« Jean-Claude Juncker devrait être le pape François de l’Union européenne »

Philippe Moreau-Chevrolet est président de MCBG Conseil, agence de communication spécialisée dans le conseil aux dirigeants. Il a débuté sa carrière dans le journalisme (La Tribune) et la réalisation (TF1, Arte et France 5 notamment). Il a dirigé une maison d’édition, les éditions Danger Public, au sein du groupe La Martinière Le Seuil. Il a été le conseil des Présidents du CRAN (Conseil représentatif des associations noires) et a fait le saut dans la communication en travaillant auprès de Natalie Rastoin au sein du groupe Ogilvy. Il a accepté de répondre aux questions de Sauvons l’Europe sur le déficit de communication dont souffrent les institutions européennes, et au premier chef la Commission européenne.

Le personnel politique français utilise souvent l’UE comme un bouc émissaire, pourquoi est-il si facile de recourir à cet artifice de communication ?

Les femmes et hommes politiques exerçant aux échelles locale et nationale ont l’avantage de pouvoir communiquer avec une certaine proximité vis-à-vis de leurs électeurs. Ils sont présents médiatiquement, et ont en général les codes culturels adéquats pour s’adresser à leurs concitoyens. Inversement, l’UE, et notamment la Commission européenne, est vue comme une institution élitiste, hors-sol, technocratique et éloignée des préoccupations des citoyens. Elle constitue donc un parfait bouclier pour le personnel politique français. Ce hiatus offre un boulevard aux souverainistes, et donne du grain à moudre aux populistes. L’Europe apparaît ainsi à la fois comme un instrument d’oppression des peuples et une structure froide qui prive les nations de leur souveraineté. Cerise sur le gâteau, l’Europe est vue comme un le moyen pour caser les « copains incompétents ». Lorsqu’on envoie Nadine Morano au Parlement européen et Pierre Moscovici à la Commission, on communique que l’UE n’est pas véritablement utile. Ou tout du moins pas prioritaire.

De quels maux souffre la communication de la Commission européenne à l’heure actuelle ?

Par le grand public, l’UE est généralement vue comme un instrument qui va à l’encontre de la volonté des peuples et qui prive les Etats-nations d’une part de leur souveraineté. Au-delà des aspects purement communicationnels, le référendum de 2005 a laissé des traces dans notre pays. Quel que soit le sentiment que l’on pouvait nourrir à l’égard du texte proposé, les Français ont souverainement voté contre. Or, en 2007, la France a ratifié le traité de Lisbonne, qui reprend sensiblement l’essence du texte rejeté. Dès lors, il devient difficile pour la Commission européenne de communiquer des valeurs démocratiques et humanistes, valeurs qui sont pourtant à la base du projet européen. Le « paradoxe démocratique » européen est au fond sa principale faiblesse vis-à-vis des peuples.

En outre, on ne parvient plus à communiquer des valeurs positives, à susciter un désir d’Europe. Aujourd’hui, la communication européenne ne s’appuie plus que sur les conséquences négatives d’une absence d’Europe et des arguments historiques. On explique ce qui adviendrait si l’Union européenne ou l’Euro étaient démantelés. Ce raisonnement spéculatif ne peut susciter l’adhésion. En outre, on se contente d’ânonner que « l’Europe, c’est la paix », ce qui est sans doute vrai mais qui apparaît comme quelque chose de simplement normal aujourd’hui, notamment auprès des jeunes générations.

D’un point de vue technique, comment la Commission pourrait-elle corriger son déficit d’image ?

Les deux mots-clés sont « régularité » et « proximité ». La Commission a une représentation en France, mais d’une part, ceux qui la composent changent régulièrement, en moyenne tous les 2/3 ans, et d’autre part, ils sont souvent de très bons fonctionnaires qui ont su gravir les échelons, mais n’ont pas forcément la capacité à communiquer un message. En installant à plus long terme ses représentants, la Commission pourrait tisser des réseaux médiatiques en France et propager son message à l’échelle du pays. De plus, avec des représentants identifiés et installés, les Français pourraient s’attacher et progressivement et développer un vrai sentiment d’appartenance envers l’UE. Plus généralement, l’UE devrait décentraliser sa communication à l’échelle de chaque pays pour mieux cibler son message et pour pouvoir s’inscrire dans les débats nationaux.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est censé incarné l’Europe. Comment est-il perçu ?

