Nous avons appelé les européens à faire face par tous les moyens de leur arsenal à l’industrialisation de la propagande politique que permettent désormais les réseaux sociaux. L’élection présidentielle roumaine vient d’être annulée du fait d’une ingérence via Tik Tok, réseau de facto possédé aujourd’hui par la Chine. Et comme prédit, c’est aujourd’hui X, le réseau d’Elon Musk, qui pose problème dans la campagne électorale allemande.
Depuis qu’Elon Musk a annoncé son soutien à l’AFD, parti néo-nazi, sa présence s’est littéralement envolée sur X au point d’y dominer désormais les échanges. Pourtant, DigiHumanism nous indique, après analyse, que cette visibilité résulte essentiellement d’une action de bots c’est à dire de comptes non tenus par des humains. Ceux-ci se structurent autour du compte personnel d’Elon Musk, de celui de Tesla, de SpaceX … et de l’AFD. On les reconnaît à leurs comportements typiques : ils retweetent uniquement leur sphère sans jamais apporter de commentaire. Et ils peuvent avoir un rythme stakhanoviste : 300 à 500 tweets par jour ! L’AFD est le seul parti à présenter cette anomalie, ce qui signe une manipulation en cours.
La Commission européenne avait donné des signes d’abandon de la procédure lancée par Thierry Breton, ce qui était fort dangereux. Les prises de position d’Elon Musk en Allemagne ont brutalement conduit au réveil, avec un élargissement officiel des questions au-delà du mécanisme des comptes vérifiés pour entrer dans l’algorithme lui-même, assorti d’une injonction à l’absence de destruction des informations sur les modifications apportées. Les réponses sont attendues pour le 15 février.
La logique du droit européen est en somme qu’un réseau social est gardien du bon fonctionnement de la plateforme et doit assurer un niveau de maintien et de sécurité selon les normes de bonne conduite attendues en Europe. On peut ainsi citer le respect du traitement des données personnelles, la coopération sur la lutte contre la criminalité ou l’existence de mécanismes de défense contre la diffusion de contenus dangereux. Mais cette logique est-elle adaptée à ce qu’est devenu X ?
X est aujourd’hui pour partie un média, pour partie un réseau. Des stars de la télé, dont le fameux Tucker Carlson, sont recrutés par X pour y produire des émissions ; le ton général des personnalités politiques concernées est prorusse. Elon Musk qu’il faut désormais considérer comme un homme politique est manifestement mis en avant dans l’audience et partage son opinion de manière large. Et les soupçons s’accumulent sur une manipulation plus générale de l’algorithme pour pousser les contenus partageant cette ligne politique. On pourrait dès lors se demander si X n’est pas en train de devenir un média éditorialisé, auquel cas le droit de la presse et les infractions correspondantes pourraient lui être applicables.
Ce n’est a priori pas la voie qu’à choisi le parquet de Paris. Saisi par un signalement du député Eric Bothorel sur cette orientation apparente des contenus de X, le parquet de Paris a ouvert une enquête la semaine dernière, confiée à la section de lutte contre la cybercriminalité. Le fondement retenu ne semble être ni le droit de la presse, ni le droit européen mais l’antique délit de piratage, ou plus précisément d’entrave au fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données prévu par l’article 323-2 du code pénal.
Le recours à cette disposition est a priori une idée du Professeur Michel Séjean, qui vient de publier en ce sens dans la revue Dalloz. Ce texte qui date du 5 janvier 1988 avait après beaucoup de débats parlementaires eu le bon goût de se reposer sur la notion de traitement de données issue de la loi de 1978 plutôt que de tenter de définir un système informatique, ce qui lui permet de vieillir avec grâce. Le législateur avait également renoncé à définir un maître du système qui aurait été la victime de l’infraction compte tenu des ambiguïtés de la notion. Il avait enfin refusé de ne protéger que les systèmes informatiques sécurisés. Le texte, initialement conçu autour de la notion de sabotage ou de détournement (on parlait déjà de piratage), s’était ainsi épuré pour capturer des actes malveillants qui étaient encore émergents à l’époque, ce qui le rend curieusement moderne.
L’ouverture d’une telle enquête est courageuse et doit être saluée. La protection des valeurs européennes et de nos débats démocratiques ne peut être suspendue à une seule procédure au niveau d’un continent, mais doit s’appuyer sur un tissu de contre-pouvoirs à tous les niveaux. Chacun pour sa compétence doit s’interroger sur la manière dont il peut contribuer à cette défense.
Jusqu’à preuve du contraire, ce sont des humains et non des bots qui votent?
Le fait que ces humains soient exposés par X (mais aussi par Y et par Z) à des contenus erronés, fallacieux, mensongers, insinuateurs ou autrement déplaisants n’a rien de neuf. Le vrai problème est que le dogme de l’infaillibilité du suffrage universel se fissure. Les élites qui nous gouvernent commencent à se méfier de ce pouvoir versatile qui peut si facilement changer de sens. La méfiance est réciproque: l’ineptie et la corruption de ces mêmes élites crève tellement les yeux qu’elles suscitent « complotismes », « populismes » et autres « ismes » peu sympathiques. Chercher l’explication dans les bots russes est une solution de facilité (d’ailleurs a-t-on jamais annulé une élection pour cause d’ingérence étasunienne? Elle est pourtant manifeste et d’ailleurs ses auteurs ne s’en cachent pas, persuadés qu’ils sont d’être le « côté lumineux de la Force »)
Bonjour, la propagande existe, a un effet documenté et c’est pourquoi les frais de campagne sont limités et réglementés et les temps de parole comptabilisés pendant les périodes électorales sur les radios et télévisions. Si des réseaux sociaux sont manipulés pour accroître la visibilité d’un candidat, il n’y a pas de raison qu’on n’en réglemente pas l’usage ?
Une des premières mesures ne serait-elle pas d’interdire l’anonymat. Ceci pourrait être, d’ailleurs, valable pour le présent site, parfois investi par des « trolls ».
Tout à fait d’accord ! L’anonymat est souvent une commodité pour dissimuler une certaine lâcheté… sans compter que les « trolls » que vous dénoncez ne peuvent, pour la grande majorité d’entre eux, prétendre, par exemple, à la stature de Roman Kacew, plus connu sous le nom de Romain Gary, voire, plus tard, celui d’Émile Ajar.
Boycott de Tesla, X, et Whatsap sans compter les GAFAM!
Bonjour.
Nous pouvons gesticuler dans tous les sens et dans tous les domaines, tant que nous resterons des nains, nos pouvoirs d’agir seront limités voire nuls, l’exemple le plus frappant, encore un nouveau, sont les pourparlers actuels entre Trump, Poutine et ZELENSKY.
Ou est l’Europe, vassalisée, elle ne sera bonne que pour fournir un contingent pour contrôler un éventuel et dangereux » cessé le feu », .
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