Donner une majorité à l’Europe en France !

D’ici la fin de la décennie, nos démocraties auront l’une après l’autre redéfini par leur vote le degré d’ouverture ou de fermeture de nos nations et de notre continent. La crise ouverte au Royaume-Uni, et qui ne fait que débuter, en est un exemple frappant.

Ne nous laissons donc pas divertir par la trame romanesque prise par l’Election présidentielle. Le second tour de cette élection oppose comme lors du référendum français de 2005, deux réponses à la crise des classes moyennes et populaires européennes dans la mondialisation. Ce sera pour la France le choix entre l’Europe Solidaire et la Nation Populiste. Là est le point de rupture entre les alternatives restées en lice au second tour. Là réside la seule chance « populiste » de trouver une majorité en France, notamment autour de l’habile tentation d’un nouveau référendum sur L’Europe.

Européens convaincus, nous savons resté lucides. La seule Europe du Marché Unique, inscrite dans une mondialisation heureuse, n’est plus majoritaire en France, nous le savons bien. Après tant de référendums perdus sur l’Europe, il est donc urgent de porter un message aux classes populaires dont l’adhésion au projet européen sort ébranlée par un quart de siècle de mondialisation à sens unique. Aujourd’hui, l’alliance entre l’Europe et les classes moyennes, ouvertes lors du traité de Rome, s’est délitée faute d’un modèle social et économique régulé, permettant l’organisation d’une vie démocratique fondée sur des classes moyennes pleinement intégrées. «  Le modèle économique européen doit se fonder sur trois principes : la concurrence qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit. » nous rappelle Jacques Delors.

A partir du moment où le budget européen se heurte au plafond de verre des 1% du PIB, sont interdites, de fait, toute coopération et solidarité.  Reste alors une fuite en avant dans la concurrence fiscale, salariale ou sur les exigences environnementales. Au rythme actuel, le manque d’ambition passé ne se rattrapera qu’en une ou deux décennies au mieux. Nous sommes convaincus que l’envie d’Europe se délitera définitivement si le logiciel européen ne s’enrichit pas bien au-delà des succès et des acquis du 20ème siècle. Or, le Brexit et la victoire de Trump nous montrent que les citoyens ne veulent plus attendre et les tenant de la « Nation populiste » arrivent aux portes du pouvoir.

Le second tour de la présidentielle n’est pas un référendum. Là où, en 2005, les multiples voix du Non pouvaient se mêler sans se mélanger, la Nation Populiste portera en mai le visage de Mme Le Pen. Nous espérons que cette différence essentielle suffira pour conjurer tout dommage, mais c’est une bien fragile barrière pour fonder un quinquennat et refonder la confiance entre l’Europe et les Français sans laquelle aucun quinquennat ne peut réussir. La société civile qui porte l’Europe depuis 1948 répondra toujours présent à cette urgence collective

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15 Commentaires

  1. Bel article bien équilibré. « Le modèle économique européen doit se fonder sur trois principes : la concurrence qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit. » Jacques Delors avait compris que l’équilibre nécessite trois points d’appui solides. Mais par qui a t-il été remplacé ? La peuple européen, qui finalement élit seulement un parlement européen qui n’a pas grand pouvoir, a la très nette impression que seule une concurrence sauvage est poussée en avant et que les deux autres jambes sont oubliées, et il pense sérieusement à jeter le bébé avec l’eau du bain. Le Brexit et Trump montrent bien que là n’est pas la solution. Mais alors, quid ?

    • Il faut considérer que l’Europe est un prototype en construction. Cette construction est faite de beaucoup d’erreurs mais elles se corrigent petit à petit. Donc l’Europe est duale : il y a son actualité et son projet.

      Historiquement ce sont les idées venues de France qui cherchent le mieux à améliorer. Cependant pour qu’elle soit écoutée il faut qu’elle soit forte.

      Avec le projet MACRON, basé surtout sur la très forte création d’entreprises et donc d’emplois et de prospérité, elle a toute les chances de redevenir forte. Rien qu’avec son projet, sa voix va rapidement porter pour réaliser deux avancées puissantes : 1) harmoniser la fiscalité ; 2) harmoniser le social. Cela résoudra mécaniquement, la fraude fiscale interne.

