité de non-européens en France.
Et pour comble, ce qui m’a fait réagir, vous voyez le référendum comme un outil démocratique, certes imparfait puisque selon vous « pervers » (sic)…, un outil que vous dénigrez allègrement en écrivant plus haut « Tout cela parce qu’il s’agit d’un cas exemplaire de « détournement de démocratie » auquel la pratique référendaire donne parfois lieu, lorsqu’on soumet à la « vox populi » un texte compliqué que les citoyens ne lisent pas. »
Alors, selon vous, à quoi sert-il ???
A quoi servons nous ?
Merci, cher Rahlf, pour tous ces commentaires complémentaires… qui prouvent au moins une chose: à savoir qu’en dépit de nos « ressentis » différents le dialogue demeure une vertu fondamentale de la démocratie. Irai-je jusqu »à dire que, face à l’adversité (le poids des multinationales, les dérives autoritaires au sein de l’UE, le fakiste Trump… ), une convergence entre « celui qui croyait au Ciel (le drapeau azur constellé de douze étoiles) et celui qui n’y croyait pas (ou qui y croyait moins ?) » s’inscrit dans la tradition d’une certaine « Résistance » ?
Tradition au sens de « passage de témoin » et non d’attachement passéiste : c’est ce que mettait en évidence la citation de Jaurès que j’évoquais. Certes, la flamme est parfois vacillante. Mais, tout comme dans l’histoire de l’Eglise (je dis cela avec précaution et sans connotation nécessairement religieuse), quelques « Zorro(s) » – Dominique, François, Luther, Jean XXIII … j’en oublie – sont arrivés à un moment crucial (du latin « crux », la croix) pour redresser la barre, je ne peux m’empêcher de penser à Delors, Pisani, Cohn-Bendit, en attendant qu’un nouveau cavalier capé reprenne aujourd’hui le flambeau européen. Utopie ? Sans doute en grande partie, mais avec cette excuse que, pour ma part, je crois dur comme fer à la fameuse formule de Mark Twain: « Il ne savait pas que la chose était impossible… alors il l’a faite ».
Quant au referendum, je vous l’accorde, j’ai omis d’aller jusqu’au bout de mon raisonnement: à savoir que, si je continue de nourrir quelques soupçons vis-à-vis de sa légitimité lorsque c’est l’assentiment à un texte complexe qui est proposé au vote, ce procédé me paraît au contraire exemplaire lorsque le choix porte sur un enjeu que, par manque d’imagination, je qualifierais de « premier degré », du genre: « êtes-vous partisan de l’élection du Président de la République au suffrage universel ? » ou: « vous prononcez-vous en faveur de l’indépendance de l’Algérie ? » Nuance, nuance, quand tu nous tiens…
Pour ce qui est de la démocratie représentative, je n’aurai pas la naïveté (bien que sympathisant de la cause des bisounours) de penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je plaide simplement pour que l’on ne reste pas en surface en considérant uniquement les présences – sinon les gesticulations – dans un hémicycle, qu’il s’agisse d’un parlement national ou du Parlement européen. Faute de relais – là encore – par des médias avides de « sensations », la profondeur des travaux accomplis au sein des commissions parlementaires échappe quasi-totalement aux projecteurs.
Or, c’est bien à ce niveau plus feutré que, selon des expériences que j’ai vécues en direct, s’enracine le processus conduisant à l’adoption de textes législatifs, à l’élaboration de rapports loin d’être de pure forme ou à la formulation de « résolutions » non sans portée politique. C’est aussi dans ce cadre que se pratique le plus souvent le dialogue avec la « société civile » censé éclairer la lanterne des parlementaires… lanterne qu’à Bruxelles il serait inconvenant de prendre pour la vessie du Manneken-Pis.
