A quelques mois de la fin des négociations de sortie du Royaume-Uni, les négociations sont quasi au point de départ. Le gouvernement de Londres a été en effet dans l’incapacité de faire des propositions, pris entre ses Brexiters durs et souples. Depuis le week-end de Chequers, les choses se sont clarifiées et Boris Johnson et autres ont quitté le Gouvernement, estimant que les positions de Mme May conduisaient le pays à être une colonie de l’Europe. Quelques jours plus tard, le partenaire de substitution Donald Trump a donné son opinion sur la relation entre les deux pays, dans laquelle manifestement les USA dictent et le RU obéit, sous peine de sanctions.
Les choses commencent donc, mais bien tard et il devient difficile d’imaginer que la négociation de sortie soit bouclée en moins d’un an. Sensiblement, se profile donc une sortie sans accord ou tout simplement une extension de la phase de sortie. Mais celle-ci requiert une décision unanime des pays, ce qui n’est pas assuré.
On en arrive donc à l’Irlande. L’accord de Belfast en 1998 a été conclu dans le cadre de l’Union Européenne, réglant par défaut tout un pan des relations entre les pays concernés. En cas de sortie du Royaume-Uni, il faudra bien trouver des solutions plus ou moins équivalentes. Il s’agit même d’une des conditions principales de l’Europe pour une sortie ordonnée. La proposition des européens est la suivante: une zone douanière particulière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord, repoussant la frontière économique à la mer.
Theresa May repousse cette solution, qui conduirait à un démembrement économique de son pays, et accuse l’UE de ne pas respecter l’accord de Belfast. Mais elle ne propose rien de spécifique: le White paper se contente d’indiquer (sur plusieurs pages) que l’intention du Gouvernement de sa Majesté est de trouver une solution.
Alors? Et bien la solution proposée par Theresa May est simple: si nous sommes prêts à faire une entorse pour l’Irlande du Nord, il suffit d’inclure dedans tout le Royaume-Uni. Evidemment, ça pose un grand nombre de questions, notamment en ce que le document préparé par l’UE applique la liberté de circulation en Irlande du Nord.
Nous en revenons donc à la question de départ, sur les limites de ce que peuvent s’accorder réciproquement comme droits les parties à la table de la négociation. Mais l’Irlande du Nord est devenue en attendant, soit l’otage de la négociation, soit le prototype de l’accord.
La seule solution est l’unification de l’Irlande.
Mais je parie que Boris Johnson choisira une frontière réelle quitte à supprimer les parlements régionaux aux R-U (pour empêcher tous référendums). Sa dernière loi essaye déjà de supplanter ceux-ci.