Ceci n’est pas un Credo

Ceci n’est pas un credo, mais un ensemble de constats, voire d’aphorismes.

Une Défense ne consiste pas qu’en une industrie productrice de matériel de guerre.

La Défense n’est pas qu’un ensemble de systèmes d’armes.

La paix est bien plus que l’absence apparente de guerre, elle ne découle pas forcément d’une victoire militaire, mais avant tout d’une diplomatie insistante et convaincante adossée à une dissuasion crédible.

Il arrive, cependant, que la dissuasion échoue et que l’engagement militaire ne puisse être évité.

La responsabilité de l’usage éventuel de la violence légitime est l’apanage exclusif d’une structure politique légitime car démocratiquement élue.

La chaîne de commandement d’un système collectif de défense repose toujours sur un État.

L’OTAN n’est pas un État et n’est pas démocratiquement légitime. Mais, depuis 1949, les Alliés admettent, faute de mieux, qu’au sommet de sa chaîne de commandement se trouve un État. Cet État, ce sont les États-Unis d’Amérique ; et le chef des armées de l’OTAN est leur Président.

Nous ne sommes donc pas souverains, mais bien protégés. Les États européens sont les alliés des États-Unis d’Amérique, mais ceux-ci n’ont jamais dû prouver qu’ils étaient nos alliés (Article 5 du Traité de l’Atlantique Nord). Ils ont même parfois prouvé le contraire, lors de la crise de Suez en 1956. Par contre, les Européens ont répondu à l’appel des Américains lorsqu’ils ont invoqué l’article 5 après les attentats du 11 septembre 2001.

L’indépendance, l’autonomie stratégique, imposent de disposer de capacités militaires propres à dissuader tout agresseur et de maîtriser toute la chaîne de production de matériel de guerre, y compris les pièces détachées et les munitions.

François MENNERAT et Jean MARSIA
François MENNERAT et Jean MARSIA
François Mennerat, administrateur de Sauvons l’Europe, et Jean Marsia, président de la Société européenne de Défense, sont membres de l'Union des Fédéralistes européens.

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13 Commentaires

  1. Ah! Un texte court ou tout est dit!
    Merci
    Maintenant, il nous faut un texte prospectif pour savoir comment l’Europe peut faire pour sortir des griffes de l’OTAN sans tomber dans l’escarcelle de Moscou ou autres…..

  2. Tout à fait d’accord, sauf pour ce passage qu’il convient d’amender un tout petit peu: « Ceux-ci n’ont jamais dû prouver qu’ils étaient nos alliés (Article 5 du Traité de l’Atlantique Nord). Ils ont même parfois prouvé le contraire, lors de la crise de Suez en 1956 », une crise néo-coloniale plutôt douteuse où je donnerais personnellement quitus aux USA; un exemple qu’il convient de remplacer par celui, beaucoup plus récent et beaucoup plus significatif, du sabotage de Nordstream, un acte terroriste qui prive l’UE d’un approvisionnement stratégique.

    On a mille fois accusé la Russie d’un possible futur « chantage au gaz » dont elle n’a jamais fait usage, mais jamais les USA d’un « sabotage du gaz » qui est pourtant manifeste (et annoncé à l’avance par cet idiot de Biden).

    • D’accord sur un point avec Philologic. La crise de Suez fut une guerre néo-coloniale franco-britannico-israélienne contre un Etat souverain : l’Egypte. La SFIO fut honteusement partie prenante de cette guerre néo-coloniale.

      • A noter : Les USA ont pris le parti de l’Egypte lors de la Crise du Canal de Suez en contre-partie de l’ouverture de leur marché interieur au grain americain (lorsque les freres musulmans l’ont remis en cause, il y a eu une seconde revolution en Egypte/ General Sissi…). De même, la fin des empires coloniaux (+ libre echange/ reunion en Afrique 1942, de l’Europe libérée à ete un prealable à leur intervention militaire ). Du « Trump avant l’heure ».

