Ceci n’est pas un credo, mais un ensemble de constats, voire d’aphorismes.
Une Défense ne consiste pas qu’en une industrie productrice de matériel de guerre.
La Défense n’est pas qu’un ensemble de systèmes d’armes.
La paix est bien plus que l’absence apparente de guerre, elle ne découle pas forcément d’une victoire militaire, mais avant tout d’une diplomatie insistante et convaincante adossée à une dissuasion crédible.
Il arrive, cependant, que la dissuasion échoue et que l’engagement militaire ne puisse être évité.
La responsabilité de l’usage éventuel de la violence légitime est l’apanage exclusif d’une structure politique légitime car démocratiquement élue.
La chaîne de commandement d’un système collectif de défense repose toujours sur un État.
L’OTAN n’est pas un État et n’est pas démocratiquement légitime. Mais, depuis 1949, les Alliés admettent, faute de mieux, qu’au sommet de sa chaîne de commandement se trouve un État. Cet État, ce sont les États-Unis d’Amérique ; et le chef des armées de l’OTAN est leur Président.
Nous ne sommes donc pas souverains, mais bien protégés. Les États européens sont les alliés des États-Unis d’Amérique, mais ceux-ci n’ont jamais dû prouver qu’ils étaient nos alliés (Article 5 du Traité de l’Atlantique Nord). Ils ont même parfois prouvé le contraire, lors de la crise de Suez en 1956. Par contre, les Européens ont répondu à l’appel des Américains lorsqu’ils ont invoqué l’article 5 après les attentats du 11 septembre 2001.
L’indépendance, l’autonomie stratégique, imposent de disposer de capacités militaires propres à dissuader tout agresseur et de maîtriser toute la chaîne de production de matériel de guerre, y compris les pièces détachées et les munitions.
Ah! Un texte court ou tout est dit!
Merci
Maintenant, il nous faut un texte prospectif pour savoir comment l’Europe peut faire pour sortir des griffes de l’OTAN sans tomber dans l’escarcelle de Moscou ou autres…..
Tout à fait d’accord, sauf pour ce passage qu’il convient d’amender un tout petit peu: « Ceux-ci n’ont jamais dû prouver qu’ils étaient nos alliés (Article 5 du Traité de l’Atlantique Nord). Ils ont même parfois prouvé le contraire, lors de la crise de Suez en 1956 », une crise néo-coloniale plutôt douteuse où je donnerais personnellement quitus aux USA; un exemple qu’il convient de remplacer par celui, beaucoup plus récent et beaucoup plus significatif, du sabotage de Nordstream, un acte terroriste qui prive l’UE d’un approvisionnement stratégique.
On a mille fois accusé la Russie d’un possible futur « chantage au gaz » dont elle n’a jamais fait usage, mais jamais les USA d’un « sabotage du gaz » qui est pourtant manifeste (et annoncé à l’avance par cet idiot de Biden).
D’accord sur un point avec Philologic. La crise de Suez fut une guerre néo-coloniale franco-britannico-israélienne contre un Etat souverain : l’Egypte. La SFIO fut honteusement partie prenante de cette guerre néo-coloniale.
A noter : Les USA ont pris le parti de l’Egypte lors de la Crise du Canal de Suez en contre-partie de l’ouverture de leur marché interieur au grain americain (lorsque les freres musulmans l’ont remis en cause, il y a eu une seconde revolution en Egypte/ General Sissi…). De même, la fin des empires coloniaux (+ libre echange/ reunion en Afrique 1942, de l’Europe libérée à ete un prealable à leur intervention militaire ). Du « Trump avant l’heure ».
Vous avez raison quant à ce caractère non pas néo-colonial, mais colonial tout court. Par conséquent, l’article 5 n’a JAMAIS été activé au profit des alliés des USA. Point.
CQFD.
