56,9 % en moyenne dans l’ensemble de l’UE, 59,5 % en France ! Le 1er enseignement de ce scrutin est assurément le taux d’abstention abyssal et invariablement croissant depuis 30 ans, pour l’élection de députés au suffrage universel direct.
Dans le cas français, la faute en incombe entre autres à un mode de scrutin illisible : sous prétexte, légitime en effet, de rapprocher l’Union Européenne de ses citoyens, on a créé de toutes pièces des « eurocirconscriptions » sans logique territoriale. Pourtant, tant le mode de désignation des listes que la campagne, souvent menée par des chefs de partis non-candidats, ou encore la grille d’analyse des résultats demeurent nationaux. Dans ces conditions, autant revenir à un scrutin de liste national, assorti d’un vote préférentiel, comme il est pratiqué dans 17 des 27 Etats membres de l’Union Européenne : les citoyens ayant ainsi la possibilité de modifier l’ordre des candidats retrouveront peut-être dès lors le chemin des urnes…
L’absence de dynamique politique réellement européenne, s’incarnant dans des personnalités différentes proposées par les partis européens pour la direction de la Commission Européenne, a également contribué à l’apathie des électeurs. Enfin, le sentiment diffus, voire largement partagé, de l’absence d’impact de ce vote sur la vie quotidienne des citoyens, confrontés à une crise économique et sociale sans précédent, a sans doute achevé de détourner la population des bureaux de vote.
L’autre leçon de ces élections européennes réside dans le succès et la progression, spectaculaire en France, du vote écologiste. A défaut de capacité d’emprunt ou d’un budget européen conséquent, l’Union Européenne est perçue comme impuissante sur le front économique et social : les ripostes apportées à la crise restent alors désespérément cantonnées au territoire national de chacun des Etats membres de l’Union Européenne. A l’inverse, les citoyens perçoivent nettement que les réponses à la lutte contre le réchauffement climatique s’établissent à l’échelle du continent européen : le vote en faveur de l’écologie politique a été un vote utile, fondamentalement européen, et cet élan d’adhésion doit dès lors impérativement trouver un débouché.
La droite conservatrice reste la sensibilité principale représentée au Parlement Européen. Pour autant, elle ne fera pas seule l’élection à la présidence de la Commission européenne, pas plus qu’à celle du Parlement européen. Cogestion ou dynamique politique, il va falloir enfin décider. Dans ces conditions, faire obstacle à la réélection de José Manuel Barroso à la tête de la Commission Européenne n’est pas une bataille politique sans lien avec celle pour la Présidence du Parlement européen. Cette dernière devra tout particulièrement reconnaître la dynamique spécifique que constitue pour l’avenir de la construction européenne l’écologie politique. L’élection à la présidence du parlement européen peut être l’occasion de proposer, au delà d’un marché unique, un espace écologique européen. Il en va de la crédibilité de l’Union Européenne à la veille de la prochaine conférence de l’ONU sur le climat qui doit se tenir à Copenhague en décembre 2009.