    • La concurrence et la coopération ne sont guère compatibles. Quand la concurrence conduit à la notion de compétitivité et que cette dernière repose sur les seuls critères financiers. Elle conduit l’exclusion des plus faibles.
      Je propose la coopération dans le sens du progrès qui serait évalué à partir de multiples critères fondés sur l’humain et ses besoins, mais aussi sur la vie quiet fondée sur l’amour et le lien de l’humanité avec la nature.
      Les slogans lancés tant par MLP que certains fans de la France insoumise n’apportent que la haine porteuse de haine. Il ne faut pas confondre l’insoumission avec la liberté.
      Je préfère avant tout le volontarisme et l’engagement personnel pour une coopération dans la construction du progrès et la lutte contre toute forme d’exclusion.

  2. Tant que nous aurons des décisions de la cour de justice qui rendra des avis visant à remettre en cause notre protection sociale comme celui du 28 avril, Mme Le Pen aura de beaux jours devant elle. Et si ce texte est bien organisé et fait appel au panthéon des dieux européens, il n’apporte aucune réponse concrètes à 70% de la population qui vit avec moins de 1600€ net par mois et qui voit jour après jour se déliter la structure économique de son pays et sa protection sociale. En fait, il serait temps que les pro-européens, dont je suis, redescendent sur terre et cessent de rêver à une Europe qui n’existe pas ou pour un tout petit nombre. En conséquence, il est temps de ranger nos grands hommes au panthéon les dieux européens pour s’occuper concrètement des vivants en priorisant non pas les problèmes de sécurité ou de militaires comme cela semble le cas actuellement avec M Macron mais bien ceux qui touchent la vie quotidienne des gens à savoir le dumping fiscal et social, la régulation de la finance, la fraude fiscale au sein de l’UE, la coopération entre les état membres en particulier avec la Grèce et les pays du sud pour montrer que la solidarité avec les autres peuples n’est pas un mot en l’air mais bien un fait, la mise en place un plan de rattrapage social par transfert budgétaire pour permettre au pays nouvellement intégrer de rattraper leur écart avec notre protection sociale, élaborer de véritables projets européens pour lutter contre les Gafa américains avec l’objectif de conserver nos données, créer de grands centres de recherche et développement pour nos jeunes chercheurs, organiser une politique industrielle à l’échelle européenne et favoriser sur les marchés stratégiques la mise en place de chaines de valeur sur le territoire européen dans le cadre d’une coordination intelligente entre pays. etc….

      • Le problème ne se situe au niveau de la vie des entreprises mais bien dans la logique des politiques mises en place par l’UE. Or dans ce domaine la logique retenue ne s’inscrit pas dans un processus de coopération mais bien une démarche de concurrence et de spécialisation des pays qui repose sur le prix du travail. Par conséquent il n’y a aucune vision commune et équitable. En outre dans ce domaine l’Allemagne n’a aucun intérêt à changer son approche compte tenu de sa domination sur l’UE, l’évolution de sa population active et sa démographie. Or c’est la clé d’une potentielle évolution. Quant à M Macron, il ne sera pas capable de réindustrialiser une quelconque région tant que la politique actuelle développée par la droite européenne avec l’accord tacite d’une partie de la gauche restera sur les principes retenus depuis 2 décennies et mise en oeuvre par M Baroso. Dans ce cadre, les petites mesurettes proposées par l’actuelle commission en matière sociale ne changeront rien à la logique actuelle. En fait on voit bien que l’UE s’occupe des problèmes financiers ou sociaux uniquement en fonction du rapport de force et de la peur d’une montée incontrôlable des populismes et non pas selon un objectif de développement équitable et organisé. Or c’est bien là le drame puisque l’UE nous avait été présentée, y compris encore aujourd’hui, comme une solution pour progresser et améliorer le sort des 600M d’habitants du continent.

        • L’emploi c’est l’entreprise et rien d’autre ! Emploi = France Forte.
          ET il faut comprendre que l’Europe ne s’améliorera que sous l’impulsion d’une France forte. Tout est là.
          .

          • Le il y a qu’a et il faut que n’a jamais réglé les problèmes mais permet de faire rêver ceux qui ont besoin de croire. Quant à l’emploi, lequel ? des petits boulots à temps partiel pour 35% de la population avec la multiplication des contrats courts comme dans tous les pays d’Europe avec une taux de pauvreté de 17% comme en Allemagne ?
            Faut-il rappeler que nous avions 7% de chômage en 2008 un endettement proche de 70% du PiB et un déficit public à peine supérieur à -3% et depuis on nous assène qu’il faut tout revoir car nous avons dû financer les errements d’une finance hors de contrôle et cela continue. Dans ce domaine, l’UE et la commission gesticule mais les résultats réels se font attendre et nous n’avons plus le temps…

          • Non pas de petits boulots mais l’investissement massif en France fera de vraies entreprises dans les domaines modernes avec plein d’emplois à la clé.
            Y-a-t-il une autre solution que s’unir pour une France Forte ?