Totalement d’accord avec l’article et ses auteurs. Le problème central est que l’on n’a jamais su faire percoler dans l’opinion publique l’idée-clef que le système d’une Europe faite d’Etats-Nations souverains est la cause même de son malheur: deux guerres mondiales et trois fascismes d’une stupéfiante barbarie, des millions de morts, ont fait de notre petit cap de l’Asie, durant la première moitié du XXè siècle, « le continent des ténèbres » (The Dark Continent, Mark Mazower). De là, maîtresse de l’univers au XIXè siècle, l’Europe s’est vassalisée au rang de semi-colonie partagée entre les deux vainqueurs, les USA et l’URSS. C’est dire combien le slogan des souverainistes européens, qui ont aujourd’hui le vent en poupe, MEGA, Make Europe Great Again, est un total et criminel contresens. Par ailleurs, même les moins extrémistes considèrent qu’une Europe, Etat fédéral souverain supranational parlant d’une seule voie au reste du monde, relèverait de l’impérialisme. Pointe avancée de l’aventure humaine, capable du meilleur comme du pire dans lequel elle s’est vautrée sans réserve, l’Europe se devrait vis-à-vis du reste du monde de donner dans le meilleur: être un espace modèle de paix, de prospérité, et d’éthique. Une « soft power » influençant par émulation. Mais à ce modèle contenu en germe dans la déclaration Schuman du 9 mai 1950, on (la France) a dit niet en août 1954. Et niet en 2005. On préfère sans doute se laisser guider par Trump et Poutine. Vox populi, vox dei.
Le commentaire de Volpi Remy est passablement confus. La quasi totalité des observateurs (historiens; journaliste; spécialistes des relations internationales et de la géostratégie) est d’accord pour considérer que le régime des Etats Nations en Europe est la cause et la base des confrontations et drames (2 guerres et des despotismes fascistes) vécus au XXème S. en Europe comme ‘dark continent’ Partant, pour dépasser ce régime funeste, la mise en place d’une Europe fédérale supranationale, dont les germes se trouvent dans les vues des pères fondateurs, doit être entreprise et poursuivie jusqu’à son aboutissement. C’est cela aussi qui assoit la motivation de ‘Souveraineté européenne’, sans laquelle chaque état est et restera croupion devant les grandes puissances. Dès lors, il n’y a pas de motif valable pour rejeter ceux qui se revendiquent comme MEGA , espérant par là que les ‘esprits mous et faibles (les bisounours sont trop nombreux) prennent conscience de l’importance de créer une Europe souveraine.
Confus ? Certes, dans la hâte, en absence de relecture, j’ai en effet écrit voie (via) au lieu de voix (voce). Mais là n’est sans doute pas la confusion. Convenons que nous sommes d’accord au moins jusque votre « ..et poursuivie jusqu’à son aboutissement ». Cet aboutissement c’est, de l’abbé de Saint Pierre à Altiero Spinelli, en passant par Emmanuel Kant, une Europe Unie supranationale, souveraine vis-à-vis du reste du monde, c’est-à-dire ayant une politique extérieure commune à tous ses membres et en corollaire une défense commune. Cet État européen, pourvu d’un gouvernement démocratiquement élu et démocratiquement contrôlé, doit être de forme fédérale afin de respecter chacune des identités nationales. Autant dire que l’idée qu’il faille une langue commune (d’aucuns ont parlé de l’espéranto) est totalement hors sujet et renverrait de surcroît le projet aux calendes grecques. Quant au slogan MEGA, il est, sauf erreur de ma part, le fait des extrémistes adeptes du national-souverainisme qui prônent la sortie de l’Ue, façon Brexit, donc le retour au panier de crabes pérenne et donc à la poudrière de facto qu’est la juxtaposition des États-nations souverains immanquablement rivaux. De sorte que le slogan MEGA, « Make Europe Great Again » dans ce contexte, est une escroquerie intellectuelle: il devrait en toute logique se prononcer MICRO. Est-ce pour vous la confusion la plus totale ? En tout cas j’aurai fait de mon mieux pour la dissiper.
Les européens redécouvrent le vieil adage latin « si vis pacem, para bellum » (si tu veux la paix, prépare la guerre). Mais, pour être forts, il faut être unis. C’est actuellement un problème avec le droit de veto permettant à tout pays européen de bloquer les décisions importantes de l’Europe.
Pour arriver à une Europe réellement unie et forte, de type Etats-Unis-Européens (EUE), serait il possible d’envisager que, après étude partagée sur les modalités de fonctionnement d’une telle union (par exemple diplomatie extérieure, défense, une partie de la fiscalité, etc.. réservées au gouvernement de l’EUE) la France se mette d’accord avec quelques autres pays (par exemple les 17 pays ayant participé à la récente réunion sur l’Ukraine) pour sortir de l’UE et fonder une entité des EUE intégrée, alliée au restant de l’UE si elle le souhaite, et prête à accueillir dans ce noyau dur intégré les autres pays de l’UE actuelle qui le souhaiteront ultérieurement.
