Dotations du monde associatif: corde raide ou noeud coulant ?

Sensible par nature aux problèmes touchant le monde associatif, Sauvons l’Europe a choisi de relayer un cri d’alarme poussé au cœur d’un terroir des Hauts de France frontalier de la Belgique.  Enracinée à Fourmies, jadis ville-symbole d’importantes luttes sociales, la Maison de l’Europe de la Grande Thiérache témoigne d’un dynamisme très apprécié dans la région, à l’image de son porte-parole, Philippe Tabary, auteur de l’éditorial. Ce dernier, ancien fonctionnaire européen  – et écrivain local à ses heures – tire la sonnette d’alarme au vu des restrictions de financement qui affectent les associations, surtout en milieu rural. Le constat s’avère à cet égard d’autant plus préoccupant que tant les autorités nationales qu’européennes semblent conjuguer, même fortuitement, leurs « inhibitions » respectives.

Le monde des associations est de toute part sur le qui-vive : avec le vote des budgets annuels des collectivités de tous ordres commence en effet à parvenir l’annonce des montants accordés aux diverses structures bénévoles, sportives, culturelles, sociales, patriotiques, etc. qui ne sont le plus souvent riches que de leur bénévolat et du désintéressement de leurs dirigeants. Or ce bénévolat lui-même a déjà tendance à se raréfier, les structures dirigeantes à vieillir, le tissu associatif, pourtant si indispensable à la bonne marche de nos sociétés, à s’effilocher, compromettant la bonne cohésion de nos cités et de nos générations.

Côté finances, la situation n’est pas plus reluisante : les séquelles d’une crise économique qui tarde à s’estomper, le poids de l’endettement cumulé, les transferts croissants de charges, pas toujours compensés, entre l’Etat et les collectivités font que, dans un monde vieillissant et où les dépenses sociales ne cessent de croître, contrecoup d’un vieillissement démographique par ailleurs fort heureux en soi, la marge de manœuvre devient de plus en plus étroite. Et parallèlement, les recettes traditionnelles se raréfient elles aussi : les cotisations arrivent de plus en plus tard et se font de plus en plus rares, les manifestations les plus habituelles voient un dédain certain du public. Bref, les Trésoriers des associations sont plus souvent confrontés au Ramadan qu’à l’apoplexie !

Il en est hélas de même pour les aides européennes : ainsi Bruxelles a-t-il décidé de bloquer au même niveau, pour les 3 années prochaines, la dotation destinée à financer le réseau Europe Direct, dont tout le monde dit le plus grand bien. Et comme entre-temps le nombre de postulants a doublé, des choix répondant à une alchimie mystérieuse ont été opérés, avec un accent très net pour les grands centres urbains et les postulants nouveaux. Résultat : notre Maison de l’Europe, et avec elle nombre de ses collègues sur tout le territoire, est passée à côté de la manne ! Perte sèche : 25 000 € par an sur un budget de quelque 100 000 € ! Et cela, à quelques mois des élections européennes, pour lesquelles un effort sans précédent d’information et de sensibilisation est nécessaire si l’on veut éviter le Trafalgar de la mobilisation enregistré en 2009 et 2014, avec une abstention frisant ou dépassant les 60% !

Nous en appelons donc aux élus et forces vives du territoire : si l’on veut garder à notre région cet outil sans équivalent que représente une Maison de l’Europe, sachant que la plus proche est à Douai (100km !), l’heure est à la mobilisation : à titre individuel en rejoignant les rangs de nos cotisants (15 €/an) ; à titre collectif, en défendant et en revalorisant la dotation qui nous est attribuée. Pour nous le choix est clair autant que cornélien : ou bien nous aurons les moyens de nos ambitions pour ce territoire et pour l’Europe elle-même, ou bien nous devrons nous restreindre aux ambitions de nos moyens !

Philippe Tabary

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4 Commentaires

  1. Eh oui, même les associations favorables à « l’union » européenne subissent les conséquences de ses décisions.

    • Eh bien, pour une fois, je vous rejoins tout à fait !
      La seule question subsidiaire que je me pose est de savoir ce qu’il en serait si les gouvernements nationaux – qui tiennent jalousement et frileusement les cordons de la bourse à travers ce que l’on appelle dans le jargon technocratique les « perspectives financières » de l’UE – accordaient une dotation globale plus en rapport avec les missions qu’ils ont confiées à l’UE, c’est-à-dire un montant budgétaire un peu plus décent…

  2. Tant le gouvernement français que la Commission ont assez clairement indiqué qu’ils ne souhaitaient pas une participation active des associations pro-européennes dans les prochains débats/manifestations/consultations qu’ils sponsorisaient. La raison semble être le souci de préserver la neutralité des échanges et de ne pas sembler favoriser le parti pro-européen.
    Le même raisonnement s’applique au financement de ces associations.
    Cette attitude n’est pas nouvelle : elle a prévalu lors du referendum de 2005 et lors des élections européennes.
    Avec les résultats que l’on connait.
    JGG

  3. Les associations en France ce sont environ 800 000 emplois. Le bénévolat disparaît. Là où je milite depuis 35 ans, nous avons dépassé largement les 70 ans pour plus de la moitié du CA… Nos difficultés ne sont pas tellement financières qu’humaines. L’engagement citoyen des familles a quasi disparu. Si les collectiovités territoriales ont diminué les aides, souvent c’est parce que certaines associations ne rendent pas le service espéré ou que celles-ci accueillent des adhérents d’autres communes, par exemple. Le problème est très complexe. Pour l’action que je mène, l’initiation à l’écoute de la musique classique pour les élèves des 60 écoles de l’agglomération où je réside, je reçois sans difficulté des subventions au titre de la cohésion sociale. Deux subventions ont même été augmentées, J’ai reçu aussi des aides exceptionnelles … Donc c’est bien plus un question de bénévoles qu’un problème de subventions. Souvent les dossiers de demande de subventions sont mal rédigés. Il faut utiliser un vocabulaire précis.

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