Banque centrale européenne : 25 ans de fédéralisme !

Institution au caractère fédéral le plus affirmé parmi les institutions européennes depuis la disparition de la CECA, la Banque centrale européenne (BCE) est toujours de ce monde 25 ans plus tard. Elle célèbre un anniversaire symbolique, alors que l’Euro est devenu la seconde monnaie mondiale. Sa direction, limitée à six Membres (pas de strapontin pour chacun des vingt pays membres de l’Euro…), ainsi que ses quelques 4.200 collaborateurs protègent, avec plus ou moins de bonheur, 350 millions d’Européens des plaies d’argent les plus douloureuses, au premier rang desquelles l’inflation. A l’heure de souffler ses 25 bougies, la BCE se voit d’ailleurs, bien naturellement, demander des comptes sur fond d’une hausse des prix atteignant encore 7% en avril… même si l’inflation s’est élevée en moyenne, sur la zone euro, à 2,05% sur les 25 années passées.

Née de la chute du mur de Berlin et du prix politique payé par l’Allemagne pour sa réunification, la BCE s’est vue déléguer l’exercice d’un pouvoir régalien par excellence, celui de battre monnaie, au nom des vingt états membres de la zone euro. Au même moment, celui du traité de Maastricht, l’Europe se privait d’une gouvernance similaire en matière de défense, de politique étrangère, de fiscalité, etc.

Faute d’un gouvernement économique fédéral européen, la BCE a donc du faire face seule aux lacunes et à l’extrême diversité des économies sous sa responsabilité. De Lisbonne à Hambourg, de Naples à Amsterdam, comment définir une politique monétaire qui convienne à tous ? Le tout au travers de crises existentielles, comme lors de la crise financière grecque, qui a pourtant fait entrer l’institution de Francfort dans l’Histoire lorsque Mario Draghi « terrassa » les marché financiers en trois mots « Quoi qu’il en coûte », décrétant ainsi avec force et simplicité l’irréversibilité de l’euro face à des marchés que l’on croyait incontrôlables. Au-delà de la personnalité Draghi, l’exercice est quand même plus facile lorsque personne ne doute que vous êtes bien le patron, sans autre droit de veto caché sous le tapis ….et que même la Cours fédérale allemande arrive après la bataille !

Un concert de voix permanent prévoyait son échec initial, puis son effondrement imminent. En 25 ans d’épreuves traversées, la BCE fondée sur la cohérence institutionnelle de l’Euro a fini par innover et à s’adapter, bien au-delà de l’orthodoxie monétaire projetée par l’ombre tutélaire du Deutschemark sur le berceau de l’Euro. L’Euro a su se réinventer et n’être pas qu’un Deutschemark sans obligation de réévaluation pour l’industrie allemande…

Du coup, à l’heure où même Marine Le Pen et consorts européens semblent avoir abandonné toute velléité de revenir au passé monétaire, rappelons la formule de Mario Draghi : « L’euro est comme un bourdon : un mystère de la nature qui ne devrait pas voler et qui portant vole bel et bien ». Un mystère qu’il est grand temps d’explorer en matière de souveraineté commune, comme de gouvernement économique de la zone euro !

Henri Lastenouse
Henri Lastenouse
Vice-Président de Sauvons l'Europe

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3 Commentaires

  1. Je ne peux déplorer, une fois de plus, le manque d’esprit critique des chroniques publiées sur le site de SLE, en contradiction avec les objectifs proclamés par ce mouvement. Depuis sa création (de le CECA à aujourd’hui), les institutions européennes (dont la BCE fait partie) a toujours défendu l’ordolibéralisme : créer un cadre organisant dans l’espace européen au respect strict de la libre concurrence (entendons compétition acharnée) entre entreprises, avec toutes les dérives de dumping social, environnemental et fiscal menées par les États membres. L’union européenne a besoin d’être réformée en profondeur (y compris la politique monétaire menée par la BCE) pour organiser la coordination et la coopération économiques, fiscales, sociales et environnementales intra-européennes. Sinon, à quoi bon l’Europe, si ce n’est servir les intérêts de la finance internationale, en autorisant, par exemple, la pratique des paradis fiscaux en son sein ?

    • Oui, oui, oui et encore oui, c’est exactement ça !!!! Le libéralisme est prioritaire, c’est pour cela que Macron est vilipendé par une majorité d’électeurs en France. Ses beaux discours à Bratislava hier, ne marcheront pas si toute l’Europe ne change pas cette perspective libérale qui semble s’être installée partout même en Europe de l’est, surtout en Europe de l’est :ils veulent y goûter à la surconsommation !

  2. Bonjour;

    En effet, nous avons besoin d’un nouveau modèle sociétal, d’une Europe qui assumera les domaines régaliens comme les autres grandes puissances mondiales.

    Ce n’est pas la BCE qui participera à atteindre ces deux objectifs, elle est en effet au service d’un libéralisme pervers (corruption, paradis fiscaux, etc…) qui remplit les poches des plus nantis au détriment du peuple européen.

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