Il y aura bien sur de nombreux problèmes, par exemple: quelle langue, où mettre la capitale (à Bruxelles, dans les bâtiments voisins de ceux de l’UE…?), comment faire avancer l’idée par des gens de gouvernements qui perdraient l’essentiel leur pouvoir actuel lors de l’intégration des pays…, mais pourquoi pas, si cela permettrait de nous remettre au niveau des USA, Russie, Chine, et de faire subsister en l’améliorant notre vision de la démocratie, qui n’est pas vraiment celle d’un Trump, d’un Poutine, ou d’un Xi Jin Ping?
Qu’en pensez vous?
Vos « préconisations » ont le mérite de contribuer positivement à des réflexions de nature à sortir d’un statu quo souvent ressenti comme paralysant le développement d’une certaine dynamique européenne.
A titre de complément, il convient de ne pas méconnaître néanmoins un certain nombre de réalités ou de potentialités caractéristiques de l’UE actuelle et susceptibles de répondre ou, du moins, de faire écho à vos propos.
Ainsi, s’agissant de l’idée d’un accord entre quelques pays pour quitter l’Union et fonder une entité que vous appelez « EUE intégrée » : certes, la voie est étroite, mais le dispositif de Lisbonne actuellement en vigueur comporte déjà un mécanisme conçu à cet effet sous la forme de « coopérations renforcées » dont le principe est posé à l’article 20 du traité sur l’UE (TUE) et dont la mise en œuvre est détaillée aux articles 326 à 334 du traité sur le fonctionnement de l’Union (TFUE). S’y ajoutent des dispositions spécifiques à la coopération judiciaire en matière pénale (art.82 TFUE) et la coopération policière (art.87 TFUE) : dans ces deux domaines, un groupe de 9 Etats membres suffit à enclencher une procédure « pionnière » – quitte à ce que d’autres Etats membres les rejoignent ultérieurement.
De même, s’agissant d’une diplomatie à mettre en œuvre à l’échelle de l’Union, on ne négligera pas que l’institution d’un « haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité » est une réalité : ses attributions ont été affinées au fil des traités et ce d’autant plus qu’il est coiffé de la double casquette de vice-président de la Commission européenne et de président du Conseil lorsque les Etats membres sont appelés à traiter collectivement des affaires étrangères. Du reste, plusieurs dispositions des traités soulignent le rôle spécifique qui lui est dévolu pour veiller à la cohérence de l’action extérieure de l’Union – ce qui constitue déjà un pas sur le chemin escarpé d’un minimum de rationalisation en ce domaine.
Pour ce qui est d’une langue commune, on peut, certes, en souhaiter l’affirmation et la promotion (loin des fleurs artificielles de l’espéranto)… mais sans passer sous silence, là non plus, la pratique du multilinguisme qui fait la richesse de l’Europe et s’applique, par exemple, à la publication des actes législatifs de l’UE, en 24 langues actuellement, au Journal officiel de l’UE… quitte à s’en faire le relais, par des canaux appropriés, auprès des citoyens dont la vie quotidienne est tributaire de tels actes.
Quant à la question tout aussi sensible d’une capitale unique pour l’Union, on se gardera d’entrer dans la querelle des sièges qui, périodiquement, refait surface pour mettre en évidence une rivalité entre Bruxelles et Strasbourg. Notons seulement que, de facto, une indéniable prédominance revient à la capitale de la Belgique pour quantité de raisons d’ordre pratique. Mais il convient de ne pas oublier par ailleurs que la multiplication des « agences » chargées de mettre en œuvre de nombreuses politiques européennes permet à quasiment chaque Etat membre de l’UE de se prévaloir d’une implantation de l’Union : par exemple, Frontex (l’agence de des garde-frontières et garde-côtes) siège à Varsovie ; l’Agence européenne pour l’environnement à Copenhague ; l’Agence européenne des médicaments à Amsterdam ; l’Agence européenne pour les chemins de fer à Valenciennes ; l’Office communautaire des variétés végétales à Angers ; etc.
