Nous avons le plaisir d’annoncer le lancement d’un nouveau think tank progressiste consacré à l’Europe. Pour le décrire, nous avons obtenu non pas une, mais deux interviews de son Président Nicolas Leron, caméra à la main puis au stylo.
Sauvons l’Europe : EuroCité est un nouveau venu dans le club restreint des thinks tank sur l’Europe. Quel est le trait distinctif d’EuroCité, quel est son apport ?
Nicolas Leron : EuroCité est la conséquence d’un constat selon lequel s’il existe des thinks tanks dédiés à l’Europe de grande qualité (Notre Europe, la Fondation Robert Schuman), ceux-ci demeurent avant tout des lieux de production d’analyses en mobilisant des chercheurs, des experts et des politiques.
Mais l’aspect proprement politique est finalement peu mis en avant.
Nous voulons apporter, en plus de l’acuité analytique, une ambition programmatique ancrée à gauche dans le but de contribuer à forger un niveau de politique proprement européen, avec ses enjeux et ses postures partisanes.
Nous voulons contribuer à la politisation de l’Union européenne, dont l’émergence est favorisée par le nouveau système institutionnel né du traité de Lisbonne, notamment avec l’élection par le Parlement européen du président de la Commission.
EuroCité repose sur trois piliers :
- 1) Une sociologie essentiellement jeune. Nous regroupons, en toute indépendance et autonomie, des jeunes chercheurs, hauts fonctionnaires, politiques et autres praticiens du privé. Nous sommes libre de toute figure tutélaire.
- 2) Une exigence de pluridisciplinarité « intégrée » : nous nous organisons en groupes de travail, chacun composé d’économistes, de juristes et de politistes qui vont co-écrire une étude sur une politique européenne majeure. Ainsi, l’aspect juridique, si fondamental lorsqu’on traite de sujets européens mais souvent négligés, sera-t-il directement intégré dans la conception de l’étude.
- 3) Une visée programmatique : nous voulons tirer du produit analytique des propositions programmatiques, et plus largement une vision de ce que sont des politiques publiques européennes de gauche
Sauvons l’Europe : Quels sujets à l’étude en ce moment chez EuroCité ?
Nicolas Leron : EuroCité se donne pour objectif de produire des grandes études de fond sur les politiques publiques européennes majeures. Nous venons de lancer nos deux premiers groupes de travail, sur l’Europe sociale et sur la gouvernance (ou gouvernement) économique européenne.
Mais nous publions aussi des notes ou tribunes de fond sur des sujets d’actualités ou des réflexions de plus long terme. Nous venons de publier notre première note sur la politique monétaire européenne (Frédéric Ménager, « Reprendre les rênes de la politique monétaire européenne : un objectif progressiste pour la gauche« , 08.06.2010).
Enfin, nous souhaitons faire des interviews de chercheurs et d’experts sur les questions européennes, ainsi que d’acteurs, politiques ou haut fonctionnaires, mais aussi associatifs, militants et tout simplement citoyens.
En partenariat avec Nonfiction.fr, nous tiendrons également une rubrique dédié à la critique de livres sur l’Europe.www.eurocite.euLe manifeste d’EuroCitéL’équipe d’EuroCité
C’est là le problème de fond, pour lequel ce genre de tentative ne risque en rien d’aider l’Europe ! La priorité des priorités est que les citoyens se trouvent impliqués et responsables de son existence et sa réalité. C’est mettre la charrue avant les boeufs que de proclamer à longueur de discours qu’elle sera nécessairement ancrée à gauche et que de se restreindre constamment à évoquer des idées de gauche, des pensées de gauche, des « think tanks » de gauche, et seulement eux. Au secours, de l’air !
Il faut aussi se garder d’un langage très savant et sophistiqué qui sera perçu comme une tentative de cacher la réalité des choses, sinon de faire accroire qu’on détient une vérité inaccessible au commun des mortels, et cela ne passe plus.
Si on veut que justement les européens commencent à s’ intéresser à l’Europe, il faut s’évader le plus possible de ce carcan qui paralyse tout chez nous au seul profit des intérêts de personnalités politiques et de ceux de leurs supporters attachés à leur accession au pouvoir. La majorité des gens s’en fiche éperdument et ne veut pas avoir l’impression que tout est déjà joué, sinon truqué ! D’une part, tout le monde ne se sent pas concerné, en France comme chez nos voisins, par la vision étroite qui nous est présentée ici, d’autre part, il faut laisser aux gens la liberté de se faire une opinion personnelle. L’Europe est aussi une affaire de cœur, de générosité, de respect des autres et non pas essentiellement une adhésion que l’on veut à tout prix forcer à un système de pensée particulier, fut-il d’inspiration socialiste, au contraire. Si on veut tuer dans l’œuf toute conscience de la nécessité de faire une Europe plus intégrée, alors allons y, continuons dans le sens qui est ici prescrit ! Et tant pis pour l’Europe !
@ Solong
Je trouve votre analyse contradictoire et confuse. Si la priorité des priorités est que les citoyens se trouvent impliqués et responsables de leur existence, cela veut dire entre autres qu’ils se saisissent du politique. Or le problème de l’Europe est est un lieu de pouvoir réel tout en l’exerçant dans l’ombre ou l’indifférence des citoyens. Ce qui est primordial aujourd’hui est de montrer aux citoyens que l’Europe n’est pas pré-déterminée ni un objet étranger téléguidé par une bande de technocrates apatrides, mais bel et bien un espace démocratique sur lequel les citoyens peuvent influer les politiques menées, à droite, au centre ou à gauche. C’est tout le combat pour la politisation de l’Europe : faire comprendre aux citoyens que voter aux européennes, ça compte, et que vote à gauche ou à droite, ce n’est pas la même chose. D’où l’importance de travailler à l’élaboration de propositions programmatiques de gauche (et aussi de droite, mais on laisse cette tâche aux think tank de droite) et plus largement répondre à cette question : qu’est-ce qu’être de gauche au niveau européen ?
Nicolas