La confiance, une valeur européenne !

Pourquoi bouder notre plaisir de voir Emmanuel Macron accueilli la semaine dernière à la chancellerie de Berlin par les applaudissements nourris d’une foule enthousiaste, d’où émergeaient même des drapeaux français et européens. L’on nous rapporte que « de mémoire des journalistes allemands, l’accueil réservé au président français par le public est du jamais-vu », sinon pour la venue de l’ancien président américain Obama ».

Naturellement, les mémoires sont devenues bien courtes qui laissent aux seuls historiens le soin de rappeler l’enthousiasme populaire autour de la visite du général de Gaulle en Allemagne en 1962. C’est à ce jour la référence inégalée en la matière, notamment son discours de Ludwigsburg à la jeunesse allemande. Bien sur, l’on pourra toujours se réfugier derrière l’adage « autre temps, autre mœurs ». Pourtant, l’histoire n’est jamais très loin. Comme lors de la récente « Une » d’un magasine allemand stigmatisant la France comme le « Teurer Freund », jouant sur le double sens du « cher ami », précieux et cher… Une expression qui semble hélas bien plus faire échos aux funestes devises françaises de 1918 « l’Allemagne paiera » qu’au choc de confiance et d’amitiés porté par De Gaulle en 1962, quand il osait dire à la jeunesse Allemande d’être fière d’elle-même et de son appartenance au peuple allemand. Une confiance encore renouvelée par François Mitterrand en 1983 aux heures sombres de la guerre froide.

Oui la confiance est la première des vertus européennes, au cœur des relations entre Adenauer et le duo des pères fondateurs français, au cœur même de la relation Monnet – Schuman. Impossible effectivement de comprendre la possibilité d’un partage de souveraineté sans son corollaire : confiance entre peuples, confiance entre dirigeants.

Si ce lundi dernier, au début de leur entretien, « la chancelière est même sortie sur le balcon de son bureau pour saluer la foule », elle se doit sans doute d’aller un petit plus loin. Plus loin même qu’un prémice de relation de confiance singulière avec le président Macron. En effet, en se faisant élire « avec l’Europe » et non « malgré l’Europe », Emmanuel Macron a été le premier dirigeant européen à briser le cercle vicieux de « l’Europe honteuse » lors d’une élection nationale. Il y a puisé à la fois la marge de manœuvre politique et le « plein de confiance » qui auront toujours manqué à son prédécesseur. C’est maintenant le défi majeur qui attend madame Merkel en octobre prochain que d’assurer sa propre réélection en assumant face à son peuple le coût politique du projet européen.

Avoir évoqué la possibilité de changer les traités ensemble, hypothèse clairement écarté par le passé, montre qu’un tel raisonnement n’est pas complètement étranger à la chancelière.

[author image= »https://www.sauvonsleurope.eu/wp-content/uploads/2011/09/henri-lastenouse.jpg » ]Henri Lastenouse, Secrétaire général de Sauvons l’Europe[/author]

[author image= »https://www.sauvonsleurope.eu/wp-content/uploads/2012/09/seidendorf_drup1.jpg » ]Dr Stefan Seidendorf, de l’Institut franco-allemand de Ludwigsbourg[/author]

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4 Commentaires

  1. Trds heureux de lire ce qu’Henri Lasfenouse a écrit sur la confiance mutuelle en Europe par le couple franc-allemand. C’était devenu si rare! Néanmoins pas d’emballement.En effet il faut que les deux pays se donnent un objectif qui pourrait être de creer des institutions representatives de la zone euro avec un ministre ayant des pouvoirs de decision.Une fois l’objectif defini on discute dans la confiance pour arriver à sa realisation.L’important est de regarder tous dans la même direction, d’entendre les positions de l’autre et de trouver le point d’equilibre

    • « Créer des institutions representatives de la zone euro avec un ministre ayant des pouvoirs de decision » Waouh, vous y allez fort. Je présume que cela s’inscrit dans le cadre de la future « Europe à deux vitesses » dont on parle de + en +. Toutefois, en voyant le détricotage laborieux du Brexit, ce n’est plus de la confiance qu’il faut, mais la foi qui soulève des montagnes, celle du début de l’aventure européenne. Et pourquoi pas …

  2.  » les mémoires sont devenues bien courtes qui laissent aux seuls historiens le soin de rappeler l’enthousiasme populaire autour de la visite du général de Gaulle en Allemagne en 1962. C’est à ce jour la référence inégalée en la matière »

    En même temps, De Gaulle, il l’a fait en allemand, le discours… ça aide..

    Cela dit, sur ce plan-là, Macron était peut-être bien celui qu’il nous fallait.

  3. La « chancelière diésel » serait donc tentée?
    il est vrai que le diésel est mal vu en Europe, même en Allemagne!
    il est vrai aussi que les élections allemandes sont fondées sur une doxa financière et budgétaire assez austère, et que la chancelière ne changera certainement pas la base de son succès avant l’automne.

    les mots pour dire que ce qui est bon pour l’Europe est bon pour l’Allemagne, et que l’Europe va mal quand la France va mal, suggèrent que la France doit aller mieux pour que l’Allemagne aille bien…

    ce que la chancelière a dit en premier est exactement descriptif: la France doit faire des réformes pour rétablir ses finances.
    La chancelière considérera la France et Macron après les élections de l’automne, si des réformes efficaces sont entreprises.

    Tout le reste relève du discours incantatoire

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