Pour les Français, M. Juncker apparait comme totalement déconnecté des problématiques nationales. En outre, il incarne de façon stéréotypée l’image d’une élite étrangère, et libérale, dans un contexte où les Français expriment un profond désir de protection. Pour ne rien arranger, il a dirigé un pays qui est considéré, à tort ou à raison, comme un paradis fiscal, à savoir le Luxembourg. De plus, il ne communique pas directement avec les Européens. Il devrait être bien plus présent, sur les réseaux sociaux, et accorder régulièrement des entretiens à des médias locaux (N.D.L.R. : Jean-Claude, si tu nous lis, c’est quand tu veux pour un entretien avec nous). On pourrait penser que ce que je dis-là est infaisable lorsque l’on doit s’adresser à un territoire aussi étendu que celui de l’UE qui comprend en outre une multiplicité de langues. Or, on constate que le pape François, qui a un « terrain de jeu » bien plus étendu et diversifié que l’Union Européenne arrive à imprimer une image positive et moderne grâce à une communication très efficace. Jean-Claude Juncker devrait être le « pape François » de l’Union Européenne. Mais il faudrait alors que la Commission européenne procède à un véritable changement culturel. Autour de Michele Obama, il y a plus de 80 personnes qui l’aident à tenir son rang de First Lady, rien n’est laissé au hasard. M. Juncker en mériterait bien autant. A moins que l’on ne considère que le rapport aux peuples de l’Union Européenne est un détail ?

Faisons un peu de politique-fiction, si vous étiez la conseiller à la communication de M. Juncker, comment auriez-vous géré l’épisode des négociations autour du « Grexit » ?

Il est vrai que la communication autour des négociations avec la Grèce n’est pas simple pour la Commission. Les leaders grecs sont relativement jeunes, ils sont dans la quarantaine, sont assez charismatiques, on peut notamment évoquer Ms Tsipras et Varoufakis, et ont une communication efficace à travers la puissance de leur message (David contre Goliath) la manière avec laquelle ils s’habillent (en chemises et jeans), et leurs usages des réseaux sociaux. En face, les fonctionnaires européens avaient peu de chance d’emporter la bataille médiatique. La Commission aurait dû bien plus communiquer, notamment sur les réseaux sociaux et dans les médias nationaux, en annonçant, bien sûr avec parcimonie et intelligence, des éléments de négociation ou des propositions de sortie de crise formulées aux officiels grecs de façon à les mettre sous pression. En réalité, la maîtrise des codes de la communication actuels par les Grecs leur ont permis de constamment placer la Commission sur la défensive. Or comme aux échecs, en communication, celui qui ne fait que réagir est toujours le perdant. Puisqu’il subit la stratégie de l’adversaire. Le premier besoin de la Commission européenne serait peut-être, par ailleurs, d’avoir une stratégie de communication. Que veut-on communiquer sur le fond ? Quel est le message ?

Et comment auriez-vous géré la communication autour de la question des réfugiés syriens ?

La Commission devrait développer une approche émotionnelle. Pour le grand public, cette crise se matérialise d’abord par la mort d’enfants sur les plages. C’est tout simplement inadmissible et particulièrement grave. Ne pas agir face à ces drames revient à renier les valeurs fondamentales européennes. Et donc à priver un peu plus le projet européen de contenu. Ensuite, je suggérerais à la Commission de faire monter la pression médiatique pour que l’enjeu de la gestion des migrants devienne une grande cause européenne, qui mette les dirigeants des pays de l’UE en face de leurs responsabilités. La Commission serait enfin en position de force pour imposer une répartition équitable des réfugiés en communiquant en outre sur le fait que la Commission, qui a une vue d’ensemble des problématiques européennes, sera à même d’envoyer vers chaque pays un nombre de réfugiés que celui-ci peut largement absorber.

Au lieu de cela aujourd’hui, la Commission donne le sentiment d’avancer au jour le jour et de tenter aléatoirement de caser les réfugiés, où elle le peut, en fonction de rapports de force où ni l’intérêt des réfugiés ni l’intérêt des pays d’accueil ne prédomine.

Des débats délétères sur les accords de Schengen émergent, alors que les pays européens n’ont pas eu besoin de quitter l’espace Schengen pour mettre en œuvre des contrôles aux frontières.

Dans le même ordre d’idées, comment mettriez-vous M. Cameron en face de ses responsabilités sur la question du « Brexit » ?

Le fait que la question de la sortie de pays de l’UE, comme la Grèce ou la Grande-Bretagne, fasse l’objet d’un tel retentissement, et conduise à une seule ligne de défense – l’UE ou le chaos -, est un constat d’échec pour l’Europe, qui doit l’amener à revoir ses pratiques communicationnelles. La seule voie est de parler aux peuples. Cela devrait être la priorité numéro 1 de la Commission. Où bien elle sera rejetée. On rejette toujours ce que l’on ne désire pas. A l’UE de se rendre désirable.

