Face à la crise inédite du coronavirus, les gouvernements européens ne sont pas parvenus à s’entendre lundi pour une relance budgétaire commune via des eurobonds, face à la crainte du bloc allemand que l’argent commun soit mal dépensé. Les voies diplomatiques en discussion évaluent la possibilité de recourir au MES, ce qui permettrait aux Etats membres de contrôler via une « Troïka » ad hoc l’utilisation des fonds par chaque récipiendaire. Les chefs de gouvernement ont donc quitté leur visioconférence en acceptant temporairement de faire sauter le pacte de stabilité et en se félicitant mutuellement de leurs plans de relance nationaux. La Commission européenne a bien essayé de remplir ce vide en annonçant un programme de 37 milliards d’euros, démesuré pour ses petits bras financiers mais risible au regard des enjeux.
Cette situation de chacun pour soi ne peut naturellement convenir aux Etats à la santé financière la plus fragile, qui risquent au contraire d’avoir besoin d’un réanimateur s’ils ne sont pas placés sous cocon. Le taux d’intérêt de la dette des pays du sud a violemment monté sur les marchés cette semaine.
La BCE, qui avait déjà annoncé de fortes mesures de soutien à la liquidité des marchés la semaine dernière (dont des prêts à intérêt négatif), se trouve donc à nouveau contrainte d’intervenir et elle le fait de tout son poids ! 750 milliards de rachats de dette d’Etats et d’entreprise sur la table, à ajouter à la grosse centaine de milliards annoncée la semaine dernière. Encore s’agit-il d’un gros chiffre uniquement pour annoncer un chiffre: il n’y a pas de limite supérieure au programme, les 750 milliards ne sont qu’une limite inférieure. En réalité, il s’agit de ce que la BCE peut offrir de plus proche d’une garantie des dettes publiques de la zone euro.
Surtout, quand on entre dans les détails, deux tabous ont sauté, apparemment contre l’opposition forte des allemands et des néerlandais. Après des réserves qui avaient fortement inquiétés les marchés sur le rôle normal de la BCE en ce qui concerne les spreads, c’est à dire l’envolée des taux d’intérêt des pays du sud, l’artillerie lourde est mobilisée spécifiquement sur ce problème.
La Grèce bénéficie du programme, car ceci et cela sont deux choses différentes. Il s’agit d’une déclaration politique majeure de la BCE en rupture profonde avec l’état actuel des pratiques. La Grèce est tirée de son statut de pestiférée pour bénéficier totalement de la protection européenne.
Et plus encore: le second point est la rupture de la proportionnalité entre les achats de titres de la BCE et le PIB des pays, ainsi que la fin de la limitation des rachats à 30% de la dette d’un pays. Ces deux éléments obligeaient la BCE à intervenir dans les mêmes proportions pour tous les pays européens, et évitaient qu’elle ne se substitue totalement au marché pour financer un Etat membre. C’est une seconde déclaration politique majeure de la BCE qui ne s’abrite plus derrière son petit doigt : il s’agit bien de sauver les Etats les plus exposés, et d’intervenir sans limite pour ceux qui en ont besoin sans inonder de liquidités des pays pour lesquels c’est inutile et donc potentiellement indésirable. La BCE ne soutient donc plus « le marché » européen, mais bien les Etats membres qui en ont besoin.
Comme en 2010, la BCE se révèle la seule institution réellement puissante de l’Europe en cas de crise. Elle a pris ses responsabilités et les marchés se sont immédiatement apaisés : qui peut se dresser face à un tel mur d’argent ? Mais le déséquilibre entre la jambe monétaire et la jambe budgétaire devient de plus en plus boiteux.
Comment est ce possible une telle dépendance aux marchés?
La BCE annonce 750 milliards pour assurer la liquidité des marchés.Ils vont encore cette fois servir avant tout à la spéculation.A vouloir sauver les marchés on tue les États .
On voit dramatiquement actuellement ce que donne cette croyance aveugle au marché.
Bonne journée
Avec les 750 milliards, la BCE sauve les Etats.
Par ailleurs, il est dommage que l’Europe n’émette pas d’Eurobonds, qui seraient la concrétisation d’une Europe Une, comme on aurait pu dire une France Une, une Allemagne Une etc …
Tant que cette possibilité n’existera pas, c’est-à-dire aussi que tant qu’il n’y aura pas de véritable budget européen et de véritable harmonisation sociale, on ne pourra pas parler d’Europe.
Le problème est que l’Allemagne et d’autres pays satellites s’y opposent et je ne vois pas comment cela pourra changer.
La bonne nouvelle est « la rupture de la proportionnalité entre les achats de titres de la BCE et le PIB des pays, ainsi que la fin de la limitation des rachats à 30% de la dette d’un pays ». Sans la levée de ces 2 limitations, l’Italie aurait été obligée de sortir de l’Euro. Elle aurait alors été suivie par tous les pays dits du sud, dont la France et cela aurait signé la fin de la monnaie européenne : l’Euro, et un retour au Franc pour nous.
Paix, Démocratie, Solidarité. Et la devise « union dans la sécurité ». Je croyais que c’était la devise de l’Union Européenne. J’ai du me tromper. Décidément les événements nous montrent une fois de plus que nous nous considérons comme les vassaux des USA, continuons à agir pour le rester.