Chacun a en tête le désastre qu’a représenté le plan d’aide à la Grèce lors de la crise de 2010. Les conditions de redressement budgétaire qui y étaient attachées en pleine crise mondiale ont précipité le pays dans la plus grande dépression économique qu’ait connue un pays développé en un siècle. Il est difficile de chiffrer exactement la catastrophe car les chiffres officiels de la richesse nationale étaient falsifiés, mais le PIB par habitant a sans doute chuté d’un quart à un tiers, le chômage a atteint des niveaux qui peuvent conduire à des guerres civiles et la pauvreté a explosé.
Deux éléments ont conduit à cette erreur stratégique : la première est une mauvais estimation technique. Les pays développés n’avaient plus connu de crise majeure et les modèles économiques de prévision n’étaient tout simplement plus calibrés pour les envisager. L’estimation générale était une perte de moins de 10% du PIB, que beaucoup jugeaient acceptable dans les circonstances. La seconde était la volonté de punir la Grèce, qui avait truandé ses comptes, vécu entièrement à crédit et profitait plus ou moins de l’interconnexion des marchés financier pour obliger à une aide. Un certain nombre de pays contributeurs voulaient s’assurer que personne d’autre n’aurait plus cette idée, ce qui impliquait que le plan d’aide conduise à une certaine souffrance.
Dans cette critique de l’aide européenne prison des peuples, on oublie cependant toujours un point essentiel : elle a eu lieu. Ceux qui condamnent sans retour l’action de l’Europe qui aurait « causé » la crise grecque font fausse route. L’Europe est coupable de ne pas avoir fait assez, et à dessein. Mais elle a considérablement aidé. Sinon, comment comprendre que trois partis successifs se soient pliés à ces conditions ? Et que le peuple Grec l’ait accepté, au lieu de voter un Grexit qui n’a rien d’impossible comme le démontre l’exemple britannique ? Sont-ils tous des zombies ? Des pantins manipulés dans l’ombre ? Ou bien tout simplement la crise que la Grèce aurait du affronter seule aurait été encore plus violente ?
Toujours est-il que cette solidarité, bien réelle, se fit de mauvais gré et sous la menace d’une contagion de la crise de la dette publique à d’autres pays. Que les conditions qui y étaient attachées ont grandement réduit son efficacité, ce qui était volontaire. Et que la Grèce a été placée sous tutelle budgétaire de fait, perdant pour le coup une large partie de son autonomie et de sa souveraineté. Pour rappel, la France continue à ignorer superbement les règles de discipline budgétaire depuis trente ans sans aucune conséquence, ce n’est pas le cas de la Grèce.
Une grande partie de la Gauche garde dans sa tête la Grèce enchaînée, jetée dans le cachot européen. La messe est dite, il n’y a plus à y revenir, l’Europe c’est ça. Mais où en est la Grèce, au fait ?
C’est que nous avons beaucoup discuté de remise en cause des règles budgétaire depuis, désormais appliquées par le Commission de façon « intelligente », que nous avons vu avec le coronavirus puis l’Ukraine émerger une logique de solidarité véritable, sans chaînes ni cachot. La Grèce est-elle à l’écart de ce mouvement général ?
La Grèce a remboursé en février de cette année sa dette au FMI, et ne doit essentiellement de l’argent qu’aux autres Etats européens. Cette dette, qui était exclue des programmes de liquidité de la BCE en 2015, y a désormais été discrètement inclue en 2020 avec des programmes d’achat qui assouplissent les conditions d’achat. La dette grecque est donc désormais essentiellement une affaire gérée en famille, et les relations familiales ont changé du tout au tout.
La Grèce a affronté la crise économique du coronavirus dans d’excellentes conditions, grâce à une forte augmentation du déficit budgétaire pour soutenir le pays, puis un plan de relance massif. Les marchés financiers n’ont pas cillé, puisque le pays est désormais sous le parapluie « nucléaire » européen. L’aide européenne que la Grèce a reçue pour le plan de relance représente… 12% de son PIB. Sans condition.