Le « Credo » dont il est question dans l’intitulé de l‘article représente un heureux clin d’œil pour affirmer sa foi en l’Europe… mais avec, en complément, des initiatives et des actes concrets qui, dans le contexte de la construction européenne, donnent un relief singulier à la célèbre formule « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors, ils l’ont fait ». Si l’on souhaite ajouter une considération quelque peu perverse, on pourrait demeurer dans le domaine biblique à propos des résultats du referendum de 2005 combinés au sauvetage effectué par le traité de Lisbonne : la pierre rejetée est devenue pierre d’angle…
Merci pour ces informations très intéressantes: il serait, me semble t’il, temps actuellement de profiter de ces dispositions de coopération renforcées.
Mais ces dispositions permettront elles aux pays s’y engageant de se libérer (pour les questions de politique étrangère commune, mais aussi de défense unifiée, et de meilleure intégration économique et financière) d’autres choix majoritaires des autres pays européens non engagés, ou même du veto d’un seul d’entre eux (tels la Hongrie dans le problème ukrainien actuel)?
Cela ne m’apparaît pas évident, dans la mesure où les pays engagés à la coopération renforcée seront toujours dans l’UE, donc soumis aux décisions du « haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité » et aussi au veto des autres membres de l’UE.
Qu’en pensez-vous, vous qui me semblez bien informé des règles UE?
Déjà suffisamment copieuse, ma réponse à votre précédent commentaire n’a pas résisté à la tentation de développer jusqu’à l’excès les « vertus » sous-jacentes au système des coopérations renforcées. Mais, puisque votre question m’y invite, je me permettrai de faire valoir quatre considérations complémentaires… quitte à risquer d’être taxé de continuer de cultiver outrancièrement la parlote.
En premier lieu, si la mise en œuvre de ce type de coopération obéit à un certain nombre de garde-fous destinés à en encadrer le déclenchement – dans le but, notamment, de ne pas étendre, sous ce prétexte, les compétences de l’UE en dehors de celles prévues par les traités – le recours à cette procédure a permis de réaliser, à l’occasion, quelques avancées concrètes. Un exemple emblématique a été l’instauration, en 2017, du Parquet européen chargé spécifiquement de la poursuite des auteurs d’infractions portant atteinte aux intérêts financiers de l’Union : à cet effet, 16 Etats membres avaient été à l’origine de l’initiative ; ils ont été graduellement rejoints par d’autres pays de l’UE pour atteindre un nombre de 24 à la fin de 2024 – le Danemark, la Hongrie et l’Irlande restant actuellement hors de ce cercle pour des motifs qui leur sont propres.
En deuxième lieu, une variante expressément établie par le traité sur l’UE (articles 42 et 46 ainsi qu’un protocole annexé au traité de Lisbonne) relève du domaine de la défense – un secteur particulièrement sensible aujourd’hui à la lumière de l’actualité : ce dispositif, prévu sous l’appellation quelque peu ampoulée de « coopération structurée permanente », est ouvert aux Etats membres qui remplissent des critères élevés de capacités militaires et qui ont souscrit des engagements particulièrement contraignants en la matière. Un tel mode de coopération vise à rapprocher les outils de défense et à renforcer l’interopérabilité ainsi que la capacité de déploiement des forces armées des pays intéressés.
En troisième lieu, le projecteur que j’ai braqué sur le « haut représentant » en matière d’action extérieure avait pour objectif d’en souligner notamment la singularité tant en termes de positionnement institutionnel à la charnière des ministres et des commissaires que de garantie d’une indispensable cohérence pour l’efficacité de cette action. Comme je l’ai évoqué dans un commentaire antérieur sur le présent site (à la suite de la chronique « D’un Munich l’autre » du 17 février dernier), il est assisté d’un « Service européen pour l’action extérieure » (SEAE) composé de fonctionnaires du Conseil et de la Commission ainsi que d’un personnel détaché des services diplomatiques nationaux et reposant sur le déploiement de « missions » implantées dans plus de 150 pays tiers. Mais ce rôle-pivot ne saurait masquer une autre réalité : à savoir que tant le Conseil européen (au niveau des chefs d’Etat ou de gouvernement) que le Conseil « tout court » (au niveau des ministres) demeurent collectivement des pièces-maîtresses sur l’échiquier politique dans le domaine des relations extérieures – le premier en termes d’impulsion au plus haut niveau, le second en matière de pouvoir de décision (en particulier sur le terrain opérationnel).