Propos recueillis par Mehdi Mahammedi-Bouzina

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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20 Commentaires

  1. des éléments de diagnostics exacts, et un article/dossier pour faire de la communication.
    la communication ne saurait remplacer laz réalité.
    il est vrai que la France recycle à l’Europe ses déchets et ses invendus, du Parlement à la Commission.
    il est vrai que TOUS les dirigeants nationaux font porter à l’Europe la responsabilité de la moindre difficulté, même/surtout lorsqu’ils ont voté à l’unanimité.
    etc

    Tout ceci dit, la Commission est inexistante face à l’inter-gouvernemental, et les 10 ans du calamiteux Barroso ont- entériné cet effacement.
    Un exemple
    Au salon de l’agriculture, Hall1 (celui des animaux) il y avait un stand de la Commission Européenne. Ce qui est courageux!
    J’ai demandé aux gentils italiens francophones qui tenaient ce stand, pourquoi le monde agricole vouait les normes européennes aux gémonies.
    La réponse surréaliste fut de justifier la présence de normes (hygiène, bien-être des bêtes, etc…). C’est symptomatique d’une Commission hors sol, manoeuvrée par les lobbies, em)ployant des ignares et incapable de projeter un objectif unificateur.

    L’Europe n’a pas inventé les normes! elles existaient dans chaque pays, panoplie protectionniste incompatible avec l’Acte Unique de 1987.
    Les normes européennes unifiées remplacent les normes nationales, toutes les normes nationales obstacles à la libre commercialisation intra-européenne.
    les normes agricoles sont aussi anciennes que la PAC, mais elles ont évolué, pour peut-être de bonnes raisons et/ou sous l’impulsion des lobbies et de fonctionnaires nationaux et européens irresponsables, loin et hors des marchés et des réalités.
    Résultat les normes changent, il faut investir pour les respecter, en un temps où les exploitations sont déficitaires: c’est la faute de l’Europe!

    Ce n’est pas un problème de communication, monsieur le marketeur, c’est beaucoup plus fondamental: l’Europe est loin des peuples, loin des gens, et les contraint.
    Les pauvres discours sur « l’ultra-libéralisme » etc, sont des explications simplistes pour idéologues en mal de réalité.
    L’Europe ne créé plus ni appartenance, ni fierté, ni espoir.
    Voilà ce qu’il faut changer.

    JUNKER a sûrement de grandes qualités, et aussi un lourd passé de tricheur luxembourgeois.
    C’est pas gagné!

    • De mon expérience avec Des technocrates de la Commission ainsi que des parlementaires européens, je retrouve le même tic: se concentrer sur les procédures et non sur les principes. Décrire les formulaires à remplir pour aboutir à un contrat de recherche et non les orientations scientifiques de la recherche. Donner les montants des subsides avec toutes les décimales, au lieu des objectifs de ces subsides et leurs résultats concrets. Le déficit en communication n’est pas seulement un manque de personnel, mais surtout une absence de vision sur ce qu’il faut communiquer.

  2. Il est faux de dire que l’on recycle les politiciens ratés à Bruxelles (hormis les le Pen et Rachida bien sur!), il y a d’excellents députés européens qui font leur travail sérieusement : le meilleur exemple est peut être José Bové. D’une position d’opposant il tente d’infléchir la politique européenne. Avec certes plus ou moins de sucés

  3. Le Pape François ? Why not ? Mais l’Europe a besoin non seulement d’une Autorité morale mais de véritables acteurs du changement qui soient des forces de proposition.

    L’économie est une chose, mais qui ne parle pas aux citoyens. La puissance économique ne dit rien aux Allemands dont la précarité s’accroit, ou aux Anglais qui voient es inégalités augmenter, ou aux Français pour qui la réforme du code du travail est crainte comme un facteur d’insécurité supplémentaire.

    Comment admettre que les statuts sociaux des différentes mains d’oeuvre ne soient pas dénoncées comme de la concurrence déloyale alors que nos traités parlent de concurrence libre et non faussée ?

    JC Junker a l’avantage d’être un européen convaincu, politique expérimenté et reconnu de surcroît. Pour vaincre les forces conservatrices de la bureaucratie de Bruxelles, peut être pire encore que celle de Bercy chez nous, il faut s’appuyer sur les opinions publiques qui restent encore majoritairement, mais pour combien de temps, favorables à l’Europe, à Shengen, à l’Euro et souhaitent une politique commune plus forte en matière de défense et de diplomatie.

    Un peu d’audace M Juncker ! Et n’attendez pas le résultat des élections dans tel ou tel pays : c’est l’argument pour ne rien oser !