Pour ce qui est du présent commentaire – et en attendant de poursuivre le dialogue avec vous, sans doute dans le sillage d’autres articles publiés par « Sauvons l’Europe » – je souhaite laisser le mot de la fin à l’intitulé que Franck Proust, député européen (LR… qui n’est pas nécessairement la crèmerie que je fréquente habituellement), a malicieusement donné à un ouvrage publié il y a quelques mois:
« L’Europe: l’apprendre ou la laisser »
Oui Gérard, je suis en train de changer d’avis concernant notre Europe qui était, une belle et bonne idée quand la démocratie et l’économie étaient à reconstruire. Aujourd’hui ?…ses dirigeants s’éloignent de leurs citoyens à l’instar de nos élus nationaux ; l’UE « ronronne » en se contentant de rester au même niveau que les autres blocs. C’est très bien mais cela laisse des millions d’européens sur leur faim voire sur le bord du chemin. Sinon comment expliquer cette désaffection qui augmente scrutins après scrutins ?
Effectivement je m’inscris dans la lignée d’une certaine résistance française, voire d’une indignation, propre à notre regretté Stéphane Hessel. Et nous en sommes bien, aujourd’hui, à compter sur l’irruption d’un zorro qui donnerait le bon signal pour tenter de « sauver » l’UE de son tropisme capitalistique.
Attendons alors, pleins d’espoir, que l’UE nous apprenne autre chose que de compter ses échanges commerciaux à coups de trilliards d’€ qui profitent à une minorité !
Concernant les prochaines élections, il serait intéressant, peut-être, que Sauvons l’Europe établisse, pour son lectorat avant les élections, un panorama neutre des incidences, (sur le parlement, sa composition, son fonctionnement), induites par les différentes propositions des listes françaises.
Décidément, nous ne sommes pas si éloignés l’un de l’autre, mis à part, sans doute, l’interprétation susceptible d’être donnée aux résultats du referendum de 2005.
A cet égard, j’insiste bien sur le fait qu’à mes yeux il convient de mettre en évidence davantage la complexité des facteurs à l’origine de ces résultats – et sans contester ces derniers – que de se raccrocher à une interprétation unilatérale, peut-être un peu superficielle.
J’ajoute que l’interférence, dans la campagne qui a précédé le vote, de menaces plus supposées qu’avérées telles que la caisse à outils au rabais du plombier polonais a quelque peu embué la clarté du débat. Sans vouloir tout ramener à mon expérience personnelle, il me semble que mon environnement sur ce terrain propice aux bons tuyaux n’a guère été bouleversé: à Bruxelles, je suis dépanné par des artisans belges et , dans les Hauts de France, par leurs collègues hexagonaux… même si, dans ce dernier cas, pour des raisons historiques (charbonnages et filatures pour les ascendants), la consonance des patronymes n’est pas sans évoquer les rivages de la mer Baltique.
Cette parenthèse étant fermée, je trouverais injuste d’être qualifié d’eurolâtre borné (accusation que, certes, vous avez quant à vous soigneusement évitée). Ainsi:
– pensez-vous que j’applaudisse à tout rompre ce « pacte de stabilité » dont Romano Prodi, ancien président de la Commission européenne, dénonçait lui-même la stupidité ?
– pensez-vous que je me réjouisse de la précipitation avec laquelle on a parfois ouvert la porte de l’élargissement de l’UE à des pays visiblement pas encore en mesure de se joindre aux Etats membres initiaux… de telle sorte que la colombe de la paix des années 50 arbore aujourd’hui le plumage de l’albatros, dont le poète disait que « ses ailes de géant l’empêchent de marcher » ?
– pensez-vous que j’adhère aveuglément à un culte de la concurrence qui a progressivement dévié de l’objectif initial de protection du consommateur vers un perfectionnisme compétitif peu soucieux de l’humain ?
En souhaitant qu’une réponse négative constitue l’issue de tous ces questionnements, il me semble – par ailleurs et néanmoins – qu’il serait malvenu que l’eau du bain entraîne le bébé lui-même dans un déversement hâtif. Un certain nombre d’acquis à mettre au crédit de l’UE ne doivent pas être négligés. Mais la liste serait un peu longue et risquerait de compliquer un commentaire déjà peut-être en délicatesse avec la sobriété . Aussi, pour faire écho à l’expression consacrée, une suite pourrait-elle être donnée dans un ou plusieurs prochains numéros, à la faveur des sujets abordés dans les chroniques publiées par SLE.