          • les slogans ne font pas une politique surtout quand les gens prennent conscience du grand écart entre ce qu’ils annoncent et la réalité.

    • ABSOLUMENT! L’enjeu, c’est bien l’économie-casino qu’il faut infléchir. Vous dites qu’on a le choix entre une Europe solidaire et une nation populiste…solidaire comment ? les plans de monsieur Macron ne disent pas ça du tout ! Je ne veux pas de Lepen, mais mascron ne me satisfait en rien et promet seulement de continuer en accélérant le programme Hollande. Alors le changement c’est pour quand ? Il y a du grain à moudre chez M. Macron

  3. Pour sortir de l’impasse actuelle (et avant que tout s’effondre finalement), je ne vois qu’une refonte structurelle de type confederation d’états-nations pour l’Union-européenne. Il faut avoir le courage de mettre autour d’une table les socialistes et les souverainistes pour redéfinir le projet européen.

    • Les mots ont un sens : la souveraineté de type nationaliste n’a aucune chance devant les grands pays continents qui imposent leur règles aux structures isolées.

      Arrêtez de rêver ! La vraie souveraineté est de produire chez nous, dans le cadre de l’Europe. Exemple : il faut plus de 1000 G€ pour produire en Europe tout le numérique que nous importons (à leur conditions).

      La France isolée peut-elle le faire ? Non . Donc une Europe resserrée (à 8 par exemple) peut harmoniser la fiscalité et le social et repartir sur de nouvelles bases. Mais pour ce faire, il faut une France forte (projet MACRON) qui attire les investissements pour créer des entreprises à tout va ! Créations → Emplois et mécaniquement les syndicats pourront négocier de Bons Salaires.

      Tout le reste est du baratin d’irresponsables qui ne connaissent pas l’économie.

      • J’ai oublié aussi la Paix garantie depuis la création de l’Europe ! Rappelez-vous avant, les guerres tous les 30 ans !

        Il suffit de regarder l’histoire : le nationalisme a toujours débouché sur la misère* et la guerre. Nous sommes des patriotes et non des nationalistes comme Hitler. Revoir le sens des mots plutôt que de se saouler de formules simplistes.

        * ce niveau de misère c’est la famine et la mort pour des millions de gens !

  4. Je tiens à préciser quelque chose.
    1. La paix en Europe est fini avec les guerres qui ont suivi la désintégration de la Fédération Yougoslave.
    2. L’idée d’une Europe solidaire, ouverte, transnationale, laïque, respectueuse des droits humains est morte lors du siège de Sarajevo, Tuzla; elle est tombée dans les eaux de la Neredva avec les débris du pont de Mostar bombardé par les Hustacha croates.
    2. Le traité constitutionnel refusé par referendum en France et dans les Pays Bas en 2005 était conçu pour empêcher toute velléité fédéraliste au projet d’intégration européenne. En effet, le contenu du TCE on le retrouve dans le Traité de Lisbone.
    3. Les chefs d’Etat et de gouvernement depuis ont confirmé M. Barroso à la tête de la Commission Européenne pour garantir l’immobilisme et la man mise du Conseil Européen sur le fonctionnement de l’UE.
    4. Si les membres du Groupe Spinelli et les autres fédéralistes qui sont présents dans la société civile, dans les mouvements politiques, dans le partis, dans les instituions européennes et dans celles des Etats membres n’arrivent pas à imposer une agenda cohérente et détaillée pour former la Fédération des Etats (ou pourquoi pas des Régions, des Provinces et des Villes) Unis d’Europe, dans quelque années on se retrouvera dans processus qui pourra nous amener à une guerre genéraliée de tous contre tous.
    5. Le temps nous est compté. Macron et qui le soutienne ont la responsabilité de se positionner sur ce point 4 pour convaincre les indécis et celles et ceux qui voterons Macron uniquement pour barrer la route à Mme Le Pen.
    6. Aux législatives de juin votons les candidats et les candidates qui s’engagent pour porter la demande d’une assemblée constituante à niveau européen.
    Bien à vous

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