Euro-manifestation : le mouvement syndical contre l’austérité

Les organisations françaises, avec le mouvement syndical européen, ont récemment appelé à une journée de mobilisations et de manifestation le vendredi 13 octobre dernier, en marge du Conseil « affaires économiques et financières » qui se tient ce 17 octobre. Le temps fort de cette mobilisation est une euro-manifestation à Paris, contre l’austérité et pour l’augmentation des salaires, des pensions et l’égalité femme-homme. C’est la première mobilisation européenne de cette ampleur depuis des années. Alors que les revendications autour de la solidarité, la transition écologique juste et contre les politiques d’austérité sont largement partagées en Europe par le mouvement syndical et les forces progressives, ce mode de mobilisation massive est apparu nécessaire pour défendre les droits des travailleurs et des travailleuses. Après un mouvement social intense au printemps contre la réforme des retraites, porté par une intersyndicale unie, le choix d’organiser cette manifestation en France est un symbole fort.

Les euro-manifestations, moments forts de solidarité

La réponse catastrophique apportée à la crise financière et économique mondiale de 2008 a plongé des millions de personnes dans la précarité. En réaction, la mobilisation européenne s’était notamment traduite par l’organisation de nombreuses euro-manifestations pour protester contre les politiques d’austérité mises en place par les institutions européennes et les gouvernements nationaux. Ainsi, en 2011, quatre journées d’action ont été organisées, à Bruxelles, Budapest, Luxembourg ou Wroclaw, mobilisant plus de 50 000 personnes à chaque date sous le mot d’ordre « Non à l’austérité — Pour l’Europe sociale, pour des salaires équitables et pour l’emploi ».

Lors de son 13e congrès organisé à Berlin en mai 2023, la Confédération Européenne des Syndicats a décidé d’appeler à se mobiliser dès le mois de juin, par l’organisation de nombreuses manifestations nationales et de plusieurs euro-manifestations, dont celle du 13 octobre à Paris. Un observatoire sur l’évolution de l’inflation et les mesures d’austérité a été mis en place également.

De fait, les mobilisations dans les différents pays européens ont été nombreuses cette année. Les revendications sont nombreuses car la situation se détériore rapidement sans que les gouvernements et les institutions européennes n’apportent des solutions concrètes pour les travailleuses et travailleurs. En effet, les salaires réels ont baissé de façon spectaculaire et sont bien en deçà de l’inflation, alors que les profits explosent dans la plupart des grandes entreprises. La dégradation du pouvoir d’achat a été exacerbé par les attaques contre les droits syndicaux et les conditions de travail, tandis que les tentatives de criminalisation de la solidarité syndicale internationale sont de plus en plus inquiétantes.

Par ailleurs, les atteintes au droit de grève se sont multipliées dans différents pays, dont en Belgique avec le projet de loi du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, qui pourrait donner aux juges la possibilité d’interdire à des « émeutiers » de manifester pendant un certain temps, mais qui risque de devenir un levier pour restreindre également les manifestations pacifiques.

Un risque fort d’un retour à l’austérité

Les réponses de l’Union européenne et de ses États membres aux conséquences sociales et économiques de la pandémie de COVID ont été plus efficaces et solidaires que lors de la crise de 2008, en suspendant notamment les règles du pacte de croissance et de stabilité, qui fixe notamment un critère de déficit public à 3% du PIB. Pourtant, aucun accord n’a été trouvé pour le moment sur une réforme de ces règles budgétaires, et la clause dérogatoire expire au 1er janvier 2024, alors que le retour de mesures d’austérité vient menacer les services publics et les systèmes de solidarité nationaux.

Ainsi, la confédération européenne des syndicats estime qu’à partir de janvier, et si aucun changement n’intervient d’ici-là, quatorze États membres devront drastiquement réduire leurs dépenses ou les compenser en levant un montant équivalent par le biais de la fiscalité au titre du nouveau pacte de stabilité et de croissance. En France, les coupes budgétaires de plusieurs milliards d’euros représenteraient l’équivalent de 371 888 postes d’infirmières. Il est urgent – et ce sont les demandes du mouvement syndical – que la suspension des règles budgétaires de l’UE soit prolongée, afin de permettre l’ouverture d’un débat en bonne et due forme sur les conséquences et les alternatives au rétablissement de l’austérité.

Chloé Bourguignon
Chloé Bourguignon
Responsable syndicale spécialiste des questions européennes et internationales.

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4 Commentaires

  1. Un débat sur les conséquences et les alternatives au rétablissement de l’austérité est une demande du mouvement syndical…Malheureusement pour la plupart des salariés, au cours des trente dernières années, les états et leurs représentants , en même temps qu’ils soutenaient leurs « champions économiques » ont sciemment négligé cette représentation en minimisant ses rôles pour que les salariés puissent devenir une variable d’ajustement dans le calcul des profits.
    Autrement dit, si vous êtes salarié : syndiquez-vous !

  2. Bonjour.

    Toujours et encore la même même recette, nos gouvernants privatisent les profits, les subventions et aides d’état pour une minorité de nantis, ils collectivisent les dettes ?

    Il suffit d’analyser la crise des subprimes de 2008, des dettes souveraines 2010-2012, du Covid pour comprendre.
    Il me semble même que la dette du Covid devait être cantonné comme une dette éternelle (absurdité dans le raisonnement) ,?

    On parle aujourd’hui d’austérité mais pour qui ?

    Pour vous et moi, surtout pas pour les plus nantis qui se servent de la crise économique actuelle pour faire de super profit.
    Il est mainte fois signalé l’idée d’une taxation, on en parle, on ne le fait jamais, on nous enfume ?

    Que dire de l’état qui maintient l’indexation des diverses taxes et prélèvements liès à ‘augmentation des prix, ils remplissent les caisses de l’état non pour diminuer la dette mais pour mieux gaspiller.

    Les syndicats, ils ont pour moi perdu toute crédibilité, leur mode de fonctionnement dans les entreprises et sans doute ailleurs est un véritable scandale, ce sont pour la majorité des cas des planqués, la la fonction syndicale qu’ils occupent est un simulacre, représentent’ils vraiment le monde du travail, j’es doute ?

    Une seule réponse à l’Austérité, la taxation des plus riches et des super profits, une taxation de nos élus et de nos gouvernants (ils doivent donner l’exemple ?), une répartition beaucoup plus juste du fruit du travail, le remboursement de la dette qui est une véritable bombe à retardement.

    Seule une manifestation qui mettra en avant ces divers points sera crédible d’après moi.

  3. rester passif, marcher en groupe de mouton, et prenner des coups de mattraque de ss crs , du roi macrote 1 er , que vous avez élu 2 fois, ah ah ah

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