L’élection de Donald Trump à la Présidence est un désastre pour les États-Unis d’Amérique, une terrible régression dans un monde de brutalité, de morgue, de phallocratie imbécile et ultimement destructrice. Européen(ne)s, nous en sommes les spectateurs impuissants et désolés.
Pour autant, cette élection peut présenter une opportunité, paradoxale, pour l’Europe, celle de devoir – enfin – inventer son propre modèle de développement, sans être les suiveurs des États-Unis.
Depuis 1941, les États-Unis ont été un modèle pour nous. De 1941 (entrée en guerre aux côtés des Alliés) à 1969 (premiers pas sur la Lune), ce rôle était mérité : les États-Unis se sont engagés, librement et sans compter leur effort ni leur souffrance, pour la liberté du monde. Ils étaient, à tous points de vue, la nation intellectuellement, économiquement, socialement, la plus avancée. Ils avaient mis en place des infrastructures économiques, monétaires et militaires (plan Marshall, Bretton Woods, Otan), assurant la stabilité et la coopération internationales, et en particulier de l’Europe (de l’Ouest). Depuis 1969, et surtout 1972 (abolition de la convertibilité du dollar en or), les États-Unis ont progressivement décliné dans leur capacité à mobiliser autour d’eux. Des périodes de regain (Bush père, Clinton, Obama), ont alterné avec des périodes de repli et de confusion (Carter – même si c’est à mes yeux immérité, Reagan, Bush fils et maintenant Trump). Durant toute cette longue période, les États-Unis ont vécu en rentiers de leur situation acquise.
L’afflux de diplômés étrangers de très haut niveau, gratuits, au niveau du doctorat, a durablement masqué l’effondrement de leur système scolaire. La position dominante de l’Anglais comme langue de communication internationale, en entreprise comme dans la vie politique internationale, a fait apparaître les anglophones comme beaucoup plus intelligents et vigoureux dans leur expression que tous ceux qui luttaient pour s’exprimer dans une langue qui n’est pas la leur. La capacité des États-Unis à concentrer la richesse grâce à des modèles économiques et juridiques (brevets, droit du logiciel) où seul le vainqueur rafle l’ensemble des gains (« winner takes all« ) et qu’ils imposent aux autres, a créé un capitalisme de machines à prélever des taxes mondiales, privées, sur l’ensemble des activités économiques de la planète, générant des profits proprement monstrueux.
Maintenant, avec l’élection de Trump, il apparaît que les problèmes de fond que nous n’avons pas voulu voir ont fini par avoir raison de cette façade éblouissante (au sens littéral du terme: elle nous éblouissait). Les inégalités sociales et économiques ont généré violence, misère, dégradation éducative et morale, maladies physiques et mentales. Voir à ce sujet « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous« . Le chacun pour soi érigé en dogme social entraîne le mépris de la loi et l’aspiration à se faire justice soi-même par les armes. La légitimation légale d’une concentration infinie de la richesse, par l’accumulation des cadeaux fiscaux aux plus riches, met les élections politiques à l’encan.
Nous, Européens, et Européens progressistes, devons faire le deuil du modèle américain. Il a fait son temps. Sa contribution a été remarquable, mais elle appartient au passé. Nous devons inventer notre propre modèle social et économique.
Selon moi, ce modèle est fondé sur :
- l’égalité économique et sociale
- le temps long de l’investissement productif dans l’éducation, la santé, les infrastructures, et des évolutions structurelles de nos sociétés (climat, démographie, ressources minières, sols)
- la sobriété
- la solidarité
- la justice, sociale, politique et linguistique
Ouvrons le débat. Il est nécessaire.
[author ]Laurent Zibell[/author]
Globalement juste, mais il ne faut pas idéaliser la période de l’après-guerre, où les Etats-Unis ont certes soutenu et consolidé la démocratie et la prospérité en Europe de l’Ouest, mais ont, inversement, installé et maintenu des dictatures sanglantes, corrompues et ultra-inégalitaires en Amérique centrale et du Sud, en Asie du Sud-Est et même en Grèce.
Depuis 1941, les États-Unis ont été un modèle pour nous. De 1941 (entrée en guerre aux côtés des Alliés) à 1969 (premiers pas sur la Lune), ce rôle était mérité : les États-Unis se sont engagés, librement et sans compter leur effort ni leur souffrance, pour la liberté du monde. Ils étaient, à tous points de vue, la nation intellectuellement, économiquement, socialement, la plus avancée. Ils avaient mis en place des infrastructures économiques, monétaires et militaires (plan Marshall, Bretton Woods, Otan), assurant la stabilité et la coopération internationales, et en particulier de l’Europe (de l’Ouest). Depuis 1969, et surtout 1972 (abolition de la convertibilité du dollar en or), les États-Unis ont progressivement décliné dans leur capacité à mobiliser autour d’eux. Des périodes de regain (Bush père, Clinton, Obama), ont alterné avec des périodes de repli et de confusion (Carter – même si c’est à mes yeux immérité, Reagan, Bush fils et maintenant Trump). Durant toute cette longue période, les États-Unis ont vécu en rentiers de leur situation acquise.
Il ne faudrait pas oublier que les Etats Unis ont été de 1941 à 1943 observateur des événements Pétainistes et que leurs intentions en 1945 selon nos lectures étaient d’avantage dans l’ambition d’annexer la France et ses colonies que de lui venir en aide . Avec mon respect pour les petits gars qui sont venu se faire casser la G POUR NOUS
Comme Nicolas, je nuancerai le rôle des Etats-Unis entre 1944 et 1972, notamment sur leur avance « sociale » : On était en pleine ségrégation raciale.
Je suis partisan de choisir une langue équitable neutre pour les relations internationales en Europe et dans le Monde. Il faut en effet tirer les conclusions de l’erreur de vouloir imposer sa langue qu’on commise tous les colonisateurs.
Il est temps que l’Europe s’émancipe pour pouvoir jouer pleinement son rôle dans un équilibre du Monde profitable à tous.
« sobriété
solidarité
justice, sociale, politique et linguistique ».
Les valeurs proposées pour le modèle sont très belles, mais mal partagées au sein des 28, bientôt 27. De nouveau va se poser la question : que vaut-il mieux : peu ou pas avancer à 27 ou créer un noyau efficace de pays déterminés et une union à deux vitesses ?
Poser la question est presque y répondre : à observer l’avancée des parties rejetant l’Europe, on voit bien que les peuples deviennent de plus en plus eurosceptiques, alors que toute logique pousse vers plus d’Europe. Redonner une capacité d’avancer est indispensable, et vue l’inertie des 28, faudra probablement créer un « noyau dynamique » à 6 maximum pour renouer avec le progrès.
Et laisser tous les autres dans la panade !? Les pays où existe l’euro, devraient représenter ce noyau dur en regardant d’abord ceux qui voudraient en sortir (l’euro est une difficulté pour certains!) Et les autres ne pourraient entre qu’à condition de respecter les règles de fonctionnement. Refondre les traité également!