Reste, en quatrième lieu, la délicate question de l’unanimité, assortie de la problématique sous-jacente du droit de veto dont disposent les pays membres de l’UE. En l’état actuel des choses, cette règle demeure un marqueur du jeu institutionnel… un thème qui mériterait à lui seul un échange substantiel entre commentateurs de Sauvons l’Europe. Il n’en demeure pas moins qu’au fil des traités le champ couvert par cette « manifestation de réserve » s’est quelque peu réduit au profit d’une « majorité qualifiée » dont les subtilités dépassent la frugalité de la « majorité simple » ; elle repose sur une savante pondération des voix en fonction, principalement, de l’importance démographique de chaque Etat membre. Certes, cela laisse quelque latitude à des Monsieur ou Madame « Veto », à l’instar de ce qu’incarne avec détermination le Premier ministre hongrois. Cela dit, il ne peut être exclu que le système appelle à être reconsidéré au niveau des traités à la faveur de nouveaux élargissements qui pourraient porter le nombre d’Etats membres au-delà de 30. Mais chaque chose en son temps…
Super intéressant…, mais il est souhaitable, dans la conjoncture actuelle, d’avancer très vite vers une union efficace.
D’abord, me semble t’il, sur le droit de veto, à supprimer sans attendre (mais comment faire vite?)
Ensuite, au moins sur certains thèmes urgents comme la défense par exemple, vers une intégration plus poussée que l’actuelle « coopération structurée permanente ». Pour que l’UE soit efficace par exemple militairement il faut une complète intégration des moyens de défense:
– Les mêmes équipements dans toutes les armées (chars, avions, etc..) ce qui n’est pas le cas actuellement entre l’Allemagne et la France, et ne semble même pas faire partie des 15+12 projets prévus (ou en cours de réflexion pour les ajouter ) dans le traité d’Aix-laChapelle définissant des projets de coopération franco-allemand
– Un haut commandement unique pour toutes les armées européennes, devenant ainsi l’armée intégrée de l’UE: on ne peut réagir vite comme le veut une situation de conflit proche ou en cours si le parcours de décision est trop long en comparaison à celui des adversaires et partenaires.
– Un pouvoir de décision diplomatique suffisamment intégré pour s’adapter à la gestion rapide des risques de conflit et besoins en résultant.
Si impossible à réaliser rapidement dans l’UE , ne faut il pas s’intégrer en fédération type USA avec quelques autres pays, au moins l’Allemagne, dans une UE sans veto, ou hors UE?
On pourra tourner l’affaire actuelle dans tous les sens, ce n’est qu’une nouvelle manière d’exprimer « la raison du plus fort est toujours la meilleure »! Après des siècles de despotisme, napoléonisme, hitlérisme etc. c’est effectivement une douche froide que de s’apercevoir que des populations et cultures issues de l’Europe retournent « à l’état de nature ».
La raison du plus fort n’est clairement pas toujours la meilleure, mais sa volonté est malheureusement souvent celle qui s’impose, même quand elle n’est pas la plus raisonnable: sans vouloir être le plus fort, il me semble utile d’être suffisamment fort pour dissuader un plus fort de nous imposer sa « raison ». Et peut être faudrait il, pour limiter notre possible impérialisme futur, inscrire dans notre constitution que l’EUE ne pourra s’étendre à d’autres pays que suite à la demande de cette extension par les habitants de cet autre pays, ou qq chose du même genre.?
Et aujourd’hui, les USA s’allient aux Russes en ce qui concerne l’Ukraine, et une guerre pour détruire l’UE ne les dérangent pas. En tout état de cause, ils ont perdus tous leurs conflits depuis plus de 50 ans. A voir leurs désastres au Viet Nam par exemple, et récemment en Asie.
Ce qui n’apparaît à aucun moment dans cet intéressant échange d’opinions, c’est qu’instaurer une Europe unie fédérale est techniquement chose aisée: il n’aura fallu à la Suisse que 9 mois pour se transformer en 1848 en Etat fédéral et guère plus à la RFA et à l’Autriche à l’issue de la seconde Guerre mondiale. Pour l’Ue, ou partie de celle-ci, gageons que ce serait l’affaire d’une ou deux années. J’ajoute que de par le monde, la plupart des Etats récents ont pris cette forme de gouvernement. En outre très récemment la Belgique, par parenthèse pays trilingue qui n’a comme pour pas eu à adopter une langue commune, s’est dotée d’un gouvernement fédéral afin d’éviter l’implosion. Le vrai problème, que personne n’a mentionné, est tout simple: pour changer, comme pour créer une entreprise, il faut un « affectio societatis », la ferme volonté de s’associer en vue d’une communauté d’intérêt. Or, cette volonté n’existe pas en Europe, tout imprégnés que nous sommes encore des vapeurs opiacées de nos nationalismes d’antan. D’où, en France, le niet franc et massif au projet de la CED en 1954, d’où le niet franc et massif au traité constitutionnel européen en 2005. Et on assiste hélas! à la montée en puissance de cette calamiteuse volonté de retour en arrière. De quoi se faire du souci pour nos enfants et nos petits-enfants. Est-ce confus?