  3. Totalement d’accord avec l’article et ses auteurs. Le problème central est que l’on n’a jamais su faire percoler dans l’opinion publique l’idée-clef que le système d’une Europe faite d’Etats-Nations souverains est la cause même de son malheur: deux guerres mondiales et trois fascismes d’une stupéfiante barbarie, des millions de morts, ont fait de notre petit cap de l’Asie, durant la première moitié du XXè siècle, « le continent des ténèbres » (The Dark Continent, Mark Mazower). De là, maîtresse de l’univers au XIXè siècle, l’Europe s’est vassalisée au rang de semi-colonie partagée entre les deux vainqueurs, les USA et l’URSS. C’est dire combien le slogan des souverainistes européens, qui ont aujourd’hui le vent en poupe, MEGA, Make Europe Great Again, est un total et criminel contresens. Par ailleurs, même les moins extrémistes considèrent qu’une Europe, Etat fédéral souverain supranational parlant d’une seule voie au reste du monde, relèverait de l’impérialisme. Pointe avancée de l’aventure humaine, capable du meilleur comme du pire dans lequel elle s’est vautrée sans réserve, l’Europe se devrait vis-à-vis du reste du monde de donner dans le meilleur: être un espace modèle de paix, de prospérité, et d’éthique. Une « soft power » influençant par émulation. Mais à ce modèle contenu en germe dans la déclaration Schuman du 9 mai 1950, on (la France) a dit niet en août 1954. Et niet en 2005. On préfère sans doute se laisser guider par Trump et Poutine. Vox populi, vox dei.

    • Le commentaire de Volpi Remy est passablement confus. La quasi totalité des observateurs (historiens; journaliste; spécialistes des relations internationales et de la géostratégie) est d’accord pour considérer que le régime des Etats Nations en Europe est la cause et la base des confrontations et drames (2 guerres et des despotismes fascistes) vécus au XXème S. en Europe comme ‘dark continent’ Partant, pour dépasser ce régime funeste, la mise en place d’une Europe fédérale supranationale, dont les germes se trouvent dans les vues des pères fondateurs, doit être entreprise et poursuivie jusqu’à son aboutissement. C’est cela aussi qui assoit la motivation de ‘Souveraineté européenne’, sans laquelle chaque état est et restera croupion devant les grandes puissances. Dès lors, il n’y a pas de motif valable pour rejeter ceux qui se revendiquent comme MEGA , espérant par là que les ‘esprits mous et faibles (les bisounours sont trop nombreux) prennent conscience de l’importance de créer une Europe souveraine.

  4. Les européens redécouvrent le vieil adage latin « si vis pacem, para bellum » (si tu veux la paix, prépare la guerre). Mais, pour être forts, il faut être unis. C’est actuellement un problème avec le droit de veto permettant à tout pays européen de bloquer les décisions importantes de l’Europe.
    Pour arriver à une Europe réellement unie et forte, de type Etats-Unis-Européens (EUE), serait il possible d’envisager que, après étude partagée sur les modalités de fonctionnement d’une telle union (par exemple diplomatie extérieure, défense, une partie de la fiscalité, etc.. réservées au gouvernement de l’EUE) la France se mette d’accord avec quelques autres pays (par exemple les 17 pays ayant participé à la récente réunion sur l’Ukraine) pour sortir de l’UE et fonder une entité des EUE intégrée, alliée au restant de l’UE si elle le souhaite, et prête à accueillir dans ce noyau dur intégré les autres pays de l’UE actuelle qui le souhaiteront ultérieurement.
    Il y aura bien sur de nombreux problèmes, par exemple: quelle langue, où mettre la capitale (à Bruxelles, dans les bâtiments voisins de ceux de l’UE…?), comment faire avancer l’idée par des gens de gouvernements qui perdraient l’essentiel leur pouvoir actuel lors de l’intégration des pays…, mais pourquoi pas, si cela permettrait de nous remettre au niveau des USA, Russie, Chine, et de faire subsister en l’améliorant notre vision de la démocratie, qui n’est pas vraiment celle d’un Trump, d’un Poutine, ou d’un Xi Jin Ping?
    Qu’en pensez vous?