Le remboursement de la dette aux pays européen est désormais envisagé dans un cadre favorable à la croissance, et donc de très long terme. Plus le temps passe, plus les attentes de rigueur financières perdent en ambition. Nous faisons le pari que dans quelques années, comme nous l’avions toujours écrit, les 220% de PIB de la dette grecque feront l’objet d’une isolation et plus personne ne s’attendra à ce qu’elle soit un jour remboursée. La Grèce aura laissé cette crise derrière elle.
Le Pasok, qui avait été rayé de la carte électorale, ressuscite et se trouve aujourd’hui en position de faire un bloc des gauches pour l’emporter avec Syriza, parti qui contrairement à LFI a fait son aggiornamento sur la question européenne.
En une décennie, on est passé du refus de principe de toute solidarité entre pays à la construction effective de soutiens massifs, ponctuels d’abord et qui prennent des chemins de durabilité. La construction européenne n’est pas un carcan technocratique gravé dans le marbre. Elle est le point de rencontre de nos démocraties nationales et ce qui s’y déroule est ouvert au combat politique. Cette solidarité européenne n’advient pas seulement avec l’événement : elle est le fruit des combats politiques menés par les progressistes européens, de l’ensemble des mécanismes de soutien qu’ils ont proposés sous des formes diverses, et qui ont été mobilisés à l’instant ou un consensus s’est formé entre européens.
Notre combat européen, c’est cela. C’est celui qu’il faut mener, au lieu de répudier toute implication européenne comme contraire dans l’instant à nos idéaux. L’Europe n’est pas un drapeau fiché dans le sol, c’est notre étendard et c’est à nous qu’il revient de le porter plus loin au lieu de le laisser à terre.
DEVOILER/COMPRENDRE L’ITALIE CACHE ?
L’Italie est supposée être un Etat de droit. Il est nécessaire connaitre le vrai visage de l’Italie, souvent cachée par la politique et les médias…. malveillants. Si on ne comprend pas la politique caché et la société italienne, qui sont hors standard, un risque pour l’Europe peut apparaitre.
La Commission Européenne vérifie la gestion des gouvernements italiens. Elle s’est probablement aperçue que les promesses des différents gouvernements ne sont pas toujours suivies de faits…Cela n’étonne pas les Italiens, on a l’habitude aux grands mots, pas aux bonnes réalisations ! La Commission va finalement découvrir que pas mal de politiciens italiens trichent ? !
Je vous propose un portrait du « système Italie », que j’ai observé pendant quinze ans depuis l’Europe (où j’ai beaucoup voyagé pour ma profession). La politique italienne est basée sur un principe : “ce qui se dit ne se fait pas, ce qui se fait, on ne le dit pas”. Une méthode qui a engendré la situation sociale actuelle, causée par l’absence d’unité, de tissus et de pacte social, jamais connus et remplacés par la corruption, la méfiance, le laxisme et la pauvreté, bien répandues. Voilà une des raisons pour lesquelles l’Italie a déraillé pendant les derniers 15 ans…
Le système déraillé a raté des opportunités de progrès après la deuxième guerre mondiale, car les intérêts privés dans la politique ont été parfois plus forts que les intérêts publics. Pourquoi ? Le déraillement d’un peuple a été au début lent, puis rapide, en parallèle avec l’avancement de la corruption. Les racines cachées de la crise sociale/économique existaient déjà, il semble d’après l’histoire, il a 100 ans, après l’unification des différentes principautés de la botte. Ce sont les racines que personne a voulu éliminer, par manque d’un tissu social et par la diffusion des magouilles dans la structure de l’Etat.
Les raisons historiques de la crise sont connectées à l’acceptation ses échecs de la politique, au manque de stratégies de progrès, au bas niveau des gestions publiques . Un Etat qui fait semblant de punir le délit et la corruption…. Une société qui n’a pas été unifiée, lors de l’agrégation de diverses principautés, et a poursuivi sa décadence pendant les derniers 25 ans sans que personne ne s’en plaigne. La compétitivité économique italienne est devenue la 44/me dans monde….
