Mon dieu qu’il est difficile de « take back control » de ses frontières ! Le Gouvernement de sa gracieuse majesté a annoncé que la mise en place du contrôle sanitaire serait repoussé pour la sixième fois. Ou peut être, ou sans doute, ou pour partie. Il est possible qu’il entre en vigueur comme prévu le 30 avril, dans dix jours, mais dans ce cas uniquement sur certains produits non spécifiés.
Sauvons l’Europe s’est sans doute fait une petite spécialité de taquiner nos amis anglais sur la difficulté à mettre en œuvre la promesse du Brexit, mais il faut reconnaître que le feuilleton parvient à être riche en rebondissements sans que rien ne se passe jamais. Les contrôles aux frontières sur les produits alimentaires devaient démarrer mi 2021. Cela n’a jamais été possible, faute de préparation adéquate. En effet, pour parvenir à à réaliser des contrôles douaniers sur l’ensemble des marchandises quotidiennes nécessaires au fonctionnement de l’économie britannique, une infrastructure à la bonne dimension est nécessaire pour des biens périssables. Celle ci a historiquement existé autour des zones portuaires, mais l’adhésion au marché unique a permis de réaffecter l’ensemble de ces terrains au développement des villes. Il est désormais physiquement complexe de recréer les espaces nécessaires au traitement. Pour des raisons budgétaire, le personnel douanier n’a pas non plus été recruté dans des proportions suffisantes, ce qui conduit par exemple l’aéroport de Manchester à cesser de contrôler la présence d’armes ou d’explosifs en cas d’affluence au guichet.
Le processus bureaucratique seul qui consiste à disposer de normes sanitaires et de production différentes entre l’Europe et le Royaume-Uni rend les procédures difficiles pour les deux tiers des exportateurs grands bretons. Aujourd’hui même, alors que les contrôles ne sont pas entrés en vigueur et que la substitution d’un marquage UK au marquage CE est abandonnée, les difficultés que rencontrent les routiers pour les contrôles d’exportation sur d’autres biens qui les immobilisent pendant des heures dans leurs camions les dissuadent d’accepter les livraisons à destination du pays, qui se trouve ainsi confronté à une pénurie de transporteurs. Les étals des supermarchés sont régulièrement vides au rayon fruits et légumes, situation que le Gouvernement présente comme normale, résultat de la guerre en Ukraine et similaire à celle des autres pays.
Prenons tout de même le temps d’admirer un instant la situation. Les contrôles sanitaires sont en retard de trois ans, il est nécessaire de les repousser à nouveau au moins pour partie, et à dix jours de l’échéance le Gouvernement n’a fait connaitre, ni aux autorités portuaires, ni aux entreprises quels contrôles sont susceptibles d’entrer tout de même en vigueur et sur quels types de produits. Il semble difficile d’assurer un meilleur niveau de spectacle administratif. Nous avons souvent dit qu’un Brexit ordonné était possible, mais que les Brexiters ne pouvaient le conduire car ils étaient tenu de l’escroquerie initiale du Brexit qu’ils ont présenté comme un progrès économique certain. Huit ans après le vote, la politique britannique reste empêtrée dans ce mensonge initial, jusqu’à l’absurde.
Bonjour.
Monsieur COLIN, merci pour cet article , il montre ce que les politiques sont capables de faire pour arriver au pouvoir, peu importe les conséquences.
Aujourd’hui, sur la non finalisation de la construction européennes, malheureusement, n’avons nous pas nous même ce même type de politiciens avec les mêmes pratiques ?
Bravo Mylord j’allais le dire, et plus méchamment que vous: le Brexit ne tient pas ses promesses mais quid d’une Europe de la paix (elle pousse de toutes ses petites forces vers une 3e édition de la guerre mondiale)? D’une Europe sociale (elle ne propose rien d’autre que l’ubérisation de tous les secteurs et la casse des services publics)? D’une Europe écologique (on rase des forêts pouriinstaller des panneaux solaires)? Au championnatddes promesses non tenues, l’Europe est bien placée