L’Autriche est donc suspendue aujourd’hui au décompte des dernier bulletins pour savoir, à quelques pouillèmes, si son nouveau Président sera un néonazi fringant, mais bien peigné, ou bien un Vert cacochyme et premier surpris de se trouver là.
On ne peut pas contourner ce fait: le plafond de verre a sauté en Autriche. La dédiabolisation dont on crédite aujourd’hui le FPÖ est assez limitée, dans un pays qui s’est livré au nazisme dans des proportions sans commune mesure avec la France et où la population juive a presqu’entièrement été assassinée. Là où l’Allemagne s’est profondément remise en question, l’Autriche semble avoir remis à plus tard cet examen de conscience. En France, le FN a du évoluer pour sortir aujourd’hui de sa marginalité. Il s’est trouvé contraint d’abandonner ses références maréchalistes pour en appeler à la Résistance, parce que Vichy est définitivement jugé par les Français. En Autriche, la candidate du FPÖ pouvait il y a 5 ans se situer très clairement dans une mouvance néo-nazie et encore remporter 15% des voix. Pour progresser dans un contexte de crise, Norbert Hofer n’aura eu qu’à attirer moins l’oeil sur ses opinions les plus virulentes. Il n’en continue pas moins à se rendre à ses réunions d’anciens des corporations battantes étudiantes, ouvertement d’extrême-droite, où il arbore toujours l’emblème des rattachistes à l’Allemagne. Il ne s’agit bien sur pas pour l’Autriche de rejoindre aujourd’hui l’Allemagne démocratique, mais bien plutôt de montrer sa fidélité à ce qu’a représenté l’Anschluss de 1938. Il a également fait sa campagne en portant une arme à feu, parce que ma bonne dame c’est normal d’avoir peur avec tous ces réfugiés.
L’Autriche est désormais coupée en deux: côté pile les villes, les expatriés (plus de 10% de la population !) et les classes supérieures, coté face les campagne et les classes populaires. Cette division n’a fait que progresser au cours de la campagne, le résultat final proche de l’égalité masquant la profonde division du pays (plus de 80% des ouvriers ont voté Hofer!). Le système politique s’est décomposé au point de ne laisser en scène que les outsiders, les deux « principaux » partis au pouvoir n’ayant même pas donné de consigne de vote. Cette situation doit interpeller de manière pressante les européens. L’Europe a été l’ancre qui a manifestement permis à Alexander van der Bellen de remonter par rapport aux derniers sondages, malgré une très mauvaise campagne. Mais elle est également prise pour cible par tous ceux qui craignent la déstabilisation de leur mode de vie sur l’autel de la mondialisation, ouvriers, agriculteurs… Toutes personnes pour qui, qu’on le veuille ou non, l’Europe et les politiques qu’elle suit incarnent aujourd’hui la remise en cause de leurs vie et non pas un bouclier qui les protège. Ne faisons pas trop vite de l’Autriche un cas trop particulier, malade d’un passé mal réglé. Le même sentiment de fond couve partout, et les différences nationales tiennent plus aux combustibles disponibles.
L’Autriche préfigure-t-elle ? D’autres pays, dont la France, peuvent-ils basculer à l’extrême droite?
Bien sûr l’histoire de l’Autriche nazie n’a pas été visitée par les historiens, point de Plaxton, mais Kurt Waldheim…..
Le succès des extrêmes communique en vase avec les reflux des partis sociaux-démocrates et libéraux-conservateurs, dont les élus hors sol ont échoué. C’est l’échec des partis en place qui nourrit le FNPA, nouvel espoir de ceux qui subissent la Crise – 80% des ouvriers en Autriche, combien en France?
Les élus des extrêmes sont au moins aussi médiocres que les autres, mais ils sont parés de la nouveauté.
En Autriche, le vote des autrichiens hors Autriche va faire la différence. Ces Autrichiens ne votent pas extrême, mais 75% des libéraux-conservateurs autrichiens ont voté FPÖ…
S’ils ne gagnent pas cette fois, ce sera la prochaine.
« Quelque chose est pourri au royaume Habsbourg, quelque chose est pourri en Europe ».
C’est la France du trop cagoulard Mitterrand qui a mis tout cela en route, 24 des 25 députés européens du groupe d’extrême droite appartiennent au front NAZIonal, l’Autriche n’a suivi qu’à partir du milieu des années 80, nous sommes trop coupables d’avoir soutenu tout ce mouvement dérivant, 80 % des ouvriers autrichiens votent cela par terreur du chômage, comme dans l’Allemagne des années 30, aux USA en 2016, pour la première fois, plus de 100 millions de personnes étaient en dehors de l’emploi (101.2 selon leur statistique !), 37 % ayant renoncé à en chercher ! …auxquels il faut rajouter les chômeurs effectivement recensés… effrayant ! Au fait, en Europe, pourquoi cette statistique n’existe elle toujours pas ?
L’écologiste Alexander Van der Bellen a finalement remporté l’élection
présidentielle de justesse, lundi 23 mai, d’après plusieurs médias, dont
Die Presse (en allemand).
Il a été élu avec 50,3% des voix, a indiqué le ministère de
l’Intérieur. De son côté, peu avant, le candidat d’extrême droite
Norbert Hofer, qui était favori, a reconnu sa défaite sur Facebook(en allemand), se disant « triste ».
Les fascistes sont battus, c’est bien le principal aujourd’hui.
J’aurais bien aimé pouvoir partager le soulagement de la plupart des démocrates européens pour la défaite inesperée du candidat de l’extrême droite en Autriche. Je ne le peux pas, car « Hannibal » est « ante portas ».
Les autrichiens pauvres ou ménacés de pauvreté ont voté massivement à faveur de l’extrême droite, comme le font depuis des années en Hongrie, comme l’ont fait l’an dernier à Pologne, comme ils font en France et au Royaume Uni, comme ils vont faire en Grèce après la capitulation sans conditions de Syriza l’an dernier.
Les cris d’exorcisme du nazisme ne servent à rien, les appels de sauver l’Europe non plus.
Car, chaque jour, les fameuses valeurs européénnes humanistes ne valent plus que les valeurs socialistes inscrites dans la constitution sovietique.
Les unes n’ont rien à voir avec le quotidien des pauvres, chaque jour plus nombreux en Europe, comme les autres n’avaient rien à voir avec le quotidien des citoyen sovietiques.
Et pourtant, la politique économique de l’UE est un succès, nous disent les grands stratèges de la Coommission, de même que jadis disaient les stratèges du régime sovietique.
Comme dans les années 1930, les chefs de l’extrême droite savent mieux qu’ Hannibal profiter de leurs victoires. Et j’ai du mal à imaginer une nouvelle grande alliance antifasciste.
Yannis Chryssoverghis