Un exemple de gestion publique italienne : un viaduc est inauguré par le préfet et le maire, en présence des citoyens. Le ruban tricolore est coupé dans les acclamations. Trois mois plus tard le viaduc s’effondre sur une voiture. Un mort, deux blessés. Le même accident arrive, la deuxième fois en 2 ans, mais sans morts. L’écroulement récent du pont de Gênes a fait cinquante victimes. La mauvaise qualité des travaux publics, connectée à la corruption, est devenue la routine…., car l’ambitions de progrès n’existe pas dans la politique l’
L’Etat apparait souvent comme un faux semblant. Il n’intervient pas toujours suite aux urgences. Les différents pouvoirs publiques qui agissent dans l’ombre sont nombreux et en lutte perpétuelle entre eux. Un Etat faible laisse grandir les pouvoirs cachés…. Les gâchis de ressources ? Sans contrôle, la gestion est rarement au niveau européen ! L’absurde est que les citoyens, qui n’ont jamais connu un Etat bien géré, considèrent cette faillite comme une normalité… Ils ne réagissent plus à l’absence de l’Etat de droit, de certitudes, de crédibilité. Une des raisons pour la non-réaction est indiquée dans la pièce jointe.
Les conséquences de la mauvaise gestion de l’Etat desderniers 10 ans – les émergences – ne sont pas exceptionnelles. Il est à noter que le manque de capacités de gestion correctes, le manque d’unité des peuples rassemblés, a amené l’Etat à ne pas réagir à la corruption en son sein. Certaines branches de l’Etat sont corrompues. Il s’agit du premier système latino-européen.
La construction de l’eurotunnel Paris-Londres et de la connexion Milan-aérogare de Malpensa se sont déroulées dans les conditions suivantes : eurotunnel, long de 50 km ; la connexion avec l’aérogare Malpensa 10,5 km. Eurotunnel a couté 380 milliards de lires/km. La connexion avec Malpensa, 571 milliards/km. Eurotunnel terminé en 7 ans, la connexion Milan-Malpensa en 17 ans. On pourrait dire : «Laroutine italienne ».
La politique italienne a montré pendant 10 ans qu’une accumulation de problèmes sociaux irrésolus, d’émergences cachées, d’absence de volonté de progrès, amène le système au désastre…. Pour une société qui accepte la magouille dans les institutions, la sélection des hommes politiques se fait par cooptation et copinage plutôt que par professionnalité ; le manque de bons résultats dans les structures de l’Etat est devenu « normal ».
Une confusion dans la vie politique : le mélange d’intérêts publics et d’intérêts privés est souvent dévoilé, presque accepté par la majorité des citoyens, depuis longtemps résignés aux abus des politiciens. Dans la structure de l’Etat on ne voit pas les deux échelles, pour faire monter le mérite et pour faire descendre l’incapacité… Car cet état de fait est intégré à la mentalité italienne actuelle.
Ni les politiciens ni le peuple connaissent les causes de tant de pots cassés. Quand l’Etat ne réponds pas aux besoins des citoyens, il y a des parrains qui le remplacent, à leur manière …. Tout cela explique la perte de compétitivité économique et le début de la pauvreté, bien visibles. La confiance, dans la société, a disparue, chassée par la méfiance. La confiance en soi même a aussi disparue. 2,6 millions sont les déprimés…
Les idées de changement, de corrections, de gestion correcte, de création d’un vrai Etat et d’un tissu social positif peuvent venir uniquement de l’U.E. ! L’Etat actuel est un faux semblant, car le tissu social a disparu depuis longtemps pendant que la corruption avançait. Pas de réaction citoyenne, les gens se limitent à discuter de droite e de gauche… Le réalisme ? Il est absent dans la politique, remplacé par le double langage, trop de mensonges sont tolérés.
Sauver l’Italie ? L’Italie doit être sauvée d’elle même, cela est possible uniquement en lançant des bonnes idées, depuis l’Europe, ainsi que quelques analyses. Des entités non italiennes peuvent définir un bon programme de réinitialisation d’un pays et d’unité sociale dans la société, réfléchi et dévoilé au bon moment. Ne pas sauver l’Italie, ne pas dévoiler la réalité, serait mettre à risque de contagion l’U.E., par des évolutions mafieuses, qui pourraient devenir accablantes.