  4. @intermezzo
    c’est vrai José Bové était europhobe et il a compris comment fonctionnait l’Europe pour devenir un excellent député.
    chez EELV, Jadot est aussi excellent.
    Mais que faites-vous des autres? des Dati, Morano, Alliot-Marie etc chez LR,
    dito au PS, avec même une europhile P Bérès qui fit campagne contre la Constitution en 2005 because Fabius?

  5. Je voudrais poser une question à propos de la PAIX : Repose-t-elle sur la volonté des gouvernements, ou sur celle des peuples?
    Lorsque la communauté Européenne fut crée, cette volonté de paix était partagée par les peuples et les gouvernements fondateurs.
    Quant à l’utilisation de la consommation comme moyen de coexister pacifiquement, elle entraînait l’adhésion facilement, après une crise économique des années 30 et les privations dues à ces années de guerre.
    Une remarque en passant, ces nations signataires étaient alors des puissances coloniales, et ont eu du mal à y intégrer ces territoires occupés.
    Plus de 60 ans plus tard, le monde a connu :
    – une guerre froide qui a entraîné les européens dans le camp des USA,
    – des guerres de décolonisations
    – la chute du mur de BERLIN et celle de l’empire communiste qui ont amené les pays sous domination soviétique à demander d’adhérer à cette union Européenne.
    – Une tentative d’union politique au travers d’un projet de constitution
    – la création d’une monnaie commune
    – Une crise financière qui a entraîné une crise économique mondiale la quelle a entraîné une crise sociale avec une montée du chômage durable
    – Et je voudrais ajouter à cela la dégradation du climat et de l’environnement ainsi qu’une montée d’intégrismes religieux.

    Face à tous ces évènements des pouvoirs publics défaillants et pour les peuples et en particulier le peuple Français, la fin de l’état providence.

    Alors? Oui il est nécessaire d’améliorer la communication, mais pas forcément dans le sens où l’entende les publicitaires pour convaincre les clients de la nécessité d’acheter tel produit, non mais fondée sur une écoute des citoyens habitant en Europe, en même temps qu’une analyse rationnelle de l’état des lieux, à la fois au sein des pays membres, de leur relation à cette communauté et des relations de cette communauté avec le reste du monde.

    Par ailleurs cette crise de confiance et cette forme de rejet sont, il me semble, signe d’une crise profonde de la démocratie.

    De même que le pape François ose aborder la réalité et les problèmes de vie des êtres humains pour tenter d’apporter des réponses qui ne soient pas prédéfinies, de même les responsables politiques de l’union ou des pays membres ansi que leurs fonctionnaires devraient écouter les citoyens et non les lobbies, et dans le même temps agir en conformité avec un langage à tenir fondé sur la reconnaissance de l’égalité en droits de tous les êtres humains (dans l’espace et le temps) et la nécessité de protéger collectivement ces droits par une attitude de co-existence pacifique et solidaire.

    Une UE qui puisse se fonder sur des compétences déléguées par les citoyens, et donc soumises aux règles démocratiques où un citoyen égal une voix. Et donc une UE disposant des pouvoirs, exécutifs, législatifs et judiciaires dans leur domaine de compétences.

    Pour finir, je voudrais parler des normes. Elles devraient être non pas des outils destinés à la sélection, mais des outils destinés à informer le consommateur. Dans le cas de la protection de l’environnement, ce ne sont plus des normes qui sont nécessaires mais des lois destinées à constater les dégâts portés à l’environnement et définir une sanction financière selon le principe : pollueur = payeur.
    Ayant participé à titre professionnel tant au sein de l’AFNOR, que du CEN ou de l’ISOà l’établissement de normes sur les réseaux gaz en polyéthylène haute densité, j’avoue que cela n’est pas simple, et pourtant cela concernait la sécurité du public du fait de la présence dans le sol de tels ouvrages véhiculant un gaz inflammable et explosif.

    • Pourquoi parler de « tentative d’union politique » avec le projet de constitution, alors même que l’ensemble de ses dispositions a été ratifié sous la forme du traité de Lisbonne ?
      S’il est en application, ça signifie que « l’union politique » est effective et elle est pourtant inexistante.
      Encore un exemple de glissement sémantique et de déformation des faits.

  6.  » Or, en 2007, la France a ratifié le traité de Lisbonne, qui reprend sensiblement l’essence du texte rejeté. Dès lors, il devient difficile pour la Commission européenne de communiquer des valeurs démocratiques et humanistes, valeurs qui sont pourtant à la base du projet européen.  »
    DEUX COMMENTAIRES :
    1.Vous dites bien que c’est la France qui a ratifié le traité. Donc de quelle façon la Commission devrait-elle éprouver des difficultés de communiquer les valeurs démocratiques et humanistes?
    2. Je suis ahuri que vous puissiez écrire ce long plaidoyer sans la moindre référence au rôle et à la responsabilité du Conseil (et donc des pays Membres) dans la gestion de L’Union Européenne. Que l’Europe manque d’un « Pape François, c’est évident mais que ce soit au Président de la Commission de l’incarner, j’en doute. Le vrai pouvoir dans l’Union est dans les mains du Conseil. Les négociations sur le Grexit et sur la question des réfugiés se passent à ce niveau. La Commission peut assister au niveau de la préparation et de la mise en oeuvre des décisions. Elle n’a aucun pouvoir de décision comme vous sembler l’insinuer.