Merci pour ces intéressants commentaires. Les précédents de 1954 et surtout 2005 sont en effet inquiétants pour une relance du fédéralisme côté français.
D’un autre côté, la situation a bien changé depuis cette date, avec l’agressivité de la Russie de Poutine, le retournement d’alliance trumpiste des USA et la montée en puissance chinoise : la population française (allemande, belge…) doit maintenant ressentir nettement plus fort la faiblesse de l’UE actuelle et le besoin d’une unité plus prononcée en Europe.
Ne serait-ce pas le meilleur moment depuis longtemps pour pousser vers le fédéralime ?
Peut être en commençant rapidement par la « coopération renforcée » dont la possibilité est mentionnée ci-dessus par Gérard Vernier, entre les quelques pays qui pourraient avancer le plus vite avec des idées +/- proches (par exemple France, Allemagne, Belgique, Pologne, pays nordiques ?).
Puis, lorsque plus habitués à une coopération forte et si possible rapidement (car les menaces sont proches) , passer au fédéralisme entre ces pays (dans l’UE si possible, ou hors UE si comme je le crains les problèmes de veto interdisent une forte unité/indépendance en ce qui concerne défense et diplomatie, mais allié fortement à l’UE et prêt à recevoir les autres membres de l’UE qui peu à peu comprendraient l’intérêt de cette fédéralité).
Pas facile ni avec succès évident, mais a t’on beaucoup de choix en cette période de menaces se rapprochant rapidement.
On peut en tous cas commencer déjà à se renforcer chaque pays individuellement: par exemple travailler plus plutôt que moins, mieux répartir (égalité, fraternité…), et meilleure défense…., ce qui serait déjà un programme utile mais pas forcément aisé!
Hors filandreuses circonlocutions alambiquées, le problème est simple: « on » est en train de détricoter les amortisseurs humanistes mis en place à l’issue de la seconde guerre mondiale pour un retour à la néfaste realpolitik. Comme « on » l’a déjà fait avec la SDN et avant cela avec la Sainte Alliance issue du Congrès de Vienne. La solution existe, elle est à portée de main: instauration d’une Europe forte, qui soit une union fédérale des Etats membres, parlant d’une seule voix, puissante, au reste du monde. Hélas, du fait des vapeurs opiacées du national-souverainisme d’antan qui embuent encore fortement les esprits, « on » tend, et ce de manière croissante, à prôner la dissolution de l’Ue et un retour au statu quo ante. Autant dire guérir l’éthylisme par l’éthylisme. « When shall we ever learn? » concluait Pete Seeger dans sa magnifique chanson « Where have all the flowers gone? »
Je partage volontiers une grande partie de vos commentaires… à l’exception de vos affirmations concernant le rejet du projet de Communauté européenne de défense en 1954 ainsi que du traité européen dit « constitutionnel » en 2005. Il me semble en effet utile de nuancer les qualificatifs de « franc et massif » que vous utilisez à propos de ces deux occurrences.
Ainsi, en 1954, l’enterrement de la CED, après une campagne d’opposition passionnée menée à la fois par les communistes et les gaullistes (donc, plutôt un « non rouble et répulsif» que « franc et massif »), s’est opéré dans une relative discrétion grâce à un artifice de procédure permettant de « botter en touche » : c’est en effet par le vote négatif d’une « question préalable » que la ratification du traité ne voit finalement pas le jour au Palais Bourbon.
Quant aux tribulations du « traité constitutionnel » en 2005, deux constatations me paraissent s’imposer.
D’une part, son rejet en France (et aux Pays-Bas) mérite certainement d’être acté.