Le peuple italien souffre (pauvreté, dépression, chômage), a besoin d’évolutions positives, d’un pacte social, de responsabilités dans la politique et de réaliser l’Etat de droit…, mais le peuple (et les politiciens souvent) ne comprend pas le social, car la conscience socialea disparue. Alors qui prendra l’initiative ? S’il y a solidarité en Europe,l’U.E. pourraitdéfinir une analyse, sans faux semblants, qui pourrait donner l’élan initial à un processus de dévoilage de la réalité, susceptible de déchirer le voile qui couvre la souffrance et l’ignorance de la réalitéde beaucoup de citoyens …
Je serais disponible pour un témoignage,en commençant par l’envoi d’articles, basés sur l’enquête sociale que j’ai faite en 10 ans. J’aivoulu comprendre les raisons du manque d’âme d’un pays(mes analyses sont signéesavec mon pseudonyme, il peut être dangereux en Italie d’apparaitre au grand jour quand on dit la vérité !)
Des analyses réalistes, faites depuis l’Europe, pourraient aider une compréhension de la « société sans réalisme » et pourraient dévoiler la vérité à la société, qui ne sais pas mais devrait savoir…. Y a-t-il un risque de contagion pour l’Europe ? En sachant que la corruption en Italie est répandue et puissante.
Dans l’attente de votre réaction à ma proposition, je vous prie d’accepter l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Ulrico Reali (retraité, ex fonctionnaire européen, ingénieur, sociologue amateur)
ulrich33@orange.fr
aggiornamento ? N’y a t-il pas assez de mots dans le vocabulaire français pour s’exprimer clairement ? Ce qui est clair aussi, c’est que les falsifications des comptes de la Grèce ont été commis par ses dirigeants qui eux-mêmes suivaient les conseils des experts de la banque Goldman&Sachs. Ces derniers constituent toujours un lobby très influent auprès des instances européennes. Et ce sont les administrés grecs (la populace) qui ont subis les punitions inimaginables. C’est un miracle que le pays n’est pas explosé. Alors oui, l’Europe a bien fait de réaménager cette dette, surtout après que le pays ait été pillé par ses créanciers. Frapper puis soigner les blessés, est-ce cela la solidarité ? L’Europe a failli en laissant à des vautours le soin d’intégrer la Grèce à l’UE.
La coercition fait-elle vraiment partie de la mission de l’UE ? Si oui, il serait bon qu’elle mette plus de soin à déterminer les responsabilités avant de sévir.
Et toujours cette manie morbide d’évaluer la prospérité en % du PIB.
Ne conviendrait-il pas de nuancer votre affirmation selon laquelle « l’Europe a failli en laissant à des vautours le soin d’intégrer la Grèce à l’UE » ?
Ne visez-vous pas plutôt l’appartenance de ce pays à la zone euro , ce qui est quelque peu différent ?
En effet, pour ce qui est de l’élargissement de l’Union, la Grèce a représenté en 1981 le premier pays sortant d’une dictature à rejoindre celle-ci. Dans ce type d’approche politique,elle a été suivie quelques années après par l’Espagne et le Portugal.
En revanche, sa « qualification » pour la monnaie commune est intervenue juste avant l’entrée en vigueur de celle-ci. Or, je crois me souvenir qu’à l’époque la Commission européenne, consciente de l’impréparation de la Grèce sur ce terrain, n’était pas très chaude pour une telle intégration. Ce sont plutôt les Etats membres qui ont poussé à la roue.
Vous avez raison, il s’agissait de l’intégration de la Grèce dans la zone euro. Vous n’êtes pas plus rigoureux en nommant votre association Sauvons l’Europe. De quelle Europe s’agit-il ? Ce que j’apelle l’UE, c’est l’ensemble des instances dirigeantes de l’UE, Commission Européenne et États membres compris, et je tiens pour responsables de cette triste affaire, l’ensemble de ces acteurs.