    • Effectivement, on peut se poser la question sur le rôle et le pouvoir respectifs de la commission et du conseil. Ce à quoi j’ajouterai celui du parlement et de ses membres, tant au sein des institutions que vis à vis de leurs électeurs.
      Et là, il convient de s’interroger, comme pour d’autres scrutins, sur le fort taux d’abstention.

  7. La commision europeenne est tout sauf democratique. Elle dispose du pouvoir executif et legislatif. Il n’y a qu’à constater le deni de democratie que constitue le traité transatlantique. Aucune transparence, comme s’il y avait quelque chose a cacher. Mépris des peuples. Au service de l’oligarchie et des multinationales. Le brexit serait une bonne chose et une remise en question de cette europe au service des banques et attaquant les citoyens de base. L’europe sociale est un voeu pieux. Donc il faut en sortir. De cette europe la en tout cas.

  8. Quant à la paix… il faut le dire vite, je me souviens de la Bosnie, de l’Ukraine récemment, et des attaques européennes en Lybie, en Syrie, en Irak aussi. Et si ça continue ça va chauffer entre les Etats membres, avec ceux du sud qu’on exploite et qu’on abandonne à leur sort, face aux migrations incontrôlables, et en leur exigeant des sacrifice et le remboursement d’une dette impossible selon les critères venus du nord !!

  9. Nous voici là au cœur même de la supercherie. On remplace la politique par la communication, par la « pédagogie »…
    Je n’ai pas réussi à lire entièrement cet article parce que les prémisses sont fausses. Au lieu de s’attaquer aux causes, on se préoccupe de trouver des remèdes aux symptômes. C’est ce que font d’ailleurs nos « dirigeants » en France, qui passent leur temps à chercher comment faire avaler des pilules indigestes aux Français, sans qu’à aucun moment (les médias) ne se pose la question de savoir au nom de quoi faudrait-il qu’ils les avalent ?
    Si les Français n’en veulent pas, ils ont de bonnes raisons. Le nier en invoquant le populisme, c’est être prétentieux, vouloir les convaincre par de la « communication », c’est être hypocrite.
    La formulation « la France a ratifié le traité de Lisbonne, qui reprend sensiblement l’essence du texte rejeté », est mensongère. Il ne reprend pas « sensiblement », il reprend « textuellement ». Et non seulement les Français avaient voté en connaissance de cause,
    l’importance des débats et le taux de participation en témoignent, mais
    ils avaient raison, il suffit de constater le bilan dramatique des
    années écoulées depuis.
    Voilà ce que les européistes ne cessent de faire : nier les faits et
    l’opinion publique et à force de glissements sémantiques, de torsion de
    la réalité, ils essayent de faire entrer le bateau dans la bouteille…
    Les faits sont têtus : l’hostilité des populations et les tentations de vouloir en finir avec « l’Union » augmentent. Malgré les efforts que déploient l’administration américaine avec leurs appels à maintenir le système ou le soutien financier de Goldman Sachs qui redoute visiblement d’y perdre, cette construction est appelée à s’effondrer.
    On est d’ailleurs en droit de se demander pourquoi l’administration américaine ou la banque Goldman Sachs en arrivent à intervenir…

    • La communication et la pédagogie ne devraient pas avoir pour but de convaincre, mais d’informer dans la clarté.
      Quant au bilan « dramatique“, on ne sait s’il serait pire ou meilleur sans l’union.
      Vous dites que les faits sont têtus, oui mais quels faits?
      Les citoyens Européens de 2016 ont oublié, me semble-t-il, ce qu’était la guerre et ses horreurs.
      Autre fait : l’accélération des moyens de transport et de communication ont “rétréci“ la planète et nous rends interdépendants, et cela est encore plus confirmé les effets de l’action humaine sur le climat.

