Les manifestants pro-ukrainiens ne se rassemblaient plus ce dimanche devant l’ambassade de Russie, mais bien devant celle des Etats-Unis ! Une illustration de la révolution copernicienne qui frappe l’Union européenne, jour après jour, au gré des tsunamis amers en provenance de la Maison-Blanche. Plus que jamais l’Europe a besoin, non seulement d’unité, mais de faire monter ses meilleurs talents en première ligne.
Or, tel l’Etna ou le Vésuve, Mario Draghi, vient de refaire irruption au cœur de la bulle bruxelloise. Le 18 février dernier, il lancé un véritable coup de gueule contre les dirigeants de l’Union européenne et de ses États membres, stigmatisant leur incapacité et leur lenteur à prendre des décisions pourtant « existentielles » pour l’Europe.
Lors d’un énième débat organisé sur son rapport, Mario Draghi a tenté de réveiller les Européens avec une franchise qui a laissé ses auditeurs pantois. « Le confort est terminé » pour l’UE, a assené Draghi aux Parlementaires présents. « Il devient de plus en plus clair que nous devons agir de plus en plus comme un seul État », a averti l’ancien président du Conseil italien. Ajoutant : « Notre réponse doit être rapide, car le temps n’est pas de notre côté. »
Il a notamment rappelé la nécessité d’interroger le modèle décisionnel de l’UE : « L’unanimité continuera-t-elle à être le principe directeur essentiel pour la prise de décisions dans notre Union ? ». Avant d’ironiser en rappelant : « Nous avons un si long passé d’incapacité à parvenir à des conclusions et d’hésitations, qu’il nous est difficile de croire que les choses peuvent changer à l’avenir et que nous allons apprendre à être différents, à prendre des décisions rapidement et efficacement. »
Enfin, Draghi s’en est pris à l’immobilisme de certains Etats membres sans épargner l’Allemagne : « On dit non à la dette publique. On dit non au marché unique. On dit non à la création d’une union du marché des capitaux. On ne peut pas dire non à tout. Sinon vous devez aussi admettre, pour être cohérent, que vous n’êtes pas capable de maintenir les valeurs fondamentales pour lesquelles cette Union européenne a été créée. Alors, quand vous me demandez ce qui est mieux, ce qu’il faut faire maintenant, je réponds : je n’en ai aucune idée, mais faites quelque chose ».
Ce n’est un secret pour personne, les recommandations du rapport Draghi – présenté en septembre dernier – sont à ce jour la seule recette disponible à Bruxelles sur « la manière de lutter pour nos propres valeurs existentielles ». Seul hic : le traitement a un coût, de l’ordre de 800 milliards d’euros par an, que l’actuelle présidente de la Commission européenne est bien incapable de mobiliser sur sa seule équation politique. Y aurait-il alors une erreur de casting à Bruxelles ? Car, pour paraphraser une publicité restée célèbre, « qui mieux que Draghi pour exécuter le rapport Draghi ? ».
Excellent article.
Excellent en effet, on croirait lire Ionesco ou Breton. C’est surréaliste : l’UE hésitante et inefficace pourrait, pour seulement 800 milliards de plus (par an ?) , devenir efficace et déterminée ? Mais qu’attendons nous ? A ce prix, c’est donné. Et notre confiance de citoyens leur est acquise, seuls les platistes antisémites peuvent douter du bien fondé des orientations décidées par Ursula ni élue ni réelue mais toujours en place…