Bonjour Gérard VERNIER, « Pour l’anecdote, je citerai l’aveu d’une connaissance – un « européen » convaincu: il ne s’est jamais caché d’avoir voté « non » au motif que le projet de traité restait trop timide sur la voie du fédéralisme. » Et vous nous rappelez de façon judicieuse que dans le Traité Référendaire ou celui de Lisbonne, le social reste l’apanage des Etats, non de l’UE. En effet, l’Europe ces dernières années la trajectoire politique de l’Europe aurait pu être plus sociale-inclusive qu’elle ne fut. Elle est partagée entre droite et extrême-droite, populistes, écologistes, et les sociaux-démocrates quat à eux ont relativement chuté. Il me semble qu’on a donné le dernier mot au peuple juste au moment crucial. C’est donc plutôt un début qu’une fin… Heureusement, face aux manifestations permanentes, on a maintenant le débat permanent, souhaitons que nos édiles en profitent pour bien réfléchir au genre de référendum à proposer!
Juste un petit mot pour signaler à Ruoma que, faisant partie de l’élite qui a pris le temps de lire le projet de traité de 2005, il n’est peut-être pas le mieux placé pour juger du comportement de l’immense majorité de ceux qui n’ont pas eu ce privilège. En tout état de cause, une réalité demeure: à savoir que le déferlement de petits arrangements avec la vérité « sauce Chouard » qui a inondé les réseaux sociaux a pollué en grande partie le débat.
Ou plutôt ouvert le débat. Mais à vôtre malheur, sur des idées divergeant des vôtres, mais des idées quand même.
Pour l’instant, l’Europe institutionnel, me parait effectivement plus une construction balançant entre droite et extrême-droite nous laissant peut d’autres choix que ces direction !?!
Savez-vous distinguer la gauche de la droite ? On pourrait en douter lorsqu’on apprend que votre gourou fait l’éloge d’Alain Soral, qui, lui – à la différence de cette « Europe institutionnelle » dont vous n’avez, semble-t-il, qu’une idée lointaine… mais c’est compréhensible, puisque la bien-pensance dominante occulte trop souvent la manière dont elle fonctionne contre les vents des préjugés et les marées du populisme – (Soral, donc) semble précisément très à l’aise entre droite et extrême droite.
En fait, le problème majeur, aujourd’hui, de l’ « Europe institutionnelle », c’est avant tout – je n’aurai de cesse de le répéter – son embonpoint, fruit d’élargissements mal conçus et précipités. A cet égard, il ne serait sans doute pas totalement erroné de considérer que certaines « adhésions » ont été plutôt des « adhérences », au sens médical du terme.
Heureusement qu’à présent la gauche et le centre-gauche amorcent une réflexion qui, pour autant qu’elle retrouve la flamme des « pères fondateurs », pourrait être de nature à éclairer le chemin de « fils refondateurs », soucieux d’évacuer des eaux troubles… mais tout en conservant le bébé. Opération « Moïse »‘ ?
Savez-vous pensez par vous même ? J’en doute !
Vouloir me prêter un gourou, alors que mon maitre absolus n’est autre que moi et toute ça dimensions intérieur. Dire que Étienne Chouard fait l’apologie d’Alain Soral, c’est avoir pris son avis sur une émission de spécialiste qui t’explique les avis & pensées des gens, sans même les avoir personnellement rencontré.
Si tu veut vraiment parler de Chouard : ce ne ni un gourou, ce ne ni un intellectuels au idée supérieur à la masse, à peine un maître d’université.
Il s’agit juste une personne prônant un système démocratique plus juste, permettant l’écoute et la paroles de chaque idées, mouvement, pensée politiques.
Car le premier pas vers l’extrémisme, c’est l’exclusion. Et exclure les idées qui ne nous plaisent, sans même leurs avoir apporté un peut crédit, c’est faire l’apologie de ces extrêmes.