      Alors oui, il faut apprendre à co-exister pacifiquement, et cela ne peut se faire que par rapprochement entre les peuples sur la base de la reconnaissance de l’égalité en droits de tous les êtres humains, et donc, pour moi, par la recherche de forme d’autosuffisance au niveau local et d’échanges fondés sur la solidarité et l’équité.
      La loi du marché est un leurre car elle suppose une offre non limitée et une demande solvable. Or l’offre n’est pas illimité car d’une part on constate que les ressources planétaires ne sont pas inépuisables et d’autre part la mondialisation entraîne le rachat et l’absorption de sociétés concurrentes par la spéculation financière sous couvert de compétitivité.
      Autre fait, au niveau mondial une centaine de personne possède un patrimoine égal à celui possédé par le reste des habitants de la planète.
      Et avec la compétitivité et la pression qu’elle entraîne sur les salaires, la demande devient de moins en moins solvable.
      En fait, ce n’est pas l’UE que rejette les peuples, mais ces institutions qui tolèrent la montée de l’exclusion et gouvernent en s’appuyant sur la peur.
      Je ne sais si cette construction est appelée à s’effondrer, mais elle ne répond pas aux besoins des peuples, et il est urgent que les citoyens retrouvent le moyen de vivre de façon démocratique pour une co-existence paxifique fondée sur le respect de la dignité humaine et non du plus fort ou du plus riche.

      • Que vous répondre… Ne pas vous répondre ne serait pas correct, mais vous répondre nécessiterait de nombreuses explications et ce site n’est pas vraiment un forum.
        La communication et la pédagogie sont aujourd’hui plutôt utilisées pour former et manipuler l’opinion publique, raison pour laquelle les gens concernés s’informent de préférence sur Internet et les autres se désintéressent des questions politiques.
        Bilan dramatique quand on voit « l’évolution » de la situation de notre pays au fil des décennies : de très nombreuses raisons de se lamenter.
        Les faits : l’hostilité croissante des populations et le bilan pour la France et, d’une façon générale, pour les pays membres.
        Nous vendre la construction européenne comme un rempart contre la guerre est un leurre, un argument utilisé pour nous convaincre d’y souscrire.
        En réalité, la guerre est le fait des « dirigeants » et des manœuvres d’une oligarchie pour laquelle les conflits sont sources de profits. Il suffit de se renseigner sur les vastes opérations de « communication » ou de manipulation qui ont été lancées pour changer l’opinion publique, toujours hostile au départ (très bon documentaire sur les spins doctors des Rothschild qui sont intervenus pour convaincre les américains d’entrer en guerre en 1940).
        En effet, la loi du marché est un leurre, proclamé pourtant comme pierre angulaire de « l’Union » €uropéenne. Raison pour laquelle sont exclus tous les « obstacles » au business et carte blanche est donnée aux tractations des lobbies (ce qu’on qualifiait de trafic d’influence, il y a quelques années).
        En effet, l’écart entre richesse et misère ne cesse de se creuser, encouragé en cela par le soutien de l’UE qui a renoncé aux projets de taxe Tobin, à intervenir sur le trading haute fréquence, sur la spéculation sur les denrées alimentaires, à lutter contre les paradis fiscaux, à affaiblir les trusts de l’agro-industrie, les raids des fonds de pensions, etc. J’en passe…
        Enfin, pour retrouver les moyens de vivre en démocratie, il faudrait commencer par retirer la chape de plomb qui écrase notre pays en sortant de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, ce qui rétablirait également notre souveraineté et notre indépendance, du moins si, à ce moment-là, on parvient aussi à reprendre le contrôle sur les banques et à maîtriser les effets de la finance internationale.

        • L’ambiguité réside peut-être dans le terme “sauvons l’Europe“?
          Quelle Europe? L’institution actuelle? Ou une union des peuples Européens?
          Le manque de pratique démocratique des institutions Européennes n’est-il pas le reflet du manque de démocratie dans les pays qui la compose?
          Rendre le pouvoir au peuple doit commencer au niveau local dans lareconnaissance que nous sommes tous égaux en droits. Droits affichés tant dans la déclaration universelle des droits humains que dans la charte des droits fondamentaux de l’union Européenne.
          Cette dernière explicite 8 droits :`
          Information
          Libertés
          Solidarité
          Citoyenneté
          Dignité
          Egalité
          Justice
          Démocratie
          Construisons une démarche démocratique en partant d’une structure locale dans la recherche d’un fonctionnement autonome et d’une forme d’autosuffisance. Pour une co-existence pacifique de tous les habitants de cette collectivité et une co-existence pacifique entre collectivités locales etmême une collaboration par mise en commun de moyens dans une structure de regroupement à laquelle serait déléguée certaines compétences.
          Par souci d’efficacité et de proximité on pourrait retenir ainsi trois niveaux de gestion :
          La collectivité locale, la région et un regroupement Européen.
          La gestion de chaque niveau étant organisée autour de 4 pouvoirs indépendants :
          Informatif
          Exécutif
          Législatif
          Judiciaire
          Ces pouvoirs étant issus du peuple et définis par une assemblée constitutionnelle et contrôlé par un conseil constitutionnel élu pour la durée des mandature.
          C’est cette volonté d’union, mais sur des bases démocratiques que personnellement je souhaites défendre

