La pauvreté infantile touche 3 millions d’enfants en France selon l’Unicef. Il ne s’agit pas un problème social isolé mais un révélateur des failles de notre modèle de protection sociale. Face à cette urgence, les réponses politiques peinent à combler le fossé entre ambitions déclarées et réalités territoriales.
Nous déplorons un cadre institutionnel fragmenté avec, certes, des dispositifs existants, mais qui souffrent d’un manque de coordination et de moyens adaptés.
Je pense notamment à plusieurs dispositifs :
- Pacte des solidarités 2024-2027 : bien que centré sur la prévention de la pauvreté dès l’enfance, il reste dépendant de la bonne volonté des collectivités locales.
- Réseau Unicef Villes amies des enfants : malgré ses 300 municipalités engagées, il peine à déployer des plans d’action homogènes face à des réalités territoriales contrastées.
- Garantie européenne pour l’enfance : son application en France reste timide, notamment sur l’accès aux loisirs ou à l’alimentation saine, faute de financements pérennes.
Il semble pourtant essentiel d’investir dans la petite enfance.
C’est pourquoi, il nous faut mieux accompagner le Service public de la petite enfance, notamment les crèches, qui sont identifiées comme un pilier pour de nombreuses familles.
C’est une question d’égalité aussi car elles demeurent un idéal inaccessible pour beaucoup.
En finir avec le système mortifère de reproduction sociale
Le projet de service public de la petite enfance d’ici 2030 doit être accéléré, avec davantage de places dont certaines réservées aux familles les plus fragilisées, mais aussi une meilleure formation de tous les personnels, ainsi qu’une revalorisation salariale nécessaire.
Nous devons mettre fin au système mortifère de reproduction sociale. Nous le savons, les enfants pauvres deviennent souvent des adultes pauvres.
La question du non-recours aux aides sociales est aussi un problème qu’il nous faut régler. L’automatisation des versements permettrait aux citoyens qui connaissent de grandes difficultés d’être mieux accompagnés et surtout de bénéficier de l’ensemble des aides auxquelles ils peuvent prétendre.
L’Union Européenne a un rôle central à jouer dans cette lutte contre la pauvreté infantile, même si cette politique relève principalement des Etats membres. Elle peut néanmoins renforcer les initiatives de ces derniers et mobiliser principalement les politiques de cohésion sociale.
je ne comprends pas : quel est le lien de cet article avec l’Europe ?
Parce que la reproduction et le creusement des inégalités sociales sont la conséquence des politiques économiques menées par les instances européennes (commission et conseil) depuis plus de quarante ans. La pauvreté notamment infantile n’est pas le triste privilège de la France, mais est commune aux 27.
Je ne suis pas sur qu’un ministère de l’enfance aurait été une bonne idée : il aurait sûrement été confié à Elisabeth Borne !