    • Vos « préconisations » ont le mérite de contribuer positivement à des réflexions de nature à sortir d’un statu quo souvent ressenti comme paralysant le développement d’une certaine dynamique européenne.
      A titre de complément, il convient de ne pas méconnaître néanmoins un certain nombre de réalités ou de potentialités caractéristiques de l’UE actuelle et susceptibles de répondre ou, du moins, de faire écho à vos propos.
      Ainsi, s’agissant de l’idée d’un accord entre quelques pays pour quitter l’Union et fonder une entité que vous appelez « EUE intégrée » : certes, la voie est étroite, mais le dispositif de Lisbonne actuellement en vigueur comporte déjà un mécanisme conçu à cet effet sous la forme de « coopérations renforcées » dont le principe est posé à l’article 20 du traité sur l’UE (TUE) et dont la mise en œuvre est détaillée aux articles 326 à 334 du traité sur le fonctionnement de l’Union (TFUE). S’y ajoutent des dispositions spécifiques à la coopération judiciaire en matière pénale (art.82 TFUE) et la coopération policière (art.87 TFUE) : dans ces deux domaines, un groupe de 9 Etats membres suffit à enclencher une procédure « pionnière » – quitte à ce que d’autres Etats membres les rejoignent ultérieurement.
      De même, s’agissant d’une diplomatie à mettre en œuvre à l’échelle de l’Union, on ne négligera pas que l’institution d’un « haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité » est une réalité : ses attributions ont été affinées au fil des traités et ce d’autant plus qu’il est coiffé de la double casquette de vice-président de la Commission européenne et de président du Conseil lorsque les Etats membres sont appelés à traiter collectivement des affaires étrangères. Du reste, plusieurs dispositions des traités soulignent le rôle spécifique qui lui est dévolu pour veiller à la cohérence de l’action extérieure de l’Union – ce qui constitue déjà un pas sur le chemin escarpé d’un minimum de rationalisation en ce domaine.
      Pour ce qui est d’une langue commune, on peut, certes, en souhaiter l’affirmation et la promotion (loin des fleurs artificielles de l’espéranto)… mais sans passer sous silence, là non plus, la pratique du multilinguisme qui fait la richesse de l’Europe et s’applique, par exemple, à la publication des actes législatifs de l’UE, en 24 langues actuellement, au Journal officiel de l’UE… quitte à s’en faire le relais, par des canaux appropriés, auprès des citoyens dont la vie quotidienne est tributaire de tels actes.
      Quant à la question tout aussi sensible d’une capitale unique pour l’Union, on se gardera d’entrer dans la querelle des sièges qui, périodiquement, refait surface pour mettre en évidence une rivalité entre Bruxelles et Strasbourg. Notons seulement que, de facto, une indéniable prédominance revient à la capitale de la Belgique pour quantité de raisons d’ordre pratique. Mais il convient de ne pas oublier par ailleurs que la multiplication des « agences » chargées de mettre en œuvre de nombreuses politiques européennes permet à quasiment chaque Etat membre de l’UE de se prévaloir d’une implantation de l’Union : par exemple, Frontex (l’agence de des garde-frontières et garde-côtes) siège à Varsovie ; l’Agence européenne pour l’environnement à Copenhague ; l’Agence européenne des médicaments à Amsterdam ; l’Agence européenne pour les chemins de fer à Valenciennes ; l’Office communautaire des variétés végétales à Angers ; etc.
      Le « Credo » dont il est question dans l’intitulé de l‘article représente un heureux clin d’œil pour affirmer sa foi en l’Europe… mais avec, en complément, des initiatives et des actes concrets qui, dans le contexte de la construction européenne, donnent un relief singulier à la célèbre formule « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors, ils l’ont fait ». Si l’on souhaite ajouter une considération quelque peu perverse, on pourrait demeurer dans le domaine biblique à propos des résultats du referendum de 2005 combinés au sauvetage effectué par le traité de Lisbonne : la pierre rejetée est devenue pierre d’angle…

      • Merci pour ces informations très intéressantes: il serait, me semble t’il, temps actuellement de profiter de ces dispositions de coopération renforcées.
        Mais ces dispositions permettront elles aux pays s’y engageant de se libérer (pour les questions de politique étrangère commune, mais aussi de défense unifiée, et de meilleure intégration économique et financière) d’autres choix majoritaires des autres pays européens non engagés, ou même du veto d’un seul d’entre eux (tels la Hongrie dans le problème ukrainien actuel)?
        Cela ne m’apparaît pas évident, dans la mesure où les pays engagés à la coopération renforcée seront toujours dans l’UE, donc soumis aux décisions du « haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité » et aussi au veto des autres membres de l’UE.
        Qu’en pensez-vous, vous qui me semblez bien informé des règles UE?

  5. On pourra tourner l’affaire actuelle dans tous les sens, ce n’est qu’une nouvelle manière d’exprimer « la raison du plus fort est toujours la meilleure »! Après des siècles de despotisme, napoléonisme, hitlérisme etc. c’est effectivement une douche froide que de s’apercevoir que des populations et cultures issues de l’Europe retournent « à l’état de nature ».

    • La raison du plus fort n’est clairement pas toujours la meilleure, mais sa volonté est malheureusement souvent celle qui s’impose, même quand elle n’est pas la plus raisonnable: sans vouloir être le plus fort, il me semble utile d’être suffisamment fort pour dissuader un plus fort de nous imposer sa « raison ». Et peut être faudrait il, pour limiter notre possible impérialisme futur, inscrire dans notre constitution que l’EUE ne pourra s’étendre à d’autres pays que suite à la demande de cette extension par les habitants de cet autre pays, ou qq chose du même genre.?

  6. Et aujourd’hui, les USA s’allient aux Russes en ce qui concerne l’Ukraine, et une guerre pour détruire l’UE ne les dérangent pas. En tout état de cause, ils ont perdus tous leurs conflits depuis plus de 50 ans. A voir leurs désastres au Viet Nam par exemple, et récemment en Asie.

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