          • Nombreux sont les citoyens, comme vous, qui aspirent à de telles choses. Nous sommes malheureusement dans la situation diamétralement opposée et donc ce que vous dites restera dans le domaine des vœux pieux.
            Par ailleurs, dans votre découpage des niveaux de gestion, vous « oubliez » le niveau fondamental de la nation : le rassemblement d’un peuple dans un territoire, d’une même langue, même monnaie, culture, lois, valeurs. Le niveau le plus répandu dans le monde et dans l’histoire.
            Ce n’est pas anodin !…
            Les autres « redécoupages »que vous mentionnez ne peuvent être qu’idéologiques.
            Enfin, vous faites l’impasse (commode) sur l’utopie d’un redécoupage dans lequel la monnaie n’intervient pas. L’une des façons les plus efficaces de protéger un de vos « niveaux » consisterait pourtant à utiliser une monnaie en propre.
            Que vaudra « l’indépendance » d’une région utilisant la monnaie de l’Europe ? Réponse : zéro.
            C’est en l’occurrence ce qui met la France dans l’état de déliquescence et d’effondrement que nous constatons.

          • Oui, la situation est diamétralement opposée.
            Oui, je remets en cause le niveau “nation“, car il s’agit d’un héritage du passé issu de la monarchie qui elle même s’est imposée au féodalisme, mais aussi du jacobinisme partisan d’un “centralisme démocratique“
            Un passé où les citoyens naissaient, vivaient et mouraient majoritairement dans la même “vallée“
            Je me tourne volontairement vers un avenir où les citoyens s’organisent pour vivre ensemble pacifiquement dans un partage d’égalité en droits et la volonté de protéger des droits fondamentaux.
            La limitation du nombre de niveaux a pour but de disposer d’une gestion la plus proche possible des citoyens.
            Je ne parle pas d’indépendance, mais d’autonomie, je réserve le terme d’indépendance pour les pouvoirs entre eux.
            Quand à la monnaie, elle sera issue des décisions prises à chaque niveau, ce qui conduit éventuellement à l’existence de deux types de monnaie : une monnaie locale destinée à la consommation de biens et services locaux, et une monnaie probablement Européenne destinée aux commerce et aux échanges à l’échelle Européenne ou mondiale.
            Elles doivent toute être mise en référence à un étalon, ou une monnaie étalon qui serait définie pour éviter toute spéculation sur les monnaies dans un contrôle des flux monétaires.
            La question véritable me semble la suivante : Les peuples ont vécu et subi des idéologies qui ont sacrifié l’humain à la recherche de profit et de pouvoirs. Sommes nous partisans d’une nouvelle organisation qui privilégie l’humain, l’égalité en droits de tous les humains et la préservation de ces droits partout et à tous les niveaux?
            Vous dites que de nombreux citoyens aspirent à de telles choses, seront-ils capables de se rencontrer et de s’unir pour sortir de la situation actuelle et bâtir ensemble une autre vie sociale tant au niveau local que planétaire? Remplacer l’actuelle compétition, par une collaboration au bien de tous?
            Oui, c’est peut-être utopique mais pourquoi ne pas essayer?
            Je ne le connaissais pas, mais comme ma génération a connu un conflit mondial et des guerres de décolonisation a reçu le témoignage de ses parents sur un premier conflit mondial soumis à la stupidité de chefs militaires et au sacrifice d’une multitude d’hommes, je veux clamer ma soif de paix et de reconnaissance de la dignité de tout être humain. Les grandes idéologie telles que le capitalisme ou le communisme ont montré leurs limites de même que le consumérisme, car toutes oubliaient la primauté de l’humain et de la notion “d’être“ sur celle “d’avoir“

  10. Si l’on transposait le présent débat dans l’univers de Pinocchio imaginé par Collodi et revisité par Disney, nul doute qu’à la lumière de certains commentaires Jiminy Cricket aurait du boulot en tant que « conscience » au vu de quelques nez qui s’allongent démesurément.

    Passons sur les élucubrations du dénommé Antoine – oh, yeah ! – qui ne semble pas avoir bien assimilé la réalité des mécanismes institutionnels de l’UE, dans leur lettre comme dans leur esprit. Il ne suffit pas, en effet, de réchauffer certains plats périmés en odeur de sainteté dans les frigos de l’europhobie pour masquer leur saveur faisandée. Paul Goldschmidt a fait une mise au point fort pertinente pour ce qui est, entre autres, des compétences réellement exercées respectivement par la Commission et le Conseil… terrain sur lequel je m’étais également permis de remettre quelques pendules à l’heure dans une chronique précédente consacrée à la nébuleuse de « Bruxelles ».