Mais, d’autre part, le caractère « franc et massif » de ce vote appelle au moins quelques nuances :
– peut-on, en constatant 30% d’abstentions, faire état d’un vote « massif » ? En prenant ce pourcentage en compte, il s’est avéré que le vote en faveur du « non » représentait 37% des électeurs inscrits de l’époque. Un triomphe ?
– mais surtout, des analyses portant sur les motivations du « non » ont fait ressortir que celles-ci se rapportaient en grande partie à l’expression d’un mécontentement des électeurs à l’égard de la situation économique et sociale de la France. On peut songer à l’avertissement bien connu dans le domaine ferroviaire : « Attention ! Un train peut en cacher un autre ». C’est sans doute un risque auquel on s’expose avec ce type de consultation qui, en dépit d’intentions louables à l’origine, transforme parfois le referendum en plébiscite. Du reste, comme je l’ai évoqué à plusieurs reprises dans des commentaires antérieurs sur le site de « Sauvons l’Europe », ce scenario m’a rappelé le débat autour de la constitution de 1958 : bien qu’assez jeune à l’époque, j’ai été le témoin de clivages au sein de ma famille… l’importance accordée au texte soumis à referendum s’effaçant derrière un positionnement pour ou contre de Gaulle.
Le plus fort c’est celui qui résistera le mieux aux dérèglements climatiques – si toutefois c’est possible. Mais il semble que c’est beaucoup plus facile (gratifiant pour l’ego ? ) de se taper sur la gueule.
Bonjour.
Les amis d’aujourd’hui ne sont pas ceux de demain, si tu veux la paix, prépare la guerre, seul, nous ne sommes rien, unis nous sommes une véritable puissance, acheter des armes à l’extérieur, c’est se priver de création de richesse dans son propre camp, ne pas uniformiser l’armement au niveau européen est une source de perte d’efficacité et de surcout, c’est du bon sens, ou est-il chez nos représentants de l’UE ?
Cet échange à propos de l’Europe que l’on entend sauver a été dense et riche. Pour ma part, j’en retiens que :
a) D’une manière générale, s’en remettre au dicton romain « si tu veux la paix prépare la guerre » est la voie royale pour la perpétuation de la chaîne ininterrompue de guerres dont est pétrie l’histoire. Le polémologue Gaston Bouthoul a écrit à cet égard un ouvrage intitulé « 8000 traités de paix ». Et vu la progression exponentielle des technologies, cela mène l’humanité droit à l’apocalypse. L’adage pertinent serait plutôt « si tu veux la paix, prépare la paix ». Plus facile à dire qu’à faire. C’est pourtant le but que se sont assigné diverses instances internationales, SDN, ONU, qui n’ont pas atteint l’objectif, parce qu’elles ne sont ni supranationales ni souveraines. Dans ce contexte, il revenait à l’Europe, en tant que pointe avancée de l’aventure humaine, capable du meilleur et du pire dans lequel elle s’est vautrée sans réserve, de donner dans le meilleur: se métamorphoser en un espace modèle de paix, de prospérité et d’éthique, « soft power », dont l’influence ne repose non pas sur la force et la duperie de la realpolitik mais sur une vraie capacité d’émulation.
b) Il faut une Europe unie, fédérale.
c) Cette dernière n’a nullement besoin d’une lingua franca paneuropéenne pour être constituée.
d) Ce ne sont pas les hommes politiques qui en bloquent le processus au motif qu’ils perdraient leurs postes, comme on le prétend à l’UEF. Au contraire, les ambitieux y verraient volontiers des opportunités de niveau continental.
e) La transformation de tout ou partie de l’actuelle UE en union fédérale est techniquement chose aisée et l’affaire d’une ou deux années.
f) Le nécessaire catalyseur du processus est la volonté de le mener à bien.
g) Cette volonté est inexistante, le mot fédération étant perçu comme un gros mot et les politiciens ne le prononcent jamais, si ce n’est à titre dépréciatif
h) Le blocage provient de ce que les peuples européens sont encore tout imprégnés des vapeurs délétères du nationalisme du XIXè siècle, aux conséquences apocalyptiques. Pour autant, le désastreux oxymore du nationalisme-panacée a le vent en poupe.
i) En conclusion, citons Schiller: « Mit des Dumheit, streben die Götter selbst vergebens », en substance, « confrontés à la bêtise, les dieux eux-mêmes sont impuissants ».
Rectification: « Mit deR DumMheit… » Moralité: il faut toujours prendre le temps de se relire!