    Quant aux spéculations de notre ami Ruoma, elles se heurtent de nouveau à la ténacité des faits. Pour prendre un exemple précis, prétendre que le Traité de Lisbonne reprend TEXTUELLEMENT l’essence du projet de « constitution » prête à discussion. L’adverbe correct ne serait d’ailleurs ni « sensiblement » (autre commentateur) ni « textuellement » (Ruoma) mais, me semble-t-il, plutôt « substantiellement » – connotation qui, précisément, n’est pas exclusive de « nuances » apportées au projet initial entre 2005 et 2007. N’oublions pas, en effet, qu’après le « non » franco-néerlandais une période de réflexion et de débat ouverte au niveau de l’UE au cours de ce laps de temps a nourri l’élaboration des Traités UE et FUE issus de Lisbonne.
    Comme il serait trop long d’entrer ici dans les détails – mais je ne refuserais pas la discussion, en toute convivialité, si une enceinte appropriée s’y prêtait – je me permets de renvoyer, une fois de plus, les lecteurs intéressés à cet ouvrage de référence que constitue le commentaire, article par article, de ces traités publié en 2008 par la Documentation française sous la signature conjointe de François-Xavier Priollaud et David Siritzky: outre le texte lui-même , dont les innovations sont typographiées de manière distincte, cet ouvrage retrace aussi, pour nombre des dispositions analysées, leur évolution par rapport aux traités antérieurs, y compris le projet de constitution.

  11. Les propos développés par Philippe Moreau-Chevrolet dans son entretien avec SLE ne manquent pas de pertinence à bien des égards. Certains d’entre eux méritent toutefois d’être nuancés ou complétés.

    Ainsi, mettre sur le même pied Nadine Morano et Pierre Moscovici relève d’une étonnante superficialité. En envoyant la première au Parlement européen et le second à la Commission, on « communiquerait » que l’UE n’est pas véritablement utile ? Entièrement d’accord pour Morano. En revanche, indépendamment du poste qu’il occupe aux affaires économiques, prétendre cela pour Moscovici c’est ignorer que:
    – de manière générale, la Commission fonctionne de manière collégiale, d’où l’implication de chaque commissaire dans une tâche d’ensemble qui dépasse les attributions de son portefeuille
    – de manière plus particulière, Pierre Moscovici a un passé de parlementaire européen et de ministre des Affaires européennes.
    C’est aussi négliger tous les ouvrages qu’il a consacrés à l’Europe avant sa prise de fonctions à Bruxelles: « Au coeur de l’Europe » (1991), « L’Europe, une puissance dans la mondialisation »(2001), « Les dix questions qui fâchent les Européens »(2004), « L’Europe est morte,vive l’Europe » (2006).

    Par ailleurs, les réponses de l’interviewé ne semblent pas faire une claire distinction entre la substance (l’information) et le canal par lequel elle transite (la communication).
    Pour prendre une comparaison, on pourrait dire que, par rapport à la matière première que constituent une proposition législative, un plan d’action, un acte de gestion ou un rapport, la Commission exerce un rôle de « raffinerie » avant de communiquer cette information à la « pompe » que représentent des relais comme la presse ou les bureaux d’information de la Commission.

    Or, au niveau de la « raffinerie », des dispositifs très concrets existent: à preuve, les communiqués de presse publiés quotidiennement sur le site
    « Europa » (pas seulement par la Commission, du reste, mais aussi par les autres institutions). En général, ces communiqués résument la teneur de la proposition ou de l’acte et en situent le contexte; ils sont souvent complétés par des notes « mémo » plus détaillées, voire par des « foires aux questions » censées refléter ou anticiper les interrogations du public.

    Dans cette action de communication, il convient de mettre à part le puissant vecteur d’information que constituent précisément … les COMMUNICATIONS de la Commission De nature non-législative, elles répondent à un souci de pédagogie – osons le mot ! – visant, notamment, à présenter une initiative nouvelle, à préparer le terrain à une future action législative ou à faire rapport sur la mise en oeuvre d’un acte de l’UE. Les destinataires premiers sont souvent le Parlement européen et le Conseil, mais certaines communications élargissent parfois ce champ, selon le cas, au Comité économique et social européen et au Comité des régions. Ces documents font partie de ceux accessibles sur le site « Europa » et font en principe l’objet d’un communiqué de presse. D’où, sous cet angle spécifique, comme évoqué plus haut, la question de l’exploitation qui peut en être tirée au niveau des relais d’information… et singulièrement des médias.

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